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Bruxelles - Page 7

  • Un nouveau venu

    Cet hiver, pour la première fois, j’ai suspendu un silo à graines sur la petite terrasse où le chat n’a pas accès. Les mésanges se faisant plus rares que les années précédentes dans notre îlot, cela contribuerait peut-être à leur survie. Elles viennent s’y nourrir de temps à autre, je ne les vois pas souvent s’y poser, mais le niveau des graines descend régulièrement. Impossible de faire une bonne photo, elles sont trop vives dans leurs mouvements. Quand le froid s’est installé, j’ai suspendu aussi dans un angle un présentoir de boules pour mésanges, mais celles-ci n’ont pas remporté un grand succès.

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    Jusqu’au jour où, tout à coup, je vois se poser ce bel oiseau que j’avais déjà aperçu dans l’arbre voisin, si reconnaissable à ses jolies plumes bleues sur l’aile : un geai des chênes, à qui on prête à tort une réputation de nuisible. Les boules de graisse intéressent ce nouveau venu, il y pique le bec avec gourmandise et fait tomber des miettes qu’un ramier opportuniste viendra ramasser. Le geai adore les arachides en coque ? En voilà, de qualité bio, glissées chaque matin entre les boules. Depuis, toute la famille geai vient s’offrir ces friandises : mâle et femelle ont les mêmes plumages, elle est un peu plus petite que lui, et le jeune geai qui les accompagne a vite compris comment s’y prendre. Charmante visite quotidienne !

  • Vers le printemps

    « Mars qui rit, malgré les averses, / Prépare en secret le printemps. » Avez-vous aussi appris ce Premier sourire du printemps de Théophile Gautier ? Apprend-on encore ce poème à l’école ?

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    A la mi-février déjà, de jolies couleurs sont apparues devant certaines maisons du quartier. Jeter un coup d’œil aux jardinets fait partie des plaisirs de la promenade.

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    Des crocus précoces en bouquet, de petites trompettes jaunes non identifiées – de mini jonquilles ? – et même d’adorables iris miniatures comme je n’en avais jamais vu, d’un bleu vif très séduisant.

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    Ô surprise, quelques prunus d’un rose très pâle poudraient déjà l’atmosphère ce jour-là le long de l’avenue Huart Hamoir. Oui, décidément, un changement de saison s’annonçait, malgré le froid.

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    Quelques jours plus tard, dans mon jardin suspendu, je découvrais dans un bac, au pied des arbustes, un chemin d’étoiles pervenches. Avant mars, cette année en tout cas, février préparait déjà le printemps.

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  • Temple virtuel

    En revenant vers l’entrée de l’exposition « Swedish Ectasy », quelques marches sur la droite mènent à une présentation du joik à travers une série de photos et textes. C’est là que débute un couloir menant à l’expérience virtuelle du Temple d’Hilma of Klint. L’artiste « rêvait d’une construction en forme de spirale pour abrite son corpus d’œuvres les plus importantes. » Sur une île suédoise de préférence, un temple qui serait une « église d’une nouvelle ère » ou un musée, accessible à tous.

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    Hilma af Klint : The Temple, 2022, réalité virtuelle produite par Acute Art (cliquer sur le lien pour la bande annonce)

    Au bout du couloir où des écrans diffusent quelques images pour s’en faire une idée, des tabourets attendent les visiteurs, invités à s’y asseoir puis à glisser un casque sur la tête pour douze minutes de spectacle inédit. Une fois casquée, première expérience de ce genre pour moi, je suis entrée dans cette spirale géante où les œuvres d’Hilma af Klint se meuvent sur un fond sonore enveloppant. Au début, on regarde devant soi, puis on comprend qu’en levant la tête ou en l’abaissant, on peut explorer ce monde de couleurs en trois dimensions. Etonnant !

  • Extase suédoise

    Sous le titre Swedish Ecstasy, Bozar expose jusqu’en mai de nombreuses œuvres de la peintre Hilma af Klint, « disciple de l’anthroposophie » et pionnière de l’abstraction, en compagnie d’autres Suédois « dont les créations ont pour fil conducteur le mysticisme et les spéculations ésotériques ». Je ne m’attendais pas à y voir des toiles de l’écrivain Strindberg.  

