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Balades - Page 43

  • La Boverie nouvelle

    Entre la Meuse et sa dérivation, le parc de la Boverie n’est pas si facile à trouver pour qui connaît peu Liège – où se garer ? – mais une fois la voiture laissée sur l’autre rive, cela ne manquait pas de charme de découvrir à distance la nouvelle galerie vitrée du musée de la Boverie, de longer l’eau à pied jusqu’au pont Albert Ier, puis d’aborder le site côté jardin à la française, en pleine saison des roses.

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    « En plein air », l’exposition inaugurale, correspond bien à l’esprit du lieu. Le nouveau musée de la Boverie, installé dans l’ancien Palais des Beaux-Arts de Liège construit pour l’Exposition universelle de 1905, vient d’être réhabilité. Pourquoi y a-t-on ajouté cette « nouvelle salle hypostyle » (21 colonnes élégantes quoique en béton conçues par Rudy Ricciotti, le bureau d’architecte qui a œuvré à la rénovation de l’Hôtel de Caumont) laissée quasi vide pour l’instant ? Sa fonction n’apparaît pas, mais ce vaste espace permet de jouir largement de la vue sur les alentours.

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    On entre au musée de la Boverie du côté du parc à l’anglaise – après la visite, nous le quitterons par là et découvrirons la manière sans doute la plus agréable d’accéder au site : descendre à pied de la gare des Guillemins (700 m), traverser l’esplanade et emprunter la nouvelle passerelle « la belle Liégeoise » qui mène au parc de la Boverie. On peut aussi y accéder avec la navette fluviale qui le relie au Grand Curtius.

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    « En plein air », en collaboration avec le musée du Louvre, montre à travers une centaine de peintures, la plupart de musées français et étrangers, que la nature n’a pas attendu l’impressionnisme pour inspirer les peintres. Au XVIIIe siècle, certains travaillaient déjà « sur le motif », comme Alexandre-François Desportes. Au fil du temps, les couleurs se feront plus claires, plus vibrantes. J’aurais voulu vous montrer une belle Vue de Villerville en Calvados (musée de Liège) où Daubigny annonce l’impressionnisme, et Cernay, avril en fleurs d’Emmanuel Lansyer, mais ces peintures ne sont pas visibles sur la Toile.

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    Avant de découvrir le parcours chronologique en sept thèmes, j’attire votre attention sur le « Transparent du paysage des quatre saisons » de Carmontelle qui défile en fac-similé à l’entrée de l’exposition. Je n’ai regardé que les « Scènes nocturnes » de ce long rouleau « animé » de 42 mètres, par ignorance. Le catalogue où il est reproduit (en petit) indique que l’original (aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie) est conservé au musée de Sceaux.

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    Nicolas-Jean-Baptiste Raguenet (1715-1793), La joute des mariniers entre le pont Notre-Dame et le pont au Change, 1751
    (Paris, Musée Carnavalet)

    « Leçon d’amour dans un parc » : les sujets historiques et religieux font place, dans la peinture du XVIIIe siècle, à des sujets plus légers, plus proches de la nature et du quotidien, en tout cas pour les gens aisés. Dans Ascension d’une montgolfière à Aranjuez (1784), un prêt du Prado dont un détail est à l’affiche de l’exposition, Antonio Carnicero Mancio montre le public aristocratique rassemblé dans le jardin royal pour l’événement, mais aussi des bourgeois, des enfants, une marchande. Le musée des Beaux-Arts de Liège montre ici un des chefs-d’œuvre de ses collections : Promenade du dimanche au Bois de Boulogne (1899), signé Henri Evenepoel – on verra plus loin d’autres promeneurs sur l’esplanade des Invalides qu’il a peinte d’en haut.

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    Henri Evenepoel, Promenade du dimanche au Bois de Boulogne, 1899
    (Liège, Musée des Beaux-Arts)

    Les voyages des Anglais et des personnes fortunées en Europe et en Italie au XVIIIe siècle assurent le succès des « Vedute », ces panoramas de villes célèbres ou de paysages fameux à ramener chez soi, comme Vue du port de Toulon par Vernet. Une vue parisienne peinte par Raguenet en 1751 permet de revoir les habitations d’alors sur les ponts de la Cité, un Paris disparu difficile à imaginer aujourd’hui. Dans la même salle, un Monet prêté par le musée de Dallas montre avec une fraîcheur d’esquisse le Pont-Neuf un siècle plus tard, non loin du Louvre au printemps par Pissarro.

