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parc josaphat - Page 7

  • Arbres

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    Quand l’homme de lettres dit

    qu’il couche quelque chose par écrit

    et répète qu’une fois encore

    il va jeter une idée sur le papier

    qu’il la rejette de sa tête

    de sa corbeille à idées

    Et puis

    comme les chats noirs d’aujourd’hui

    et des siècles passés

    qu’il ronronne un instant

    et s’endorme en rêvant

    sur le papier couché

    et qu’il entende

    l’éclat de rire de la forêt

    à qui on demande ses papiers

     

    Oui qu’il entende

    les arbres de cette forêt

    clignant des feuilles

    et déclinant leur pedigree

     

    Jacques Prévert, Arbres (Gallimard, 1976)

     

  • Vieilles branches

    Puis-je pour une fois vous appeler ainsi, lectrices & lecteurs fidèles, vieilles branches ? Je vous écris au retour d’une promenade au parc, ce parc schaerbeekois dont je vous ai déjà parlé, le parc Josaphat, rendu à sa beauté et dorénavant mieux protégé : les tags ont disparu du kiosque à musique, les outrages des statues.

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    Honneur aux arbres aujourd’hui : l’automne exceptionnellement sec et peu venteux jusqu’ici ne les a pas encore tous mis à nu. J’aime au printemps la transparence des jeunes feuillages qui habillent peu à peu leur silhouette de vert tendre. A présent c’est l’inverse, les arbres laissent tomber leurs couleurs d’apparat en draperies sur l’herbe et dévoilent leur charpente.

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    Quand le ciel est au bleu, les arbres ne peuvent le cacher : ce sont des danseurs qui réinventent les courbes. Ils s'exercent à l'immobilité, mais c’est à force d’entraînements, de perpétuels ajustements que leurs bras dessinent la juste arabesque, l’élan gracieux, des figures inédites. Ils dansent ensemble, à se toucher, improvisent de nouvelles lignes de vie.

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    Se promener dans un parc, c’est regarder devant, autour de soi, tout près, plus loin, c’est avancer, s’arrêter, contempler. Les arbres ont différentes manières de signaler leur importance : les plus hauts, les plus larges, les plus colorés ont de la branche, forcément.

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    Créé il y a plus d’un siècle, le parc Josaphat préserve de vieux arbres remarquables. Le goût de l’époque l’a doté çà et là de passerelles dans le style rocaille, pâle mais charmante imitation des formes végétales. Plus inattendus dans ce genre, une table et de petits bancs pour une halte, un pique-nique.

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    L’Elagueur (Albert Desenfans) rappelle que l'espace n’est pas naturel dans un jardin public : on y a dessiné la nature, composé l’environnement, pensé les effets. Des arbres se déploient d’un seul côté pour libérer le passage aux promeneurs, d’autres forment là une voûte, ici une grotte. Entre végétaux aussi, il faut laisser de la place aux autres.
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    Le ciel est beau vu de la terre. Sous la ramure d’un arbre, quand on lève les yeux, on entre dans une lumière particulière et on découvre les autres dimensions de l’arbre, sa manière d’occuper l’espace à tous les étages. L’entrelacs des branches se révèle, et la texture intime du feuillage.

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    Les oiseaux y sont chez eux, y ramagent, mais que guette cette perruche sur ce tronc autour duquel pies et corneilles s’agitent sans que bronche le plumage émeraude ? Mystère. Camille et Gribouille ont des loisirs plus terre à terre. Quant à Cendrillon (Edmond Lefever), le regard baissé vers son soufflet depuis longtemps caché par la verdure, elle reste éternellement jeune au pays des vieilles branches. 

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  • Erratum

    Cela fait longtemps que je dois cette correction à JEA, qui partage sa rigoureuse érudition dans Mo(t)saïques. A propos du monument à Philippe Baucq dans le parc Josaphat de Schaerbeek, il a eu l’amabilité de m’instruire – je le cite : « Philippe Baucq a été arrêté par l'occupant le 31 juillet 1915. Motif : organisation d'un réseau d'évasion pour soldats anglais. Ce réseau débuta par Mons pour s'étendre au Nord de la France et retenir Bruxelles comme plaque-tournante. Il est resté célèbre sous le nom d'Edith Cavell. De nationalité anglaise, celle-ci dirigeait l'Ecole d'infirmières créée par le Dr Depage. Elle fut fusillée tout comme l'architecte Baucq. » 

    Philippe Baucq - monument du parc Josaphat.JPG

     

    Et de m’interroger : « Une question, si vous le permettez : le peloton d'exécution les cribla de balles le 15 octobre 1915. Or vous mentionnez 1918 comme année de décès. Il y aurait là un point d'histoire à éclaircir. » Je m’étais trompée, comme vous pouvez le vérifier sur la photo. Je voulais rephotographier la pierre de plus près, mais hélas, des barbouilleurs l’ont récemment maculée d’orange et de vert, ainsi que plusieurs sculptures du parc.

