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Culture - Page 330

  • Rencontres à Balbec

    Après avoir longtemps rêvé de Balbec, c’est dans « Noms de pays : le pays » (A l’ombre des jeunes filles en fleurs, seconde partie) que nous y retrouvons le Narrateur, deux ans plus tard, en compagnie de sa grand-mère. Les séparations ne sont jamais pour lui sans douleur, sa mère a rejoint son père à Saint-Cloud : « Pour la première fois, je sentais qu’il était possible que ma mère vécût sans moi… » 

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    Emporté de gare en gare, « d’un nom à un autre nom », il est l’objet de la sollicitude de sa grand-mère qui l’encourage à lire, en particulier Mme de Sévigné – « une grande artiste de la même famille qu’un peintre que j’allais rencontrer à Balbec et qui eut une influence si profonde sur ma vision des choses, Elstir. »

     

    Arrivé à Balbec, il lui faut voir d’abord l’église, dont le site, la réalité diffèrent absolument de ce qu’il avait imaginé. C’était bien plus, mais « moins aussi peut-être. » La Vierge métamorphosée en « petite vieille de pierre » achève de le décevoir. A Balbec-Plage, le Grand-Hôtel, le directeur, le lift, tout l’intimide et aussi la chambre inconnue, inhospitalière : sa grand-mère convient avec lui des trois petits coups contre la cloison pour communiquer entre eux.

     

    « Mais le lendemain matin ! » Joie d’avoir sous les yeux la mer changeante, d’observer les gens. Les habitués appellent le maître d’hôtel par son prénom, Aimé ; les bourgeois restent entre eux ; une vieille dame ne se montre qu’en compagnie de sa femme de chambre et d’un valet de pied. Mlle de Stermaria l’attire, mais chacun ici limite ses relations à sa classe sociale.

     

    L’apparition miraculeuse de la marquise de Villeparisis, amie de sa grand-mère, améliore leur statut au Grand-Hôtel, « théâtre social ». La visite de la princesse du Luxembourg à la marquise et son amabilité à leur égard parachèvent leur bonne réputation. Invité aux excursions de Mme de Villeparisis, il l’écoute parler des églises, des écrivains qu’elle a connus. En revenant de Carqueville où elle lui a montré l’église couverte de lierre, il ressent soudain, en apercevant trois vieux arbres, ce « bonheur profond » ressenti à Combray avec les clochers de Martinville.

     

    Le Grand-Hôtel, la chambre, deviennent un foyer familier. Mme de Villeparisis, très aimable, leur offre roses, melons, livres, promenades et effusions verbales. Il goûte ses mots d’esprit. A sa grand-mère, il confie un soir qu’il ne pourrait vivre sans elle – troublée, elle tâche de le raisonner.

     

    Le jeune neveu de la marquise, qui prépare Saumur, fascine le Narrateur dès son arrivée : « grand, mince, le cou dégagé, la tête haute et fièrement portée », la peau « aussi blonde et les cheveux aussi dorés que s’ils avaient absorbé tous les rayons du soleil ». « Vêtu d’une étoffe souple et blanchâtre comme je n’aurais jamais cru qu’un homme eût osé en porter », des yeux « de la couleur de la mer » quand son monocle en tombe, il attire tous les regards : « on savait que ce jeune marquis de Saint-Loup-en-Bray était célèbre pour son élégance. » 

     

    L’air hautain de Saint-Loup se mue, une fois les présentations faites, en une grande aisance à parler de littérature, et, « les premiers rites d’exorcisme une fois accomplis », en amitié véritable : le jeune homme se révèle un intellectuel aux idées socialistes, il conquiert sa grand-mère par son « naturel » et ses attentions pour son petit-fils. Très vite, ils sont « de grands amis pour toujours ». Le Narrateur en est aussi touché qu’embarrassé, il sait n’être lui-même que dans la solitude et malgré lui, il observe en Robert de Saint-Loup le « noble »« comme une œuvre d’art ».

     

    Bloch, croisé sur la plage, où il s’affiche avec sœurs, parents et amis, soupçonne son ami de snobisme en le voyant fréquenter Saint-Loup, alors que c’est lui qui est « mal élevé, névropathe, snob ». Il les invite tous deux chez lui, mais Saint-Loup attend son oncle Palamède, autrement dit le baron de Charlus – autre portrait d’anthologie.

