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Balades - Page 19

  • La fin de l'été

    Comme chaque année en septembre, la semaine de la mobilité, d’initiative européenne, a offert aux Bruxellois la traditionnelle « journée sans voiture ». L’édition 2020 s’est déroulée sous un soleil éclatant, le dimanche 20 septembre. Beaucoup en profitent pour redécouvrir la ville débarrassée pour un jour du trafic automobile.

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    L’enthousiasme des familles à vélo est toujours sympathique ; le spectacle des cyclistes roulant n’importe où, même à contresens sur le boulevard, sans se soucier des rares véhicules motorisés ayant obtenu une dérogation, toujours crispant. Mais cette année, le plus étrange était de devoir se promener à pied en portant un masque, frôlé par « tout Bruxelles à vélo et sans masque ».

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    Aussi avons-nous renoncé à longer le canal du côté des Docks Bruxsel pour nous diriger de l’autre côté du pont Van Praet et descendre cette allée peu fréquentée où nous n’avions jamais mis les pieds. A travers le feuillage, on devine sur l’autre rive le mastodonte de l’incinérateur de Bruxelles, mais ce qui nous attirait de ce côté-ci, c’étaient les bateaux.

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    Bruxelles possède là son port de plaisance, au Brussels Royal Yacht Club. Fondé en 1906, à proximité du bassin réservé alors au yacht du roi Léopold II, il fait partie de la Donation royale. Principal club nautique de la capitale, avec une école de voile, il possède son club-house. Toutes les places étaient occupées sur la terrasse.

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    Vous pouvez lire son histoire sur le site du BRYC : après l’incendie du Club en 1936, on a reconstruit « un Clubhouse beaucoup plus vaste et plus moderne dont le plancher sera récupéré sur le yacht à vapeur « Erin » qui appartenait à Sir Thomas Lipton [bien connu des buveurs de thé]. Certains meubles et la balustrade de la mezzanine proviennent des malles Ostende-Douvres. »

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    Quand le temps sera revenu pour moi d’aller manger avec insouciance à l’intérieur d’un restaurant, il faudra aller voir cela de plus près et essayer la carte. En attendant, c’était bien agréable de se promener près de l’eau et des bateaux en oubliant qu’approchait déjà la fin de l’été.

  • Une affaire de temps

    belinda cannone,la forme du monde,essai,autobiographie,marche,montagne,émerveillement,pensée,culture« Rien d’important n’arrive jamais qui ne soit en premier lieu un phénomène temporel. Je pourrais écrire un livre de ma vie (de toute vie) dont les chapitres auraient pour titres Accélération – Lenteur – Présent – Suspension – Brièveté – Origines – Utopie – Passé – Avancée – Ralentissement, etc. Dans la marche d’altitude, qui est aussi une affaire de temps, on déroule une sorte d’immense ruban où chaque enjambée vaut une fraction de temps et où chaque but peut s’exprimer en temps d’accès. Ainsi, en avançant sur les sentiers, éprouvons-nous dans notre pas, dans notre corps, le passage du temps. »

    Belinda Cannone, La forme du temps

  • Marcheuse de montagne

    L’essai de Belinda Cannone, La forme du monde (2019), s’ouvre sur une « philosophie de la montagne ». La collection « Versant intime » d’Arthaud invite le lecteur à pénétrer le « jardin secret » de « grandes figures des lettres, des arts, des sciences ou du voyage ». C’est donc un essai autobiographique que donne ici cette romancière et essayiste née en 1955, docteur et maître de conférences en littérature comparée.

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    Associant le désir et le mouvement, Belinda Cannone se présente en « marcheuse de montagne d’été ». Même si la montée est souvent pénible au randonneur, elle est aussi plaisir. Pour le corps-esprit – « c’est de cette entité unitaire que sourdent toute expérience et toute pensée » –, la marche, à la fois physique et spirituelle, est une manière de « provoquer l’intensité », comme la course, comme le tango.

    Sa « rencontre inaugurale » avec la montagne date de ses dix-sept ans : devant la montagne enneigée, dans les Hautes-Alpes, elle est frappée de son « énormité ». Ensuite, elle y randonne l’été, observe la flore alpine, s’essaie au dessin, prend conscience du sentiment « océanique » (un terme repris à Romain Rolland) qui s’empare d’elle, comme « une vague » sans séparation entre le monde et elle. L’expérience de l’émerveillement est le sujet de son essai précédent (S’émerveiller, 2017).

    L’appréhension de la grandeur du monde va de pair avec la perception de la « poussée terrestre imperceptible » : elle compare cela avec le ralenti de Bill Viola dans sa vidéo fascinante, The Greeting (1995), où il s’inspire de La Visitation peinte par Pontormo. Souvenirs de Chamonix, de l’Aubrac, du Valais. L’intérêt de la hauteur ? « La forme du monde, cachée pour le passant des fonds de vallée, nous apparaît miraculeusement à mesure que nous montons. »

    D’origine méditerranéenne (Sicile, Tunisie, Corse), Belinda Cannone a grandi à Marseille. Dans ce « vaste monde dont [elle est] une passante », la mer lui apparaît tragique, la montagne solaire. La marche, émerveillement et liberté, ne peut que rendre sensible à l’écologie : le monde est notre maison commune et les entités naturelles ont besoin de lois protectrices.

