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bruxelles - Page 2

  • Expo à la cathédrale

    Le nom d’Hildegard von Bingen (1098-1179) m’a attirée la semaine dernière à la cathédrale des Saints Michel & Gudule (elle porte les deux noms des saints patrons de Bruxelles). Je m’attendais à une exposition sur la célèbre « sainte du XIIe siècle, à la fois bénédictine, poétesse, musicienne, compositrice, botaniste, linguiste, tacticienne, herboriste », « figure marquante de la médecine monastique (à qui l’on doit même d’avoir inventé la bière !) », selon le feuillet de présentation.

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    En réalité, les deux expositions de mai annoncées par Ars in Cathedrali sont reliées aux seules études botaniques d’Hildegard, qui a observé et dessiné les plantes, étudié leur qualités nutritionnelles et médicinales. Ce sont des installations de Françoise Lesage sur « Hildegard et le règne végétal » et d’Anne Mortiaux, « Flore, terre et eau du marais Wiels ». L’hommage à Hildegard von Bingen comprendra aussi trois concerts et deux conférences (du 24 au 26 mai).

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    Bannières : plantes d'Hildegard von Bingen par Françoise Lesage

    En entrant dans la cathédrale, le regard est attiré par les bannières suspendues entre les colonnes : des dessins de plantes avec leurs racines (pastel gras sur toile de lin). Mis à l’échelle de l’espace d’exposition par Françoise Lesage, ces dessins de plantes d’Hildegard sont présentés dans un style majestueux.

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    Anne Mortiaux, installation dans le baptistère d'eaux puisées et mélangées. 

    L’allée latérale de gauche (côté nord) mène au baptistère, où l’on découvre une installation très particulière près des fonts baptismaux (ci-dessus) : Anne Mortiaux y a mis dans des jarres et clepsydres de l’eau puisée au marais Wiels (une zone humide près d’une ancienne brasserie bruxelloise), à la roselière de La Louvière (friche des faïenceries Boch) et à l’étang de Ladrée à Ohey (ancienne fosse d’extraction d’argile). Ce rapprochement entre l’eau du baptême et la défense de ces zones de biodiversité à protéger est pour le moins inattendu.

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    Le marais Wiels, de formation récente, est apparu au début du siècle en région bruxelloise dans la commune de Forest, quand un chantier préparatoire à la construction de bureaux (obsession immobilière) a percé la nappe phréatique, engendrant un étang de près de neuf mille mètres carrés, où la vie a peu à peu repris : son histoire et son importance sont parfaitement présentées sur le site de Natagora Bruxelles.

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    Herbier du marais Wiels (Anne Mortiaux)

    En continuant, on découvre sur le sol, dans le déambulatoire qui longe le Trésor de la cathédrale, les herbiers d’Anne Mortiaux : ce sont ses cueillettes entamées au marais Wiels en octobre, identifiées sur une liste. Disposées en accordéon, elles illustrent le passage des saisons : automne, hiver et printemps. Ces herbiers font écho à ceux d’Hildegard von Bingen, qui avait inventé une langue, « la lingua ignota », pour renommer les plantes (elle compte mille dix mots). A la fin de l’article en lien, vous trouverez quelques-uns des noms qu’elle leur a donnés.

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    Françoise Lesage, 182 plantes (n° 752 à 935 de la "lingua ignota"), 2024 (détail ci-dessous)

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    Françoise Lesage s’en est inspirée. Une longue bande de soie et chanvre présentée sur la dernière colonne de la nef, du même côté, un travail d’aquarelle et broderie, reprend « 182 plantes » inventoriées par Hildegard. L’artiste a brodé ton sur ton sur le bord inférieur l’alphabet qu’elle avait conçu. L’autre tissu suspendu sur la colonne de l’autre côté de la nef a été tissé à partir de laine teinte avec ces plantes. Les bandes colorées suivent l’ordre des plantes indiqué dans l’herbier d’Hildegard, chacune étiquetée avec son nom et son numéro.

