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Bruxelles - Page 82

  • Opiniâtreté

    plissart,marie-françoise,aqua arbor,exposition,photographie,bruxelles,le botanique,mer,arbres,nature,culture« Les mers, c’est l’eau, le liquide, les vagues, l’absence d’humains et d’objet, le mariage avec le ciel. C’est la matrice. A l’étage, l’arbre, c’est le vertical, le sec, la marque des humains, le masculin. Francis Ponge opposait « la mer qui a l’opiniâtreté de l’horizontalité » avec « les arbres qui ont l’opiniâtreté de la verticalité. »

    Guy Duplat, « Notre mer à tous », La Libre Belgique, 7/12/2015.

     

    « Aqua Arbor » de Marie-Françoise Plissart

    Le Botanique, Bruxelles, jusqu’au 31 janvier 2016.

  • Plissart Aqua Arbor

    Le Botanique accueille jusqu’au dix janvier « Aqua Arbor » de Marie-Françoise Plissart. Connue pour ses photographies d’architecture et de villes, elle expose ici un autre versant de son œuvre : les mers, les arbres, des photographies en noir et blanc. « Parc royal » (l’affiche) avec son assemblage, ses reflets dans l’eau, ses lumières, introduit ses grandes « compositions marines ».

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    Parc royal © Marie-Françoise Plissart

    Ce ne sont pas des vues de mer d’un seul point de vue à un moment précis, mais des agencements, des mises en scène. Dans une vidéo (sur la mezzanine), la photographe explique qu’elle a voulu prendre en compte le temps qui change, le temps de regarder, de photographier (la vitesse d’obturation a incroyablement progressé – temps impossible à l’échelle du regard humain ou animal), le temps de composer aussi. Elle situe son travail « à cheval sur l’argentique et le numérique ».

    « Aqua » montre des « constructions visuelles » jouant sur l’art de juxtaposer, de créer des contrastes, d’ajuster, « toujours dans une recherche de tension et d’équilibre » (Véronique Danneels). Ex-véliplanchiste, Marie-Françoise Plissart prend ses photos du littoral, pas en pleine mer, sur tous les continents. Elle prépare une installation artistique dans la station de métro Parc Royal, prévue en 2018.

    L’horizon qui structure ses compositions, en principe au milieu, on peut quasi le toucher sur une photographie, alors qu’en réalité (elle le souligne dans la vidéo), il reste une limite inaccessible. Enfant, la photographe bruxelloise passait les grandes vacances à la campagne et rêvait d’aller à la mer, de voyager.

    Au sol, une carte du monde inédite est dédiée à celle-ci : une carte des mers réalisée par Bieke Cattoor, architecte-urbaniste (KUL). En laissant pays et continents sur les bords, cette carte en bleu nous fait prendre conscience autrement de l’importance de la mer sur notre planète (pas seulement par la surface qu’elle couvre).

    La houle et les nuages, les rives du fleuve Congo, le vol des oiseaux, le passage d’un bateau, les explosions d’écume sur les vagues... Chaque composition explore un thème, un climat, à Saint-Pétersbourg ou Ostende, Hong Kong ou Lesconil (France), jusqu’à cette fascinante vue du Sri Lanka où les animaux sur le rivage et la végétation volent la vedette au monde aquatique.

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    Lesconil (France) © Marie-Françoise Plissart

    Au fond de la salle, on peut s’asseoir pour regarder le film « Congo » (2003) : autorisée à filmer la rive gauche du fleuve Congo à Kinshasa – « 45 minutes, pas une seconde de plus » (injonction administrative) –, la cinéaste filme d’une bananière un plan fixe. Au rythme lent de la navigation, on découvre les activités humaines sur la rive ou à bord d’autres bateaux, les installations industrielles à l’abandon, les baraques rafistolées, le linge mis à sécher, la végétation qui pousse comme elle peut. Des inscriptions, des slogans, des gestes de réaction aussi. « Ce qu’on voit parle de soi-même. » (M.-F. Plissart)

    « Arbor », à l’étage, présente des photographies N/B des vingt dernières années que Marie-Françoise Plissart avait prises sans intention particulière sinon garder le souvenir de rencontres, de lieux, d’impressions. Le rôle du photographe n’est-il pas d’être le « gardien de la mémoire » ? Elle raconte dans la vidéo comment, après un incendie à côté de chez elle, une dame lui avait parlé d’un album de photos comme de sa plus grande perte – un témoignage confirmé par les assureurs.

