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Nature - Page 4

  • L'air d'un dieu grec

    Durrell et Stephanides par Paul Cox.jpg« Avec son beau visage, sa barbe et ses cheveux blond cendré, il* avait l’air d’un dieu grec et paraissait aussi omniscient que s’il en était un. Indépendamment de ses qualifications médicales, il était également biologiste, poète, écrivain, traducteur, astronome et historien, et, en plus de ces activités multiples, il trouvait le temps d’aider au fonctionnement d’un laboratoire de radiologie, le seul de ce genre à Corfou. Je l’avais vu pour la première fois un jour où je m’interrogeais sur un nid d’araignées que je venais de découvrir. Theodore m’avait alors livré de passionnantes informations, me parlant, de son ton mal assuré, comme à un adulte, et j’en étais resté fasciné.
    * [le Dr Theodore Stephanides
    Après cette première rencontre, j’étais sûr de ne jamais le revoir, convaincu qu’un personnage aussi savant n’avait pas de temps à perdre avec un garçon de dix ans. Le lendemain, pourtant, je recevais de sa part un microscope de poche et une invitation à venir goûter chez lui en ville. »

    Gerald Durrell, Oiseaux, bêtes et grandes personnes

    Theodore Stephanides dans son cabinet de travail avec Gerald Durrell, par Paul Cox
    © Durrell Collection (source : ResearchGate

  • Corfou à nouveau

    Dans Oiseaux, bêtes et grandes personnes (Birds, Beasts, and Relatives, 1969), deuxième volet de La trilogie de Corfou, Gerald Durrell revient, douze ans plus tard, sur ce séjour paradisiaque raconté dans Ma famille et autres animaux.

    Durrell BirdsBeastsAndRelatives.jpg
    Première édition, 1969

    Durrell commence par une conversation. Pour la première fois depuis la guerre, toute la famille est réunie en Angleterre. Une tempête de neige fait rage au début du printemps. Larry, l’aîné, se plaint de cet « effroyable pays » où il se retrouve enrhumé pour la première fois depuis douze ans passés loin de « l’Ile du Pudding » et soupire en pensant à la Grèce, ce qui suscite une réaction en chaîne : ses frères et sa soeur se plaignent du « fichu livre de Gerry ».

    Leslie a mis du temps à s’en remettre, Larry et Margo se sont sentis caricaturés. La mère a trouvé leurs portraits « très justes » mais elle-même dépeinte « comme une parfaite imbécile ». A son avis, Gerry n’a pas choisi « les meilleures histoires ». Enchanté de les entendre évoquer d’autres souvenirs, celui-ci leur annonce un autre livre sur leur vie à Corfou. Furieux, Larry promet de le poursuivre en justice s’il le fait – « il ne me restait qu’une solution : m’asseoir et l’écrire. » (Un des objectifs de Gerald Durrell était de récolter des fonds pour le zoo qu’il avait fondé sur l’île de Jersey en 1959.)

    « L’île s’étale au large des côtes de Grèce et d’Albanie comme un long cimeterre rongé par la rouille. » Ainsi commence la magnifique description de Corfou qui ouvre Oiseaux, bêtes et grandes personnes. Le récit de leur séjour en Grèce est rapporté ici en trois lieux successifs : Perama, Kontokali et Criseda. Un défi pour l’auteur : ne pas embêter les nouveaux lecteurs par des rappels constants ni les autres par des redites. Le livre peut donc se lire à part.

    Installée dans une villa couleur de fraise écrasée, avec l’aide de Spiro, « un petit homme rond comme un tonneau », toute la famille vaque bientôt à ses activités préférées : Larry récite des poèmes, leur mère cuisine de délicieux repas, Margo prend des bains de soleil et Leslie se met à collectionner les armes anciennes. Gerry, dix ans, passe son temps au jardin. « Si luxuriants qu’eussent été nos divers jardins en Angleterre, ils ne m’avaient jamais procuré un tel assortiment de créatures vivantes. Je me sentais en proie à la plus curieuse sensation d’irréalité. C’était comme si je commençais à naître. »

    Gerald Durrell rend à nouveau ce mélange de curiosité et d’espièglerie qui caractérise sa façon d’aborder les choses de la nature et les gens à cette période si marquante de sa vie. Intrigué au plus haut point par deux bousiers qu’il a vus rouler une boule de bouse de vache jusqu’à une espèce de trou-terrier, il interroge les siens. « J’étais une bouillante marmite de questions auxquelles la famille était incapable de répondre. »

    Larry lui parle alors de Fabre, un naturaliste qu’il devrait lire. Son petit frère est ravi quand arrivent ses Souvenirs d’un entomologiste – Le scarabée sacré qu’il lui a commandé. « Le texte était charmant. » George, qui lui donne des cours particuliers, a compris que mêler des animaux aux autres matières est une bonne méthode pour y intéresser Gerry. L’histoire naturelle reste sa matière préférée. Le garçon aime aussi regarder George s’exercer à l’escrime contre les oliviers.