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    Françoise Lesage, 182 plantes (n° 752 à 935 de la "lingua ignota"), 2024 - teintures (détail)

    Sur la bannière du chœur, d’après le feuillet explicatif de Françoise Lesage, la grande ortie symbolise la célèbre bénédictine. Cette femme puissante « piquait » les puissants de son époque en s’exprimant en public, ce qui était interdit aux femmes, comme cette plante qui repousse après avoir été coupée.

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    Bannière du choeur : la grande ortie pour symboliser Hildegard von Bingen

    D’abord déconcertée par l’absence d’un panneau explicatif ou d’un petit guide pour les visiteurs, j’étais tout de même heureuse de revisiter la belle cathédrale des Saints Michel & Gudule. Une rencontre providentielle nous a permis d’en apprendre un peu plus sur place et de mieux comprendre le sens de ces expositions. Merci à notre guide, grâce à qui mon compagnon de visite et moi avons fait une autre découverte. Je vous en parlerai la prochaine fois.

    P.-S. Ces deux expositions restent visibles à la cathédrale jusqu'au 27.06.2024 (entrée libre).

  • Billet de saison

    IMG_20231016_110033.jpgA la mi-octobre, il arrivait encore à la terrasse en bois de sécher – c’était tellement plus agréable pour sortir et faire le tour des plantes, ramasser les samares du sycomore voisin (ces ailettes qui se déposent partout en abondance), suivies des premières feuilles mortes.

     

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    Les asters fleurissaient gaiement en face de mon bureau.

    Mina la chatte en profitait pour s’installer près du pot où la clématite avait même refleuri sous un soleil caressant.

     

     

    Puis le ciel s’est couvert davantage, laissant passer encore assez de lumière pour aviver les couleurs des arbres de l’îlot avant la chute de leurs feuilles. Enfin le vent s’est mis à souffler davantage, renversant les pots trop légers, jusque dans les cimetières parés pour la Toussaint.

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    Ce sont les mésanges qui sont venues les premières aux nouvelles : quoi ? pas encore de graines ? On a raccroché le silo sous une plante en boule et le lendemain, elles y étaient, les charbonnières, les bleues, à picorer un coup tout en tournant la tête pour surveiller autour d’elles, toujours sur le qui-vive.

    saison,automne,nature,mésanges,geais,nourrissage,pluie,lumière,ciel,bruxellesPendant de longues semaines, la lumière du jour s’est ternie, la pluie s’est installée.  Jour après jour, les feuilles s’abandonnaient, s’envolaient sous les rafales, se posaient. Impossibles à photographier derrière les vitres perlées, les mésanges prennent leur temps pour manger quand il pleut, comme si elles se sentaient davantage en sécurité.

     

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    Bientôt un geai, puis un autre, sont venus voir si par hasard il n’y aurait pas quelque chose pour eux. Allons-y pour suspendre des boules de graisse, entre lesquelles insérer quelques arachides en coque.

    C’est le rituel du matin : il n’y a qu’à attendre en s’éloignant des fenêtres pour terminer le thé du petit déjeuner. Et d’un, et de deux, et de trois…

    Un geai glouton va jusqu’à s’enfoncer une coque entière dans le gosier pour en attraper une deuxième avant de s’envoler.

    Désormais, une fois les allées et venues des geais terminées, les mésanges viennent à deux, à trois ; nous leur offrons les graines, elles nous offrent leurs voltiges. Un ramier opportuniste ramasse aussitôt les miettes, surtout après que les geais, faute d’arachides, reviennent piquer dans les boules à graisse en attendant mieux.

    Après avoir revêtu de jour tous les gris de sa palette, il n’est pas encore cinq heures quand un ciel qui s’est déshabillé pour la nuit fait place aux couleurs du couchant. Le temps des nuits froides revient. La terrasse ne sèche plus.