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    Claude Monet, Le Pont-Neuf, 1871 (Etats-Unis, Dallas Museum of Art)

    Aux promenades en ville, beaucoup préfèrent les bords de l’eau, les guinguettes au bord d’une rivière sont très populaires et c’est aussi un sujet de prédilection pour les peintres. Amusants, les costumes des dames dans Le chalet du Bois de Boulogne de Jean Béraud, « un de ces petits maîtres à grand succès » (catalogue). Dans Dimanche à Bougival de Félicien Rops, Léontine et Aurélie Duluc sont plus déshabillées. Max Liebermann peint les jeux de lumière et l’animation en terrasse au restaurant « De Oude Vink » à Leyde.

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    Félicien Rops, Dimanche à Bougival (Léontine et Aurélie Duluc), 1876 (Namur, Musée provincial Félicien Rops)

    Dans la vaste salle vitrée, deux espaces cubiques accueillent quelques toiles pour illustrer « les jeux » en plein air et « chambre avec vue » (thème un peu usurpé). Un coup de cœur pour L’enfant dans la mare de Maurice Denis, une petite toile presque carrée prêtée par le musée de Zurich (comme le Liebermann).

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    Max Liebermann, Le restaurant « De Oude vink » à Leyde, 1905 (Zurich, Kunsthaus)

    La dernière salle est consacrée aux vacances à la mer avec plusieurs scènes de plage de Boudin, des toiles du XIXe et du XXe dont un superbe Bonnard, Conversation à Arcachon ou Jeunes filles à Arcachon. D’autres artistes connus sont annoncés (Cézanne, Chagall, Dufy, Léger, Matisse, Picasso…), mais ne vous attendez pas à une succession de chefs-d’œuvre, la qualité est inégale. On peut voir dans un des petits films de Louis Lumière projetés à mi-parcours des enfants se jeter à l’eau du haut d’un ponton (1895).

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    Pierre Bonnard, Conversation à Arcachon, Jeunes filles à Arcachon, 1926-1930 (Paris, Musée du Petit Palais)

    Les toiles choisies rendent compte de l’évolution de la peinture européenne du XVIIIe au XXe siècle : couleurs, lumière, mise en page, touche, la façon de représenter la nature et les loisirs n’a cessé de se transformer.  « En plein air », première exposition de la Boverie, peut se visiter jusqu’au 15 août. N’hésitez pas à prendre un ticket combiné pour découvrir aussi les collections permanentes, elles en valent la peine.

  • L'abeille d'or

    « Au centre de l’affiche, une femme de profil en kimono porte dans sa chevelure quelques fleurs de tournesol. La tête est entourée d’une double auréole où figure le nom de la marque L’Abeille d’Or, puis un motif d’abeilles, entre lesquelles s’insèrent de petites feuilles et fleurs de caféier.

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    A gauche, une cafetière, placée sur un support Art nouveau rappelant Paul Hankar, laisse échapper des volutes de vapeur qui évoquent des formes végétales.

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    A droite, un vase contient une haute plante de caféier (Coffea arabica L.). Ses petites fleurs blanches caractéristiques à 4 ou 5 lobes sont reprises sur l’écharpe et la ceinture du kimono, évoquant de manière métaphorique et subliminale la diffusion de l’arôme du café. »

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    Eric Hennaut, Caféier/Koffieplant in Catalogue Flora’s Feast. Le motif floral dans l’Art nouveau, Bruxelles, 2015.

  • Vu du toit

    Lors de la visite guidée qui m’a permis de monter en haut de la tour de la RTBF, l’an dernier – elle est à nouveau au programme des Estivales 2016 à Schaerbeek, ne tardez pas pour vous inscrire –, voir la ville de là-haut m’avait vivement impressionnée. J’ai eu récemment l’occasion de découvrir mon ancien quartier du toit d’un immeuble de onze étages, par une belle journée, et les photos que j’ai prises me donnent l’occasion de partager avec vous ce point de vue si différent de celui qu’on a en rue.

