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Belgique - Page 161

  • Pays d'en haut

    Alors c’est un pays d’en haut

    tout aux oiseaux,

    où chantent fête :

    merles, pies, verdiers, étourneaux,

    et passereaux, et loriots,

    tous les oiseaux

     

    montant au ciel leur voix de tête

    et jusqu’au faîte :

    ramiers, vanneaux,

    émouchets, corneilles, corbeaux,

    et plus haut encor alouettes,

    mauves, mouettes.

     

    Laeken printemps (11).JPG

     

    Or c’est le doux concert des bêtes

    au ciel, à l’eau,

    disant son los,

    en la joie toute bonne d’être

    de la vie pour ne la connaître

    que tout en beau

    et tout d’en haut ;

     

    et c’est alors un pays d’ailes

    aux hirondelles,

    Flandre des tours

    et de naïf et bon séjour ;

    et c’est alors un pays d’ailes

    et tout d’amour.


    Max Elskamp, Enluminures, IV

    (Oeuvres complètes, Seghers, 1967)


  • Un air de printemps

    4 mars 2013 : cette fois, ça y est, le ciel est d’humeur printanière, d’azur parfait, et la gelée sur les toits à peine fondue, on sort les chaussures de marche pour en profiter. Je vous ai déjà parlé du parc Josaphat, le plus proche de chez moi. 

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    Cette fois, balade au parc de Laeken, on peut y accéder juste en face du Château de Laeken et de ses magnifiques serres, lieu de réceptions royales et résidence privée du prince Philippe. Nos souverains Albert II et Paola habitent juste à côté, au Château du Belvédère entouré de beaux jardins. 

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    Peu de promeneurs un lundi matin – une pensée pour tous ceux qui ont repris le travail après un week-end sans pluie mais encore frisquet. Un monument attire les regards en haut de l’allée, le mémorial Léopold Ier autour duquel le parc a été aménagé puis ouvert aux Bruxellois dès 1880, quelques années après sa création. La flèche néo-gothique du monument se voit de loin – de ma terrasse, le la vois qui pointe à l’horizon non loin de l’Atomium.

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    La statue en pied du premier roi des Belges, sous la flèche, est entourée de neuf colonnes surmontées d’allégories correspondant aux neuf provinces du pays (en 1995, le Brabant a été scindé en deux, Brabant wallon et Brabant flamand, ce qui nous en fait dix à présent). Je ne vous le montre que de loin, vu les barrières métalliques qui l’entourent pour l’instant, protection du monument ou des passants, je ne sais – des pierres s’en sont déjà détachées.

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    Au nord de Bruxelles, ce parc à l’anglaise, avec ses vastes pelouses et ses arbres remarquables, est agréablement vallonné, ce qui donne de beaux points de vue, vers l’Atomium ou vers la ville.

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    Des clôtures en châtaignier protègent certaines zones du parc où des lapins se réfugient dans leur terrier dès qu’on approche, tandis que d’autres, immobiles au soleil, jouent les invisibles, ignorant qu’ils sont trahis par leur postérieur blanc.

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    Pies et corneilles se disputent un coin de feuilles mortes, des perruches vertes signalent bruyamment leur présence, vite repérées dans les ramures des arbres qui bourgeonnent. Partout des taupinières dans les pelouses du parc, c’est à cette saison que les taupes restaurent leurs galeries, après les gelées de l’hiver. Dans quelque temps, elles attireront moins l’attention que les jonquilles qui foisonnent sur certaines pentes, cela promet.

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    Dans le bas du parc, la jolie chapelle Sainte Anne, toute blanche, a été attribuée au culte orthodoxe russe. Une autre résidence royale, non loin de là : le château du Stuyvenberg où réside la reine Fabiola depuis la mort du roi Baudouin. Sur le chemin du retour, la vue sur le monument Léopold Ier est encore plus belle, dans son entourage de verdure.

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    Les lions d’Adolphe Fassin ont fière allure près des grilles du Château de Laeken. Le long de l’avenue du Parc royal, où le trafic est incessant, les clochettes des perce-neige mettent de la lumière dans le lierre couvre-sol.

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    Une dernière photo, avant de rentrer, pour le pittoresque Pavillon Chinois dans son beau jardin, qui cache le Musée d’art japonais situé juste derrière.

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    Autour du parc public de Laeken et du domaine royal (accessible uniquement lors de l’ouverture des serres, cette année du 19 avril au 12 mai), d’autres jardins font de Laeken une belle étape de la Promenade Verte autour de Bruxelles.