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    Alors que je cherche quelques photos pour illustrer ce billet de saison, une merveille : un coin de ciel bleu s’élargit, les nuages s’écartent. Ce mardi midi, tout, l’îlot avec ses arbres et ses jardins, ses oiseaux, la terrasse et l’appartement prennent un fantastique bain de lumière qui réchauffe les yeux et réjouit le cœur. A seize heures, le soleil se cache derrière les nuages qui regagnent du terrain. C’est de saison.

  • Art nouveau au musée

    Dans la foulée de l’exposition Art nouveau de la Fondation Roi Baudouin au musée BELvue, je suis retournée aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) tout proches, pour revoir la collection Gillion Crowet au musée Fin-de-siècle.

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    Alphonse Mucha, La Nature, bronze doré rehaussé d'ornements en malachite, 1899-1900,
    MRBAB, Bruxelles

    On y est accueilli par un superbe buste en bronze doré de Mucha, La nature, orné de malachite. Il en existe sept exemplaires différents, peut-être plus : « La Nature serait une allégorie et une représentation de l’idéal féminin de la Belle Époque. Beaucoup y voient les traits de la danseuse Cléo de Mérode dont l’artiste était un admirateur. » (Wikipedia)

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    Emile Gallé, Vase Hippocampe, 1901, verre multicouche, gravé et martelé,
    décors sous couverte, applications, MRBAB, Bruxelles

    La collection comprend de nombreux vases, dont une belle série d’Emile Gallé : j’ai admiré en particulier un vase Hippocampe, une coupe Orchidée présentée à côté d’un vase-cornet Papillons de nuit et plus loin, une urne Libellule aux jolis tons nacrés.

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    Emile Gallé, Guéridon aux ombelles, ca. 1902-1903, noyer et marqueteries de bois variés 
    Plafonniers boule jaune et boule orange, ca. 1900, verre filigrané, décor peigné à chaud, MRBAB

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    art nouveau,bruxelles,mrbab,peinture,sculpture,art décoratif,mobilier,gallé,daum,wolfers,val-saint-lambert,mucha,khnopff,majorelle,culture,belle époque,dation gillion crowet,musée,fin de siècleDans ces mêmes années, au tout début du XXe siècle, Daum a réalisé cette lampe à trois bras dite Chandelle des prés avec Majorelle, comme Ombelles du Caucase, à l’abat-jour vert en coupole.

    Antonin Daum & Louis Majorelle, Chandelle des prés, 1902 / Ombelles du Caucase, 1904, MRBAB

    Le mobilier Art nouveau n’est pas en reste. Au grand bureau Nénuphar de Louis Majorelle et son fauteuil, avec des applications en bronze doré, j’ai préféré, dans ce modèle, un très élégant bureau de dame (d’une époque où les dames aimaient de plus petits bureaux que les hommes ?) Au mur, ses quatre appliques « Femme aux iris » brillent de tout leur or mais ne sont pas éclairées.

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    Vue d'ensemble avec les appliques "Femme aux iris"
    et le bureau de dame "Nénuphar" de Majorelle, MRBAB

    Les Gillion-Crowet ne se limitaient pas à Gallé et à Daum. Une vitrine rassemble de petites pâtes de verre d’Amalric Walter : caméléon, hibou, lézard, crabe, au-dessus d’un presse-papier Danaé. Je ne me rappelais pas les vases aux scarabées signés François Decorchemont, un maître-verrier sans doute plus connu en France.

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    Henri et Désiré Müller pour Val-Saint-Lambert, Clair de lune, 1906-1907, MRBAB 

    La verrerie belge du Val-Saint-Lambert est bien présente aussi : des frères Müller, on peut voir un beau vase Clair de lune et d’autres en verre multicouche « dévitrifié et gravé à l’acide » décoré d’émaux métallisés. De l’artiste austro-hongrois Johann Loetz Witwe, des verres « lustrés » d’une grande variété.

