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art - Page 23

  • Camille / Auguste

    Dans l’histoire de la sculpture française, les noms de Camille Claudel et d’Auguste Rodin sont inséparables : la force de leur art, leur passion, leur rupture, la suite dramatique pour Camille ont suscité bien des analyses. Dans Je couche toute nue, aux éditions Slatkine & Cie, Isabelle Mons et Didier Le Fur ont préféré s’en tenir aux « sources seules, sans commentaires ni notes » : correspondances, journaux intimes, carnets, archives racontent leur histoire.

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    Camille par Auguste : Auguste Rodin, La pensée, 1888-1889

    Cela commence avec des lettres envoyées par Rodin à Rose Beuret en 1871, de Bruxelles : il lui envoie de l’argent, lui demande de bien protéger ses moules. Dans un texte autobiographique de 1883, Auguste résume ses débuts difficiles, mentionne un buste refusé au Salon et son départ pour Bruxelles après le siège de Paris en 1870, les ennuis qu’il a eus au retour pour faire accepter L’âge d’airain, les appuis reçus : « Sans que l’artiste s’en doute, se croyant toujours seul sans être découragé par tant d’injustice, il marche. »

    En août 1979, le sculpteur Charles Cordier l’invite à venir travailler avec lui à Nice. Rodin dira à Rose combien il se plaît là, « juste devant la mer que rien ne [lui] cache si ce n’est que des lauriers roses, des arbres du Midi, des cactus : à chaque coup d’œil, c’est un plaisir. » D’autres sculpteurs interviennent en sa faveur auprès du ministère des Beaux-Arts, qui l’autorise en 1880 « à occuper au Dépôt des marbres, rue de l’Université, 182, l’atelier M (…) »

    Un extrait de Mademoiselle Camille Claudel par Mathias Morhardt en 1898 – il la soutiendra tout au long de sa vie – rappelle qu’Alfred Boucher, qui avait visité son atelier à Nogent-sur-Seine, l’a recommandée au directeur de l’Ecole nationale des Beaux-Arts. Celui-ci demande en voyant ses premières œuvres si elle a pris des leçons avec Rodin – « Jamais encore ». Morhardt fait remarquer que celui-ci « se plaît aux belles harmonies pleines, douces et blondes », « fuit les contrastes trop violents d’ombre et de lumière » alors que les premiers essais de Camille sont « noueux, creusés de noirs profonds, et dramatiques. » La méprise du public sur son talent original ne fera que s’aggraver après ses années à l’atelier de Rodin.

    Correspondance entre les Claudel, mots de Rodin à son élève Jessie Lipscomb, chez qui Camille va loger à Paris, critiques dans la Gazette des Beaux-Arts, échanges de Rodin avec le maire de Calais qui lui a commandé un monument, au fil des pages la vie des deux sculpteurs et de leur entourage prend forme. Auguste et Camille se rencontrent en 1884, il a 23 ans de plus qu’elle. Quand elle accompagne les Lipscomb en Angleterre, leur intimité s’exprime sans détours dans leurs lettres : « D’ici là, je vous prie, travaillez, gardez tout le plaisir pour moi. Je vous embrasse. Camille » (août 1886) 

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    Auguste par Camille : Camille Claudel, Buste d’Auguste Rodin, 1892

    Sans son « Compte-rendu du Salon de 1886 » dans L’Art, Paul Leroi (Léon Gauchez) souligne les qualités de la jeune sculptrice : « Le caractère promet d’être la qualité maîtresse de Melle Camille Claudel. » Ses fusains aussi sont appréciés. Le critique souligne le danger potentiel de l’influence de Rodin, l’importance pour son avenir d’être elle-même « et non un reflet ». Camille aura bientôt son propre atelier au 117, rue Notre-Dame des Champs.

