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tsvetaïeva - Page 2

  • Le feu des fusées

    Quand le gros volume Pasternak (avec cet hommage à la femme et à la poétesse) a trouvé place dans ma bibliothèque, j’en ai retiré le recueil de Marina Tsvetaïeva (1892-1941) dans la collection poésie/Gallimard : Le ciel brûle (rappelez-vous « l’auto-dévoration par le feu »), suivi de Tentative de jalousie. (P.-S. Ses poèmes sont traduits du russe par Pierre Léon et Eve Malleret.)

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    Photo de Marina Tsvetaïeva en 1914

    De mes vers, écrits si tôt
    Que je ne me savais pas poète,
    Jaillis comme l’eau des fontaines,
    Comme le feu des fusées,

    S’engouffrant comme des diablotins
    Dans le sanctuaire plein de rêves et d’encens,
    De mes vers de jeunesse et de mort
    – De mes vers jamais lus ! –

    Jetés dans la poussière des librairies
    (Où personne n’en veut ni n’en a voulu),
    De mes vers, comme des vins précieux
    Viendra le tour. 

    (Koktebel, mai 1913)

    Deux poèmes de jeunesse (avant vingt ans) précèdent ceux écrits comme celui-ci en Crimée – dont « Si vous saviez, passants, atttirés... ». En 1911, un an après la publication de son premier recueil, L’Album du soir, Tsvetaïeva a été invitée dans cette station balnéaire sur la mer Noire, chez le poète symboliste Max Volochine. C’est là qu’elle a rencontré le journaliste Sergueï Efron, épousé en janvier 1912. En septembre est née leur fille Ariadna, dite Alia.

    A S. E.

    Avec défi, je porte son anneau !
    Je suis sa femme devant l’éternité – pas sur papier.
    Son visage est étroit
    Comme une épée.

    Sa bouche est muette, les coins abaissés,
    Ses sourcils – douloureux et splendides.
    Dans son visage tragique se sont mêlées
    Deux dynasties anciennes.

    Il est fin comme les branches naissantes.
    Ses yeux – admirables, inutiles.
    Sous les sourcils ailés déployés –
    Deux précipices.

    Je reste fidèle à son visage de chevalier,
    – Pour vous tous qui mourez et vivez sans peur –
    En des temps fatidiques – on chante
    De telles stances – avant d’aller à l’échafaud.

    (Koktebel, 3 juin 1914)

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    Volochine, Vue de Koktebel

    Marina Tsvetaïeva dédie souvent ses poèmes à ses proches, comme ceux à P. E., Piotr Efron, son beau-frère, malade de la tuberculose, ou pour sa grand-mère, en s’inspirant d’un portrait qui se trouvait dans la maison familiale à Moscou – elle apprendra plus tard qu’il représentait son arrière-grand-mère, morte dans les années 1850, la comtesse Bernatskaïa (précisé dans les notes en fin de volume).

    L’ovale allongé, sévère,
    Les plis de la robe noire…
    Jeune grand-mère!  Qui baisait
    Vos lèvres hautaines ?

    (Pour grand-mère, première strophe)

    D’avant la Révolution encore, « Une fleur est accrochée à ma poitrine… » et « D’où me vient la tendresse… » (pour Ossip Mandelstam) m’ont émue, entre un court et beau poème qui s’accordait parfaitement à cette semaine très hivernale de février et un autre qui chante le mois d’août. « Tu n’es point femme mais oiseau, / Alors — vole et chante » écrit-elle (Légère est ma démarche…)

    La vie n’est pas bruit ni orage,
    Elle est ainsi : il neige,
    La maison est éclairée,
    Quelqu’un s’approche.
    Lentement, la sonnerie étincelle,
    Il entre. Lève les yeux.
    Pas un bruit.
    Les icônes flambent.

    (1915)

    Au mois d’août – les astres,
    Au mois d’août – les étoiles,
    Au mois d’août – les grappes
    De raisin et de sorbier
    Rouille – le mois d’août.

    Avec une pomme impériale,
    Lourde et bienveillante,
    Tu joues comme un enfant.
    Tu caresses le cœur comme une main.
    Avec ton nom auguste :
    Août ! – Cœur !

    Le mois des baisers tardifs.
    Des dernières roses, des dernières foudres !
    Le mois des averses d’étoiles –
    Août – Le mois
    Des averses d’étoiles.

    (7 février 1917)

    Marina Tsvetaïeva montre une prédilection pour le tiret, le vers court, l’ellipse, les enjambements, des vers « comme le feu des fusées ». On l’imagine faisant lecture de ses poèmes, théâtrale, alternant les silences et les éclats. Lisant, par exemple, La lettre, dernier poème de la première partie du recueil. Je laisse la seconde pour un autre billet.

