« Ce que je sais depuis l’enfance : de toutes les femmes au monde, Pouchkine préférait sa nourrice, laquelle n’était pas une femme. Du poème de Pouchkine – et pour toute la vie – j’ai appris qu’on pouvait, parce qu’elle est la plus proche, aimer une vieille femme plus qu’une femme jeune – parce qu’elle est jeune, parce qu’elle est l’aimée. Pour nulle autre, Pouchkine n’a trouvé de mots plus tendres.
Compagne de mes longues veilles
- O ma colombe aux cheveux blancs ! -,
Dans tes forêts, toujours pareilles,
De lustre en lustre tu m'attends.
A ta fenêtre, pleuve ou vente,
Tu guettes, guettes l'attardé,
Et tes aiguilles se font lentes
Et glissent de tes doigts ridés.
Par le portail d'antiques âges
Tu vois s'enfuir le grand chemin.
Tourments, pressentiments, présages
Oppressent ton fidèle sein...
Tu vois venir...
(A ma vieille bonne, 1827)
On trouve chez un seul autre génie parole aussi tendre pour une vieille femme – un autre maître de nos vies, disparu voici peu – Marcel Proust. Proust. Pouchkine. Deux monuments d’amour – filial. »
Marina Tsvetaïeva, Mon Pouchkine
Commentaires
Ah ,les bonnes vieilles nounous au coeur tendre , celles que l'on n'oublie jamais et surtout qui celles qui rassurent ceux dont les cerveaux sont agités de mille soubresauts !
de même le firmament marquant sa reconnaissance à la voie lactée...
@ Gérard : "Compagne", "colombe", que de tendresse en retour !
@ JEA : Pour vous, cet autre poème de Pouchkine traduit par Tsvetaïeva :
A MES BONS AMIS
Mes ennemis, vous me croyez placide
Et vous croyez un grand courroux éteint.
Mes ennemis, sachez que je vous tiens :
Si je me tais, c'est que je me décide.
Ayant choisi, je fonce et je ravage.
Mon bec est vif - ni trêve, ni pardon !
Tel l'épervier, du haut de son nuage,
Guette, infernal et calme, les dindons.
Bonjour Tania,
Je te remercie de ta visite et de ton gentil commentaire.
Merci également pour le partage de ce très beau poème, très émouvant...
Je te souhaite une agréable journée et te dis à très bientôt
Colombe aux cheveux blancs...quelle délicatesse et émotion dans ce poème, ces mots, merci.
"Quand vous serez bien vieille, le soir à la chandelle..."
Un beso.
@ Kenza : Bienvenue, Kenza. Pouchkine parle au coeur des Russes - et de tous.
@ Colo : Quand nos cheveux seront blancs, pourvu que nous soyons colombes pour quelqu'un, n'est-ce pas ? Un baiser aussi.
Bonjour Tania,
Merci pour ta visite et ton commentaire :-)
C'est un poème très émouvant, une belle découverte !
Bonjour Tania,
Merci pour ta visite et ton commentaire :-)
C'est un poème très émouvant, une belle découverte !