    Grâce à lui, Gérald Durrell a rencontré un homme remarquable devenu « la personne la plus importante » de sa vie, le Dr Theodore Stephanides, une encyclopédie vivante, qui devient leur ami à tous ; ce récit lui est dédié, « en témoignage de gratitude ». Toute la famille fait des progrès en grec et ils sont invités au mariage de Katerina, sœur de la servante Maria. Une cérémonie interminable mais une fête magnifique joliment racontée.

    Bien sûr, l’observation du comportement animal occupe énormément Gerry, qui s’émerveille de la vie sous-marine de jour (autour de l’île où vit un moine fâché de voir Margo y prendre des bains de soleil) et parfois de nuit (dans la barque d’un pêcheur). On fait connaissance avec l’ânon de Gerry, on assiste à l’accouchement du premier fils de Katerina, on apprend comment l’argyronète (une araignée) est « l’inventeur de la cloche à plongeur ».

    Un ami de Larry, sculpteur et accordéoniste, fait à Gerry le plaisir de s’intéresser à ses découvertes. Quand il installe un hippocampe dans un aquarium, le garçon est le premier surpris, après avoir observé la naissance de ses petits, d’apprendre par Theodore que c’est leur père et non leur mère qui les portait. Toute la famille s’enthousiasme pour les hippocampes, mais pousse en général des cris devant ses captures et ses expériences qui envahissent leur espace.

    Un paysan qui accuse le chien d’avoir mangé ses dindes, un juge collectionneur de timbres, une spirite, une fête des vendanges, une comtesse, un couple homo, un tour en yacht, Oiseaux, bêtes et grandes personnes regorge d’anecdotes savoureuses et d’épisodes divertissants.

  • Premier voyage

    Son frère Leslie, à la demande de Gerry, lui a construit pour son anniversaire un bateau baptisé Bootle-Bumtrinket.

    gerald durrell,ma famille et autres animaux,la trilogie de corfou,récit,autobiographie,littérature anglaise,histoire naturelle,apprentissage,famille,grèce,humour,animaux,culture« Quelle joie d’avoir un bateau à soi ! L’agréable sensation de pouvoir que l’on éprouve à tirer la rame et à sentir la barque avancer ! Avec le soleil, qui doucement vous chauffe le dos et fait miroiter la mer de mille reflets. La satisfaction de se frayer un chemin à travers les herbes touffues qui brillent sous la surface de l’eau ! Je contemplais même avec plaisir les ampoules qui me venaient aux mains.
    J’ai passé depuis des jours et des jours à voguer dans le Bootle-Bumtrinket et il m’est arrivé nombre d’aventures, mais rien ne saurait être comparé à ce tout premier voyage. La mer semblait plus bleue, plus limpide, plus transparente, les îles plus lointaines, plus ensoleillées et plus séduisantes qu’auparavant. On eût dit que toute la vie de la mer s’était concentrée dans les petites baies et dans les chenaux pour nous accueillir, mon bateau et moi. »

    Gerald Durrell, Ma famille et autres animaux 

    Photo de la couverture originale en 1956 (source)

  • Gerry à Corfou

    Il faut absolument que tu lises ça, m’avait dit maman un jour, après avoir lu My Family and Others Animals de Gerald Durrell (1925-1995). Quand j’ai vu la nouvelle édition de La Trilogie de Corfou en un volume (La Table Ronde, 2023), j’ai su que le moment était enfin venu de découvrir Ma famille et autres animaux (traduit de l’anglais par Léo Lack). Que c’est joyeux ! Que c’est drôle !

    Durrell La trilogie de Corfou.jpg

    Ce premier volet (1956) s’ouvre sur un « Plaidoyer pro domo » où l’auteur annonce son sujet : le récit d’un séjour de cinq ans avec sa famille dans l’île de Corfou : Larry, son frère aîné avait vingt-trois ans (Lawrence Durrell, l’écrivain qui écrira le fameux Quatuor d’Alexandrie) ; son frère Leslie, dix-neuf ans ; sa sœur Margo, dix-huit ans et Gerry, dix ans. De leur mère veuve à qui il dédie son livre, il écrit que « tel un Noé plein de douceur, enthousiaste et compréhensif, elle a su gouverner son navire rempli d’une étrange progéniture à travers les orages de la vie avec une grande habileté… »