    Rodin lui écrit : « Ma féroce amie, (…) Aie pitié, méchante. Je n’en puis plus, je n’en puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l’atroce folie. C’est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t’aime avec fureur. » Les lettres de Camille à ses amies sont gaies, pleines d’allant, jusqu’à ce qu’elle se dispute avec Jessie Lipscomb qu’elle accuse d’une conduite « indigne » à son égard (6/7/1887). L’un et l’autre sont admirés aux diverses expositions, les critiques des journaux témoignent de l’intérêt du public. Jules Renard note dans son Journal : « Chez Rodin, il m’a semblé que mes yeux tout d’un coup éclataient. Jusqu’ici la sculpture m’avait intéressé comme un travail dans un navet. Ecrire à la manière dont Rodin sculpte. » (9/3/1891)

    L’été 1891, ils se voient à l’Islette et c’est de là que Camille écrit à Auguste comment elle passe ses journées et aussi « Je couche toute nue pour me faire croire que vous êtes là mais quand je me réveille, ce n’est plus la même chose. Je vous embrasse. Camille. Surtout ne me trompez plus. » Au ministre des Beaux-Arts, elle fait valoir ses mentions au Salon, sollicite une commande en marbre. Rodin la recommande au Courrier de l’Aisne et à d’autres, il lui envoie des mandats pour l’aider.

    Une belle lettre de Camille à son frère Paul Claudel, en décembre 1893, témoigne et de ses difficultés matérielles et de « beaucoup d’idées nouvelles qui [lui] plairaient énormément ». Elle lui décrit quelques groupes, son « grand plaisir à travailler » et ajoute : « Tu vois que ce n’est plus du tout du Rodin, et c’est habillé ; je vais faire des petites terres cuites. Dépêche-toi de revenir pour voir tout ça. » Camille et Auguste se sont séparés, ils se retrouveront en 1895, puis ce sera la rupture définitive.

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    Camille Claudel, L’Age mûr, 1899

    Ce recueil émeut par tout ce qu’il laisse apparaître de la vie des deux artistes et de leur relation si intense, dans la passion, dans la joie, puis dans la douleur. Il intéresse en mentionnant les circonstances de la création de leurs œuvres majeures, les soucis financiers, les complications liées aux commandes – « La Valse » de Camille Claudel d’abord rejetée parce que trop nue, puis admirée dans le tourbillon des voiles autour des danseurs, « La Porte de l’Enfer » d’Auguste Rodin jamais installée mais pivot de son œuvre.

    « Je couche toute nue » donne la parole à ceux qui les entouraient et se souciaient de leur venir en aide – amis, artistes, critiques, admirateurs – et aussi à ceux qui ne comprenaient pas leur audace dans la création et les tournaient en dérision. Cela donne un tableau vivant de leur époque, y compris de la manière dont l’Etat français soutenait les artistes et réagissait aux sollicitations des uns et des autres, influencé par leur succès au Salon.

    Le plus terrible, ce seront les souffrances de Camille une fois qu’elle se persuade d’être persécutée par la « bande à Rodin » et met des cadenas à ses volets, tant elle craint de se voir voler ses sujets. Rodin lui envoie des mandats de manière anonyme pour qu’elle les accepte. Terrible aussi, sa mère inflexible par crainte du scandale : une fois mise à l’asile, Camille n’aura plus droit aux visites ni même à l’envoi de lettres. Son frère Paul laisse passer trop de temps sans la voir – il se le reprochera, beaucoup trop tard.

    Ce livre va rejoindre La robe bleue de Michèle Desbordes, Camille et Paul - La passion Claudel de Dominique Bona, sans oublier Une femme. Camille Claudel d’Anne Delbée, pleine d’empathie pour cette grande artiste au destin tourmenté. Je pense aussi au film de Bruno Nuytten, où Isabelle Adjani et Gérard Depardieu ont incarné ce couple extraordinaire. Il me tarde à présent de visiter le tout nouveau Musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine.

  • Double

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    « Ensemble, nous riions des enfants que nous avions été ; nous jugions que j’avais été une méchante fille qui s’efforçait d’être gentille, et lui un gentil garçon qui s’efforçait d’être méchant. Au fil des années, ces rôles allaient s’inverser, puis s’inverser de nouveau, jusqu’à ce que nous arrivions à accepter notre nature double et à nous mettre en paix avec l’idée que nous renfermions des principes opposés, la lumière et l’obscurité. »

    Patti Smith, Just Kids

  • Patti et Robert

    En refermant Just Kids de Patti Smith (2010, traduit de l’américain par Héloïse Esquié), on quitte le couple fabuleux qu’elle formait avec Robert Mapplethorpe, « artiste et muse, un rôle qui était pour nous interchangeable ». Elle a tenu la promesse d’écrire leur histoire.