    Plus que des photographies d’arbres, sa sélection montre les liens entre les arbres ou entre les arbres et les hommes. Par exemple dans ses séries de voyage en Chine, en 2010 et 2011. Des hommes prennent le thé dans la cour d’un ancien temple de Confucius où poussent deux figuiers centenaires. Des canards se promènent près d’une grange où les villageois rangent leur cercueil creusé dans un tronc, préparé de leur vivant. Des amateurs emmènent leurs oiseaux siffleurs au parc, une couverture sur leur cage.

    Une belle série montre des arbres de santal transplantés à l’aide de cordes pour peupler un nouveau campus universitaire. A l’opposé de cet esprit de conservation ou plutôt de transmission aux générations futures, des photos de cabanes installées dans les arbres du bois de Lappersfort, près de Bruges, témoignent du combat écologique contre l’abattage (perdu et gagné, 5 hectares rasés sur 13).

    Dans ses voyages, la Bruxelloise a rencontré des arbres exceptionnels, un baobab qui aurait 734 ans (Sri Lanka), un figuier du Bengale (Calcutta) foudroyé qui continue de croître (on dirait plusieurs arbres, mais en réalité, il s’agit bien d’un seul, qui s’étend à présent sur un hectare et demi !)

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    Vue d'ensemble au musée du Botanique. Au sol, "Carte des mers" de Bieke Cattoor

    Marie-Françoise Plissart lit beaucoup (dans la vidéo, elle cite Ponge, Maylis de Kérangal), elle est à l’écoute des gens qu’elle rencontre. Elle a pris des photos dans le jardin de l’architecte Pierre Hebbelinck, à Othée : des arbres chaulés dans le brouillard ; un élagueur en plein travail, y taillant un vieux poirier « pour lui donner quelques années de plus ». Pierre Lesage lui a fait remarquer que les arbres « depuis toujours forment le plus grand des réseaux par leurs racines qui vont jusqu’à la mer ».

    Vous vous souvenez peut-être des aquarelles de Hans Op de Beeck, exposées au Botanique l’an dernier ? « Aqua Arbor » de Marie-Françoise Plissart m’y a fait penser, bien que son travail soit très différent, plus ancré dans le réel : cette fois encore, le noir et blanc, la lumière, la nature et l’humanité, la poésie sont au rendez-vous.

  • Galeries St Hubert

    St Nicolas Galeries.jpg

    Il y avait du monde samedi aux Galeries Royales Saint-Hubert, un de mes endroits préférés à Bruxelles. L’architecte Jean-Pierre Cluysenaar, un des plus importants représentants du style néoclassique en Belgique, s’est inspiré de la Renaissance italienne et de la technologie moderne du fer et du verre pour ce magnifique passage couvert inauguré en 1847.

    Dans l’axe de l’ancienne et « misérable » rue Saint-Hubert, la Galerie de la Reine et la Galerie du Roi qui la prolonge sont bordées d’élégantes boutiques. On y trouve aussi le cinéma des Galeries et le théâtre des Galeries où se donne en cette période de l’année la fameuse Revue satirique de l’actualité belge et internationale.

    Ces derniers temps, les enseignes internationales chassent de plus en plus les boutiques traditionnelles, dommage. Il reste tout de même des magasins typiques où s’acheter des gants, un parapluie ou des pralines – plus abordables qu’un sac de chez Delvaux où je me contente d’admirer les vitrines. C’est dans la petite Galerie des Princes, à la perpendiculaire du passage, que je fréquente la belle librairie Tropismes au numéro 11 où Victor Hugo aurait logé sa maîtresse Juliette Drouet en 1851 (Bruxelles ma ville).

    Pour info, si vous avez soif, il suffit de traverser la rue d’Arenberg en sortant de la Galerie du Roi pour aller boire une bière à La Mort Subite, vieux bistrot bruxellois. Mais on peut aussi se rafraîchir ou se restaurer dans les Galeries Royales Saint-Hubert, tous les détails sur leur site.