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    Joh. Loetz Witwe, Vase irisé évasé, 1900 / Vase tulipe jaune et bleu, 1909 / Vase col de cygne, 1906-1909, MRBAB

    La magnifique dation Gillion Crowet mérite à mon avis une visite qui lui soit exclusivement réservée. Sinon, vous risquez de parcourir ces salles trop rapidement. Dans le prochain billet, je vous présenterai des sculptures. Si vous désirez découvrir tout le musée Fin de siècle le même jour, faites une pause avant de redescendre au – 8 où cette collection Art nouveau occupe tout l’étage. (Un vaste ascenseur avec fauteuils est à votre disposition.)

  • Objets d'exception

    Un rendez-vous à ne pas rater en cette année Art Nouveau à Bruxelles : Histoires d’objets d’exception. Une sélection de chefs-d’œuvre de sa collection est présentée par la Fondation Roi Baudouin au musée BELvue. L’accès à l’exposition est gratuit et l’on y reçoit aussi un joli catalogue illustré. On entre pour l’occasion à gauche, dans l’aile du Palais royal qui sert d’écrin très raffiné aux objets d’art, bijoux, tapis, dessins, meubles, verreries, céramiques…

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    Dix artistes signent ces objets rares du patrimoine belge. Les plus précieux sont en vitrine dans la première salle éclairée par un grand lustre au-dessus d’un tapis de Victor Horta (pour la Villa Carpentier à Renaix). Une notice raconte l’histoire de chaque objet.

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    Vue d'ensemble de la première salle © jo@exelmans.be

    Charles Samuel a sculpté l’élégante Fortune (1894), en équilibre sur une roue entourée de putti, dans une des défenses d’éléphant fournies par van Eetvelde, Secrétaire de l’Etat indépendant du Congo, aux sculpteurs belges de l’époque. Anvers dominait alors, avec Londres et Liverpool, le marché de l’ivoire, « l’or blanc du Congo ».

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    Charles Samuel, La Fortune, 1894, ivoire, argent ou bronze argenté, 51 cm, FRB

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    Vitrine "Libellule" © jo@exelmans.be

    Un agrandissement photographique permet de détailler la composition des bijoux et d’en apprécier la finesse : de Philippe Wolfers, un pendentif Libellule, un peigne Oiseaux et iris, un pendentif Cygne et Serpents, entre autres. L’épouse de Wolfers porte ce dernier sur son portrait peint par Firmin Baes. La scénographie de l’exposition est particulièrement soignée, comme toujours avec la Fondation Roi Baudouin.

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    Philippe Wolfers, Pendentif Cygne et Serpents, 1899,
    or, émail, opale, rubis, diamants et perle, 5 x 5 cm / 40 cm

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    Au mur : Firmin Baes, Portrait de Sophie Willstädter, 1903, huile sur toile, 146 x 81 cm, FRB

    De fins dessins de fleurs signés du même Wolfers sont repris sur les voiles aux fenêtres de la galerie circulaire qui accueille la suite : « Iris, pavots, lys, roses, narcisses, orchidées…. » C’est ravissant, comme vous pouvez le voir aux deux baies entre lesquelles un cadre art nouveau (déjà montré ici) présente une belle série de dessins – quel trait délicat pour ce pendentif ! Ne manquez pas sa sculpture Automne ou Vendanges en marbre de Carrare, pour laquelle il a sculpté un socle en marbre serpentin vert sur mesure. Wolfers ou le raffinement.

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    Philippe Wolfers, dessins / un détail pour un pendentif

    Les deux paravents en acajou sur roulettes de Paul Hankar (pas bien vus à la dernière Brafa, une conférence était en cours sur le stand de la Fondation) s’intègrent très bien dans la galerie. Marc Meganck, qui a écrit les textes du catalogue, ressuscite l’ambiance du restaurant du Grand Hôtel de Bruxelles (sur le boulevard Anspach, entre la Bourse et la place de Brouckère) pour lequel ils ont été réalisés à partir d’une illustration ancienne où on voit un des paravents dans la salle du restaurant, « derniers témoins du Grand Hôtel démoli en 1973 ».