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    Patricia, l’aînée de quatre enfants, ne voulait ni grandir, ni mettre un tee-shirt quand les garçons étaient torse nu. L’amour des livres lui donne vite l’idée « d’écrire un jour un livre ». Une excursion au musée des Beaux-Arts de Philadelphie avec ses parents est une autre expérience fondatrice : la gamine de douze ans « tout en bras et en jambes qui se traînait derrière les autres » se sent transformée, « bouleversée par la révélation que les êtres humains créent de l’art et qu’être artiste, c’est voir ce que les autres ne peuvent voir. »

    « Les souffrances liées à la condition d’artiste, je ne les craignais pas, mais je redoutais terriblement de n’être pas appelée. » Objet de moqueries au lycée, elle trouve un refuge dans les livres et le rock en roll, « le salut adolescent en 1961 ». Elle dessine, danse, écrit des poèmes. Elle rêve « d’entrer dans la fraternité des artistes », de vivre comme Frida Kahlo avec Diego Rivera, « de rencontrer un artiste pour l’aimer, le soutenir et travailler à ses côtés. »

    Elle est née un lundi de 1946, Robert Mapplethorpe aussi. Le troisième de six enfants dans une famille bourgeoise catholique était « un petit garçon espiègle dont la jeunesse insouciante se nuançait délicatement d’une fascination pour la beauté. » Passionné de coloriage, dessinateur-né, il fabriquait des bijoux pour sa mère – toute sa vie il portera des colliers. Dans sa famille, « on ne parlait ni ne lisait beaucoup, et on ne partageait pas ses émotions les plus intimes. » A Patti, il disait : « Ma famille, c’est toi. »

    Tombée enceinte en 1966, Patti Smith décide de faire face seule, est renvoyée de la fac. Les voisins traitant ses parents « comme s’ils cachaient une criminelle », elle se réfugie dans une famille d’accueil. A l’hôpital, les infirmières se montrent « cruelles et insensibles » envers « la fille de Dracula » aux longs cheveux noirs. Son enfant naît « le jour de l’anniversaire du bombardement de Guernica » et elle pense à la mère qui pleure un bébé mort dans les bras sur le tableau – ses bras sont vides, elle pleure, mais son enfant va vivre, il ne manquera de rien dans sa famille d’adoption. En rentrant à la maison, elle s’achète un long imperméable noir.

    Se consolant avec Rimbaud (elle a fauché les Illuminations à l’étal d’un bouquiniste), elle prépare son plan : quitter Camden, travailler, gagner assez pour rejoindre des amis à Brooklyn. A vingt ans, elle prend le bus pour Philadelphie puis New York, un lundi de juillet, « un bon jour » pour cette superstitieuse. « Personne ne m’attendait. Tout m’attendait. »

    Ses amis ont déménagé. Le nouveau locataire lui désigne la chambre du colocataire qui a peut-être leur adresse : « Sur un lit en métal très simple, un garçon était couché. Pâle et mince, avec des masses de boucles brunes, il dormait torse nu, des colliers de perles autour du cou. J’ai attendu. Il a ouvert les yeux et souri. » Il la conduit jusqu’à leur nouveau domicile, ils ne sont pas là. Elle les attend et s’endort sur leur perron de brique rouge.

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    Patti et Robert (Source : https://illusion.scene360.com/art/91031/robert-mapplethorpe/ )

    C’est le début de la débrouille, du vagabondage d’un parc à l’autre, des nuits dehors, de la faim. Un Cherokee à la peau noire, Saint, la guide vers des endroits où trouver à manger. Ils dorment chacun de leur côté, se retrouvent pour manger, parler. Un jour, il disparaît. Elle cherche du boulot. Dans la « communauté errante » d’East Village, elle se sent en sécurité, prend une douche de temps à autre chez une connaissance et se répète les mots de Saint : « Je suis libre, je suis libre. » Cet été-là, elle rencontre Robert Mapplethorpe.

