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etats-unis - Page 9

  • Voix new-yorkaises

    Une femme en imper traverse une rue sous la pluie : la photo de couverture m’a fait mettre la main sur La femme à part de Vivian Gornick. Cette New-Yorkaise, « critique littéraire et écrivain », raconte dans The Odd Woman and The City (2015, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laetitia Devaux) ses déambulations en ville, ses rencontres et observations, ses lectures. Dans ce livre de souvenirs (« a memoir »), les détails personnels ont été modifiés, précise-t-elle, la chronologie, des personnages et des scènes sont « composites ».

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    Leonard, « un homme gay et spirituel », est son interlocuteur privilégié : « Leonard et moi partageons le même goût pour la politique du préjudice. Le sentiment exalté d’être né dans un ordre social préétabli et injuste flambe en nous. » Depuis plus de vingt ans, ils se voient une fois par semaine pour une promenade, un café, pour parler surtout. « L’image de soi que chacun projette sur l’autre est l’image mentale que nous avons de nous – celle qui nous permet de nous sentir complet. » Tous deux ont le même problème : « un net penchant pour le négatif ».

    Avec une grande liberté de ton, cette femme à part – « odd » signifie « étrange, bizarre », on lira plus loin d’où vient le titre – rend compte de leurs conversations, les commente. Elle met par écrit les paroles, les échanges, les gestes dont elle a été témoin dans la journée. On parle, on se parle beaucoup dans les rues de New York qu’elle fréquente, elle écoute, elle intervient. C’est sa vision d’« une ville où aucun de nous ne va nulle part, car nous sommes déjà là, nous autres les éternels spectateurs du poulailler qui arpentons ces artères misérables et merveilleuses à la recherche de notre reflet dans les yeux d’un inconnu. » Elle se sent proche de Samuel Johnson marchant dans Londres au dix-huitième siècle « pour apaiser sa dépression chronique ».

    Vivian Gornick a grandi dans le Bronx en rêvant de Manhattan, le centre du monde dont elle se sentait alors très loin. A quatorze ans, elle a commencé à prendre le métro pour « parcourir Manhattan de long en large, tard les soirs d’hiver ou dans la chaleur de l’été. » Rentrée dans le Bronx, elle attendait que sa vie commence. « Dès que je serais assez grande, New York m’appartiendrait. »

    « Les trottoirs de cette ville sont couverts de gens qui tentent d’échapper à l’emprisonnement de la mélancolie pour embrasser la promesse de l’espoir. A certains moments, New York semble chanceler sous l’impact. » De sa mère, elle a hérité une conception tchekhovienne de l’existence. Surtout après la mort de son père – « la bonne personne » que sa mère avait eu la chance d’épouser –, celle-ci ressentait une insatisfaction perpétuelle. « Moi, j’errerais pour le reste de ma vie dans le purgatoire de l’exil volontaire, toujours en quête de la bonne personne à qui parler. » Fatiguée de chercher « l’Amour avec un grand A, le Travail avec un grand T », elle lit, écrit, finit par épouser un scientifique : un bon camarade, un certain confort de vie, mais ce n’était pas « le bon », ils ont bientôt divorcé.

    Quelques pages sur l’atmosphère « indescriptible » après le 11 Septembre, sur les gens dans le métro, dans le bus. Ceux dont on découvre la vie en lisant comptent aussi beaucoup dans sa vie, comme Mary Britton Miller « devenue une Femme à part » à vingt-huit ans en s’établissant à New York (1911) « où elle vécut seule et écrivit pendant toute sa longue vie ». Dans ses romans signés Isabel Bolton, « elle s’accommode de la vie parce qu’il y a la ville à aimer », son véritable sujet, selon Vivian Gornick, indissociable de la solitude, angoissante, mais à laquelle les êtres humains comme elle sont réticents à renoncer.