     

  • Dans le journal

    Dire qu’on ne lit plus, qu’on lit moins, c’est toujours un peu du délire. Disons qu’à notre époque on lit souvent autre chose, autrement. La liste des ingrédients par exemple (il y faut une loupe et du temps, et des connaissances sur les composants alimentaires) ou, soyons sérieux, les nouvelles du jour. On n’a jamais publié autant de livres qu’aujourd’hui – je n’ai pas dit de littérature. On n’a jamais tant écrit – mais je ne vais pas commenter ici l’influence des textos sur la vie sociale ni les débordements de la blogosphère.  

    La Libre 15 2 2013.jpg

    Tous les jours, je lis le journal. Je fais partie de cette espèce dite en déclin chez nous, les abonnés au plaisir de trouver leur quotidien « papier » dans la boite aux lettres. Baudelaire le condamnait : « Tout journal, de la première ligne à la dernière, n’est qu’un tissu d’horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d’atrocité universelle. Et c’est de ce dégoûtant apéritif que l’homme civilisé accompagne son repas de chaque matin. » (Journaux intimes)

    « La radio annonce, la télévision montre, la presse explique », disait Jacques Fauvet. Pour continuer à se vendre et assurer sa survie, la presse écrite s’adapte, lance des abonnements en ligne, offre des tablettes numériques. Les unes se font de plus en plus accrocheuses. « Ceci n’est pas de la viande de bœuf », titre La Libre de ce vendredi 15 février – désordres et escroqueries du commerce alimentaire. J’aime dénicher dans le journal des infos dont je n’ai pas entendu parler ailleurs, en voulez-vous quelques-unes ?

    Une journaliste bientôt à la tête du Monde ? Il faudrait 60% de votes favorables le premier mars prochain à la candidate surprise, Natalie Nougayrède, 46 ans, correspondante du Monde à Moscou, prix Albert-Londres en 2005, pour quune femme accède pour la première fois à cette fonction. Dans la brève reprise à Libération, un bémol : le poste vacant a été scindé en deux. Nougayrède dirigerait le journal, Vincent Giret la rédaction. A la page suivante, « La tirette, une nouvelle conquête de la femme ? » annonce l’imposition de l’alternance complète sur les listes aux prochaines élections communales en 2018. A suivre.

    La liberté carnavalesque est-elle sans limites ? Christian Laporte commente « l’irruption » de la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, dans la polémique autour du char nazi du dernier carnaval d’Alost, une commune flamande (Aalst) où le bourgmestre N-VA a autorisé la participation d’un char « SS-VA » dans le cortège. Inscrit au patrimoine de l’humanité en 2010, ce carnaval, parodique par tradition, prend pour cible des personnalités politiques, la famille royale... Un wagon de « déportation des francophones » montrait Bart De Wever en vedette SS et Elio Di Rupo en marionnette – « banalisation inquiétante de la Shoah et de la déportation », dénonce l’Unesco. La ministre flamande de la Culture a rappelé « le contexte » et le bourgmestre, la liberté d’expression.

    La Libre nous apprend la sortie de prison après six mois d’un adulte impliqué dans la mort d’une fillette de quatorze ans : les chefs d’inculpation ont évolué durant l’enquête et une « interprétation » différente de la Cour de cassation sur la demande de mise en liberté introduite par l’avocat du prévenu a abouti à cette situation. Pas une faute de procédure, mais « une divergence d’interprétation de la loi » – l’homme est donc libre jusqu’à son procès. 

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    Ensor, L'entrée du Christ à Bruxelles 

    Terminons par la rubrique culturelle, plus réjouissante : « Et si le Christ arrivait à Bruxelles… » Guy Duplat s’est rendu à Huccorgne chez Dimitri Verhulst, l’auteur de La merditude des choses.L’entrée du Christ à Bruxelles, son dernier roman, à présent traduit du néerlandais, a été inspiré par l’interminable crise politique avant la formation du gouvernement actuel. Vous pouvez lire ici l’entretien avec ce Belge tonique, un Gantois installé en Wallonie. Comme quoi lire le journal me ramène tout de même aux livres, excusez-moi.

    Et vous, aimez-vous lire le journal ? En refermant La Libre Belgique, on a rendez-vous en dernière page avec l’excellente dessinatrice de presse Cécile Bertrand. Aujourd’hui quatre cases pour résumer « la chaîne alimentaire 2013 » : dans la première, une seringue dans la fesse d’un cheval, dans la dernière, une autre seringue, dans la fesse d’un malade, CQFD.

  • La première

    « Paola est la première souveraine belge à disposer d’un bureau au palais royal de Bruxelles. Elle tient à maintenir une stricte séparation entre le château du Belvédère (qui sert de cadre à sa vie privée) et son rôle public. »

    Vincent Leroy, Les 75 ans de la reine Paola

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  • La robe de la reine

    C’était, c’est encore une des curiosités constantes de ma mère, quand le programme télévisé annonce une actualité royale – voyage, réception, fête nationale ou que sais-je : comment est habillée la reine ? S’ensuit un échange de vues, tout y passe, la coupe, les couleurs, la coiffure, le sac, les chaussures… Aujourd’hui, la famille royale belge est sans doute mieux connue que naguère, elle s’est davantage ouverte aux médias. Place Royale sur RTL, C’est du belge à la RTBF (qui a diffusé un numéro spécial Tables royales étonnant, filmé au Kremlin et à Monaco) ou Royalty sur VTM permettent de davantage se rendre compte de ses activités.