    C’est Larry qui déclare, pendant un mois d’août pluvieux en Angleterre, qu’ils ont besoin de soleil et d’un climat plus propice à l’écriture. Il propose Corfou, dont un ami lui a fait l’éloge. « Nous vendîmes donc la maison et, telle une bande d’oiseaux migrateurs, prîmes la fuite, loin du lugubre été anglais. » Avec leurs bagages et équipements divers, sans oublier Roger, le chien, ils accostent sur l’île « dans les vapeurs du matin »« tout à coup, le soleil parut à l’horizon et le ciel prit la teinte bleu émail des yeux du geai. »

    D’abord mal logés dans une Pension, ils se mettent à la recherche d’une villa avec salle de bains. L’aide proposée à la douane de Spiro Hakiaopoulos, qui parle anglais, va leur faciliter les choses ; ils y gagnent un ami, un chauffeur, un protecteur. Spiro déniche une maison selon leurs vœux : à mi-pente d’une colline couverte d’oliveraies, encadrée par des cyprès, « une charmante villa couleur de fraise, pareille à un fruit exotique posé dans la verdure ». Petite et carrée, la maison leur plaît. Spiro s’occupe de tout pour les y installer.

    Pour Gerry, naturaliste en herbe, son « jardin de poupée était une terre magique, une forêt de fleurs » à travers laquelle, accompagné du chant des cigales, observer toutes sortes de créatures jamais vues : araignées minuscules, coccinelles de diverses couleurs, abeilles, fourmis, papillons… L’auteur raconte son émerveillement à chaque découverte et ses rencontres diverses avec des êtres humains. Comme George, un vieil ami de Larry, « venu à Corfou pour écrire », qui accepte de lui donner des cours particuliers et lui apprend « à observer et à consigner » ses observations.

    Chez George, Gerry fait la connaissance du Dr Theodore Stephanides, « un amoureux excentrique de la nature », « le seul à partager [son] enthousiasme pour la zoologie ». Le garçon lui a montré en chemin un terrier de mygales, ce qui lui vaut des explications très instructives. Enchanté de leur conversation, son futur mentor lui envoie un microscope de poche et l’invite à venir prendre le thé chez lui. Tous les jeudis, Gerry se rendra dans le cabinet de travail de Theodore pour observer ses propres trouvailles.

    Ma famille et autres animaux, récit à la fois autobiographique et romancé, conte aussi les petites histoires des siens, comme celle de Margo et d’un jeune Turc arrogant dont elle s’est entichée, celle de Leslie et de ses fusils de chasse, celle de Larry qui invite des amis à séjourner chez eux alors qu’il n’y a pas de place. Leur mère, d’abord furieuse, se résout à sa nouvelle suggestion : déménager dans une maison plus grande.

    La villa jonquille est immense. Ils y reçoivent l’aide d’un jardinier et de sa femme hypocondriaque qui assiste leur mère passionnée de cuisine et de nouvelles recettes. Tandis que sa sœur tombe malade après avoir « vraiment » baisé les pieds de la relique de saint Spyridon à l’église, Gerry a « six hectares de jardin à explorer ». Les invités de Larry – un poète arménien, trois artistes, une comtesse –, loin d’être « ordinaires et charmants », complètent leur quatuor excentrique.

    Enchanté de découvrir un jour une femelle scorpion portant « une masse de bébés minuscules », Gerry ramène comme il en a l’habitude ce spécimen à la villa dans une boîte d’allumettes, sans se douter du drame qui s’ensuivra. Sa mère décide alors de lui faire prendre des cours de français chez le consul belge, puis lui trouve un nouveau précepteur.

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    Gerald Durrell en Grèce à la fin des années 30 © Durrell Wildlife Conservation Trust

    On verra pourquoi les Durrell vont à nouveau déménager, ce qui leur vaudra de nouvelles découvertes et d’autres rencontres hautes en couleurs, jusqu’à ce que le temps soit venu de rentrer en Angleterre pour que Gerry achève son éducation. Ma famille et autres animaux, plusieurs fois adapté pour la télévision, se termine sur ce retour, non définitif selon leur mère : « Afin d’apaiser les velléités de rébellion de la famille, elle nous dit qu’il fallait considérer ce séjour comme des vacances. Nous serions bientôt de retour à Corfou. »

  • 54 Odes

    D’une Ode à l’ex à une Ode à la vie, David Van Reybrouck, essayiste, historien, romancier et auteur de théâtre né en 1971, aborde dans Odes (textes traduits du néerlandais (Belgique) par Isabelle Rosselin, 2021) 54 sujets qui sont autant d’occasions d’exprimer sa gratitude. « Les textes réunis ici sont tous parus de 2015 à 2018 sur la plateforme journalistique néerlandaise De Correspondent. »

