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Roman - Page 165

  • Théophile ou démon

    Cousin d’Hamlet, le héros des Mémoires d’Elseneur (1954) de Franz Hellens (1881-1972) est un de ces personnages dont on cherche à mieux cerner le caractère, à chaque relecture, mais qui toujours surprend, questionne, déroute. « Je suis obligé d’être cruel, si je veux être bon ! » : l’épigraphe est extraite d’Hamlet. 

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    Portrait de Franz Hellens par Modigliani (1919)

    Théophile est le narrateur dans ce roman terriblement séduisant : « Je veux le dire en commençant : j’ai vécu plusieurs vies ; autant qu’il fut en moi de personnes. Et la dernière, pas plus que les autres, je ne l’achèverai. Je suis mort plusieurs fois, et ressuscité. Mourrai-je tout à fait après ma dernière aventure, cet hiver où je suis, saison de sable, de neige et de bois mort ? » (incipit)

    « Du lit de la mère au lit de la terre », le Livre premier conte sa naissance et son enfance bourgeoises. La grosse tête de Théophile effraie sa mère. Son père vétérinaire est déçu, il espérait une fille. Le Bouddha de bronze dans la chambre maternelle dira un jour à l’enfant : « Tu ne ressembleras jamais à un autre que toi-même, tu n’appartiendras jamais au troupeau. » Pour sa mère, qu’elle le caresse ou le gifle, il est « un monstre », parfois un « gros matou ».

    Théophile aime leur jardin sans bornes (comme celui où grandit Franz Hellens, dans la région gantoise) et aussi Séraphine, la fille du jardinier. Un jour où son père emmène son fils avec lui pour ses visites dans les fermes en cabriolet, il est surpris de voir son père fouetter la jument et pleurer, ce qui n’est jamais arrivé en sa présence. Trois jours plus tard, son père meurt dans son lit. L’enterrement à la cathédrale d’Anvers fait du fils unique le point de mire, fier de son costume noir, fier de sa mère qu’il considère comme une « grande poupée vivante, faite pour s’amuser et pour l’amusement des autres ». 

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    En général, Théophile est seul, livré à lui-même. Les amitiés qu’il noue tournent mal, d’abord à l’école du village, où Zéphirin devient son souffre-douleur. Après Pâques, la mère de Théophile épouse l’oncle Victor, le jeune frère du vétérinaire. L’enfant qui ne l’aime pas se jure de ne jamais lui obéir.

    Puis il va en pension chez les Jésuites à Anvers. Le dimanche, le cousin Jean, chanoine à la cathédrale, l’accueille chaleureusement. « J’aime les gras et les francs, moi », déclare ce bon vivant, bien servi et nourri par Toinette, plutôt ravi d’initier le collégien aux plaisirs de la table.

    Quand Théophile rentre chez lui, c’est chez le jardinier et sa femme Cordélia, sa nourrice, qu’il trompe son ennui – Séraphine a un petit frère à présent. Devant elle, il accule un matou qui a mordu Belzé, leur chatte noire, et le tue sauvagement. Il en demande pardon à sa première communion, mais d’autres crimes le hantent en rêve, comme celui d’étrangler son oncle. Il guette un signe de Dieu ou du diable, mais rien : il se sent définitivement « seul ».

    « Travaille et cherche ton chemin », lui conseille le chanoine. A quinze ans, Théophile se juge « rien moins que pervers, violent, outrepassant, cruel, et d’une douceur inconcevable. » Une visite au zoo d’Anvers où le cousin Jean l’a envoyé avec Toinette, qui se laisse embrasser, lui donne le désir de posséder une vipère. Il va jusqu’à faire voler et à voler lui-même pour y arriver. Il sera renvoyé.

    Séraphine s’occupe de nourrir la vipère dans sa cage de verre quand Théophile retourne à Anvers, cette fois au collège épiscopal. Le chanoine lui donne de l’argent de poche pour se promener seul en ville. Le garçon de 17 ans rêve d’évasion devant le Slonsk amarré au port. Il prend congé du collège à l’aide d’une fausse lettre et en profite pour aller faire l’amour à Toinette, avant de rentrer à pied chez lui. Dans une auberge, il entend des rumeurs sur la mort mystérieuse de son père.

    Quand il fait irruption dans la chambre de sa mère, où se trouve aussi Victor, il les défie avant de se réfugier au grenier. Là, un éclat brillant attire son attention, il tend le bras : une grenade explose et lui arrache la main gauche. A la clinique, sa mère lui raconte pourquoi elle l’a mis en nourrice : il mordait le sein jusqu’au sang. « Je m’ennuyais ? – Dès ta naissance, je me suis aperçue que j’avais mis au monde un monstre. – Nous rîmes tous les deux. »

    Obnubilé par le souvenir de son père en larmes, Théophile pousse sa mère et son beau-père à bout, aussi froid que sa nouvelle main de fer. Pour lui, il y a désormais une vipère derrière chacun de nos désirs. Et celle qu’il a confiée à Séraphine va bientôt faire plusieurs victimes. Sa vengeance accomplie, le jeune homme embarque sur le Slonsk.