    Caissière dans un magasin au nord de Manhattan, au rayon des bijoux et de l’artisanat ethnique, elle convoite « un modeste collier de Perse » qui ressemble à un scapulaire ancien, 18 dollars, trop cher. Un client en chemise blanche et cravate l’achète, c’est le colocataire qui l’avait guidée, métamorphosé. Après avoir emballé le collier persan, elle le lui tend et lâche spontanément : « Ne le donne à aucune autre fille qu’à moi. » Elle est gênée, mais Robert sourit : « Promis. »

    Le garçon de Brooklyn la croise à nouveau un jour où elle a accepté l’invitation à dîner d’un barbu trop insistant. Ne sachant comment lui échapper, elle aperçoit le jeune homme aux colliers de perles indiennes et court vers lui : « Tu veux bien faire semblant d’être mon mec ? » Robert est en plein trip de LSD, ce qu’elle ignore, ils s’en vont et finissent la nuit chez un ancien colocataire en vacances dont il trouve la clé cachée. Il lui montre ses dessins entreposés là-bas.

    « Comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, nous sommes restés ensemble, ne nous quittant que pour aller travailler. Pas un mot ne fut prononcé ; ce fut tout bonnement un accord tacite. » Patti et Robert se sont trouvés, ils vont se transformer au contact l’un de l’autre, fidèles à leur vocation artistique, s’encourageant, s’acceptant tels qu’ils sont. La vie de bohème n’est pas une sinécure, mais ils travaillent, ils s’aiment. Son vocabulaire poétique et le vocabulaire visuel de Robert se dirigent vers des destinations différentes, il est plus ambitieux qu’elle, mais ces « enfants sauvages et fous » vont réaliser leur rêve.

    Patti a besoin d’une chambre pour travailler, Robert est de plus en plus attiré par les homosexuels. Ils deviennent eux-mêmes. Amants puis amis, ils ont besoin l’un de l’autre : « Patti, personne ne voit comme toi et moi. » Ils parviennent à louer une chambre au Chelsea Hôtel. Elle le pousse à prendre des photos lui-même au lieu d’en découper pour ses collages dans des magazines porno, lui l’encourage à dire ses poèmes en public, à chanter. Patti Smith veut être poète, pas chanteuse – « L’un n’empêche pas l’autre », réplique Robert. Et il en sera ainsi.

    Il gagne le premier de l’argent avec son art, photographie des fleurs et des corps. Elle écrit des articles pour des magazines rock, prend exemple sur les critiques d’art de Baudelaire. La Poésie reste son cap : « Je voulais insuffler dans le mot écrit l’immédiateté et l’attaque frontale du rock and roll. » Pour tous les deux, les rencontres, les relations, d’autres amours sont autant de balises pour avancer. Ils se quittent en 1972, quand Robert rencontre Sam Wagstaff qui va lui apporter tous les appuis nécessaires. Une autre vie commence : « Ensemble, séparément ».

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    A écouter sur https://www.youtube.com/watch?v=S5pU1LPpyfQ

    Mapplethorpe choque en montrant des actes sexuels « extrêmes » comme des œuvres d’art, elle ne le comprend pas toujours, mais bien son désir « de produire quelque chose que personne n’avait fait avant lui ». Elle lui fait entièrement confiance, le soutient inconditionnellement dans sa recherche de la lumière et du noir ; elle ne se drogue pas mais ose essayer des substances sous sa protection. De son côté, elle monte son groupe de rock, fait appel à lui pour les pochettes de ses albums.

    Des photos d’eux en noir et blanc, la plupart de Mapplethorpe, jalonnent Just Kids, devenu le livre culte d’une époque. Fin 1986, quand elle porte son deuxième enfant du guitariste Fred « Sonic » Smith, épousé en 1980, elle apprend que Robert souffre du sida, Sam aussi. Ils en mourront. « Pourquoi ne puis-je écrire des mots qui réveilleraient les morts ? »

  • Le banc

    Sur le site d’Europalia Indonesia, un film d’animation montre un autre aspect du talent et de l’imagination de Kitty Crowther. Antérieure à son album Jan Toorop Le chant du temps, le voici sur YouTube, une histoire en quatre minutes quarante, le rêve d’un rêveur, « Le banc » (2010), par Kitty Crowther et Bruno SalAmone, sur une musique de Sissi Lewis.