     

    Sans rapport avec ce qui précède – Camille et Gribouille se portent bien. Soigneusement brossés et placides, les deux ânes communaux de Schaerbeek se promenaient dimanche sur la grande pelouse du tir à l’arc. Visiblement, l’herbe « sucrée » (dixit le gardien) leur était savoureuse.

  • Au parc Josaphat

    Un rayon de soleil ? Au cœur de Schaerbeek, la plus peuplée des dix-neuf communes de Bruxelles après Bruxelles-ville, le parc Josaphat offre les charmes d’un jardin à l’anglaise. Créé en 1904, actuellement restauré en profondeur, il doit son nom à un pèlerin frappé, à son retour de Palestine, par la ressemblance entre la vallée de Roodebeek et la vallée éponyme près de Jérusalem. Arbres magnifiques, pelouses en pente douce, étangs, statues, l’appel à la promenade est irrésistible pour les habitants de la Cité des Anes. Les coins discrets attirent des amoureux – c’est bien le moins dans un parc où coule une Fontaine d’Amour. 

     

    Josaphat voûte de verdure.JPG

     

    A chaque saison, j’en fais volontiers le tour l’appareil photo à la main, à l’affût de l’une ou l’autre impression. On a refait récemment la large entrée à l’angle du boulevard Lambermont (bruyant) et de l’avenue Louis Bertrand (superbe), qui se pare au printemps des pompons roses des cerisiers du Japon. Le soleil qui traverse la voûte de verdure joue là sur le sol comme dans ces paysages impressionnistes tout en jeux d’ombre et de lumière.

     

    Josaphat entrelacs.JPG

     

    On peut alors descendre près de la grande pelouse du tir à l’arc par des chemins en pente le long des talus, que soutiennent çà et là des clôtures en bois tressé. J’avoue ne pas reconnaître toutes les espèces d’arbres – une insulte à leur grand âge, certains se tiennent là depuis bien avant la création du parc – mais je ne manque jamais de saluer les splendides hêtres dont le rouge flamboie parmi les verts les plus variés.

     

    Josaphat Poule d'eau.JPG

     

    En suivant le ruisseau où l’une ou l’autre poule d’eau s’affaire, on arrive aux étangs, puis à la partie sud du parc, pittoresque, avec un pont en faux bois et une cascade en rocaille. Entre-temps on a croisé quelques-unes des sculptures qui habitent le parc, dont une ronde et douce Maternité (Maurice De Korte), en pierre couleur terre cuite et, juché sur un haut socle, Borée, le vent du nord, (bronze de Joseph Van Hamme), tout en mouvement. Sans oublier les ânes Camille et Gribouille, nouvelles mascottes du parc.

     

    Josaphat le pont et Borée.JPG

     

    Nettoyées depuis quelque temps, les statues ont aujourd’hui belle allure, pour la plupart. Déjà quelques barbouilleurs ont souillé un nu féminin à leur portée. Impossible de tout protéger, de surveiller à toute heure… Le kiosque à musique – à peine y avait-on mis une première couche de peinture que des graffitis, déjà, salissaient ses murs – sera-t-il préservé lorsque les barrières qui l’entourent depuis seront ôtées ?

     

    Josaphat vers l'avenue des Azalées.JPG

     

    Je suis chaque fois intriguée par le monument à la mémoire de Philippe Baucq, mort en 1918, dont je ne sais rien mais où une silhouette découpée dans la pierre donne sa part à l’ombre. De là, j’aime lever les yeux vers l’avenue des Azalées, avec ses maisons bourgeoises qui surplombent la verdure – depuis leurs fenêtres, quel jardin à disposition ! Les modestes maisons du parc, de ce côté, leur opposent de simples façades blanches sous des tuiles orange, qui leur siéent fort. 

     

    Josaphat maisonnettes.JPG

     

     

    Des vers me reviennent devant le buste de Verhaeren – « Dites, quel est le pas des mille pas qui vont et passent… » (Au passant d’un soir). Le poète traversait le parc lorsqu’il se rendait chez son ami le peintre Constant Montald à Evere, commune toute proche. Un sourire à la gracieuse Cendrillon (Edmond Lefever) dont un massif protège les charmes, un coup d’œil à Eve et le serpent (Albert Desenfans) et la balade s’achève, pour aujourd’hui. C’est l’heure du thé.