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modernisme - Page 3

  • Quartier des Cerisiers

    Cette fois, les Estivales 2016 nous emmènent à la limite de Schaerbeek et de Woluwe-Saint-Lambert (WSL) pour découvrir le quartier des Cerisiers (autour de l’avenue éponyme), du XIXe siècle au modernisme. Yves Jacqmin, qui nous guide ce dimanche-là, rappelle que sur ce plateau qui surplombe aujourd’hui l’échangeur d’autoroute, on voyait auparavant des champs, des prairies, des moutons. Frontière orohydrographique, à proximité de Reyers et de Meiser, le plateau de Linthout « constitue la ligne de partage des eaux entre les bassins versants du Maelbeek et de la Woluwe. »

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    Vierge à l'enfant (Chapelle de l'église du Divin Sauveur) - Qui en connaîtrait l'auteur ?

    L’avenue de Roodebeek, percée au XIXe afin de relier le hameau de Roodebeek au Quartier Léopold, comportait alors un péage au profit de WSL qui a financé les travaux. C’était la campagne, on y construisait de belles résidences dotées de parcs privés. « Roode » désigne une zone essartée (défrichée, déboisée), « beek » un ruisseau. Il y a deux Roodebeek, l’affluent du Maelbeek qui traverse Schaerbeek et le Roodebeek à WSL.

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    Au 199, des bâtiments ruraux subsistent dans l’alignement du XIXe, avec leur façade typique (ci-dessus) : le cimenteur recouvrait les briques d’un enduit qui imite la pierre, à peindre éventuellement, un procédé économique, solide et durable, comme on le voit cent ans plus tard. Plus loin, on a mis à nu des briques trop fragiles pour rester à l’air libre. Après nous avoir signalé une ancienne usine de papier gommé en intérieur d’îlot, Yves Jacqmin s’arrête devant une grille en fer forgé devant un terrain arboré : c’était l’entrée d’une grande propriété d’avant 1870, démantelée par l’urbanisation – nous verrons plus tard la demeure qui subsiste dans une autre rue.

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    L’église du Divin Sauveur est la première étape du parcours sur les traces du modernisme architectural. Cette église art déco d’inspiration néo-romane jouxte une école homonyme de style contemporain – bois et baies vitrées. Construite entre l’avenue de Roodebeek et la rue Aimé Smekens durant l’entre-deux-guerres, selon les plans de Léonard Homez (qui dessinera ceux de l’église Sainte-Alix, à Woluwe-Saint-Pierre), l’église comporte sur sa façade nord en triangle un bel ensemble de vitraux intitulé L’arbre de Jessé (Pierre Majerus, 1985). Devant, de vénérables robiniers faux acacias ; le plus vieux est à l’inventaire des arbres remarquables. Le guide nous fait remarquer la maison de Paul Ramon à côté (un des architectes de la RTBF), dont les briques et les arcs en plein cintre s’harmonisent avec le style de l’église.

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    Erigée en 1935 grâce à un don privé, l’église comporte de nombreux vitraux abstraits, aussi aux façades latérales – l’occasion de rappeler qu’à Schaerbeek, commune d’artisans, ont habité de nombreux maîtres verriers. Nous entrons sur le côté dans la nouvelle extension conçue vingt ans après (Jean Dehasse) par une large porte dont les bords (ainsi que deux fenêtres latérales) sont éclairés par du verre enchâssé dans le béton (Louis Stroobant) – le bénitier bleu en céramique s’harmonise avec ces éclats de bleu, de jaune et de blanc.

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    Mais le plus spectaculaire dans cette belle chapelle post Vatican II, ce sont les hauts vitraux traversés par le soleil, en face de l’autel, au sud, dans l’esprit des théories du chanoine Lemaître sur le Big Bang et de Teilhard de Chardin (Mauritz Nevens et Hermann Mortier).

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    « Le Point Oméga » d’après Teilhard de Chardin, dessin de Maurits Nevens et réalisation d’Hermann Mortier, 1979

    Nous gagnons ensuite la rue Aimé Smekens où l’église présente une façade triangulaire minimaliste, toute en pierre bleue autour des vitraux. Dans cette rue, la diversité architecturale est frappante. Au 33, voici la grande demeure classique dont le parc aboutissait sur l’avenue de Roodebeek, dans un état impeccable. Elle appartenait à la famille de Meeûs* qui a fait construire d’autres maisons à proximité, dans un style tantôt traditionnel (au 30, avec cette étonnante arche de verdure héritée de l’ancien parc), tantôt moderniste (au 32, années 1950).