  • Le chant du temps

    Les couleurs de Kitty Crowther et le nom de Jan Toorop sur l’affiche m’ont attirée, à la bibliothèque Sésame de Schaerbeek, vers la petite salle d’exposition aux murs mauves à l’arrière (l’auditorium). L’illustratrice y montre ses dessins originaux pour Jan Toorop Le chant du temps, un album paru en français aux éditions Versant Sud Jeunesse à Bruxelles, en néerlandais à La Haye (Gemeentemuseum Den Haag/Leopold) en 2016.

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    Le nom de Jan Toorop (1858-1928) est connu en Belgique, on trouve des œuvres du peintre néerlandais dans nos musées, comme la Dame à l’ombrelle au musée d’Ixelles, et parfois aux expositions d’artistes belges, étant donné qu’il a vécu quelques années à Bruxelles et a fait partie du groupe des XX. Il fut l’ami de Degouves de Nuncques dont il a fait un très beau portrait au pastel. Toorop est né sur l’île de Java (alors Indes néerlandaises) en Indonésie, pays mis à l’honneur de l’actuel festival Europalia.

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    A l'entrée de l'exposition

    Des courbes aux couleurs vives, des fleurs, un bateau, un homme et une fillette face à la mer, des paysages, des visages… Je me suis d’abord laissé porter par ces scènes qui titillent l’imagination, ouvrent au rêve, pour le plaisir d’observer le dessin, d’entrer dans cet univers à la fois proche et exotique. Un petit homme en noir y apparaît, souvent en compagnie de femmes – Jan Toorop.

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    Vous connaissez peut-être Kitty Crowther, une raconteuse d’histoires qui a déjà écrit et illustré de nombreux albums à l’Ecole des Loisirs. Elle a obtenu le prix Libbylit pour ce récit en images sur ce peintre qui a dit un jour : « Les Indes sont indissociables de ma personne. Le fondement de mon œuvre est oriental. » Son histoire est contée en dessins ; la première des doubles pages (ci-dessous) le montre au milieu d’une végétation luxuriante, face à deux jeunes femmes aux longues chevelures en courbes typiques du symbolisme et de l’art nouveau.

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    © Kitty Crowther, Jan Toorop Le chant du temps, 2016

    « Ce récit commence sur une île. Loin d’ici. » Une seule page de texte résume le parcours d’un garçon d’abord appelé Johannes, qui était amoureux de deux princesses sans arriver à choisir sa préférée. A onze ans, « il fut envoyé tout seul sur un grand bateau aux Pays-Bas, afin de recevoir une bonne éducation. » Il n’a jamais revu ni son île ni sa famille.

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    © Kitty Crowther, Jan Toorop Le chant du temps, 2016 (détail)
    Détail inspiré de la peinture de Jan Toorop, Les dunes et la mer près de Zoutelande, 1907

    Des bandes de toutes les couleurs entourent une ile couverte d’arbres et de palmiers qui s’éloigne (ci-dessous, au milieu). Place à un panorama hollandais (à droite), un moulin à vent à l’horizon, un couple sur une barque et, dans un angle, un garçon qui les dessine. Aucune explication ni légende pour accompagner ces dessins. Au jeune Jan, les Hollandais offraient de nombreuses physionomies à saisir, ou bien la campagne où un jeune homme peut embrasser une jeune femme sous un arbre, les bois pour s’approcher d’un oiseau…

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    Une vue de l'exposition à la bibliothèque Sésame

    Chaque double page est un tableau, crée une atmosphère. « Lorsque l’on fixe longtemps quelque chose, d’autres couleurs apparaissent », écrit Kitty Crowther à la fin. Elle nous apprend que la fille du peintre, Charley Toorop, la fillette tenue par la main, « est devenue une artiste célèbre ». Conseillé aux jeunes lecteurs de 12-13 ans, Jan Toorop le chant du temps offre des dessins vibrants.

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    © Kitty Crowther, Jan Toorop Le chant du temps, 2016 (détail)

    L’exposition sur ce « livre d’artiste sur un artiste » (Lucie Cauweinspiré par l’univers onirique, la vie et l’oeuvre du peintre symboliste Jan Toorop, est prolongée jusqu’au 28 février. Vous pourrez y découvrir à travers ces dessins originaux (et sans le pli central de la reliure) le grand talent de Kitty Crowther, prix Astrid Lindgren en 2010. Jan Toorop Le chant du temps est disponible à la bibliothèque Sésame – un album à offrir sans hésitation.