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    Des deux côtés : paravents de Paul Hankar pour le restaurant du Grand Hôtel à Bruxelles, 1897

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    Victor Horta, Guéridon tripode, 1905-1906, bronze et bois pétrifié, FRB

    Victor Horta a conçu un étonnant guéridon tripode pour le jardin d’hiver aménagé dans sa maison (rue Américaine) quand il y est revenu après son divorce : du bois fossilisé aux couleurs chaudes, acheté à Munich, est fixé dans une monture en bronze. Plus tard, il le placera au bel étage et y déposera un faisan empaillé. Au bout de la galerie on découvre un ensemble de meubles réalisés pour lui-même ou pour des commandes.

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    A droite : Philippe Wolfers, Vase Mimosa ou Coraux, 1901,
    émail sur cuivre, argent (partiellement doré), cornaline, 13,3 x ∅ 8,3 cm
    Au milieu  : Philippe Wolfers, Vase Plumes de paon, 1899-1902,
    émail sur cuivre, argent (partiellement doré), nacre et turquoise, 14,8 x ∅ 9,7 cm, FRB
    © jo@exelmans.be

    L’exposition Histoires d’objets d’exception reste en place au musée BELvue jusqu’au 7 janvier 2024. Il ne manque pas de choses admirables tout au long du parcours d’exposition : mobilier, très jolis vases Art nouveau en faïence fine ou émaillés, étonnante horloge de Serrurier-Bovy, carreaux en céramique, reliures, ex-libris gravés par Rassenfosse
    Allez-y !
    (Pour info, Les Filles du BELvue proposent un repas « bio, local et gourmand ».)

  • Villa des rêveurs

    Un immense rideau s’ouvre sur « House of dreamers », la nouvelle exposition proposée par la Villa Empain. Ulla Von Brandenburg a composé Backdrop (toile de fond) à partir de pans de rideaux récupérés à l’Opéra de Varsovie, d’anciens décors. Une entrée théâtrale pour « une déambulation poétique dans les espaces de la Villa Empain » (Guide du visiteur, source des citations).

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    © Ulla Von Brandenburg, Backdrop (détail), 2023 (vu de l'entrée)

    Le souvenir de « Flamboyant » m’a donné l’envie de découvrir cette nouvelle mouture d’un intérieur recomposé, cette fois « par la réalisation de grands décors in situ ». Dans le grand hall devenu « salle de bal », un piano surmonté d’un double bronze facétieux voisine avec un cosy-corner près de l’escalier : deux fauteuils art déco éclairés par une magnifique lampe vitrail aux libellules. L’installation de Than Hussein Clark « a été réalisée en hommage à Oscar Wilde et participe à une ambiance cabaret ».

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    Une partie de l'installation © Than Hussein Clark

    Dans la salle à manger, Sébastien Gouju a dressé une table de lendemain de fête sous une fresque d’Anastasia Bay évoquant les banquets antiques. Objets fatigués, restes en céramique dans les assiettes, cela m’a rappelé Le dernier souper de Corine Borgnet vu en mars à la Maison des Arts (« Sub terra »), un coup de cœur. Cette table-ci m’a moins impressionnée, mais j’ai été attirée par les bouquets de fleurs en verre soufflé : l’artiste associe leurs « formes ramollies » à la « gueule de bois », amusant, non ?

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    Fresque réalisée in situ © Anastasia Bay, table dressée © Sébastien Gouju (vue partielle)

    La fresque continue au grand salon, une scène de bacchanale, autour d’un mobilier griffé Pierre Marie. Les sièges ont tous des tablettes pour les livres, bien ! Sur la table basse, aux carreaux fabriqués à partir d’émaux de Longwy, une lampe de la céramiste Katja Tönnissen répond à de grandes lampes sur pied dans un angle de la pièce, aux « couleurs diaphanes » encore plus joyeuses.