    Rectificatif : Marcel Gilon, auteur de deux ouvrages sur l’église du Divin Sauveur (voir la bibliographie à l’IPA) a eu la gentillesse de me signaler que la belle maison classique de la rue Smekens, qui date de 1853, appartenait en réalité au comte de Lunden. En 1929, elle est à l’abandon et son acquéreur l’appelle « Château Linthout ». Cette famille a quitté la maison en 2001 et c’est son propriétaire actuel qui l’a magnifiquement restaurée. *La propriété Lunden s'étendait jusqu’à l’avenue de Roodebeek et c’est cette partie (de l’autre côté de la rue Smekens qui venait d’être ouverte) qui fut achetée par le comte de Meeus ; celui-ci a transformé la maison des concierges en une maison de style néo-gothique. (22/8/2016)

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    Sobriété, lignes horizontales, style bateau entre autres pour les rambardes, angles aux fenêtres ou arrondis, toitures plates, nous reconnaissons plusieurs façades modernistes entre des maisons plus conventionnelles. Pour pallier l’absence d’ornement, l’architecte opte pour un dessin de lignes, laisse le joint creux entre les briques pour faire jouer la lumière. 

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    Rares sont les maisons art déco des années vingt où tout a été conservé. En voici une au 53 (ci-dessous), avec ses vitraux et châssis d’origine, à côté d’une autre qu’un architecte a rehaussée en agrandissant les baies vitrées, aujourd’hui envahie par la verdure.

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    On construisait ici pour une bourgeoisie aisée (comme au quartier des Fleurs), pas toujours favorable à l’innovation. Ainsi, au 31, il a fallu batailler pour obtenir le permis de construire une villa trois façades résolument moderniste (ci-dessous) à côté de « La Pergola ». Hélas, l’urbanisme a autorisé plus tard l’érection d’un immeuble à appartements qui cache largement cette architecture originale.

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    Nous empruntons l’avenue Herbert Hoover jusqu’à l’angle du square Vergote pour admirer une maison unifamiliale de 1928 (ci-dessous) qui, heureusement, se laisse admirer de toutes parts : en briques jaunes (comme la villa Cavrois), elle présente des façades très bien dessinées, des rambardes accrochées avec soin, un soubassement en pierre bleue. Avec sa loggia au plafond ouvragé, ses grilles simples qui soulignent l’arrondi, elle est signée par l’architecte Albert Nyst, qui avait dessiné une maison art déco en 1922 de l’autre côté du square Vergote.

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    Avant d’y aller, nous nous arrêtons devant quelques hôtels de maître sur ce beau square arboré, souvent de style « beaux-arts », puis, le long du boulevard, nous regardons le Monument aux morts du Génie (aérostiers, pontonniers, télégraphistes cyclistes…), dû au sculpteur Charles Samuel.

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    Un passage souterrain (tags et graffitis à gogo) mène de l’autre côté du square coupé en deux par le boulevard (Luc Schuiten en réunit les deux côtés dans sa Cité végétale) – ce sera la fin de notre parcours.

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    A l’angle de la rue Frédéric Pelletier, le guide nous montre une des dernières constructions primées au concours de façades de Schaerbeek, en 1930, de style traditionnel mais originale par la variété des volumes (ci-dessus).

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    Au 45 du square enfin, entre des maisons plus pompeuses, voici l’autre maison dessinée par Nyst (1922) : une façade très graphique en briques rouges « rehaussées de pierre bleue et de carreaux de céramique noirs et or » (IPA) dont le dessin se prolonge sous la corniche. Avec sobriété, la pierre bleue souligne l’entrée, l’avant-corps, et se prolonge dans un bac à fleurs intégré sur le côté. Toutes ces choses qu’on ne découvre en ville qu’en allant à pied !

  • Le grand escalier

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    « D’un dessin épuré, le grand escalier construit dans le belvédère est d’une simplicité remarquable. Traité en marbre noir et blanc et doté d’une rampe linéaire en marbre noir, il relève de l’esthétique dépouillée qu’affectionnait Mallet-Stevens. »

    La Villa Cavrois, Editions du Patrimoine, Centre des Monuments nationaux, Paris, 2015.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • A la Villa Cavrois

    Premier août : nous découvrons enfin le chef-d’œuvre de l’architecte Mallet-Stevens, la Villa Cavrois, à présent « monument historique » français, qu’on peut visiter depuis la fin de sa formidable restauration en juin 2015 (on peut en mesurer l’ampleur sur le blog des Amis de la Villa Cavrois). Après plusieurs passages à la Villa Noailles (Hyères), nous étions curieux de la comparer avec cette architecture moderniste située à Croix (Nord) près de Roubaix. Villa-château du XXe siècle, celle-ci fut construite de 1929 à 1932 pour Paul et Lucie Cavrois, et inaugurée au mariage de leur fille Geneviève.

