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Exposition - Page 19

  • Eclat des années 30

    L’éclat des années 30, c’est le thème de « Flamboyant », l’exposition conçue par Louma Salamé, la directrice de la Villa Empain (construite de 1931 à 1934, mais quasi pas habitée par son propriétaire, Louis Empain). Après la grande guerre se manifeste alors une « soif d’amusement, de distraction et de loisirs » (Guide du visiteur, source des citations). Le sous-titre de l’exposition – « Un art de vivre dans les années trente » – renvoie aussi aux innovations artistiques de ces années-là.

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    Vues partielles du grand salon et de la salle à manger

    On découvre donc la Villa Empain meublée comme pour un collectionneur d’art (imaginaire), avec des objets et des œuvres des années 1920 et 1930. Au rez-de-chaussée, des meubles et du papier peint Art déco ornent les pièces côté jardin. Des peintures de Van de Woestijne et d’Anto Carte sont accrochées dans le grand salon. De l’autre côté, la table de la salle à manger est dressée dans le style de l’époque et au-dessus du buffet, je retrouve ce beau Portrait des enfants Y. Peters par Rodolphe Strebelle (admiré au musée d’Ixelles), près de meules de foin peintes par Spilliaert.

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    Lumière née de la lumière
    de Bang Hai Ja / Franz van Holder, Lumière

    J’ai déjà dit mon coup de cœur pour Lumière née de la lumière, l’œuvre de Bang Hai Ja, à la fenêtre de l’escalier ; cette fois, une grande toile de Franz van Holder, Lumière, y est associée – c’est beau. Il y a beaucoup à voir dans les différentes chambres à l’étage, en commençant par la chambre d’enfant remplie de jouets de l’entre-deux-guerres. Aux murs, Picabia, Strebelle et une gouache de Van de WoestyneLa petite Annonciation ; au sol, un tapis de Miró.

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    Chambre d’enfant / Rodolphe Strebelle, Portrait d'Olivier, s.d.,
    Province du Brabant wallon © Lola Pertsowsky

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    Van de Woestyne, La petite Annonciation

    Le fumoir, tapissé de motifs végétaux stylisés, est transformé en cabinet de curiosités : objets africains, faïences et céramiques… L’intérêt pour les contrées exotiques se manifeste aussi dans une peinture de Van Dongen, Femme debout dans le jardin, « une femme mystérieuse, à la fois parée et voilée, orientale et baudelairienne ».

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    Fumoir L'Oasis / Kees Van Dongen, Femme debout dans le jardin, 1912-13
    Huile sur toile. Private collection, Geneva © Lola Pertsowsky

    A côté de la salle de bain bleue, qui abrite deux vitraux du « Perroquet », un bar à vins qui était situé avenue de la Reine, le bureau restitue bien l’esthétique moderniste qui marque à cette époque le mobilier, l’architecture, avec des plans d’intérieurs et d’extérieurs. Une étonnante affiche du Palais des Beaux-Arts annonce une exposition sur Le bon goût et le mauvais goût (mars 1930). Dans la vitrine-bibliothèque, près d’une grande sculpture de serpent dressé, on peut admirer une collection de gracieux petits nus féminins en ivoire typiques de l’Art déco.

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    Vues partielles du bureau / Bahut d'Oscar Jespers (en haut)

    Au-dessus du lit dans la chambre à coucher, une Composition abstraite de Marthe Donas, qui signait alors Tour Donas, au masculin. La pièce est consacrée à la naissance de l’abstraction en Europe, avec entre autres une huile de Kandinsky, Contact (1924). Dans le boudoir, une coiffeuse basse Art déco au miroir rond invite à s’asseoir entre un beau Batelier d’Anto Carte et une peinture de Gustave De Smet – les artistes belges sont à l’honneur. Deux vitrines renferment de jolis accessoires de dames : minaudières, jumelles, réveil… Je craque pour une petite boîte turquoise d’inspiration japonaise.

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    Chambre à coucher ou Chambre de Monsieur
    Marthe Donas, Composition abstraite, 1920, Huile sur bois
    Private collection, Gent © Lola Pertsowsky

    Le « salon intime de Madame », à l’angle, est souvent la pièce la plus envoûtante des expositions organisées à la Villa Empain. Tendue de rouge et or, éclairée de façon spectaculaire, elle contient deux œuvres très séduisantes : le Matisse au-dessus du canapé, Jeune fille à la Mauresque, robe verte, et un superbe paravent de Max Ingrand, le créateur de la Voie lactée au plafond du rez-de-chaussée : La naissance de Vénus. On y voit aussi une aquarelle où Spilliaert a peint sa chambre – draps blancs, lavis de noir pour les murs. Le dressing n’est pas en reste avec de jolis dessous, robes et chapeaux. « Flamboyant » offre une plongée dans l’ambiance et l’esthétique des années trente, avant que l’Europe ne sombre dans la seconde guerre mondiale.