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    Hilma af Klint, Le Cygne, The SUW Series, Group IX, No.2, 1914, huile sur toile, HaK 150.
    Fondation Hilma af Klint

    Née à Stockholm, Hilma af Klint (1862-1944) n’a que dix-huit ans quand sa sœur meurt à dix ans – elle se tourne alors vers le spiritisme et le spiritualisme. Une peinture de sa série Le Cygne a été choisie pour l’affiche de l’exposition (ci-dessus). On découvre dans la première salle la série complète de Chaos primordial, où le bleu et le jaune dominent. Des œuvres aux symboles abstraits, spirales, ondulations, cercles. Des formes rayonnantes et des croix – Hilma af Klint s’est passionnée pour le rosicrucianisme – des mots aussi.

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    Hilma af Klint, Le Chaos primordial, série, 1906-1907, huile sur toile, Fondation Hilma af Klint

    De grandes huiles de la série Le Cygne mêlent abstraction et figuration. Un colimaçon rose pâle occupe le centre d’une toile carrée divisée en huit triangles colorés, séparés par des médianes noires, des diagonales blanches. Parmi les variations sur le carré et la spirale, la plus étonnante est celle à fond noir où, en observant les formes dont le mouvement converge vers un petit cœur au centre, on reconnaît soudain quatre cygnes qui viennent le toucher du bec.

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    Vue partielle de la première salle Hilma af Klint à Bozar swedish ecstasy,exposition,bozar,bruxelles,hilma af klint,spiritualisme,suède,peinture,culture
    Hilma af Klint, Le Cygne, série SUW, n° 7, 1914, huile sur toile, Fondation Hilma af Klint, HAK 155

    Quatre ? Regardons mieux. Sur la gauche, ils sont deux, le cygne au col blanc et le cygne au col noir. La cohérence de la série apparaît : une exploration du dualisme avec la division en deux de l’espace, le contraste du noir et du blanc, les deux cygnes s’affrontant ou s’enlaçant, opposés et complémentaires. Af Klint pensait que l’unité élémentaire lors de la création du monde « avait été perdue et avait cédé la place à un monde polarisé : le bien et le mal, la femme et l’homme, la matière et l’esprit », « le principe de toute vie ».

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    © Cecila Edefalk, La fille aux abeilles, 1988, huile sur lin, Collection Stähl

    Des œuvres plus récentes alternent sur le parcours avec celles d’artistes à cheval sur les XIXe et XXe siècles, attirés par le spirituel et l’ésotérique. Cecilia Edefalk (°1954) crée des œuvres « hantées par les esprits ». A côté de grandes compositions abstraites quasi monochromes, j’ai eu un coup de cœur pour La fille aux abeilles (huile sur lin, 1988), sombre et lumineuse, qui m’a longuement retenue.

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    Ernst Josephson, Portrait d'une dame, s.d., huile sur toile, Nationalmuseum, Stockholm

    Ernst Josephson (1851-1906) participait avec ses amis à des séances d’occultisme, il se considérait comme un médium. Ses « visions extatiques » s’inspirent de Swedenborg, la personnalité tutélaire de cette exposition. Josephson fait face ici à Carl Fredrik Hill (1849-1911), son contemporain, l’un des grands peintres paysagistes de Suède, dont la peinture a changé quand sa santé mentale s’est détériorée ; il est entré alors dans une phase hallucinatoire.

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    Carl Fredrik Hill, L'arbre fruitier en fleur dans la grotte, après 1878, craie noire sur papier,
    Nationalmuseum, Stockholm

    Après quelques paysages réalistes signés Hill, à côté d’un Pommier en fleurs est accroché L’arbre fruitier en fleur dans la grotte, une craie noire qui illustre une autre facette de cet artiste avec des œuvres sur papier : craie, pastel (de beaux Paons). Les figures étranges sur un fond doré (ci-dessous) datent de sa maladie, c’est très mystérieux.

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    C. F. Hill, Figures sur fond doré, s.d., huile et peinture métallique dorée et argentée sur carton,
    Nationalmuseum, Stockholm

    « Inferno » : voici une seconde applique au néon, après « Swedish Ecstasy » à l’entrée, de Daniel Youssef (°1975). Suédois élevé dans un foyer arabophone, il  travaille sur les langues et les traductions. Plusieurs téléphones sont à décrocher sur le parcours ; on y entend des voix, des modulations : le joik est considéré comme la forme la plus ancienne de chant en Europe.