    Elle rend visite à une écrivaine de sa connaissance, qui a été obligée par l’arthrite d’entrer dans une maison médicalisée à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Du confort et des soins attentifs, mais quasi plus personne avec qui parler vraiment – « des bavardages, ça oui, lui dit-elle. Mais une conversation comme celle que nous avons là ? Jamais. » Et pourtant, stoïque, elle s’y intéressait à son entourage, « son goût de romancière pour les bizarreries de l’humanité l’y aidait. »

    Vivian Gornick évoque beaucoup de ces femmes qui font face ou n’y arrivent pas. Comme Constance Woolson devenue l’amie d’Henry James en Italie, suicidée à Venise. Comme Evelyn Scott, une écrivaine des années vingt dont tout moderniste de Greenwich Village connaissait le nom – un bouquiniste amateur tombé en possession de ses lettres, journaux et manuscrits a publié sa biographie (intitulée Pas mal pour une femme) dont elle se régale.

    « A la fin du dix-neuvième siècle, plusieurs génies littéraires ont écrit de grands livres sur les femmes des temps modernes. En l’espace de vingt ans ont paru Jude l’Obscur par Thomas Hardy, Portrait de femme d’Henry James, Diana of the Crossways de George Meredith. Aussi perspicaces que fussent ces romans, c’est Femmes à part de George Gissing qui me parle le plus. J’ai l’impression que ses personnages sont les hommes et les femmes de mon entourage. […] Gissing a trouvé le mot juste : nous sommes les femmes « à part ». » (La traductrice signale dans ses remerciements avoir modifié le titre habituel de la traduction française, Femmes en trop).

    Grande marcheuse (dix kilomètres à pied par jour pendant des années) et grande lectrice, Vivian Gornick restitue de façon très vivante ces moments intenses que sont les rencontres dans le monde et dans les livres. Parmi toutes ces voix new-yorkaises, je n’oublierai pas celle de John Dylan, un grand comédien du Public Theatre qu’elle avait souvent croisé, devenu aphasique après une attaque. Elle raconte une lecture à laquelle il l’avait invitée, dans son appartement, des Textes pour rien de Beckett et conclut, émue et émouvante : « Je savais que je venais d’entendre Beckett – de l’entendre vraiment – pour la toute première fois. »

  • Rare

    bobin,la dame blanche,essai,littérature française,emily dickinson,poésie,vie,littérature anglaise,etats-unis,création,maison,art,foi,culturebobin,la dame blanche,essai,littérature française,emily dickinson,poésie,vie,littérature anglaise,etats-unis,création,maison,art,foi,culture« En 1882 Wadsworth* meurt et son âme tombe sur la petite balance d’un Dieu diamantaire. Il n’y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu’un qui voit le même monde que nous. C’est comme apprendre que l’on n’était pas fou. « Sur les sujets dont au fond nous ignorons tout, tous les deux nous croyons et doutons cent fois par heure – ce qui laisse à notre foi toute sa souplesse. » Parler sans fin de ce qui se dérobe sans fin est une jouissance en regard de laquelle toutes les autres ne sont rien. Rencontrer quelqu’un, le rencontrer vraiment – et non simplement bavarder comme si personne ne devait mourir un jour –, est une chose infiniment rare. La substance inaltérable de l’amour est l’intelligence partagée de la vie. En perdant Wadsworth, Emily perd la moitié du ciel. Apprenant sa mort elle confie à des amis : « Il était mon berger. »

    Christian Bobin, La dame blanche

    *[un pasteur presbytérien rencontré à Philadelphie et devenu son « plus cher ami sur terre »

  • Bobin chez Emily D.

    La dame blanche de Christian Bobin raconte, à sa façon non linéaire, la vie d’Emily Dickinson (1830-1886), résumée en dix lignes par Eduardo Galeano dans Mujeres (à lire sur Espaces, instants). Sortant peu de sa chambre d’Amherst, dans le Massachussetts, « Emily écrit des textes dont la grâce saccadée n’a d’égale que celle des proses cristallines de Rimbaud ».