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    Le salon intime de Madame / Max Ingrand, La naissance de Vénus (paravent, détail)

    La visite se prolonge au sous-sol avec Heliopolis. La ville du soleil, une seconde exposition. « Des liens historiques étroits lient la Villa Empain / Fondation Boghossian de Bruxelles à la « Villa hindoue », aussi appelée « The Hindou Palace » ou « Qasr al Baron » d’Héliopolis en Égypte. La première a été une demeure de Louis Empain (1908-1976) ; la seconde avait été voulue par son père, Édouard Empain (1852-1929), entrepreneur belge hors du commun, dans la ville qu’il a contribué à créer dans le désert au nord-est du Caire. » (Catalogue)

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    Couverture du catalogue (à télécharger en ligne

    Cette exposition très intéressante (photographies interdites) présente l’histoire du site égyptien depuis l’Antiquité jusqu’à la création de la Nouvelle Héliopolis au début du XXe siècle : plans, objets, photographies, sculptures, documents divers évoquent la cosmogonie du dieu solaire, la fuite de la Sainte Famille en Egypte, ainsi que « l’Héliopolis du baron Empain et du pacha Boghos Nubar », une incroyable affaire immobilière qui a vu naître dans le désert une nouvelle ville Art déco destinée aux habitants du Caire à la recherche de plus de confort et d’espace. Les deux expositions seront visibles à la Villa Empain jusqu’au mois d’août.

  • Devant la glace

    chefs-d'oeuvre du guggenheim,de manet à picasso,la collection thannhauser,exposition,aix-en-provence,hôtel de caumont,peinture,art moderne,cultureScène intime. Une femme tire sur le lacet de son corset devant un miroir. Sur le site du musée Guggenheim de Bilbao, je lis ceci : « Manet fut l’un des artistes à aborder la mode de l’époque, mais il décrivait aussi avec audace l’espace privé. Son modèle, à moitié habillée dont on voit la peau, est une représentation qui subvertit le nu classique. »

    Ce serait le portrait d’une prostituée, d’une facture beaucoup plus libre que celui de Nana, dont on le rapproche. Femme à sa toilette de Berthe Morisot pourrait y répondre : on y voit une femme devant un miroir, la main dans les cheveux – pour se coiffer ou défaire sa coiffure avant de se déshabiller ?

    Femme au miroir : un beau thème pour traverser l’histoire de la peinture et de la représentation féminine, vous ne trouvez pas ?

    Manet, Devant la glace, 1876
    (Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)

  • Collection Thannhauser

    A Aix-en-Provence, l’Hôtel de Caumont présente une belle exposition : « Chefs-d’œuvre du Guggenheim. De Manet à Picasso, la collection Thannhauser ». Dès l’ouverture de sa Moderne Galerie à Munich en 1909, Heinrich Thannhauser a pris l’option de « l’audace artistique » en montrant « de nouveaux talents et des artistes expérimentaux » (les citations sont extraites du catalogue). Son fils Justin, son successeur, a fait une donation importante de 75 tableaux de sa collection au musée Guggenheim en 1963, après avoir perdu ses deux fils puis sa femme. Ainsi, selon lui, « l’œuvre de [sa] vie trouvait enfin son sens. »

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    Seurat, Paysanne assise dans l’herbe, 1883 (Solomon R. Guggenheim museum, New York)

    Dès l’entrée de l’exposition, j’ai été touchée par les trois toiles lumineuses et paisibles de Seurat : Paysanne assise dans l’herbe, Paysannes au travail, Paysan à la houe. Encore sous influence impressionniste en 1882-1883, il peint déjà par petites touches de couleurs complémentaires (vert, bleu, jaune). Leur atmosphère contraste avec un portrait de Cézanne, Homme aux bras croisés, mis à l’honneur dans sa ville.

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    Cézanne, Bibémus, vers 1894-1895 (Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)

    Les peintures suivantes, de Manet et de Renoir, sont antérieures ; de grands peintres se côtoient ici avec bonheur. Des paysages de Cézanne retrouvent leur région natale, comme Bibémus, affiche de l’exposition, accompagnés de natures mortes aux fruits et objets mis en valeur sur une nappe blanche. Celles-ci font l’objet d’une intéressante analyse dans le catalogue, « Le pouvoir d’étonner » par Sasha Kalter-Wasserman.