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    La Reine Paola prononce un discours pour les 20 ans de sa fondation (Photo RTBF)

    Quand j’ai reçu récemment Les 75 ans de la reine Paola de Vincent Leroy (Imprimages, 2012), pas du tout mon genre de lecture a priori, je me suis dit : pourquoi pas ? Je ne sais pas grand-chose d’elle. Alors que les discours du roi Albert II sont régulièrement commentés dans la presse (ainsi que l’évolution des dotations), on n’entend guère notre reine s’exprimer, que ce soit dans l’une ou l’autre langue nationale (elle prend des cours de néerlandais depuis l’accession au trône).

    Cette monographie poursuit deux objectifs : d’une part, éclairer la personnalité de Paola Ruffo di Calabria, d’autre part, recenser ses faits et gestes depuis qu’elle est devenue reine des Belges en 1993. J’ignorais que Paola avait des origines belges, elle est notre première reine dans ce cas. Sa grand-mère paternelle, Laure Mosselman du Chenoy, est issue « d’une des plus anciennes familles bruxelloises ». Mais la jeune Italienne épousée par le prince Albert de Belgique en 1959 ne connaissait rien de la Belgique à part Tintin. Elle a porté à son mariage le voile en dentelle de sa grand-mère belge, comme ensuite sa fille Astrid et ses belles-filles Mathilde et Claire.

    Paola était la plus jeune de sept enfants. Les années 40 ont été douloureuses pour sa famille : une sœur décédée d’un empoisonnement alimentaire, un frère tué à la guerre et la mort de son père, qui avait été un as de l’aviation italienne. Sa mère, antifasciste convaincue, a dû se cacher pendant la guerre sous un faux nom.

    Vincent Leroy s’est appuyé sur une abondante bibliographie et fait aussi référence à une émission que j’avais regardée, une occasion rare d’entendre l’épouse du roi, diffusée en 2006 à la télévision : « Paroles de reine ». L’auteur rappelle les difficultés personnelles de Paola à son arrivée en Belgique. Il lui a fallu s’habituer au climat, aux paparazzis et aux contraintes du protocole.

    Il relate bien sûr les étapes de la vie privée du couple royal – rencontre, mariage, naissance des enfants, crise conjugale, réconciliation – et la non reconnaissance de Delphine Boël, fille de la baronne Sybille de Selys Longchamps avec qui le roi a eu une longue liaison. A cinquante ans, Paola disait avoir développé un « fatalisme positif ».

    En succédant à Fabiola il y a vingt ans, elle était au départ desservie par sa méconnaissance du néerlandais et l’image forte de la reine précédente. Avec les années, elle s’est affirmée dans deux domaines : l’art et le patrimoine culturel. La reine Paola a introduit l’art contemporain au Palais Royal : le plafond de Jan Fabre en est la réalisation la plus spectaculaire et la plus connue ; elle y a aussi placé des toiles de Marthe Wéry, des photographies... Mais c’est au château de Laeken que se donnent aujourd’hui les réceptions les plus brillantes, le décor des Serres Royales est évidemment un cadre illustre pour les invités de marque. Paola veille aussi à la restauration et à l’embellissement des demeures et jardins royaux, il lui importe de « mettre la beauté en valeur ».

    Vincent Leroy, auteur de plusieurs ouvrages sur la Belgique, la famille royale et aussi sur Verhaeren, passe rapidement sur les polémiques, sans les gommer pour autant. Comme l’écrit Luc Beyer dans La Semaine d’Anvers, « il déroule le tapis rouge tout en ayant l’honnêteté de ne pas dissimuler les coins effrangés. » Sa chronique résolument factuelle détaille les nombreuses œuvres sociales de la reine, présente sa Fondation en faveur des jeunes en difficulté et de l’enseignement, son engagement contre la traite des êtres humains et la maltraitance. Elle est présidente d’honneur de Child Focus, entre autres, créé à la suite de l’affaire Dutroux.

    Des 75 ans de la reine Paola se dégage la personnalité d’une reine plutôt discrète, qui a du mal à cacher son émotivité – on lui prête un caractère entier –, pour autant qu’on puisse connaître quelqu’un qui est toujours et partout en représentation. Comme mère, elle est surtout proche de sa fille Astrid. Derrière son image élégante, cette grand-mère de nombreux petits-enfants dit avoir fait sa devise d’un conseil reçu : « accepter ce que la vie quotidienne te demande ».