     

    Lors des présentations, le Narrateur est impressionné par le « terrible regard en coup de sonde » de « Palamède de Guermantes ». C’est la révélation soudaine d’une appartenance qui lui avait échappé : Mme de Villeparisis est liée aux Guermantes ! Grand ami de Swann, le baron de Charlus a des manières très libres sous son masque de bel aristocrate, un « parti-pris de virilité » conjugué à une « sensibilité des plus fines », une voix où se glisse parfois « une douceur imprévue ». Il l’étonne en lui apportant un soir un livre de Bergotte, informé de ses insomnies, et le lendemain, en lui assénant une « petite douche » verbale pour lui apprendre à exprimer ses sentiments avec plus de réserve.

     

    (A suivre)

     

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  • Nasreddin Hodja

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    « Les élèves interrogent Nasreddin Hodja, leur instituteur :

    – Maître, quel homme a plus de valeur : celui qui conquiert un empire par la force, celui qui peut le conquérir, mais qui se l’interdit ou celui qui empêche un autre de s’emparer d'un tel empire ?

    Perplexe, Hodja répond :

    – Je n’en sais rien. Mais je sais quelle est la tâche la plus difficile au monde.

    – Laquelle ? demandent les élèves.

    – Vous apprendre à voir les choses comme elles sont réellement. »

     

    D’autres contes délicieux à lire sur le site : http://nasreddinhodja.blogspot.be/

     

     

     

  • La petite Anatolie

    A Bruxelles, « la petite Anatolie » est le surnom d’un quartier à cheval sur deux communes, Schaerbeek et Saint-Josse-ten-Noode. Dimanche dernier, c’était le but de la promenade guidée proposée par PatriS en « prélude à Europalia Turquie ». Le rendez-vous était donné sous le porche de l’église royale Sainte-Marie, paroisse autrefois aristocratique, située entre le Palais de Bruxelles et le château de Laeken 

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    Colonnes du porche de l'église royale Sainte-Marie

    Yves Jacqmin nous y a présenté le quartier et la communauté belgo-turque qui l’habite aujourd’hui avec un grand souci d’objectivité et de nuances, à rebours des clichés. Nous irons donc cette fois non pas à la découverte du patrimoine, mais de lieux liés à cette communauté très attachée à son pays d’origine. 

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    En 1964, comme on l’a rappelé l’an dernier pour les cinquante ans de l’immigration marocaine et turque, l’Etat belge a fait appel aux travailleurs étrangers pour ses industries et ses gros chantiers, la main-d’œuvre manquait. Ensuite, avec le regroupement familial et les familles nombreuses, la communauté belgo-turque s’est accrue en Belgique, on l’estime aujourd’hui à environ 150000 personnes. Parmi les Bruxellois d’origine étrangère, un dixième est d’origine turque (derrière la France, l’Italie, le Maroc, la Pologne et le Portugal, entre autres).

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    Bruxelles multiculturelle

    Les habitants du quartier sont pour la plupart originaires d’Emirdağ, une petite ville au cœur de l’Anatolie, d’où son surnom. D’abord locataires, ils sont devenus propriétaires, et c’est grâce à eux que le quartier se maintient et se développe, après avoir échappé au grand projet du quartier de la Gare du Nord qui prévoyait de le faire traverser, près de l’église royale, par une nouvelle « autoroute urbaine ». 

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    En haut de la rue des Palais, le guide nous montre une enfilade d’hôtels de maître où on reconnaît la signature de Frans d’Ours et Charles Neyrinck (1910), des architectes qui œuvraient à la même époque dans la prestigieuse avenue de Tervueren. Un peu plus bas, nous passons devant l’IFSFC, une haute école, puis nous nous arrêtons en face d’un grand immeuble récent. 

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    Trois étages y sont occupés par Fedactio, un groupe d’associations turques sous l’égide de Fethullah Gülen. Originaire d’Anatolie, émigré aux Etats-Unis, ce leader religieux promeut l’étude des sciences, l’engagement dans la société civile et l’ouverture aux autres « religions du Livre ». Il s’oppose à la politique actuelle du gouvernement turc. Certains le comparent à Calvin. « Fédération des associations actives de Belgique » : pas d’allusion à la Turquie sur la plaque de Fedactio, ni sur celle du centre culturel « Sema », rue de la Poste. C’est la même volonté de se fondre dans le pays d’accueil et aussi un signe d’indépendance par rapport aux organismes officiels turcs présents dans le quartier. 

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    Par la rue de la Constitution, nous rejoignons la chaussée de Haecht pour nous arrêter devant la grille verte de la Maison des Arts, juste en face de l’APAJ. Cette « Association Pédagogique d'Accueil aux Jeunes » vise la formation par le travail dans le domaine du bâtiment, il est dommage que la presse n’en parle que lors de problèmes liés à la délinquance (un tiers des places y est réservé à des personnes en semi-détention ou en surveillance électronique). 