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    Dans un quartier résidentiel, encore campagnard à cette époque, la Villa Cavrois tranche avec les belles maisons des environs, de style néo-régionaliste. Son propriétaire, issu d’une famille enrichie dans l’industrie textile, voulait pour sa famille nombreuse (trois enfants du premier mariage de Lucie Vanoutryve avec Jean, le frère de Paul décédé en 1915, et quatre enfants de Lucie et Paul Cavrois) une vaste maison conçue pour un mode de vie moderne : air, santé, confort, lumière.

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    La maison du gardien (accueil), à l’angle du domaine, illustre d’emblée le choix de l’horizontalité : le joint horizontal noir en creux souligne les briques de parement jaunes spécialement conçues pour la villa (le joint vertical, discret, reste dans le ton). J’ignorais que Mallet-Stevens, neveu d’Adolphe Stoclet, avait visité plusieurs fois le palais Stoclet en cours de construction sur l’avenue de Tervueren à Bruxelles. Inspiré par l’œuvre d’art totale de l’architecte autrichien Josef Hoffman, il a opté ici pour un revêtement de façade résolument moderne, une brique jaune comme à l’Hôtel de Ville d’Hilversum (Dudok).

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    On découvre donc la façade nord de côté, en empruntant l’allée circulaire destinée aux automobiles qui déposaient les visiteurs devant l’entrée couverte, puis un deuxième cercle entoure une pelouse en creux, surmontée d’une belle dédicace de l’architecte. Même rondeur pour la constellation de verre dans l’auvent central et pour ses colonnes d’appui.

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    En contournant la Villa par l’est (ci-dessus), voici la piscine rectangulaire en parallèle avec la bâtisse, parfaitement intégrée (profondeur non restituée). La plus belle façade est au sud, côté jardin : des horizontales soulignées par les garde-corps blancs des terrasses et des balcons, et la tour d’escalier menant au belvédère, verticale en partie arrondie qui assure l’équilibre et la beauté géométrique de l’ensemble. Plus on s’en éloigne, par les allées du jardin, plus son dessin se laisse admirer.

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    Nous descendons quelques marches pour longer le bassin central au bout duquel s’offre la plus belle vue sur la villa, reflétée dans le miroir d’eau. Si on recule encore en empruntant l’allée derrière les rosiers, jusqu’au pied du grand hêtre pourpre qui clôt ce triangle de verdure, on trouve là deux bancs sur lesquels je vous invite à vous asseoir : la villa y apparaît juste entre les feuillages. Toutes les allées présentent des angles de vue intéressants.

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    Et maintenant, entrons. La porte donne sur un vestibule en marbre blanc très graphique – bandes blanches et noires pour les appliques et les « boîtes à lumière » à l’entrée du hall-salon (à comparer avec les décors de Mallet-Stevens pour Le Vertige, film de Marcel L’Herbier, en 1926), bandes chromées des cache-radiateurs, miroirs qui épousent les angles droits. Nous verrons beaucoup de miroirs dans la Villa Cavrois, jouant avec les volumes et surtout avec la lumière, et bien sûr de grandes baies vitrées, rendues possibles par le chauffage central.

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    Dans l’immense salon (92 m2, 6m75 sous plafond), une grande verrière donne sur le jardin juste dans l’axe du miroir d’eau. Le vert clair des murs est réchauffé par les bruns du parquet, des meubles en noyer et par le marbre jaune de Sienne autour de l’alcôve où l’on descend par quelques marches, sous un mur semi-cylindrique, pour s’asseoir près du feu ouvert. On retrouvera ces tons chauds dans le fumoir près du bureau de Paul Cavrois.