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    Vue partielle du grand salon

    Avant de monter l’escalier, j’admire encore un peu le grand rideau de l’entrée suspendu sous le plafond, son jeu de couleurs très différent de ce côté. Puis, à la fenêtre, Lumière née de la lumière de Bang Hai Ja. J’étais curieuse de découvrir le « bureau des rêveurs » à l’étage. Avec ses couleurs vives au plafond et sur les meubles, son atmosphère « principalement féministe » m’a paru plutôt enfantine, excepté l’étagère aux livres féministes d’Ad Minoliti et Le presse-papier à priape de Man Ray.

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    Vue partielle du Bureau des rêveurs

    La « salle de jeux » est plus intéressante. Je m’y attarde avant de pénétrer dans la salle de bain rebaptisée « salle de bien-être ». Son espace tout en longueur est occupé dans le fond par la céramiste Claire Lézier. Ses œuvres sont présentées au milieu de plantes vertes qui répondent joliment aux mosaïques murales. Un grand buste de femme en céramique de Marion Benoit évoque Rhéa, Titanide grecque de la Fertilité, c’est beau.

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    Une partie de l'installation © Claire Lézier, avec, sur l'appui de fenêtre, Titanide © Marion Benoit

    J’étais passée trop vite devant la niche dans le mur de droite et j’y reviens, intriguée par ce qui se déroule sur l’écran entouré de figurines : Whispering Pines 10 (Pins chuchotant), une vidéo de Shana Moulton, raconte la quête de Cynthia, son alter ego, qui désire la santé et la sérénité. Cela vaut la peine de prendre à l’entrée de la pièce un petit siège pliable pour regarder les dix épisodes tous différents. Cette œuvre onirique, dont une partie est visible en ligne, m’a enchantée par sa fantaisie, son univers sonore, sur fond de séquoia géant.

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    Aperçu du Salon de thé

    Le « salon de thé » offre lumière et espace autour d’œuvres modernes et contemporaines. Au mur, un bel ensemble d’assiettes peintes avec des émaux signé encore Marion Benoit. Dans une vitrine, entre autres objets, un dessin de Cocteau et un service à thé de Malevitch. Comme j’aurais aimé m’installer sur ce petit canapé de Than Hussein Clark (il vient du lobby du théâtre de Brême) pour prendre le thé dans cette pièce, sur ce ravissant tapis si moelleux !

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    Maison © Simone Fattal (Chambre végétale)

    Deux chambres nous attendent : une chambre végétale et une chambre animale, séparées par deux boudoirs dédiés aux « Objets de mon affection ». J’en retiens une émouvante Maison en céramique verte de Simone Fattal, libano-américaine, « éventrée comme le serait un foyer ayant subi les dommages d’une guerre civile », aux parois « semblables à de grandes feuilles », espoir de reconstruction ?

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    © Claire Lézier, Chat, 2023, grès émaillé, Courtoisie Fracas Gallery

    Je suis heureuse de retrouver ici Elise Peroi avec deux tissages, Recueillir I et II, où apparaissent des éléments végétaux, des coquillages, des animaux. Dans la chambre animale, une photographe est au travail. Je m’approche de la fenêtre vers la propriété voisine pour regarder un chat noir. Dans un angle du plafond de la petite pièce attenante, Laure Prouvost a accroché un joli nid d’hirondelle, Swallow Swallow. 

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    © Laure Prouvost, Swallow Swallow. 

    « House of dreamers » m’a donné des impressions plus légères que d’autres expositions de la Villa Empain, pourquoi pas ? La légèreté va avec le rêve, d’autant plus durant un été dont on craint la chaleur trop pesante. C’est l’occasion de faire agréablement connaissance avec des signatures contemporaines de diverses nationalités, comme toujours à la Fondation Boghossian. Jusqu’au premier octobre.