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    Couverture de la première édition de Poèmes, publié en 1890

    Pour évoquer son existence et son œuvre, il commence par la mort d’Emily Dickinson, à cinquante-cinq ans. Susan, sa belle-sœur chérie, n’assiste pas à l’enterrement – parce que « son mari, Austin, frère d’Emily, y a invité sa maîtresse, Mabel Todd » – mais c’est elle qui l’a revêtue de la robe mortuaire « fraîchement repassée », « son ultime armure blanche ».

    Millicent, la fille de Mabel, six ans, qui « se souvient d’une mystérieuse dame en blanc aux cheveux roux qui ne sortait jamais », assure la transition vers la petite Emily de deux ans et demi confiée à la tante Lavinia quand sa mère va accoucher de Vinnie, la petite sœur. Emily voudrait rentrer chez elle, sa mère lui manque. Plus que son père, Edward Dickinson, trésorier du collège local, avocat, sénateur, dont les yeux noirs « vous fouillent, vous jugent, vous condamnent et finalement ne vous ont jamais regardé ».

    Dans les années 1850, la mort prend à Emily, vingt ans, plusieurs amies de son âge, puis Benjamin Newton, le secrétaire de son père qu’elle appelait « maître », qui lui prêtait des livres et l’encourageait à écrire. Cette année-là, le père triomphe : Amherst est reliée par le chemin de fer aux autres villes de la région, grâce à sa ténacité. « Mon père ne voit rien de mieux que « la vie réelle » - et sa « vie réelle » et « la mienne » entrent parfois en collision », écrit-elle.

    Heurtée par ses exigences, sa violence quand il fouette un cheval jusqu’au sang, elle cherche à ouvrir son cœur : elle joue du piano, elle fait le pain de la maison. Le père d’Emily mourra en 1874, sa mère aura une attaque de paralysie l’année suivante. « Les parents voient leurs enfants, jamais leurs âmes. Celle d’Emily tient dans une goutte de rosée. L’infime est son royaume. Elle contemple le ciel à travers le vitrail des ailes d’une libellule, et s’aménage un béguinage à l’intérieur d’une clochette de muguet. » Autour d’elle, « chacun veut être quelque chose, elle fait le rêve souverain de n’être rien et de mourir inconnue. L’humilité est son orgueil, l’effacement son triomphe. »

    De dix à vingt-quatre ans, la famille habite dans une maison toute en bois près du cimetière, pour Emily, « sa » maison d’où elle contemple les tombes. Puis on  retourne dans la première maison rachetée en 1855, la maison de son père, celle où elle est née et où elle mourra, entre la rue principale et un verger avec une serre.

    « Un  poète, c’est joli quand un siècle a passé, que c’est mort dans la terre et vivant dans les textes. Mais quand c’est chez vous, un enfant épris d’absolu, bouclé dans sa chambre avec ses livres, comme un jeune fauve dans sa tanière enfumée par Dieu, comment l’élever ? Les enfants savent tout du ciel jusqu’au jour où ils commencent à apprendre des choses. Les poètes sont des enfants ininterrompus, des regardeurs de ciel, impossibles à élever. »

    Austin, devenu à son tour trésorier du collège d’Amherst, est un conquérant, « cassant avec tous, sauf avec Emily ». Celle-ci sera la « petite mère » de son frère et de sa sœur qui nourrit les chats, « petits courtisans aux yeux d’or d’une dame en cachemire noir », balaie, fait les courses et assume son rôle : « Mon frère avait Amherst – et Emily avait la pensée. » Au collège, on la surnommait « Socrate ». Quand on veut convertir les élèves à la « nouvelle Eglise », Emily Dickinson est la seule à refuser. Le retour de son père après quelques mois d’absence signe la fin de ses études, « la maison se referme sur elle comme une huître sur sa perle. »