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    Va, Gogh, Montagnes à Saint-Rémy, 1889 (Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)

    Van Gogh est bien représenté avec trois toiles : Le Viaduc (Asnières, 1887), Paysage enneigé (Arles, 1888) et surtout Montagnes à Saint-Rémy (1889). Sur trois ans, quelle évolution ! Après avoir quitté Paris pour Arles en février 1888, ses couleurs changent, sa palette devient « nettement plus colorée », comme il l’écrit à son frère Théo. L’année suivante, à la suite de plusieurs crises, Vincent trouve refuge à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence et y peint des paysages tourbillonnants. Il faut s’attarder devant ces montagnes mouvementées, ces arbres et cette maison à leur pied, ces fleurs au bord du chemin – comment ne pas s’émouvoir ? Un beau Gauguin est accroché non loin, Haere Mai.

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    De nombreuses photographies en noir et blanc sont présentées tout au long du parcours, on y voit les membres de la famille Thannhauser et des documents, des vues d’expositions où figuraient les artistes exposés. Certaines photos en grand format donnent l’impression de côtoyer les visiteurs d’alors, la scénographie est soignée. On en trouve plus encore dans le catalogue, pour un tiers consacré à l’histoire du galeriste et de la collection. Dans une vitrine, près de trois petites danseuses de Degas en bronze, j’ai aimé cette petite sculpture de Maillol, Femme au crabe.

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    Maillol, La Femme au crabe, vers 1902-1905 (Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)

    Un portrait de Mistinguett par Picabia, des Picasso du début –Justin K. Thannhauser a été en relation étroite avec l’artiste espagnol, dont trente œuvres ont été léguées au Guggenheim – font la transition vers la seconde partie de l’exposition à l’étage supérieur. Coup de cœur pour La montagne bleue de Kandinsky, un festival de couleurs dans ce paysage et les tenues des cavaliers ! L’énorme Vache jaune de Franz Marc explose aussi de vitalité, en contraste avec une belle toile de Robert Delaunay, La Ville, aux petites touches rouges, bleues, turquoises, entre les gris et les beiges de ce beau paysage urbain.

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    Kandinsky, La montagne bleue (détail), 1908-1909 (Solomon R. Guggenheim museum, New York)

    Sans pouvoir ni vouloir tout énumérer, je vous signale les très amusants Joueurs de football d’Henri Rousseau qui lancent un ballon ovale, des joueurs de rugby en fait. Place au cubisme ensuite, avec de beaux Juan Gris comme Les Cerises. De Braque, je ne connaissais pas ce goût des couleurs chaudes révélé dans Théière sur fond jaune, une peinture plus tardive.

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    Picasso, Femme aux cheveux jaunes, 1931(Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)

    Le parcours se termine avec une belle série de Picasso, notamment une toile malicieuse offerte à Justin et à sa femme pour leur mariage, Le Homard et le Chat. Femme aux cheveux jaunes est un merveilleux portrait de Marie-Thérèse, d’une grande douceur. Cette cinquantaine de Chefs-d’œuvre du Guggenheim ont quitté pour la première fois le musée Guggenheim de New-York. Après Bilbao et avant Milan, ils sont exposés à Aix-en-Provence jusqu’au 29 septembre.

  • Mixité

    Speedy Graphito (13).JPG« Les références, sorties de leur contexte et débarrassées de leurs matrices, sont réorganisées dans un dialogue cosmopolite. Elles forment ainsi un nouvel univers, le reflet d’une mixité propre au monde d’aujourd’hui. »

    Speedy Graphito

     

    Le musée imaginaire de Speedy Graphito
    Hôtel Départemental des Arts, Toulon,
    jusqu’au 2 juin 2019 (Entrée libre)

  • Speedy Graphito

    A l’Hôtel des Arts de Toulon, Speedy Graphito présente son « musée imaginaire » : cet artiste populaire de l’art urbain en occupe tous les espaces, aménagés par lui. Le visiteur est accueilli avec humour (remarquez le cadre noir inachevé) : « Bonjour je m’appelle Speedy Graphito et je fais ce qui me plait. »

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    © Speedy Graphito

    L’accrochage est thématique, un in-folio intitulé « Le musée imaginaire de Speedy Graphito par Speedy Graphito » présente chacune des salles du rez-de-chaussée et du premier étage, du « Naturalisme » au « Street art ». Le sujet ou les éléments représentés dans ses peintures sont issus de la culture populaire ou inspirés par des œuvres connues de grands peintres, dans un mélange coloré qui ne laisse aucune place au blanc, au vide.