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    Habiter en ville, plus qu’à la campagne il me semble, c’est voir régulièrement changer son environnement : il y a toujours un chantier quelque part, une nouvelle construction, rénovation, transformation… La restauration longtemps attendue de l’église Sainte Suzanne, dont je vous ai déjà parlé, près du quartier des Fleurs, progresse visiblement. Sous les bâches se prépare une surprise fort attendue de ceux qui la connaissent, la restauration de la verrière originale à l’arrière du chœur, occultée vers 1950 parce que « l’éblouissement des fidèles nuisait au bon déroulement des cérémonies religieuses » (Inventaire du patrimoine architectural).

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    La photo suivante montre la proximité du parc Josaphat, poumon vert des Schaerbeekois, dominé par le Brusilia, cet immeuble-tour à l’entrée de l’avenue Louis Bertrand, construit vers 1970 à l’emplacement d’un ancien palais des sports – on s’interroge aujourd’hui sur les arguments qui ont justifié l’octroi du permis de bâtir. A l’arrière-plan, avec son antenne, la Tour des Finances qui a beaucoup gagné grâce au nouvel habit de verre dont on a recouvert le béton d’origine.

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    Si vous êtes un habitant de Schaerbeek familier de G*** Earth (qui fait définitivement mentir l’adage « vivons heureux, vivons cachés »), vous n’ignorez pas l’étonnant bétonnage de certains intérieurs d’îlots : beaucoup de jardins à l’arrière de maisons ou d’immeubles ont été sacrifiés pour permettre la construction de garages, de bureaux, d’ateliers, voire d’entrepôts. En 2006, Inter-Environnement Bruxelles s’était penché sur le problème, qui reste d’actualité puisqu’on lit dans ce rapport qu’à Schaerbeek, « 50 ou 70 % des demandes de permis concernent des aménagements en intérieur d’îlot. »

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    Sur cette vue panoramique, en suivant l’horizon de gauche à droite, on aperçoit d’abord les tours de bureaux du quartier Nord, puis la fameuse « plus haute tour résidentielle de Bruxelles » édifiée près du canal, une énormité dont on cherche en vain l’esthétique architecturale – ses eaux usées se déversent-elles encore dans la Senne ? Silence radio dans les médias depuis le communiqué de la RTBF en septembre 2015.

    Il vous faudra sans doute agrandir la photo pour reconnaître, à l’arrière d’une grue, la coupole de la basilique de Koekelbergh (notre Sacré-Cœur à nous, Bruxellois). Dans l’axe, on peut admirer plus en avant la toiture de l’Hôtel communal de Schaerbeek, de style néo-Renaissance flamande, reconstruit après l’incendie qui l’avait ravagé au début du XXe siècle.

    A droite, on voit émerger d’un autre espace vert plus lointain (le parc de Laeken) les tours gothiques de Notre-Dame de Laeken, où se trouve la nécropole de la famille royale belge. A droite des boules de l’Atomium, voici l’arrière du château royal de Laeken, avec sa pelouse bien dégagée entre les arbres.

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    Vous retrouvez tout cela sur la photo suivante, qui montre mieux encore l’étendue du domaine royal de Laeken. Plus loin, la cheminée de l’incinérateur de Bruxelles lâche un petit panache de vapeur. Ici apparaît une autre réalité urbaine, la proximité des habitations privées et des immeubles de bureaux. Leurs toitures plates, on l’espère, seront un jour toutes végétalisées, comme on commence à le faire ici et là, et c’est particulièrement appréciable en intérieur d’îlot.

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    Inscriptions : asbl.patris@gmail.com

    J’habite Schaerbeek depuis près de quarante ans, il est donc probable que vous qui ne connaissez pas cette commune bruxelloise regarderez ces clichés d’un autre œil. N’hésitez pas à les commenter, je serai curieuse de lire vos impressions.

  • Fenêtres

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    Dedans, dehors.

    Les fenêtres sont à la fois frontières et passerelles.

    Elles laissent entrer la lumière.

    Elles ouvrent l’espace.

     

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    Quelqu’un m’a dit un jour :

    un tableau doit être une fenêtre,

    le regard doit pouvoir y entrer.

    Parfois la fenêtre est un tableau.

      

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    Près de la fenêtre, on écrit, on coud,

    on travaille, on lit

    – ou bien sous la lampe.

    Lumière du jour.

    Lumière du soir.

     

     

     

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    Je lève les yeux vers la fenêtre :

    je suis ici,

    je suis ailleurs.

     

    Photos prises à La Granja (mai 2016)