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  • Libellule

    Libellule 1.jpgDu bleu vif dans un jeune olivier, quelle était cette surprise ?
    Les libellules, nous les apercevons le plus souvent en vol et c’est quand elles s’immobilisent que nous pouvons mieux les regarder.
    Alignée sur une branche, ses ailes transparentes peu visibles dans le feuillage, celle-ci, spectaculaire, ne bougeait pas.
    Toute à l’émerveillement, je n’osais trop approcher pour la photographier avec mon téléphone, de peur de l’effaroucher.

     

    Libellule 2.jpgLe corps strié de ce beau bleu, du jaune sur le thorax et la tête, cette libellule est une aeschne mixte.
    J’ai pu l’identifier grâce à une application renseignée par Natagora que j’avais récemment installée et que j’ai utilisée pour la première fois pendant ce séjour en Drôme provençale.
    Son utilisation est réservée aux animaux ou aux plantes sauvages : Obsidentify permet de sauvegarder les identifications certaines (100%) et propose sinon d’autres réponses possibles.

     

    Libellule 3.jpgAvec ce bel outil, simple à utiliser, j’ai pu observer entre autres le lézard des murailles et la mauve sauvage (que je connaissais),

    l’orvet fragile (trouvé mort sur un chemin),

    l’azurite, une plante joliment surnommée oursin bleu (que je me contentais d’admirer sans connaître son nom),

    l’hypotelephium telephium (ou grand orpin, une crassulacée dont les fleurs sèches se dressaient joliment sur un mur de pierre).

     

  • Septembre au vert

    De retour à Bruxelles, quelques instantanés pour partager avec vous le plaisir de se mettre au vert en septembre. Retrouver la Drôme provençale en ce dernier mois de l’été, c’est échanger un jardin suspendu en ville contre les espaces ouverts de ce pays de Nyons où l’on se promène entre les vignes, les oliviers, les lavandes. Mais si l’on monte à Venterol par la rue du Bout du Monde et qu’on emprunte ses ruelles étroites, on peut aussi entrevoir un jardin en pots à l’abri d’un mur.

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    Pour se rendre à pied d’une autre façon dans ce village plein de charme, on peut cheminer de l’autre côté de la route vers Nyons – la direction est renseignée par l’indication « Nyons-digue » – et puis retraverser la route à hauteur de Venterol, pour rejoindre un chemin qui mène au pied du village, entre des murets.

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    Dans l’après-midi, la lumière se fait plus caressante sur les herbes sèches et sur les pierres. Elle illumine les oliviers, elle offre à une belle entrée de maison la grâce des ombres sur le bois noble et fait briller une main en guise de heurtoir.

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    Je vous ai déjà montré ce bout de route vers Novézan qui réjouit le regard à toute heure du jour, avec ses lignes de lavandes taillées, en contrebas, et ses arbres traversés par les rayons du soleil.

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    Plus modeste, mais réjouissant aussi, voici le petit rosier qu’on salue au passage. En deux semaines, ses boutons ont pris couleur, les nouvelles roses de septembre s’y ouvriront bientôt.

  • Du laconisme

    italo calvino,le métier d'écrire,correspondance,1940-1985,littérature italienne,écriture,lecture,culture,amitié« Cher Rea,
    tu me demandes pourquoi je suis laconique. Pour plus d’une raison. D’abord, par nécessité, parce que j’écris au bureau, soumis au rythme fébrile de la production industrielle qui gouverne et modèle jusqu’à nos pensées. Et puis par choix stylistique, essayant autant que possible d’être fidèle à la leçon de mes classiques. Et puis par ce penchant où se perpétue l’héritage de mes pères de Ligurie, lignée plus qu’aucune autre rétive aux effusions en tout genre. Mais de surcroît, et surtout, par conviction morale, parce que je crois que c’est là une bonne méthode pour communiquer et pour connaître, préférable à toute expansion incontrôlable et trompeuse. »

    Italo Calvino à Domenico Rea (13/3/1954) in Le métier d’écrire

  • Lettres de Turin

    Correspondance / 2 (1946-1958)  

    Dans la préface du Métier d’écrire, la correspondance d’Italo Calvino (billet du 5/9/24), Martin Rueff regroupe ses lettres de 1945 à 1957 sous l’intitulé « La boutique Einaudi, le Parti et les premiers succès ». J’ai lu aussi celles de 1958, ce qui conduit grosso modo à la moitié du volume, l’année du Baron perché, dont le succès pousse Einaudi à publier en volume des récits courts de Calvino, I racconti.

    Calvino juin 1954.jpg
    Italo Calvino en 1954

    En septembre 1943, durant la première nuit du couvre-feu, il écrit un poème et l’envoie à Eugenio Scalfari. En 1944, des mots courts à ses parents. Le 17 juin 1945, il résume sa situation : « a) j’ai été dans la résistance jusqu’au jour de la libération en passant par des péripéties en tous genres ; b) je suis communiste ; c) maintenant je suis journaliste ; les amis n’ont rien fait ou pas grand-chose pour la cause. » Une note précise qu’il est entré au Parti en apprenant la mort du jeune médecin, premier chef résistant de leur zone, en février 1944.