    Une autre vie s’ouvre pour lui sur ce cargo polonais qui fait la navette entre Anvers et Dantzig. Le capitaine prend Théophile en amitié et finit par l’engager : il tiendra le cahier de bord. Le Livre deuxième, « La tentation du monstre », est le récit de cette navigation. Il se passe d’étranges choses à bord de ce vaisseau fantôme, la nuit surtout, comme la disparition de Julia, la seule passagère, une veuve polonaise qui s’intéressait à Théophile. Le temps change de matière quand la vie devient « non pas sommeil, ni rêve éveillé, (…) mais un élément dans l’élément aérien et liquide, un météore sans limites dans les météores qui ne font que passer. » Le capitaine aussi a ses secrets et son pacte avec Théophile peut ouvrir le paradis ou l’enfer. « Mon cœur ? Pauvre rapace, est-ce quun aigle ou un vautour, même blessé, possède ce qu'on nomme un cœur ? »

    Retour au bercail dans le Livre troisième : « Le retour du fils magnanime ». A cinquante-trois ans, Théophile découvre l’existence de son demi-frère prénommé Victor comme son père, un nouveau rival. Leur mère, malade, ne quitte plus la chambre, elle redoute leurs disputes. Mais Théophile semble apaisé et raisonnable à présent, comme un Lazare ressuscité ; c’est l’autre fils qui endosse le mauvais rôle. Où cela va-t-il mener ?

    Mémoires d’Elseneur est un chef-d’œuvre du « réalisme fantastique » ; Hellens, poète et romancier, y déploie son imaginaire avec force et dans une très belle langue. Fasciné par le cercle, son Théophile, sensible et cruel, ignore les frontières entre le bien et le mal, le rêve et la réalité, la nature et le surnaturel. Les paysages et le climat de la Flandre, de l’Escaut, son terroir, ouvrent et ferment le récit d’une vie – de plusieurs – que hantent la solitude et la quête de soi.  

  • Dans le jardin

    « Dans le jardin, de temps à autre, Enjo voyait passer l’homme aux tempes grises, une bêche sur l’épaule ou un éventail à la main. Elle ne lui avait encore jamais adressé la parole et celui-ci semblait l’éviter, arborant un sourire contrit lorsque leurs itinéraires malgré tout se croisaient. Son livre tombé sur les genoux, délaissant les dragons et les princes, c’est d’une attention soutenue qu’elle l’observait alors qu’il taillait un arbre avec une application d’orfèvre, ou agençait des pierres comme s’il s’agissait d’ossements d’un dinosaurien. Il y avait dans ses gestes toute l’étrangeté de la constance. »

    Hubert Haddad, Le peintre d’éventail 

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    Maison de thé dans le jardin aux azalées 
    Yoshida Hiroshi, 1876–1950 © Museum of Fine Arts Boston

     




  • Le peintre jardinier

    Retour au Japon avec le dernier roman de Hubert Haddad, Le peintre d’éventail. Celui qui ouvre et ferme le récit, Xu Hi-Han, né de parents chinois (Taïwan), avait quinze ans quand il a rencontré Matabei Reien et fréquenté son atelier à Atôra. Ce peintre d’éventail inconnu avait choisi de finir sa vie là, « entre montagne et Pacifique », parmi les grands arbres. 

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    "Fin novembre au parc Hibiya" © Tokyo-Paris allers-retours, le blog de sylvie b 

    Hi-Han, à dix-huit ans, est parti étudier à Tokyo et c’est en reconnaissant le vieil homme en piteux état, sur une photo de magazine, qu’il décide, plein de repentir, d’aller le retrouver. Il recueillera ses dernières paroles : « Ecoute le vent qui souffle. On peut passer sa vie à l’entendre en ignorant tout des mouvements de l’air. Mon histoire fut comme le vent, à peu près aussi incompréhensible aux autres qu’à moi-même. »

    Vivre d’espérance jusqu’à l’heure du chaos, voilà comment Matabei résume sa vie : « L’histoire vraie de Matabei Reien – celle qui concerne les amateurs de haïkus et de jardins – commence vraiment ce jour d’automne pourpre où dame Hison l’accueillit dans son gîte. » Quand il s’est installé dans la pension « en bas de la première montagne », c’était au départ pour quelques jours, « histoire de changer d’air ». Les arbres, le lac Duji, la forêt de bambous géants, « cette lumière cendrée », voilà ce qui l’y a retenu, et les chants d’oiseaux si variés.

