« En marge de l’Art nouveau triomphant, l’éclectisme poursuit son chemin et trouve dans l’architecture de verre un de ses lieux d’intense réussite. En 1868, le roi avait pris la décision de faire construire à Laeken un jardin d’hiver dont Balat avait soumis les premiers plans en 1874. L’inauguration n’eut lieu qu’en mai 1880.
Confronté à un type de bâtiment propre au XIXe siècle, l’architecte utilise toutes les ressources de sa formation classique tout en s’appuyant sur les conceptions rationnelles prévalant dans l’architecture métallique : il fait reposer la corolle de fer et de verre, surmontée d’un lanterneau coiffé de la couronne royale, sur une colonnade dorique. Comme Viollet-le-Duc le recommandait, il emprunte l’ornementation des parties métalliques au style gothique, tout comme la structure d’arcs-boutants qui jaillissent de la coupole et prolongent à l’air libre l’arrondi des trente-six arcs la soutenant.
Au cours des ans, l’ensemble se développe pour faire des serres de Laeken un des édifices de verre les plus célèbres d’Europe : en 1880, Balat y construit la serre du Congo. Rappelant la silhouette d’une église byzantine, celle-ci est destinée à conserver des spécimens de ce territoire dont Léopold II était devenu le souverain l’année précédente. En 1902, Maquet, jouissant de l’appui du roi pour son projet du Mont des Arts, ajoute une serre au complexe : le parc est ainsi une véritable cité de verre que Girault embellira encore avec sa nouvelle serre de palmiers. »
Bruxelles fin de siècle, sous la direction de Philippe Roberts-Jones, Flammarion, Paris, 1994.