    Après la guerre, une fois son diplôme obtenu, il choisit le travail littéraire, même si c’est dur d’être édité : « Moi j’espérais faire un petit livre de petits récits, tout mignons, tout bien concentrés, mais Pavese a dit non, les récits ne se vendent pas, il faut que tu fasses un roman. Or il se trouve que moi je ne ressens pas la nécessité de faire un roman : si je m’écoutais, je passerais ma vie à écrire des nouvelles. » (8/11/1946)

    Ses premiers récits sont inspirés par la guerre et primés. Calvino est publié dans L’Unità où il écrit des articles, et dans la revue Il Politecnico. Puis il envoie au prix Mondadori Le sentier des nids d’araignée, « un roman bien scabreux et bien difficile ». A Marcello Venturi, qui a l’impression de gaspiller son énergie en écrivant, il répond qu’écrire est toujours utile : si les choses ne vont pas, on apprend à éviter ses erreurs ; si elles vont bien, « elles resteront toujours bien », qu’on les publie « aujourd’hui ou dans cinq ans » (19/1/1947).

    Cesare Pavese, qui a défini son roman comme « le premier roman qui ait fait de la poésie avec l’expérience de la Résistance », devient une figure clé pour le jeune écrivain. Dans ses lettres, rien ne lui plaît plus que discuter franchement : « Il est très important que nous continuions à nous disputer par lettres, et c’est très important pour tous les deux » écrit-il à Silvio Micheli (19/3/1947).

    Avec une délégation du FdG de Turin, il va au Festival de la jeunesse à Prague où il trouve tout « merveilleux » : il y fait frais, il visite la Bohême, ils dorment dans un collège « magnifique ». Au retour, le Parti lui propose un poste de rédacteur à L’Unità. Il travaille pour Einaudi : relit des épreuves et des manuscrits, lit des livres étrangers, compile des bulletins. « C’est moche de travailler. On n’a plus de temps pour travailler pour soi. » Désormais, les échanges liés à son travail deviennent le premier sujet de sa correspondance.

    A Elsa Morante, il écrit tout le bien qu’il pense de Mensonge et sortilège. Leur correspondance conservera ce ton positif (une romancière à relire, en ce qui me concerne). Il lui donne des nouvelles de Natalia Ginzburg. A son « cher Pavese », il écrit longuement pour lui dire le plaisir et l’intérêt pris à la lecture de Entre femmes seules en même temps qu’il lui explique pourquoi il n’aime pas ce roman et ce qui n’y marche pas à son avis. (Il aimera l’adaptation d’Antonioni.) Envoyé par l’Unità au Congrès de Budapest, en août 1949, il visite la Hongrie.

    Calvino écrit à ceux qui commentent ses textes, à ses amis. Il aime recevoir des lettres des « rares » personnes à qui il peut « dire quelque chose » (comme à Elsa Morante). Le suicide inattendu de Pavese, le 27 août 1950, le bouleverse au plus haut point : « il était non seulement mon auteur préféré, un de mes amis les plus chers, un collègue de travail depuis plusieurs années, un interlocuteur quotidien, mais un des personnages qui aura été le plus important dans ma vie […] » écrit-il à Isa Bezzera dans une belle lettre à lire ici (3/9/1950). (Le journal intime de Pavese, œuvre posthume, a pour titre Le métier de vivre.)

    Lui qui aime tant les idées, la discussion, la littérature, donne rarement des nouvelles de sa vie privée, soucieux de « continuer à rester soi-même sans trahir pour autant les engagements humains implicites que toute action, tout rapport avec autrui, ne manque de comporter » (à Michele Rago, 7/6/1952). Le vicomte pourfendu – « écrit pour me payer une vacance imaginaire après avoir brimé mon imaginaire dans l’autre roman » – suscite pas mal d’intérêt, ce qui le surprend. « Il s’agit d’un récit comme je pourrais en écrire dix ou vingt autres, et sans la moindre fatigue, si je n’étais pas pris par le désir d’écrire des choses que je crois plus importantes » Carlo Salinari, 7/8/1952).

    En 1955 commence une intéressante correspondance sur la poésie populaire avec Pier Paolo Pasolini. En 1957, quand son nom est mentionné dans les journaux en relation avec celui de communistes récemment sortis du parti, Calvino proteste, mais L’Unità va lui reprocher sa déclaration. Le premier août, il jette le gant en démissionnant du parti – la confiance est rompue, bien qu’il reste « le camarade » des travailleurs italiens.

    (A suivre)

  • Je t'appelle

    Je t’appelle. Je choisis un moment de grand calme
    où ma voix est solide, mon corps sans émotions parasites.
    Un oiseau chante, j’ai ouvert la fenêtre
    pour que, du dehors, mon petit jardin m’aide.
    Tu me dis l’étonnement des médecins qui constatent
    que dans un état désespéré à l’échéance prévisible
    ta vitalité soit si forte et que rien,
    sinon la boule qui croît à grande douleur,
    n’indique que tu es à ce point atteinte.
    J’en atteste, tu es celle que j’ai toujours connue,
    ta voix n’a pas changé,
    tu rebondis de jour en jour.
    Je prends avec toi des leçons de bien-mourir, diraient certains,
    je dis, moi, de bien-vivre
    car Tu sais, je suis encore là. »

    Caroline Lamarche, Cher instant je te vois