    La lettre

    On ne guette pas les lettres
    Ainsi – mais la lettre.
    Un lambeau de chiffon
    Autour d’un ruban
    De colle. Dedans – un mot.
    Et le bonheur. – C’est tout.

    On ne guette pas le bonheur
    Ainsi – mais la fin :
    Un salut militaire
    Et le plomb dans le sein –
    Trois balles. Les yeux sont rouges.
    Que cela. – C’est tout.

    Pour le bonheur – je suis vieille !
    Le vent a chassé les couleurs !
    Plus que le carré de la cour
    Et le noir des fusils…

    (Que le carré de l’enveloppe :
    Encre et attraits !)
    Pour le sommeil de mort
    Personne n’est trop vieux.

    Que le carré de l’enveloppe.

    (11 août 1923)

  • Tsvetaïeva

    Tsvetaïeva.jpg« Si je m’étais mis à raconter circonstance après circonstance et situation après situation l’histoire des goûts et des tendances qui m’ont rapproché de Tsvetaïeva, j’aurais dépassé de beaucoup les limites que je me suis fixées.
    J’aurais dû y consacrer tout un livre, tant nous vécûmes alors de choses en commun, de changements, d’événements joyeux ou tragiques toujours inattendus et qui d’une fois à l’autre élargissaient notre horizon mutuel.
    Mais tant ici que dans les chapitres à venir, je m’abstiendrai de toute remarque personnelle et privée et m’en tiendrai à l’essentiel et au général.
    Tsvetaïeva était une femme à l’âme virile, active, décidée, conquérante, indomptable. Dans sa vie comme dans son œuvre, elle s’élançait impétueusement, avidement, presque avec rapacité vers le définitif et le déterminé ; elle alla loin dans cette voie et y dépassa tout le monde. »

    Boris Pasternak, Hommes et positions

    Photo de Marina Tsvetaïeva en 1925 par Pyotr Ivanovich Shumov

  • Boris Marina Rainer

    L’amour des mots et les mots de l’amour dans les lettres de deux, et même trois poètes, voilà le thème de Est-ce que tu m’aimes encore ?, la correspondance entre Marina Tsvétaïeva et Rainer Maria Rilke (traduit de l’allemand par Bernard Pautrat). Le traducteur, dans sa préface intitulée « L’amour à distance », rappelle le contexte de 1925, la « large tache rouge » de l’URSS qui s’étend sur la carte de l’Europe, l’émigration russe, « souvent dans la misère » et les circonstances qui ont fait naître cette correspondance. 

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    Marina Tsvétaïeva en 1925 / Rainer Maria Rilke en 1924

    Leonid Pasternak – peintre russe, installé à Berlin avec une partie de sa famille – avait écrit à Rilke à l’occasion de ses cinquante ans, alors en clinique à Val-Mont, en Suisse. Ils s’étaient connus à Moscou, vingt-cinq ans plus tôt. Rilke, dans sa réponse, fait l’éloge des poèmes de son fils Boris et le père s’empresse d’en faire part à celui-ci. « 35 ans, marié, un enfant », Boris Pasternak s’est pris d’amitié puis d’amour fou pour Marina Tsvétaïeva, émigrée à Paris avec sa famille (son mari Sergueï Efron dont elle a eu deux filles (la seconde, Irina, morte en URSS) et un fils). Il lui écrit lettre sur lettre. Tous deux admirent « le grand Rilke », leur « Maître ». 

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    Portrait posthume de Rilke par Leonid Pasternak, 1928

    Boris, après avoir pris connaissance de la lettre du poète à son père, écrit à Rilke pour le remercier : « Je vous dois les grandes lignes de mon caractère, la manière de mon existence spirituelle. Ce sont vos créations. » Il lui parle de poésie et aussi de Marina, « poétesse-née », priant Rilke de lui envoyer un exemplaire dédicacé des Elégies de Duino, son dernier recueil paru. 

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    De Rainer Maria Rilke à Marina Tsvétaïeva (1926)

    En mai 1926, Rilke envoie à Tsvétaïeva une lettre chaleureuse, avec ses Elégies et Sonnets à Orphée. Il promet d’autres exemplaires à l’intention de Boris Pasternak et interroge : « Pourquoi ne m’a-t-il pas été donné de vous rencontrer, Marina Ivanovna Tsvétaïeva ? D’après la lettre de Boris Pasternak il me faut croire qu’une telle rencontre nous aurait jetés tous les deux dans la plus profonde et intime joie. » 

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    La « très inflammable » Marina (dixit Bernard Pautrat) répond : « Rainer Maria Rilke ! Puis-je m’adresser à vous ainsi ? » Ce sera une très longue lettre, une succession de fragments sur ce qu’il est, lui, pour elle ; sur la poésie ; sur son propre parcours ; sur Boris Pasternak – « Le premier poète de Russie, c’est lui » – vouvoyant et tutoyant Rilke tour à tour. 