  • St-Nicolas, ambiance

    Le folklore bruxellois n’est pas ma spécialité, mais voici un billet clin d’œil à Claudialucia (Ma Librairie) que j’ai eu le plaisir de rencontrer ce samedi 5 décembre, pendant son séjour à la découverte de la capitale belge. Nous avons croisé par hasard le traditionnel cortège de Saint Nicolas dans les ruelles de l’Ilot sacré. Attirés par la fanfare, nous avons pu regarder une partie du cortège qui descendait la rue des Bouchers et les géants suivis de Saint Nicolas et Zwarte Piet ou Père Fouettard.

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    Gudule, dans la famille des géants de Bruxelles

    Nous étions dans la commune libre de l’Ilot sacré, au patrimoine préservé depuis 1960. « La création de l’Ilot Sacré a eu des résultats remarquables : plus d’une cinquantaine de maisons ont depuis lors été restaurées dans le style "italo-flamand" qui fit jadis le charme et l’harmonie de notre vieille cité. Cet îlot jalousement préservé de l’anarchie architecturale qui a gravement défiguré Bruxelles est aujourd'hui considéré comme le quartier le plus typiquement bruxellois, le plus pittoresque, le plus animé de la capitale de l’Europe. En outre, au fil des ans, il a également acquis le titre de "ventre de Bruxelles", en raison du nombre impressionnant et de la grande variété de ses restaurants. » (Site officiel de l’Ilot sacré) 

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    Photo © Grégory Autiquet, avec l’aimable autorisation de la Ville de Bruxelles

    http://www.manneken-pis.be/2015/12/06/cortege-de-saint-nicolas/

    Le petit Bruxellois le plus célèbre, venu de la rue de l’Etuve, était déjà passé, en costume de Saint Nicolas bien sûr (il possède d’innombrables tenues, près de mille !) juché sur sa charrette poussée par l’Ordre des Amis de Manneken-Pis (photos). La fanfare précédait quelques géants de Bruxelles et les Poepedroegers, un des groupes de Compagnons de Saint Laurent plus couramment appelés Compagnons du Meyboom (la légende de cet arbre, planté chaque année au mois d’août, remonte à une querelle au Moyen Age entre Bruxelles et Louvain, elle est contée sur le site du Meyboom).

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    Saint Nicolas avait sa crosse dorée et sa mitre traditionnelles, Père Fouettard un costume rouge et bleu, une coiffe rouge sur ses cheveux crêpus. Entourés des Gardevils, ils saluaient enfants, touristes, passants, une foule joyeuse. Oublié, le niveau d’alerte 3 encore d’actualité en Belgique. La police de Bruxelles veillait sur le cortège où flottait le drapeau de Bruxelles rouge et vert avec l’archange Saint-Michel, patron de la ville. Bruxelles a retrouvé sa bonne humeur, les musées sont ouverts, bienvenue !

    En Belgique, le 6 décembre est par excellence le jour des cadeaux, des jouets pour les enfants, et cette année, c’était un dimanche, parfait ! Saint Nicolas m’apporte toujours un sujet surprise en chocolat – un plaisir bien belge et qui n’a pas d’âge. Et vous, avez-vous fêté la Saint-Nicolas ?

  • La rencontre

    Anatolia Rhyton taureau.jpg« La diversité culturelle fait émerger, par-delà les variations propres à chaque espace, ce que nous partageons de semblable et la rencontre permet d’en prendre conscience, de nous compléter grâce au regard de l’Autre, sans renoncer pourtant à ce que nous sommes. La coexistence des cultures souligne une fois encore que l’on ne peut être sans l’Autre, que nous avons besoin de nous mettre en perspective pour mieux nous percevoir et parfaire notre territoire de l’imaginaire, toujours en devenir grâce au dialogue permanent qu’ouvre la découverte de la culture d’autrui. Comme l’écrivit Mahmoud Darwich, « Nous serons un peuple, si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des anges et que le mal n’est pas l’apanage des autres. » »

    « Les territoires communs de l’imaginaire » in Regards croisés, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, novembre-décembre 2015.

    Anatolia, Home of Eternity / Europalia Arts Festival Turkey, 06.10.2015 > 31.01.2016

    Photo : Rhyton en forme de taureau, période hittite, XVIe s. avant J.-C., Ankara, Musée des Civilisations Anatoliennes
    Source : « Anatolia, des hommes et des dieux »
    par Elisabeth Martin (Mu in the City, 17/10/2015)