    La plupart des pensionnaires, célibataires comme lui, sont heureux de s’éloigner du bourg et de découvrir derrière l’auberge « le plus beau jardin qui fût ». Il faut presque un an à Matabei pour remarquer la présence du peintre jardinier – « maître Osaki avait atteint un rare degré d’invisibilité » – et sa baraque à l’ombre d’un grand châtaigner, au fond du jardin. Leur hôtesse, une « belle femme mûre », est une ancienne courtisane d’un commerce agréable.

    C’est en se promenant que Matabei, du haut d’une élévation, retrouve devant une vue splendide le goût de dessiner. Après la disparition de sa famille dans un bombardement qui l’a laissé orphelin, « il s’était peu à peu reconstruit à Kobe, dans le quartier européen » où après des études avortées et divers emplois, il avait connu le succès comme peintre abstrait et designer. Un jour, il percute en voiture une jeune femme qui a fait irruption à la sortie d’une voie souterraine dans la banlieue de Kobe – un regard étonné, un sourire, puis le choc –, l’étudiante meurt le soir même aux urgences. Et quelques jours plus tard, c’est le grand séisme de 1995, que Matabei vit comme « une réplique » de ce drame.

    A la pension, sa chambre donne de plain-pied sur le jardin et un soir, il aperçoit dans sa baraque éclairée le jardinier en train de peindre : « Osaki Tanako élaborait des éventails de papier et de soie aux trois couleurs d’encre. » Celui qui a transformé la friche de dame Hison en jardin d’agrément offre le thé à Matabei, ils font connaissance. Mais Matabei ne confie à personne ce qui a mis fin à sa vie antérieure, la mort d’une jeune fille inconnue, plus encore que le tremblement de terre dévastateur.

    Les saisons se succèdent à Atôra, il y jouit du jardin – « Le temps s’écoulait uniformément, fleuve sans source ni estuaire. » Le vieux jardinier finit par lui proposer de l’aider un peu, il est depuis le début au service de dame Hison, comme la vieille cuisinière, fatiguée elle aussi. Osaki et Matabei parlent de l’art des éventails, du jardin, du vent.

    Sur un éventail que le jardinier lui offre, où il a peint un paysage « d’une sublime harmonie », figurent ces trois vers :

    « Chant des mille automnes
    le monde est une blessure
    qu’un seul matin soigne »
    .

    L’art du haïku est au cœur de ce roman ; l’auteur a d’ailleurs publié à part Les haïkus du peintre d’éventail (composés pendant l’écriture du roman). Quand il fait le bilan de sa vie, Matabei que personne n’attend nulle part s’interroge : « Peindre un éventail, n’était-ce pas ramener sagement l’art à du vent ? »

    Atôra ou la quête d’une sagesse nouvelle, voilà ce que conte Hubert Haddad dans Le peintre d’éventail. Une quête née d’une souffrance, d’une absence, nourrie de belles rencontres dans ce « havre d’oubli » : Osaki, dame Hison qui lui permet de partager sa couche de temps à autre, un moine aveugle, puis ce jeune garçon engagé pour aider au jardin et à la cuisine, Hi-Han. Et enfin, Enjo, une étudiante recueillie par l’aubergiste, d’une beauté troublante.

    « Le manuel du parfait jardin de maître Osaki se nichait donc, dessins et poèmes, dans les pliures de ses trois lots d’éventails. » Au fil du récit, une harmonie se dessine, mais aux deux tiers du roman, tout est balayé. Hubert Haddad, né à Tunis en 1947, en France depuis 1950, fasciné depuis toujours par le Japon, nous entraîne avec Le peintre d’éventail (prix Louis-Guilloux 2013) au pays du raffinement, et de la catastrophe. Poétique. Bouleversant.

  • Pas de portes

    « Il n’y a pas de portes. Il n’y a pas de jours. Le seul sens possible (pour le moment ?), c’est de remonter vers le passé. Et le jugement est sans fin, non pas parce que quelque divinité vous juge, mais parce que vos actions sont tout le temps jugées, de façon obsédante, par vous-même. » 

    Philip Roth, Indignation 

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    Valentin Serov, Autoportrait (vers 1885)

     

     

     

  • Marcus et les autres

    Indignation de Philip Roth paraît en 2008, quand l’écrivain américain (né en 1933) a 75 ans. Quel âge avait-il en 1951 ? A peu près l’âge de Marcus Messner, le fils du boucher kasher, un garçon sérieux, travailleur, un bon fils. Quand il devient étudiant cette année-là dans « un petit collège universitaire de Newark » (ville natale de Roth), la guerre de Corée vient de débuter, et c’est peut-être à cause de cela que son père se met soudain à craindre de le voir mourir. 