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    Boris Pasternak en 1934 (au premier Congrès des écrivains soviétiques)

    Ainsi démarre une correspondance passionnée, de part et d’autre. « Nous nous touchons. Par où ? Par des coups d’aile… » (Marina) Boris Pasternak et elle avaient projeté d’aller rendre visite à Rilke ensemble un jour. A présent le poète russe souffre de l’intimité grandissante qu’il devine entre Rilke et Marina, il se sent mis en retrait. 

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    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/L-Imaginaire/Correspondance-a-trois

    Entre ces trois grandes sensibilités, c’est « une histoire comme on les aime, triste et belle. Une histoire d’amours. » (Préface) Elle se termine avec la mort de Rilke, le 29 décembre 1926. Le 31 décembre, Marina l’annonce par lettre à Pasternak en citant les mots quelle a adressés à leur maître en poésie sur une carte postale le 7 novembre : « Cher Rainer, C’est ici que je vis. – Est-ce que tu m’aimes encore ? »

     

  • Vieille femme

    « Ce que je sais depuis l’enfance : de toutes les femmes au monde, Pouchkine préférait sa nourrice, laquelle n’était pas une femme. Du poème de Pouchkine – et pour toute la vie – j’ai appris qu’on pouvait, parce qu’elle est la plus proche, aimer une vieille femme plus qu’une femme jeune – parce qu’elle est jeune, parce qu’elle est l’aimée. Pour nulle autre, Pouchkine n’a trouvé de mots plus tendres.

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    Compagne de mes longues veilles
    - O ma colombe aux cheveux blancs ! -,
    Dans tes forêts, toujours pareilles,
    De lustre en lustre tu m'attends.

    A ta fenêtre, pleuve ou vente,
    Tu guettes, guettes l'attardé,
    Et tes aiguilles se font lentes
    Et glissent de tes doigts ridés.

    Par le portail d'antiques âges
    Tu vois s'enfuir le grand chemin.
    Tourments, pressentiments, présages
    Oppressent ton fidèle sein...

    Tu vois venir...

     

    (A ma vieille bonne, 1827)

     

    On trouve chez un seul autre génie parole aussi tendre pour une vieille femme – un autre maître de nos vies, disparu voici peu – Marcel Proust. Proust. Pouchkine. Deux monuments d’amour – filial. »

    Marina Tsvetaïeva, Mon Pouchkine

  • Pouchkine intime

    Marina Tsvetaïeva (ou Tsvetaeva, 1892-1941) est tout sauf tiède, sa plume est de feu. Quand elle décide d’écrire sur Pouchkine, ce n'est pas sur le poète sacralisé par les Soviétiques – « notre Pouchkine ». C'est Mon Pouchkine (Moï Pushkin, 1937), tout simplement, son Pouchkine intime. André Markowicz (traducteur) : « Face à ce « nous », Marina Tsvetaïeva dit « je ». Face au Pouchkine statufié, non seulement elle parle de la formation même de son art, mais elle affirme un aspect essentiel du mythe de Pouchkine en Russie. Pouchkine est, pour chacun de nous, l’auteur de notre enfance. » 

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    Naumov, Le Duel

    « Ca commence comme un chapitre du livre de chevet de nos mamans et de nos grand-mamans – Jane Eyre – le mystère de la chambre rouge.
    Dans la chambre rouge, une armoire mystérieuse.
    Mais avant l’armoire mystérieuse, autre chose : un tableau dans la chambre de ma mère – Le Duel. » (Incipit) 

    Et Tsvetaïeva de décrire la scène, de nommer les protagonistes, D’Anthès et Pouchkine, la neige, les hommes en noir. A trois ans, elle comprenait : « Ce coup de feu, c’est nous tous qu’il a blessés au ventre. » Dans la chambre noire et blanche de sa mère, Pouchkine est son premier poète, un poète assassiné. Et depuis, elle divise le monde ainsi, la foule et le poète, contre la foule, c’est son choix. Avec les deux autres tableaux de la maison « aux trois étangs » (sa famille habitait Moscou, passage des Trois Etangs), ce Duel « préparait, en vérité, l’enfant au siècle de frayeur qui l’attendait. »

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    La statue de Pouchkine (Moscou)

    « Pouchkine était nègre. » Cheveux crépus, lèvres lippues, des yeux « noirs comme jais » dont le blanc était bleu. « Le poète russe est un nègre. Le poète est un nègre. Le nègre, on le tue. Nécrologie du poète. » Avant ce poète mort en duel, il y a dans la vie de Marina Tsvetaïeva « la Statue-Pouchkine », but et limite des promenades. Quand la nourrice de sa sœur annonçait « A Pouchkine, on se repose », Marina la reprenait : « Pas à Pouchkine, à la Statue-Pouchkine ».

