Annoncés dans Le Soir il y a peu, « les Apéros du Parc Josaphat » débutent le vendredi 7 septembre prochain, ce sera tous les vendredis jusqu'à la mi-octobre (jusqu'aux élections communales si je comprends bien). « Bar, tapas & flonflons » à partir de 17h30, rendez-vous au Kiosque à musique. Une nouveauté pour tous les amis du parc schaerbeekois.
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Invitation
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Premier septembreJ’avais prévu de vous parler d'un roman que je viens d’achever, je le reporte à jeudi. Pour aborder septembre en douceur, un dernier billet de vacances, une balade – l’été n’a pas dit son dernier mot. Ce samedi premier septembre, il faisait un temps très agréable pour se promener, c’était l’occasion de montrer un peu de Schaerbeek à nos invités. La Cité des Anes, vous le savez, possède un patrimoine remarquable et bien des quartiers paisibles où j’aime à passer. A l’entrée du parc Josaphat, un cortège de mariage profite de la belle lumière pour prendre des photos. Le soleil joue dans les robes des demoiselles d’honneur, l’atmosphère est festive. Au bord d’un étang, une poule d’eau hésite à notre approche : rester ? se jeter à l’eau ? Il y a du monde dans les allées, sur les pelouses. Les promeneurs causent, les enfants jouent. Sur les bancs on prend l’air et on s’amuse à observer tout ce joli monde. L’heure est à la détente. Un grand bol d’air avant la rentrée des classes. Le parc Josaphat est vraiment superbe depuis sa restauration. Les statues respirent. Les grands arbres, les ponts, les rocailles, les courbes des allées fleurent bon une époque révolue qui se mêle harmonieusement à la nôtre. Les lapins ne s’encourent ni ne se cachent, habitués au va-et-vient, gourmands d’herbe fraîche. Mais ils nous ont à l’œil, qu’ils ont grand. Camille et Gribouille, les ânes du parc, remportent leur succès habituel. Un salut à Verhaeren, au passage – je n’oublie pas notre rendez-vous au Caillou-qui-bique, mais quelques soucis imprévus... Plus loin, Cendrillon détourne son regard du feu, tient mollement un soufflet à bout de bras, rêveuse. Sa patine ajoute une nuance de vert à la végétation qui l’entoure et la met en valeur. Ce beau week-end annonce les lumières de l’automne, si particulières. Je vous souhaite un bon mois de septembre, avec ou sans rentrée. 
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ArbresQuand l’homme de lettres dit qu’il couche quelque chose par écrit et répète qu’une fois encore il va jeter une idée sur le papier qu’il la rejette de sa tête de sa corbeille à idées Et puis comme les chats noirs d’aujourd’hui et des siècles passés qu’il ronronne un instant et s’endorme en rêvant sur le papier couché et qu’il entende l’éclat de rire de la forêt à qui on demande ses papiers Oui qu’il entende les arbres de cette forêt clignant des feuilles et déclinant leur pedigree Jacques Prévert, Arbres (Gallimard, 1976) 
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Vieilles branchesPuis-je pour une fois vous appeler ainsi, lectrices & lecteurs fidèles, vieilles branches ? Je vous écris au retour d’une promenade au parc, ce parc schaerbeekois dont je vous ai déjà parlé, le parc Josaphat, rendu à sa beauté et dorénavant mieux protégé : les tags ont disparu du kiosque à musique, les outrages des statues. Honneur aux arbres aujourd’hui : l’automne exceptionnellement sec et peu venteux jusqu’ici ne les a pas encore tous mis à nu. J’aime au printemps la transparence des jeunes feuillages qui habillent peu à peu leur silhouette de vert tendre. A présent c’est l’inverse, les arbres laissent tomber leurs couleurs d’apparat en draperies sur l’herbe et dévoilent leur charpente. Quand le ciel est au bleu, les arbres ne peuvent le cacher : ce sont des danseurs qui réinventent les courbes. Ils s'exercent à l'immobilité, mais c’est à force d’entraînements, de perpétuels ajustements que leurs bras dessinent la juste arabesque, l’élan gracieux, des figures inédites. Ils dansent ensemble, à se toucher, improvisent de nouvelles lignes de vie. Se promener dans un parc, c’est regarder devant, autour de soi, tout près, plus loin, c’est avancer, s’arrêter, contempler. Les arbres ont différentes manières de signaler leur importance : les plus hauts, les plus larges, les plus colorés ont de la branche, forcément. Créé il y a plus d’un siècle, le parc Josaphat préserve de vieux arbres remarquables. Le goût de l’époque l’a doté çà et là de passerelles dans le style rocaille, pâle mais charmante imitation des formes végétales. Plus inattendus dans ce genre, une table et de petits bancs pour une halte, un pique-nique. L’Elagueur (Albert Desenfans) rappelle que l'espace n’est pas naturel dans un jardin public : on y a dessiné la nature, composé l’environnement, pensé les effets. Des arbres se déploient d’un seul côté pour libérer le passage aux promeneurs, d’autres forment là une voûte, ici une grotte. Entre végétaux aussi, il faut laisser de la place aux autres.  
 Le ciel est beau vu de la terre. Sous la ramure d’un arbre, quand on lève les yeux, on entre dans une lumière particulière et on découvre les autres dimensions de l’arbre, sa manière d’occuper l’espace à tous les étages. L’entrelacs des branches se révèle, et la texture intime du feuillage.Les oiseaux y sont chez eux, y ramagent, mais que guette cette perruche sur ce tronc autour duquel pies et corneilles s’agitent sans que bronche le plumage émeraude ? Mystère. Camille et Gribouille ont des loisirs plus terre à terre. Quant à Cendrillon (Edmond Lefever), le regard baissé vers son soufflet depuis longtemps caché par la verdure, elle reste éternellement jeune au pays des vieilles branches. 
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ErratumCela fait longtemps que je dois cette correction à JEA, qui partage sa rigoureuse érudition dans Mo(t)saïques. A propos du monument à Philippe Baucq dans le parc Josaphat de Schaerbeek, il a eu l’amabilité de m’instruire – je le cite : « Philippe Baucq a été arrêté par l'occupant le 31 juillet 1915. Motif : organisation d'un réseau d'évasion pour soldats anglais. Ce réseau débuta par Mons pour s'étendre au Nord de la France et retenir Bruxelles comme plaque-tournante. Il est resté célèbre sous le nom d'Edith Cavell. De nationalité anglaise, celle-ci dirigeait l'Ecole d'infirmières créée par le Dr Depage. Elle fut fusillée tout comme l'architecte Baucq. » Et de m’interroger : « Une question, si vous le permettez : le peloton d'exécution les cribla de balles le 15 octobre 1915. Or vous mentionnez 1918 comme année de décès. Il y aurait là un point d'histoire à éclaircir. » Je m’étais trompée, comme vous pouvez le vérifier sur la photo. Je voulais rephotographier la pierre de plus près, mais hélas, des barbouilleurs l’ont récemment maculée d’orange et de vert, ainsi que plusieurs sculptures du parc. Sans rapport avec ce qui précède – Camille et Gribouille se portent bien. Soigneusement brossés et placides, les deux ânes communaux de Schaerbeek se promenaient dimanche sur la grande pelouse du tir à l’arc. Visiblement, l’herbe « sucrée » (dixit le gardien) leur était savoureuse. 