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    Bienveillant jusqu’alors, à la cinquantaine, Messner se met à harceler Marcus : il lui faut absolument savoir où il est allé, chaque absence de son fils le rend « fou d’angoisse », comme s’il découvrait « avec stupeur qu’un petit garçon grandit, en âge et en taille, qu’il se met à éclipser ses parents, et qu’à ce moment-là, on ne peut pas le garder pour soi, qu’il faut le livrer au monde. »

    Au bout d’un an, Marcus ne le supporte plus. Son père le cherche un soir dans l’une ou l’autre salle de billard où il l’imagine sur la voie de la perdition alors qu’il était à la bibliothèque publique. Cette première année universitaire a été « la plus excitante et la plus affreuse » de sa vie : les cours lui plaisent, les étudiants aussi, du même milieu que le sien, et il est devenu joueur titulaire dans l’équipe de base-ball. Mais il lui faut mettre une distance entre son père et lui, et il va poursuivre ses études d’ingénieur à Winesburg dans l’Ohio, « à huit cents kilomètres de la serrure à double tour de notre porte de derrière. »

    On lui a attribué la quatrième place dans une chambre avec d’autres Juifs, un regroupement qui lui paraît bizarre : il s’attendait à une chambre de deux et à fréquenter des non-Juifs. Et le voilà obligé d’occuper le lit sous la couchette d’un certain Flusser qui le traite avec mépris. La cohabitation est difficile, son « coturne » se moque sans cesse de lui, ne se lève jamais avant midi, sèche les cours. Et quand Marcus se couche pour dormir, lui met du Beethoven sur son électrophone ou répète son rôle dans La nuit des rois.

    Marcus cherche un autre lit vacant sur le campus. En fin de semaine, il travaille comme serveur dans une auberge pour aider ses parents qui ont dû emprunter pour lui payer ses études. Un soir, il finit par craquer et arrache le disque de l’électrophone avant de le jeter contre un mur. Les deux autres essaient de le calmer, pour eux Flusser est « un emmerdeur », c’est tout. Après plusieurs semaines, il trouve enfin un lit près d’un étudiant non-juif de quatrième année, Elwyn Ayers Jr, dont la seule passion en dehors des études est de rouler dans une Touring Sedan La Salle noire de 1940. Un garçon si silencieux que vivre avec lui « revenait pratiquement à vivre tout seul. »

    Marcus est le premier de sa famille à faire des études supérieures. Il veut « tout faire dans les règles », seule sa réussite peut justifier à ses yeux le coût de ses études et le sacrifice de sa mère qui a recommencé à travailler dans la boucherie à plein temps. Si la guerre de Corée se prolonge, son diplôme lui vaudrait un statut d’officier. Aussi refuse-t-il les invitations à entrer dans une fraternité. Il est là pour « bosser », pas pour s’amuser. Il a tout de même remarqué une fille au cours d’histoire américaine, « mince et pâle, avec des cheveux auburn foncé » et c’est elle, Olivia Hutton, qui va peu à peu le faire sortir de ses rails.

    Banlieue huppée de Cleveland, parents divorcés, Olivia révèle une étonnante audace sexuelle lors de leur premier rendez-vous, et la vie du jeune homme en est chamboulée. C’est à ce moment du récit que le narrateur – Marcus lui-même – nous apprend qu’il est mort à dix-neuf ans : « Est-ce à cela que ça sert, l’éternité, à ruminer les menus détails de toute une vie ? »

    Il y a dans ce roman (traduit par Marie-Claire Pasquier) quelque chose de l’atmosphère, de la tension qui règne dans Moïra de Julien Green. Marcus est si rigide sur ses principes qu’il va se mettre à dos, malgré ses excellents résultats, le doyen des étudiants, inquiet de constater qu’il a encore changé de chambre pour se réfugier dans une mansarde – serait-il incapable de tolérer la présence d’autrui ? – et furieux de l’entendre critiquer l’obligation faite aux étudiants d’assister quarante fois à l’office religieux du mercredi pour obtenir leur diplôme.

    Tout ira de mal en pis pour Marcus, vous l’avez deviné. Roman d’apprentissage, Indignation (les quatre syllabes d’un chant de guerre chinois qu’il reprend dans sa tête pendant les sermons insupportables) raconte comment la vie d’un garçon qui avait tout pour réussir tourne au cauchemar. On mesure en le lisant l’écart entre les mœurs des années cinquante et les libertés nouvelles qui s’épanouiront sur les campus universitaires vingt ans plus tard. Philip Roth y a mis l’énergie de la jeunesse, avec une telle force qu’il apparaît bien comme un des écrivains majeurs de la littérature américaine. Même sil cessait décrire.