    « Quand nous avons tout perdu, quelque chose nous en prévient au creux du ventre, une meule de deux cents tonnes tombée du ciel dans nos entrailles » : sa mère qui dépendait d’elle meurt en 1882. « Emily sait quelque chose que les autres ne savent pas. Elle sait que nous n’aimerons jamais plus d’une poignée de personnes et que cette poignée peut à tout moment être dispersée, comme les aigrettes du pissenlit, par le souffle innocent de la mort. Elle sait aussi que l’écriture est l’ange de la résurrection. »

    Son jardin, son amour des fleurs, la robe blanche portée chaque jour après la mort de son père, les lys blancs, Higginson, « ancien pasteur, militaire luttant pour l’abolition de l’esclavage, homme de lettres curieux des écritures nouvelles » les découvre chez les Dickinson en août 1870. Emily lui soumet quelques poèmes, il est « soufflé ». Au retour, il écrit « ce qu’il vient d’entendre » de celle pour qui la poésie est une « affaire vitale », bouleversé par Emily, la « femme du dedans », la contemplative : la poète.

  • Grandeur

    hustvedt,siri,vivre,penser,regarder,essai,littérature anglaise,etats-unis,philosophie,psychologie,littérature,culture,lecture,écriture,art« Nous naissons au sein de significations et d’idées qui façonnent la manière dont nos esprits incarnés affrontent le monde. Dès l’instant où je franchis les portes du Prado ou du Louvre, par exemple, je pénètre dans un espace culturellement sanctifié. A moins d’être une alien venue d’une autre galaxie, je me sentirai envahie par le silence de la grandeur, par l’idée que ce que je vais voir a reçu l’imprimatur de ceux qui savent, les experts, les conservateurs, les faiseurs de culture. Cette idée de grandeur, matérialisée par les dimensions des salles et les rangées de peintures et de sculptures, affecte ma perception de ce que je vais voir. L’attente de la grandeur est susceptible de jouer un rôle dans ma perception, même si je me considère comme dépourvue de préjugé et ne me rends pas compte que ma façon de voir a été subtilement altérée par l’endroit où elle se trouve. »

    Siri Hustvedt, Visions incarnées (Vivre, Penser, Regarder)

  • Regarder une oeuvre

    Siri Hustvedt / 3

    La dernière section de Vivre, Penser, Regarder m’a passionnée, davantage que la précédente. Siri Hustvedt l’ouvre sur « Quelques réflexions à propos du regard », dont la dernière est toute simple : « Je regarde et parfois je vois. » Le recueil se termine avec « Visions incarnées – Que signifie regarder une œuvre d’art ? » Pour répondre à cette question, elle aborde l’univers de différents artistes, hommes et femmes, contemporains et anciens.

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    Johannes Vermeer,  Etude d’une jeune femme, vers 1665–67,
    The Metropolitan Museum of Art, New York
    « Je n’étais pas une enfant sûre de moi et, dans son visage,
    je me reconnais au même âge. »
    (S. H.)

    Ma première intention était de reprendre dans chacun des treize articles une phrase que j’y avais soulignée et de vous montrer en regard (l’expression s’impose), une des œuvres commentées. Mais au bout du compte, il y en avait trop. J’ai donc sélectionné quelques phrases pour vous en donner l’esprit et quelques-unes des peintures ou sculptures ou « installations » regardées par l’écrivaine (aucune n’est illustrée dans le livre).

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    Giorgio Morandi, Nature morte, 1952
    « Ce à quoi l’on s’attend est capital pour la perception. » (S. H.)