    Première mesure de l’espace, premiers jeux : au pied du socle, elle posait sa « poupée-petit-doigt », une poupée en porcelaine blanche qui se vendait dans les quincailleries – déjà le noir et le blanc – et se demandait combien de figurines il faudrait empiler pour faire une Statue-Pouchkine. Première rencontre avec les matériaux : fonte, porcelaine, granit. Première leçon de hiérarchie : Marina est une géante pour la poupée, une petite fille pour Pouchkine – « Mais la Statue-Pouchkine, qu’est-elle donc pour la figurine ? »

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    Pouchkine jeune

    Tsvetaïeva aime la race noire du géant, le sang noir dans les veines blanches du sang-mêlé, preuve de la nullité des théories racistes. Un jour, en aparté, sa mère attire son attention sur un visiteur qu’elle vient d’introduire au salon, « le fils de Pouchkine », « tout le portrait de son père. » La fillette de quatre ans est si troublée qu’elle ne sait où poser le regard en le voyant sortir, elle ne voit que l’étoile qu’il porte sur la poitrine. Son père la reprend : « Tu as vu le fils de Pouchkine. Tu pourras le raconter à tes petits-enfants ». Ce n’est que bien plus tard, à Paris, en 1928, que Tsvetaïeva découvre que pour venir chez eux, le fils de Pouchkine est passé devant la maison des Gontcharov où est née la future peintre Natalia Serguéevna Gontcharova, « la petite-nièce de la femme de Pouchkine ».

    Dans l’armoire défendue de l’enfance, la sœur aînée de Marina possédait un trésor défendu, les Œuvres choisies d’A. S. Pouchkine, « un volume énorme, bleu-violet » avec le titre en lettres d’or. La petite lit dans l’armoire, « le nez contre le livre, sur l’étagère, dans le noir, presque » et reçoit Pouchkine « en plein dans le cœur, en plein dans le cerveau. » 

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    Marina Tsvetaïeva

    D’abord Les Bohémiens aux noms inédits, et ce mot tout neuf : « l’amour ». A la nourrice de sa petite sœur, qui demande à Marina de raconter une fable, elle raconte Les Bohémiens, le texte qui lui a « inoculé » l’amour. Plus tard, à six ans, souvenir d’une soirée publique pour Noël, « Tatiana et Onéguine », une scène d’Eugène Onéguine : « Ma première scène d’amour détermina toutes les autres, cette passion pour l’amour malheureux, impossible – à sens unique. Dès cet instant, j’ai refusé toute idée de bonheur et je me suis vouée – au non-amour. »

    Il y avait un autre Pouchkine, reçu en cadeau : l’édition scolaire, « le Pouchkine aseptisé », dont elle n’aimait que « le petit Africain, la main sous le menton. » Ce Pouchkine bleu et maigre, elle ne le lisait pas. Le poète, souvent, questionne, ce qui troublait l’enfant – « Je dois au Pouchkine historique de mon enfance mes plus inoubliables visions. » Souvenir de certains mots, inattendus, de certains vers, terrifiants. De scènes qui l’emplissent de peur, de pitié, de tristesse. Elle les cite, ressuscite ses impressions d’alors, rêve de ce poème sur la mer qu’elle n’a jamais vue encore : « Adieu, espace des espaces ! » Et sa déception quand leur mère les emmène pour la première fois « à la mer » – « ça, la mer ? » Il lui faudra du temps pour l’aimer, avec Pouchkine, grâce à l’amour de Pouchkine pour la mer. 

    Mon Pouchkine, écrit à Paris à quarante ans passés, est le récit d’une enfance, d’une initiation, d’une rencontre avec un poète qui la fait poète à son tour. Le récit, loin de tout académisme, est une véritable quête proustienne où la littérature se mêle au plus intime de la vie. Il est suivi de neuf poèmes de Pouchkine traduits en français par Marina Tsvetaïeva elle-même, dont Adieux à la mer – en voici la quatrième strophe :

     

    « Comme j’aimais tes indolences,
    Tes fauves pas, tes rythmes lents,
    L’intensité de tes élans,
    L’immensité de tes silences. »