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    Des portes coulissantes ouvrent sur la salle à manger des parents, luxueuse, en marbre vert de Suède. Celle des enfants, juste à côté, est plus gaie. Des lattes horizontales en bois (zingana) strient les murs et encadrent un bas-relief sur le thème des loisirs : dominos, quilles, tourne-disques, mécano, raquettes…, je vous laisse découvrir sur la photo cette œuvre de Jan et Joël Martel refaite à l’identique. Puis vient le domaine des domestiques, au sol en damier noir et blanc (comme dans la plupart des sanitaires). La cuisine et ses annexes sont équipées d’un mobilier blanc fonctionnel en acier émaillé, les murs recouverts de faïence blanche jusqu’au plafond. Tout est pratique et lumineux.

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    A la Villa Cavrois, les matériaux et la décoration même minimaliste sont raffinés : couleurs et marbres différents pour chaque pièce, parquet, bois précieux. Mallet-Stevens a dessiné le mobilier dans le même esprit géométrique que la demeure. Il a fait installer partout un éclairage indirect, des haut-parleurs derrière des découpes rondes dans les murs, des horloges intégrées qui donnent l’heure dans toute la maison, comme à Hyères. Le plan reçu à l’entrée permet de se situer – aile des parents, aile des enfants, pièces du personnel. On peut aussi se munir d’une tablette avec application 3D et d’écouteurs pour obtenir des explications ou visualiser des photos anciennes.

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    Nous retraversons le vaste couloir pour découvrir dans une des chambres « de jeune homme », de l’autre côté du rez-de-chaussée, un jeu de couleurs et de lignes géométriques tout à fait dans l’esprit « De Stijl », alors qu’à l’étage, nous découvrirons de douces harmonies dans la chambre des parents. Leur salle de bains attenante est somptueuse. Mais je vous laisse la surprise des étages, des terrasses, je ne vais pas tout vous dévoiler, sauf ce coup de cœur  (ci-dessous) : le boudoir bleu de Lucie Cavrois, avec ses meubles blonds en sycomore, sa moquette d’un bleu plus soutenu et ses fauteuils de velours vert.

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    Malgré l’heure tardive, après la visite, nous avons pu déjeuner non loin de là, au Bô Jardin dans le parc de Barbieux, aussi j’offre un peu de publicité au restaurateur : la vue sur le parc fleuri y est fort agréable, le menu aussi. Un beau cadre pour se promener avant de reprendre la route.

  • Jour d'imposte

    Jour. Ouverture aménagée dans une construction pour laisser passer le jour.

    Imposte. Pièce de menuiserie, comportant ou non une partie vitrée, placée dans la partie supérieure d'une baie de porte ou de fenêtre au-dessus des battants.

    Petit-bois, petit-fer. Petit élément en bois ou en fer subdivisant le vitrage d’un châssis.

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    Le glossaire de l’architecture est fort utile à consulter pour mieux lire les notices de l’Inventaire du patrimoine architectural en région de Bruxelles-Capitale (il suffit d’y cliquer sur les liens pour accéder aux définitions). Celui-ci met des mots sur ce que je regarde chaque fois que je sors du supermarché près de chez moi :

    « Jour d’imposte de la porte à vitrail figurant des fleurs. »

    « Jour d’imposte de la porte à petits-bois et vitrail figurant un papillon. »

  • Le quartier Hamoir

    Le rendez-vous était donné devant Train World, à la gare de Schaerbeek – comment ? vous n’avez pas encore visité ce nouveau musée extraordinaire ? –, pour une promenade guidée dans le quartier Huart Hamoir (à nouveau organisée le 24 juillet). Nous étions donc en bas de cette belle avenue arborée dont je vous ai déjà présenté les côtés pair et impair – j’aime m’y promener. On l’appelle aussi le quartier Monplaisir, du nom du grand domaine antérieur au tracé actuel : la place devant la gare a été aménagée là où se trouvait jadis un étang.

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    La première petite station « Helmet » date de 1864, trente ans après les débuts des chemins de fer belges. La première gare érigée (bâtiment de gauche) marquait l’aboutissement du tracé royal ; avant de dire rue et place Princesse Elisabeth, on les appelait rue Royale Sainte-Marie et place Nationale. La deuxième gare (bâtiment de droite), plus grande pour s’adapter à l’afflux des voyageurs, a été construite 26 ans plus tard dans le même style néo-Renaissance en briques rouges et pierre de Gobertange ; on y voit l’influence de l’art nouveau, notamment dans le spectaculaire arc en plein cintre métallique au-dessus des portes.