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    En septembre s’ouvrira un peu plus loin la première école secondaire islamique en Fédération Wallonie-Bruxelles, dans la continuation de l’école primaire : « La Vertu » s’implante au cœur de la petite Anatolie, entre deux grandes écoles catholiques depuis longtemps ouvertes aux enfants du quartier : le Centre scolaire des Dames de Marie (CSDM), où flottent encore les bannières des 150 ans, et le Centre scolaire Sainte-Marie La Sagesse(L’ouverture de cette école confessionnelle a donc été autorisée finalement, bien qu’il ne manque pas d’écoles secondaires dans le quartier.)

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    Nous abordons ensuite un tronçon de la chaussée de Haecht très fréquenté pour ses restaurants turcs typiques, de plus en plus soignés (souvent de simples snacks à l’origine, comme ce « Snack anadolu » explicitement anatolien). Cet été, les terrasses ont envahi les trottoirs et remportent un joli succès, même par ce temps pluvieux. Les enseignes colorées sont nombreuses. Mes photos ne donnent pas grand-chose sous le ciel nuageux et la bruine qui nous accompagne. Certaines affichent leur lien avec la culture et la cuisine turques, d’autres la gomment, mais ici une « pizzeria » sert en réalité des pide, des barquettes à la turque. 

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    La communauté musulmane est représentée dans le quartier par différentes associations, parfois en désaccord : la BIF, Fédération islamique de Belgique, a pris ses distances par rapport à la puissante BTI Diyanet Vakfi, organe religieux officiel du gouvernement turc, en face du CSDM, où M. Erdogan ne manque pas de passer quand il vient à Bruxelles. Entre les deux, la mosquée Fatih a fait couler beaucoup d’encre lors de sa demande d’installation d’un minaret – non pour l’appel à la prière, mais pour plus de visibilité. L’autorisation lui a été finalement accordée, à condition d’en réduire la hauteur, via la législation existante sur les enseignes, une solution de compromis typiquement belge. 

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    En revenant sur nos pas, je remarque de nouvelles enseignes plus sobres, comme celle d’une boulangerie pâtisserie en cours d’installation, et l’affichage fréquent des trois langues locales : français, néerlandais et turc. Yves Jacqmin nous a cité des mots turcs très proches du français par leurs sonorités et expliqué quelques caractéristiques du turc qui facilitent l’apprentissage du néerlandais aux turcophones. Parmi les nombreux chiffres fournis, que je n’ai pas notés – le parapluie à la main, c’était difficile –, il y avait le faible pourcentage d’élèves bruxellois qui parlent le français quand ils rentrent chez eux.  

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    J’ignorais un autre aspect de la double nationalité : l’obligation du service militaire pour les Belgo-Turcs, réduit à trois semaines moyennant le paiement d’une somme importante et obligatoire pour conserver la nationalité turque. Mehmet Koksal, journaliste belge d’origine turque qui ne craint pas d’aborder les sujets tabous, s’est interrogé sur le cas des élus belgo-turcs qui ont prêté en Turquie un serment de fidélité qui pourrait mettre en conflit leurs deux appartenances. En tout cas, cette visite nous a montré une communauté belgo-turque plus diverse qu’on ne le pense.

  • Atelier d'artiste

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    Sur la place Lehon où nous avons terminé notre visite de l’église St-Servais, le guide nous a signalé pour terminer la grande vitre d’atelier du peintre Godefroid Guffens sur une façade ancienne datée de 1875. Remarquez les deux « G » de part et d’autre.

     

    Godefroid Guffens en a dessiné lui-même les plans, à la mode néo-Renaissance flamande. L'immeuble est classé depuis 1998. Des artistes y ont travaillé jusqu’en 1995, avant qu’on n’y aménage un duplex.

     

     

    Photo Michel Wal (Wikimedia Commons)

  • L'église St-Servais

    Inséparable de la belle avenue Louis Bertrand qu’elle domine, l’église St-Servais attend une restauration depuis des années – elle devrait commencer bientôt. Ce jeudi 23 juillet, Yves Jacqmin, notre guide PatriS, l’a présentée au groupe des Estivales, d’abord devant l’entrée où les échafaudages dissimulent en partie la statue du Saint. 

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    Paroisse historique de Schaerbeek, cette église a été construite pour remplacer la première, petite église de village, qui se situait en contrebas (emplacement marqué aujourd’hui par le grand « Vase aux Bacchantes » de G. Devreese). Il n’en subsiste que la cure et son jardin de curé. St Servais, premier évangélisateur en région gallo-romaine au IVe siècle, a été l’évêque de Tongres avant de partir pour Maastricht où se trouvent sa tombe et son « Trésor ».

