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Belgique - Page 165

  • Shadow est là

    Lire & relire Bauchau / 3 

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    Metamorphosis © Ch Wery 2011

    Je vous invite à découvrir Christian Wéry Creative.

    « Je suis dans la chambre qui me paraît plus blanche et plus noire qu’il y a trois jours. Derrière la chaise longue de Shadow, il y a dans l’axe de la fenêtre le soleil qui m’aveugle. Pourtant Shadow est là. Je le devine à travers cette lumière qui, après l’escalier et le sombre couloir, m’éblouit. Je sens sa pesanteur, une densité, qui me trouble plus encore que l’éclat du soleil. La pesanteur de celui qui questionne, qui torture, qui peut torturer encore. Stéphane, lui, n’éblouissait pas, il montrait, il montrait comment jouer au jeu de la roche et de l’alpe avec lui. En sortant de l’éblouissement, je vois Shadow couché cette fois sur une chaise longue métallique, le visage plus vivant qu’il y a trois jours. Les yeux ouverts, très grands, très pâles. C’est son regard peut-être qui m’a ébloui. A moins que ce ne soit la grosse lampe à portée de sa main qu’il a peut-être braquée sur moi. Ils me font face, lui et la femme, Marguerite. Il me regarde et j’ai l’impression d’être vu comme je suis, il me perce à jour, me dénude, sait des choses innombrables sur moi, les classe, les emmagasine. Cela va loin, très loin. Je suis blessé, vidé par cette façon qu’il a de pénétrer en moi. Il peut, s’il le veut, tout savoir de moi, mais il ne veut pas me forcer comme un coffre-fort. Il sait que mon coffre est presque vide. Il hausse imperceptiblement les épaules. Ressent un élancement sans doute à ses blessures, fait une petite grimace de douleur, de sa joue droite. Il ne veut pas en savoir plus, il cesse de me questionner du regard et tout mon corps, qui commençait à souffrir, retombe d’un bloc dans l’absence. »

    Henry Bauchau, Le boulevard périphérique (Actes Sud, 2008)

  • Non, rien que non

    Lire & relire Bauchau / 2 

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    © George R. Anthonisen, Antigone

    « Il ne faut pas que sa réponse soit possible, et mon corps, bien avant moi, sait ce qu’il faut faire. Il se jette à genoux et, le front sur le sol, extrait de la terre elle-même un non formidable. C’est un cri d’avertissement et de douleur qui brise la parole sur les lèvres d’Ismène. C’est le non de toutes les femmes que je prononce, que je hurle, que je vomis avec celui d’Ismène et le mien. Ce non vient de plus loin que moi, c’est la plainte, ou l’appel qui vient des ténèbres et des plus audacieuses lumières de l’histoire des femmes. Ce non frappe de face le beau visage et le mufle d’orgueil de Créon. Il ébranle la salle, il déchire les habits de pierre des grands juges et disloque le troupeau des sages.

    Il fait pleurer Ismène, il faut qu’elle pleure, qu’elle sanglote pour être contrainte au silence et échapper à la mort qui la menace.

    Je crie non, rien que non, rien d’autre n’est utile. Non, seul suffit. »

    Henry Bauchau, Antigone (Actes Sud, 1997).

  • La vague

     Lire & relire Bauchau / 1 

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    Camille Claudel, La Vague 

    « Le lendemain, Clios travaille aux raccords entre les parties de la vague qui s’élèvent et celles qui déferlent. Œdipe sculpte le corps du troisième rameur. Antigone est frappée par la mesure, la légèreté de ses gestes. Rien de comparable à la violence, à la fureur des coups de celui qui a contraint la vague à plier. Elle voit que des cheveux gris commencent à parsemer sa belle chevelure fauve. Il tourne vers elle son visage aux yeux bandés et sur ses lèvres apparaît le sourire qui lui gagnait autrefois tous les cœurs. Elle dit : « Je vous retarde. » Il répond : « Tu as le temps. » Elle sent qu’il lui ouvre ainsi, malgré l’automne qui est là et l’hiver qui approche, un immense espace de temps. Qu’il lui signifie qu’elle ne doit surtout pas se hâter. Elle s’installe en face des contours qu’elle a tracés pour le pilote, elle est effrayée un instant par l’ampleur de ce qui reste à faire. Puisqu’il lui a donné le temps, elle contemple la pierre, elle se recueille en elle, elle y appuie son visage, la parcourt de ses mains. Une masse de calme est sous son front, elle s’en inspire et la fait très doucement descendre dans tout son corps. Elle commence. Au milieu du jour, le pied, la cheville et la jambe sont esquissés. »

    Henry Bauchau, Œdipe sur la route (Actes Sud, 1990)

  • Ors du soir

    Magie des ciels au couchant, cadeau royal d’un cinquième étage avec vueAu cœur de juillet, déjà, il arrive que Bruxelles le soir s’enveloppe d’une écharpe chaude. En août, le soleil quitte l’Atomium, revient sur ses pas, s’accroche aux barres d’immeubles.  

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    « L’or du soir qui tombe » suffit en lui-même à composer un spectacle. Mais il faut aux grands ciels d’apparat des nuages. Leur ombre ajoute à la lumière, leurs formes à la féerie. L’étole alors devient toile abstraite, patchwork aux coutures invisibles, mousseline, gaze. 

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    Une paupière se soulève, de la poussière d’or sur les cils. La terre, alourdie de fatigue, s’immobilise sous les dernières flambées solaires. « Encore une journée divine » s’exclame Winnie au lever du rideau. Avant qu’il ne se baisse, parfois, un festival de rayons s’improvise au filtre des nuages. Un soir céleste, encore un.

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    Au tour de Notre-Dame de Laeken de s’embraser. Les rougeoiements du soleil sur l’horizon laissent la place à de doux dégradés. Changements à vue. Le bleu touche au violet, le rose à l’orange, le jaune au pourpre. Un grand soir, le ciel ose des fulgurances inédites, habillé par Yves-Saint-Laurent.  

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    Septembre. Les jours fondent depuis des semaines, on le sent tout à coup davantage – « Voici que la saison décline ». Les traînées des avions se métamorphosent, s’amollissent, se colorent, s’illuminent, tracent un arc par-dessus la ville, ouvrent une porte à l’infini.  

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    Que de signes dans le ciel, d’écritures évanescentes ! Au théâtre du couchant, quand le soleil fait son cinéma, j’aime m’imprégner des ors du soir et suivre leur cortège, de ma fenêtre. 

  • Invitation

    Annoncés dans Le Soir il y a peu, « les Apéros du Parc Josaphat » débutent le vendredi 7 septembre prochain, ce sera tous les vendredis jusqu'à la mi-octobre (jusqu'aux élections communales si je comprends bien). « Bar, tapas & flonflons » à partir de 17h30, rendez-vous au Kiosque à musique. Une nouveauté pour tous les amis du parc schaerbeekois.

    Affiche apéros Josaphat.jpg