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    A gauche de la gare, quand on est en face, un groupe de maisons anciennes montre des architectures intéressantes ; la plus basse, à l’angle de l’avenue Monplaisir, est antérieure à la transformation du quartier de 1907 à 1910. La guide de PatriS nous a invités à nous retourner pour observer l’actuel immeuble Zola, anciennement Grand Hôtel Moderne (1922) dû à Joseph Diongre, de style Art déco, avec un remarquable encorbellement et un toit-terrasse. Dans les années quarante, on l’a divisé en appartements.

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    A droite de la gare, la grande halle construite pour accueillir Train World réussit malgré sa taille à rester discrète, sans nuire à la cohérence architecturale de la place. Un bâtiment fonctionnel des années 30, qui sert encore de laboratoire aux chemins de fer, le sépare de la gare. Au numéro 9 de la place, l’ancien Hôtel des Voyageurs, de style éclectique, porte au-dessus de la lucarne centrale un dôme qui a perdu son lanternon et, plus bas, l’année de sa construction : 1914. A l’origine, il était doté d’une galerie au rez-de-chaussée.

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    Nous avons fait un saut jusqu’au formidable Train Hostel, bâtiment Art déco qu’un passionné a magnifiquement aménagé pour accueillir les visiteurs de Train World ou de Bruxelles : on ne peut pas le rater, avec son wagon sur le toit qui abrite une suite. Il a fallu planter des pieux sur vingt mètres de profondeur pour supporter son poids ! Toute la décoration évoque le monde des trains, comme nous avons pu le voir dans la cour intérieure où le joli chat du lieu nous a accueillis et dans la « cuisine partagée » ouverte à tous, exemplaire de l’esprit du Train Hostel aux tarifs accessibles et où les gens, jeunes ou vieux, osent se parler, partager un repas.

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    Le bourgmestre Achille Huart Hamoir s’est battu pour obtenir cette avenue large de 60 mètres (120 m là où elle s’élargit en ellipse), créée en 1908, d’où l’on avait une vue plongeante sur le domaine de Laeken. Les maisons et immeubles qui la bordent révèlent trois phases : l’éclectisme avant 1914, l’Art déco et le style Beaux-Arts dans l’entre-deux-guerres, quelques touches de modernisme ensuite (Sasasa en est un bel exemple).

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    En s’arrêtant devant l’une ou l’autre de ces belles façades, la guide attire notre attention sur le caractère faussement résidentiel du quartier : à l’arrière se cachaient des entrepôts, des manifactures – biscuiterie, atelier de couture, chemiserie… – qui procuraient du revenu aux propriétaires des parcelles. Si vous cliquez sur les liens vers l’Inventaire du patrimoine architectural, vous trouverez une notice détaillée ainsi que des photos, voire des vues anciennes. 

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    Les avenues qui aboutissent sur l’avenue Huart Hamoir (à droite en montant) contiennent aussi des merveilles architecturales. Avenue Giraud, nous observons les styles variés de l’architecte Joseph Diongre (celui de la belle maison Art nouveau rue Laude) pour répondre aux souhaits de ses clients, les jolis motifs végétaux au-dessus des portes, les ferronneries. Au 93 se trouvait l’atelier que Diongre a construit pour Privat-Livemont. Quelques maisons sont à vendre (sans garage), dont un ancien atelier d’artiste de 1911 au numéro 32.

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    L’architecte schaerbeekois François Hemelsoet a construit de nombreuses maisons dans le quartier Hamoir : dans l’avenue Verhaeren, nous admirons les numéros 39, 37, 35 (ci-dessus). Avenue Sleeckx, le 31 vient d’être superbement restauré, y compris les sgraffites de Paul Cauchie. C’était la maison personnelle de l’architecte Florent Rasquin. Du 38 au 44, encore de splendides façades Art nouveau signées Hemelsoet. Au 76, deux beaux profils féminins de Privat-Livemont, une restauration récente.

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    La montée, avec des allers et retours avenue Huart Hamoir, s’est terminée au square Riga où les vieux arbres sont si beaux. La guide nous y a montré quelques maisons remarquables comme la Villa Regina ou, de l’autre côté, celle du numéro 12, devant laquelle je m’arrête souvent pour l’admirer : sa façade polychrome est soulignée de sgraffites à feuilles de marronnier et profils féminins, jusque sous le porche.

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    Les participants non schaerbeekois se sont étonnés de la richesse patrimoniale du quartier : chacune des avenues citées mériterait, à mon avis, une visite exhaustive, comme celle de l’avenue Demolder que j’avais suivie l’an dernier, en particulier l’avenue Sleeckx si riche en sgraffites – peut-être lors d’une future édition des Estivales ?