     

    La décision de démolir l’ancienne église a été prise en 1864, malgré sa valeur architecturale – des artistes se sont mobilisés en vain contre cette destruction exécutée en 1905. La nouvelle église St-Servais inaugurée en 1876 et l’ancienne ont donc coexisté quelque temps. La petite, désacralisée, a servi de gymnase (on y pratiquait l’escrime) et d’école de dessin (qui préfigure l’Ecole de la Ruche). 

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    On compte une trentaine de paroisses dédidacées à Saint Servais entre la mer du Nord et Cologne. D’après la Légende dorée, inspiratrice de tant d’artistes, il descendrait de la sœur de Sainte Anne, mère de Marie. On raconte que, prisonnier des Huns, il a été protégé par des anges et un aigle. Le musée de Tongres contient des objets le concernant. Servais avait une réputation de diplomate. (C’est aussi le troisième des « saints de glace », fêté le 13 mai.)

     

    Les plans de l’église sont de Gustave Hansotte, architecte entre autres de l’église Royale Sainte-Marie. Le choix de son emplacement est lié avant tout à un plan d’urbanisme, le chœur n’est plus orienté vers l’est comme le voulait la tradition. La façade est signée. La commune de Schaerbeek s’est impliquée financièrement dans son édification, vu son accroissement démographique à la fin du XIXe siècle. 

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    L’église St-Servais est de style néo-gothique, mais de construction moderne avec une armature métallique dissimulée. Certaines pierres viennent de carrières locales, on a utilisé aussi la pierre de Gobertange. A l’intérieur, le guide nous rappelle la diversité du patrimoine religieux de Schaerbeek, tous les styles y sont représentés : éclectisme à l’Eglise Royale Sainte-Marie, romane et byzantine, néo-classicisme à Sts-Jean-et-Nicolas, néogothique pur ici et à Ste-Elisabeth (Cage aux Ours). Au XXe siècle, le néogothique sera mêlé à l’art déco ou stylisé.

     

    En outre, St-Servais a conservé son mobilier du XIXe siècle, « rescapé de Vatican II » : confessionnaux, chaire de vérité, fonts baptismaux, autels, statues polychromes, banc de communion sont restés en place. On les doit à des artisans spécialisés primés à des concours internationaux. L’orgue (1935) est remarquable, deux concerts par an permettent d’apprécier ses très belles sonorités. Il est du facteur allemand Johannes Klais.  

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    Bien qu’imitateur du XIIIe, le néogothique du XIXe siècle comporte sa part d’invention. Nous regardons des visages copiés de l’antique sous les colonnettes des ogives, une chaire de vérité en bois sculpté d’inspiration médiévale. Guillaume Geefs, l’auteur des fonts baptismaux (c’est lui qui a réalisé le monument de la Place des Martyrs) était aussi portraitiste royal. D’origine modeste (des parents boulangers), devenu bourgmestre en 1850, il a réussi une belle ascension sociale. Schaerbeek était au XIXe une commune de sculpteurs : Léon Mignon y avait son atelier, Paul De Vigne, Constantin Meunier (avant de s’installer rue de l’Abbaye), Charles Van der Stappen

     

    Les toiles anciennes accrochées à gauche du chœur proviennent de l’ancienne église St-Servais, qui dépendait du chapitre de Soignies. On y faisait la quête pour l’entretien des églises mais l’abbaye tardait à restituer cet argent à la fabrique d’église de St Servais qui peinait déjà pour assurer les travaux nécessaires. Heureusement, des curés actifs prenaient des initiatives, comme l’organisation d’un pèlerinage à St-Servais dont on faisait le tour à cheval. 

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    D’autres tableaux viennent de « couvents improductifs » fermés par Joseph II, comme la « Vision de Saint Servais » par Gaspard de Crayer, un Christ en croix et une Assomption du XVIIe siècle. A droite du chœur, une belle Annonciation est pour l’instant masquée par des échafaudages.

     

    La visite s’est terminée à l’extérieur. En prenant quelques photos avant de sortir, j’ai aperçu de beaux vitraux XIXe dans une chapelle latérale. Yves Jacqmin nous a fait remarquer qu’en faisant le tour de l’église, nous descendons : cette déclivité du terrain a été récupérée par le bâtiment, l’entrée latérale comporte un perron. Le chevet, entouré d’une grille en fonte, est surmonté de faux arcs-boutants. Une petite entrée basse donne sur la sacristie, invisible de l’intérieur. De ce côté aussi, l’église est judicieusement placée dans la perspective de la rue Gallait. 

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    Si comme moi, vous n’étiez jamais entré dans l’église St-Servais, je vous recommande la prochaine visite programmée ce jeudi 30 juillet à 12h30 – si les inscriptions sont encore ouvertes.