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    © Speedy Graphito (Naturalisme)

    Fuyant Paris, Speedy Graphito s’est installé en Normandie dans les années 1980 et s’y est laissé inspirer par la nature, ses couleurs, une atmosphère de « temps retrouvé ». Puis l’isolement et « l’abandon du marché de l’art » l’ont ramené, écrit-il, « à la raison de la civilisation ». A chaque peinture son clin d’œil, comme avec cette irruption numérique dans un paysage de montagne : « Do you want to save ? » J’ai aimé l’œuvre la plus récente présentée dans la première salle, une étonnante Diane végétale (2018).

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    © Speedy Graphito, Diane, 2018 (acrylique sur toile)

    L’hommage au surréalisme moderne est explicite : atmosphère à la De Chirico où un petit chien de Jeff Koons tient compagnie à un torse antique, personnages de bandes dessinées mêlés aux figures de Picasso, Matisse ou Dali… Sur un mur couvert de motifs bleus et blancs, Le baiser (2018), avec l’oiseau de Twitter et d’autres emprunts divers et variés, dans les tons pastel, reprend une scène de Magritte – la pipe souligne la référence. L’artiste considère les surréalistes comme ses ancêtres, exemplaires de liberté créatrice.

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    © Speedy Graphito, Le baiser, 2018 (acrylique sur toile)

    Les calembours ne sont pas seulement visuels : dans le couloir, Le Saint Dessin (1988) décline en triptyque des volumes dessinés dans les gris et bruns des cubistes. Speedy Graphito a peint la cage d’escalier in situ, un peu à la Keith Haring : « L’abandon de la couleur concentre l’attention sur le geste. » Avant de monter à l’étage, il est intéressant de l’écouter expliquer sa façon de travailler dans une vidéo – dans la salle sont exposées ses « ressources », des photos de toiles d’artistes qu’il admire et dont il s’est inspiré.

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    Vidéo YouTube : Art Is Life, Speedy Graphito (2014)

    A l’étage, le thème des « Nouvelles technologies » est décliné dans des peintures ersatz : ici un écran de téléphone, là une simulation d’image numérique en grand format à l’aide de couvercles de bocaux en guise de pixels – à regarder à travers son appareil photo, signale le gardien, et en effet, le recul décode de façon surprenante l’image inspirée par une star de la téléréalité (pour ceux qui la connaissent).

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    © Speedy Graphito (Nouvelles technologies)

    Après « Sur le chemin de l’abstraction », la salle intitulée « Mon histoire de l’art » comporte une étonnante Annonciation (2018) dont les figures sont très reconnaissables et détournées – voyez l’ange devenu petit diable se détacher sur le pont japonais du jardin de Monet ! Les autres peintures s’inspirent à la fois du pop art et de l’art moderne.  

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    © Speedy Graphito, L'annonciation, 2018

    L’exposition de Speedy Graphito est très variée. Son parti pris ludique prend différentes formes : des motifs « internet » repris en bleu et blanc sur des assiettes, des sculptures-jouets, une série de clichés où une question se pose aux gens qui se photographient devant des sites célèbres – Voulez-vous vraiment prendre cette photo ? Devant l’usage qu’il fait des images connues dans un incessant recyclage, il y a dans ce musée imaginaire comme une fuite en avant : tout a-t-il été montré ? ne peut-on que répéter, à la manière du matraquage publicitaire ?

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    © Speedy Graphito (Société)

    Le parcours se termine sur le thème du « Street art », présenté « comme le dernier mouvement artistique populaire », favorisé par les réseaux sociaux, « nouveau marché financier » plus accessible que celui de l’art contemporain plus hermétique. La bombe de peinture géante (ci-dessous, à gauche) est-elle peinture ou bombe ?

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    © Speedy Graphito (Street Art)

    Personnages de dessins animés, logos commerciaux, tags et graffiti prennent possession de tout l’espace disponible. De quoi se sentir finalement dans l’espace urbain, comme Bambi, pris au piège dans une forêt de signes : les motifs surabondent, comme les mots-clés sur le mur qui sert de fond à cette toile. Ce joyeux détournement égalise en même temps qu’il rend hommage.

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    © Speedy Graphito (Street Art)

    Merci à Brigitte (Plumes d’anges) de m’avoir signalé cette exposition toulonnaise, installée à l’Hôtel des Arts jusqu’au 2 juin prochain (entrée libre), je ne m’y serais peut-être pas arrêtée. Speedy Graphito s’y révèle passionné d’art, avec un regard décalé, débordant d’énergie, et un sens certain de la composition, voire de la mise en scène.