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    August Strindberg, Le Soleil se couche sur la mer, 1903, huile sur toile,
    Collection Albert Bonniers Förlag 

    « Inferno » est le titre d’un roman autobiographique d’August Strindberg, dont on expose un bel ensemble de peintures. Des paysages : marines, ciels, vagues, rochers, « comme des autoportraits symboliques révélant un esprit souvent tourmenté ». Il peignait dans les moments difficiles ou quand il n’arrivait plus à écrire. Composition et palette reflètent son humeur. J’aime beaucoup ces toiles tantôt sombres, tantôt claires, avec cette curieuse ligne d’horizon comme tracée à la règle entre mer et ciel. En vitrine,  une page de son Journal occulte (les mots alternent avec de petits dessins et collages) ; des livres ; des « célestographies ». C’est à voir.

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    Christine Ödlund, Botaniste psychédélique, 2022, huile, acrylique, pigments végétaux et crayon sur toile, CFHILL

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    Un détail de la série de Christine Ödlund

    La dernière grande salle de l’exposition est formidable. D’abord des œuvres de Christine Ödlund (°1963) qui mêle « la théosophie, la synesthésie et la biologie spéculative ». Elle a fait des recherches sur les plantes et qualifie ses dernières œuvres, à la fois scientifiques et artistiques, de « botanique spiritualiste ». Quatre toiles présentent des « Botanistes psychédéliques » : Annie Besant, Eva Ekeblad, Carl Linné, Emanuel Swedenborg.

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    Hilma af Klint, Retables, Groupe X, n° I, 1915, huile et feuille de métal sur toile,
    Fondation Hilma af Klint, HAK 187

    Un grand Retable d’Hilma af Klint domine dans le fond. On peut s’asseoir devant pour gravir doucement les degrés de la pyramide et leurs dégradés de couleurs, observer leurs fleurs de lotus au centre, puis s’élever vers le disque solaire. Non loin de là, des peintures de son amie Anna Cassel. Connue comme paysagiste, elle a fait partie du groupe « Les Cinq » (De Fem) et ces œuvres médiumniques ont été découvertes récemment.

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    Anna Cassel, 1913, huiles sur toile, Fondation Hilma af Klint (exposées pour la 1e fois)

    Elle a participé aux Peintures pour le Temple d’Hilma af Klint, dont je vous parlerai prochainement. Une exposition étonnante, une découverte totale pour moi, je vous la recommande. « C’est un événement ! » (Guy Duplat dans La Libre)

  • Arbre à cocons

    L’art ou l’artisanat contemporain s’expose aussi à la Brafa, comme ce magnifique arbre lumineux parfaitement intégré sur le stand d’une galerie parisienne : un Arbre à cocons de Charles Macaire, qui sculpte le papier en le pliant et en le froissant pour créer des « œuvres tout aussi légères, oniriques et rêveuses que robustes et durables » (Hélène Bailly).

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    Charles Macaire, Arbre à cocons, 2023, Papier kraft et papier sulfurisé, 300 x 250 cm

    Je me suis souvenue de l’exposition Nuages à la Maison des Arts de Schaerbeek devant ce luminaire. Du sol où s’étendent ses racines au cocon le plus haut, « l’arbre » a trois mètres de haut. Le tronc et les branches donnent l’illusion du bois – c’est du papier kraft. Interrogé sur ses sculptures en papier, Charles Macaire explique avoir eu envie, après des études scientifiques, de faire « quelque chose de concret, de travailler une matière avec [ses] mains, de [se] retrouver en faisant un travail artisanal » (entretien sur CartonRecup).



    « Sculpture papier. Charlot & Cie » : Charles Macaire montre sa façon de travailler (YouTube)

    En 2004, il a créé « une petite entreprise familiale et amicale » : Charlot & Cie. Devenue membre des Ateliers d’Art de France, celle-ci a ouvert une boutique à Aix-en-Provence. Charles Macaire, qui a reçu en 2021 le 2e prix Artisan Créateur de Lumière pour un Arbre à nuagescrée toutes sortes d’objets (à découvrir sur le site de Charlot & Cie). Je vous recommande la vidéo où il montre sa façon d’œuvrer – c’est merveilleux.