    « Morandi aimait énormément Chardin et ce que ces deux artistes ont en commun, outre la nature morte, c’est que, chacun à sa façon, l’un et l’autre enchantaient leurs objets. »
    « Morandi, à ce qu’il me semble, explore activement le drame de la perception, et il joue avec les deux niveaux de vision : le préattentif et l’attentif. Il a dit un jour : « Le seul intérêt qu’éveille en moi le monde visible concerne l’espace, la lumière, la couleur et les formes. » »

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    © Louise Bourgeois, Rejet, 2001-2002
    « Le visuel et le linguistique occupent dans le cerveau des sites différents. » (S. H.)

    « Je sais que ces figures cousues, balafrées sont dérangeantes, mais elles sont aussi pour moi du nombre des œuvres les plus belles et les plus compatissantes de Bourgeois. Ce sont des poupées de perte et d’immortalité. »

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    Duccio di Buoninsegna, Vierge à l’Enfant, 1290-1300, The Metropolitan Museum of Art, New York
    « Tout objet photographié devient un signe de disparition parce qu’il appartient au passé. » (S. H.)

    « Malgré sa composition, qui conserve le caractère abstrait d’une icône byzantine, avec ses personnages idéalisés habitant le nulle part étincelant d’un fond d’or, et le détail inhabituel du parapet au-dessous d’eux, qui les éloigne encore plus encore de l’espace du spectateur, la résonance affective entre cette mère et son bébé est reconnaissable dans sa profonde humanité. »

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    © Kiki Smith, Lilith, bronze et yeux de verre, 1994, The Metropolitan Museum of Art, New York
    « Pour moi, une œuvre d’art doit être une énigme. » (S. H.)

    « Regarder l’œuvre de Kiki Smith, c’est pénétrer dans une zone frontière où disparaissent souvent les lignes tracées entre dehors et dedans, tout et partie, éveil et veille, humain et animal, « moi » et « pas moi ». C’est un territoire d’associations mouvantes et de métamorphoses, tant visuelles que linguistiques. »
    « L’indifférence est le chemin le plus court vers l’amnésie et, en définitive, les seules œuvres d’art qui comptent sont celles dont nous nous souvenons et celles dont nous nous souvenons, ce sont, me semble-t-il, celles qui nous ont émus. »

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    © Gerhard Richter, Moritz, 2000, huile, toile, De Pont Museum of Contemporary Art, Tilburg, Netherlands

    « Ce qu’est la beauté, qui le sait ? une réaction à ce que nous voyons, dont une partie semble être une attitude génétiquement programmée pour la symétrie, la lumière, la couleur ; le reste, sûrement, est appris. »
    « La dynamique entre photo et peinture prend un caractère de révélation et de dissimulation, de vision et de cécité, de jeu d’une dimension contre et avec l’autre, et de création entre elles d’ambiguïté. »

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    © Annette Messager, Mes Trophées, 1986-88, Collection Fonds National d’Art Contemporain

    « Certains se souviennent bien de leur enfance. Ils se rappellent ce que c’était de jouer et de faire semblant. D’autres non. Leur persona infantile a disparu derrière les nuages de l’amnésie. D’autres encore, dont certains sont des artistes, continuent toute leur vie à jouer et à faire semblant. »

    « Tous, nous abordons une œuvre d’art avec des pensées et des sentiments, ainsi qu’avec des expériences passées qui ont influencé notre vision, tant culturelle que personnelle. Chacun de nous peut néanmoins lutter contre ses propres idées préconçues en adoptant une attitude phénoménologique. Après avoir regardé une œuvre d’art pendant assez longtemps et avec une attention suffisante, j’ai souvent vu ce que je n’avais d’abord pas aperçu. »

    En plus des artistes cités dans ce billet, il est question aussi, dans Vivre, Penser, Regarder, de Richard Allen Morris, de Margaret Bowland, de Goya, de la main qui dessine « Cette vivante main » et de photographies. Si le regard de Siri Hustvedt sur l’art vous intéresse, je vous signale ses précédents essais sur la peinture, Les mystères du rectangle (2006) et surtout son roman Un monde flamboyant (2014), magistral.