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    Il s’agit d’expériences vécues, de rencontres, d’art, de vie quotidienne, de voyages, de lectures, de musique… « Soudain nous étions là de nouveau. Un café de Bruxelles, lundi de la semaine dernière. C’était le soir et nous étions assis l’un à côté de l’autre. A regarder les gens, à sentir nos cuisses se toucher, à penser à cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction. » »

    Six ans de vie ensemble, puis trois mois de silence avant ces retrouvailles. « Qui sont donc ces gens que nous avons tant aimés ? Le mot « ex » ne rend pas justice aux rapports intenses, stratifiés, que nous entretenons avec nos anciennes amours. » Sur ces vies qui convergent puis divergent, l’auteur cite « le plus beau poème d’adieu de la poésie néerlandaise » :
         « Demain
         je vais retrouver la femme que j’aime
         et lui rendre ses ailes. » (Rodaan al-Galidi)

    Ce recueil d’hommages à la première personne dit les sentiments et les émotions, en y mêlant de nombreuses observations et références culturelles. A Zagreb existe un musée des Relations brisées, fondé par un couple d’artistes qui n’a pas voulu « partager douloureusement » leurs affaires communes et a préféré les exposer, en souvenir du temps passé ensemble ; l’idée a plu, d’autres couples en rupture sont venus enrichir la collection.

    L’Ode à la déconnexion s’insurge contre « le dogme qu’il vaut toujours mieux pouvoir être en ligne partout. » L’Ode au printemps, née d’un paysage d’arbres fruitiers en fleurs aperçus du train, interroge la place congrue de la nature et de la vie sauvage dans la littérature néerlandaise du dernier demi-siècle. Les seuls néerlandophones à en parler encore sont selon lui « les poètes du dimanche et les alpinistes ». Les artistes contemporains n’ont pas « ce genre de pudeur », comme Olafur Eliasson « déployant un fleuve » dans un musée de Copenhague.

    Van Reybrouck se rend au bois de Hal pour admirer son « tapis bleu-mauve de jacinthes sauvages » qui attire du monde chaque année et pense aux tableaux de Monet, à la ressemblance entre « le vieux Monet » et le jeune Jackson Pollock, aux photos « fantastiques » du plancher de l’atelier de Pollock prises par Robert Weingarten. « Et vous découvrez que les éclaboussures sur le plancher aux Etats-Unis sont aussi des touches de lumières de nénuphars à Giverny et de jacinthes dans un bois près de Bruxelles. » (Ode au printemps)

    Parmi les belles rencontres de l’auteur, dont le titre le plus connu est sans doute Congo. Une histoire (prix Médicis 2012), actuel président de PEN Flandre, il y a celle de Lobsang Chokta, vice-président du département de PEN pour les écrivains tibétains en exil lors d’un congrès annuel de PEN international à Reykjavik. « Un vieil esprit dans un jeune corps », un homme « exceptionnellement doux », ancien moine bouddhiste qui avait traversé l’Himalaya à pied pour se rendre auprès du dalaï-lama, avec qui il a eu l’occasion de faire une excursion en voiture de location et de contempler « d’infinis paysages d’une infinie beauté ». (Ode au plus bel être humain)

    Comment ne pas s’émouvoir en lisant l’Ode à la progéniture qui ne verra jamais le jour (en vers) ? Comment ne pas être surpris qu’une Ode au gypaète barbu mène à la mort d’Eschyle ? Comment ne pas s’arrêter sur une fin de paragraphe, dans Ode à l’auto-stop – « Plutôt libre et vulnérable qu’en sécurité et craintif » – en se demandant si cette devise n’est pas plus masculine que féminine ? Comment ne pas acquiescer en lisant l’Ode au réconfort où il parle de la mort de son père ?

    Inattendue, la notation d’un mot dont l’auteur a dû chercher la signification, « brouhaha », mot répété dans tous les romans de Modiano, a-t-il observé. Bienvenues, à rebours des habitudes contemporaines, l’Ode au refus de photographier, l’Ode à l’écoute, l’Ode aux gens âgés : « Sans doute peu de choses nourrissent-elles autant l’intelligence émotionnelle que les relations entre des gens nettement plus âgés ou plus jeunes. » Van Reybrouck (laïc) ose une Ode à nos dirigeants religieux (opposés aux dirigeants politiques) et séduit avec une Ode à la négligence (en peinture, chez Liebermann ou Turner).

    Dans la postface où l’auteur explicite comment est né ce recueil dont certains textes sont illustrés (en plus du sous-bock dessiné par Tzenko au début de chaque ode, comme celui qui figure sur la couverture), il dit ceci : « Ecrire des odes, je le conseille à tout le monde : on en devient plus attentif, plus enthousiaste, plus avide et plus reconnaissant. » (Postface)