    « Commencer à marcher, c’est entendre en soi la joie lever. » La forme du monde évoque ses hauts lieux de prédilection, les alpages. Découvert dans la bibliothèque de Cléanthe, La forme du monde permet de prendre de la hauteur. « J’aime la solitude, je la recherche et je la choie. » Belinda Cannone aurait aimé pouvoir marcher seule, mais reconnaît sa peur dans l’isolement. L’essai se termine sur trois lectures montagnardes en phase : Regain de Jean Giono ; Le mur invisible de Marlen Haushofer ; La force de l’âge de Simone de Beauvoir, autobiographie d’une femme libre qui aimait marcher.

  • Les oiseaux de Norge

    mosaïque oiseau 1.jpgFrançois s’est tu. Il a parlé doucement aux oiseaux, il en garde un des plus menus blotti dans sa main et sent battre son cœur comme une petite feuille secouée par le vent.

    Et d’autres volant en cercle formaient une joyeuse couronne autour de son sourire.

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    Il se fit alors un chant très vif et très mystérieux, un hymne touchant et multiplié, et François à son tour fut enseigné par les oiseaux.

     

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    Mais comment apporter aux hommes des mots d’une langue si légère ?

    Comment dire le moment de lumière et l’odeur, le juste ton de la musique et la ferveur de l’écoute ?

    Norge, Les oiseaux (Joie aux âmes, 1941

    – début du Poème de la salutation)

    Mosaïques sur T&P

    * * *

    Pour info : Michel Kacenelenbogen jouera La promesse de l'aube
    (
    Romain Gary) 
    en extérieur au Château du Karreveld
    (renseignements ici) les 28 et 29 août (21h).

  • Couleurs et formes

    Voici les derniers de ces « billets de sortie » que je vous ai postés depuis le début des grandes vacances pour commencer la semaine, billets « légers » pour un été trop lourd cette année. Nous avons croisé depuis lors bien d’autres « belles de trottoir », certaines plus neuves que d’autres, d’une variété réjouissante.

    mosaïque,trottoir,schaerbeek,1030

    Pauvre B…, écrivait Baudelaire. J’y ai pensé en découvrant cette dalle qui arbore nos couleurs nationales : « ma belle(g)ique » a de beaux restes, mais elle s’écaille par endroits. Comme notre Etat qui ne se trouve plus d’alliance majoritaire pour gouverner ? Sans commentaire, mais on n’en pense pas moins.

    mosaïque,trottoir,schaerbeek,1030

    Nous avons été inquiets pour le petit peuple des arbres dans l’îlot. Quelques mésanges bleues s’étaient cognées aux vitres, sans dommage, mais en laissant le temps de constater qu’elles étaient pâlichonnes, leur plumage ébouriffé, signes peut-être de la maladie qui les a décimées en Allemagne. Puis nous n’en avons plus vu sur la terrasse où elles se posaient souvent. Le mois d’août nous a ramené quelques charbonnières et puis des bleues tout de même, ouf, que nous (y compris le chat) revoyons sautiller de branche en branche dans le sycomore.

    mosaïque,trottoir,schaerbeek,1030

    Plus de fleurs que d’arbres sur les pavés mosaïques, il me semble, mais j’ai tout de même aperçu sur mon chemin ces beaux bouleaux aux feuillages d’automne et, dans une autre rue, cette composition végétale plus abstraite qui ne manque pas d’allure. Avec des cerises.

    mosaïque,trottoir,schaerbeek,1030

    On se demande parfois ce qui se cache derrière le choix d’un motif pour égayer le trottoir devant sa porte. Une raie ! Une écrevisse !  Comme elles semblent perdues en ville. Souvenir de vacances ou d’un hobby ? Dommage qu’il n’y ait personne à la porte, on poserait la question. Remarquez qu’elle est posée sur une assiette, cette écrevisse, près d’un crayon noir et de points d’interrogation.

    mosaïque,trottoir,schaerbeek,1030

    Encore plus inattendu, très joliment figuré avec ses yeux ronds et ses pattes à cinq doigts, un gecko. Bravo au mosaïste, il ou elle a trouvé de très jolies couleurs pour cette apparition lumineuse sur fond gris. Ce petit lézard est sacré dans certains pays d’Asie et il porterait bonheur. C’est certainement pour cela qu’une amie m’a offert le joli gecko en métal qui grimpe au mur dans l’entrée.

    mosaïque,trottoir,schaerbeek,1030

    Pour la suite du bestiaire de trottoir, rendez-vous demain.