Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nature - Page 58

  • Vert Moeraske

    2 juin 2011. Jeudi de l’Ascension, plein soleil. Du temps pour se promener le long des voies ferrées près de la gare de triage de Schaerbeek, et plonger dans la verdure du Moeraske. Il ne reste pas beaucoup de traces visibles de la Senne à Bruxelles, ce « petit marais » au fond de la vallée en est une. Cette fois, j’emporte l’appareil photo, il y a tant à voir en chemin.

    Moeraske 1.jpg

    Devant les maisons de maître schaerbeekoises, aujourd’hui de plus en plus souvent divisées en appartements, les jardinets vivent des fortunes variables. Certains offrent encore de beaux bouquets de roses, d’autres ont pris l'allure plus sauvage d'un fouillis végétal, et c’est mieux que ceux qu’on a fait disparaître sous les dalles, pour supprimer la corvée de jardinage. Cà et là, un agencement inédit, de subtiles alliances composent sur quelques mètres carrés un véritable jardin d’agrément.

    Moeraske jardinets 2.jpg

    Quand on descend vers cette bande verte qui flanque le chemin de fer, très vite, on oublie la ville. Le long des voies, des potagers bien tenus alignent salades et légumes, un cabanon se plaît sous des rosiers grimpants. Ensuite, plus de lignes, plus d’ordonnancement : nous voilà dans la réserve naturelle du Moeraske. Dans le marais, des roseaux en abondance. Il faut que l’œil s’habitue à tout ce vert qui habille même la surface des eaux – par ici coule le Kerkebeek – pour discerner canards et poules d’eau près des rives.

    Moeraske potagers.jpg

    La lumière matinale joue dans les arbres, dessus, dessous. Enchevêtrement de feuillages, seuls les troncs balisent l’espace. Sur le chemin, l’un ou l’autre cycliste, quelques familles en promenade, des gens qui baladent leurs chiens. Un lapin traverse, aussitôt à l’abri dans les fourrés. Cris d’oiseaux : il faudrait apprendre à les reconnaître tous, plein d’espèces nichent dans ce biotope naturel. Une pie, tout un temps, sautille, nous devance de quelques mètres, pas farouche.

    Moeraske vert.jpg

    Sentier de droite ? de gauche ? Celui-ci mène dans les orties ; plutôt que de rebrousser chemin, nous grimpons sur le talus glissant, où les arbres offrent heureusement quelque appui plus solide. Changement de décor, un bosquet de bouleaux, puis une prairie fraîchement fauchée, des maisons : nous sommes à Evere, la commune voisine, et bientôt nous sortons de tout ce vert pour traverser la place en travaux près de la vieille et charmante église Saint Vincent. 

    Moeraske St Vincent.jpg

    Un peu plus loin, sur le chemin du retour, un spectacle inattendu : comme chaque année à l’Ascension, c’est ici que se retrouvent les archers du pays pour leur championnat national. Du monde pour cette compétition, les sportifs, les équipes, et tout l’équipement : arcs et appareils photos sur des trépieds, jumelles, cibles au bout du terrain, intendance. Le geste est lent, sûr, précis. Envol de flèches… Pas facile de les suivre à l’œil nu ! Du beau monde, nous dit-on : la championne de Belgique, championne olympique de tir à l’arc est là, sur la gauche, en survêtement bleu. Fête du tir à l'arc.

    Moeraske Tir à l'arc.jpg

    Le vert Moeraske est un de ces poumons qui améliorent la vie en ville et préservent la biodiversité urbaine. Comme l’illustre le beau projet « sauvages de ma rue » en région parisienne, « les espaces verts tempèrent les canicules, participent à l’absorption des gaz à effet de serre, aident à la dépollution de l’eau et du sol et sont également essentiels au bien-être et à la santé des habitants. De plus, leurs rôles culturels et récréatifs participent au plaisir d’habiter les villes. » Et c’est en effet un plaisir particulier, très différent de celui qu’on ressent dans les parcs et jardins bruxellois, d’arpenter ce type de territoire où la nature a retrouvé sa liberté.

  • Majorque

    Pause mallorquine / 3             

    Majorque le soir.jpg

    « La Suisse et le Tyrol n’ont pas eu pour moi cet aspect de création libre et primitive qui m’a tant charmé à Majorque. Il me semblait que, dans les sites les plus sauvages des montagnes helvétiques, la nature, livrée à de trop rudes influences atmosphériques, n’échappait à la main de l’homme que pour recevoir du ciel de plus dures contraintes, et pour subir, comme une âme fougueuse livrée à elle-même, l’esclavage de ses propres déchirements. A Majorque, elle fleurit sous les baisers d’un ciel ardent, et sourit sous les coups des tièdes bourrasques qui la rasent en courant les mers. La fleur couchée se relève plus vivace, le tronc brisé enfante de plus nombreux rejetons après l’orage ; et quoiqu’il n’y ait point, à vrai dire, de lieux déserts dans cette île, l’absence de chemins frayés lui donne un air d’abandon ou de révolte qui doit la faire ressembler à ces belles savanes de la Louisiane, où, dans les rêves chéris de ma jeunesse, je suivais René en cherchant les traces d’Atala ou de Chactas. »

    George Sand, Un hiver à Majorque

  • A ciels ouverts

    Si Yann-Arthus Bertrand ne se lasse pas de nous montrer La terre vue du ciel, le ciel vu de la terre inspire naturellement les photographes, artistes ou amateurs. Dans l’amphithéâtre de la Bibliothèque Sésame, une exposition en témoigne : « Schaerbeek à ciels ouverts », visible tout l’été jusqu’au 20 septembre prochain.

    Sésame Expo photos.jpg.JPG

    C’est en découvrant la plate-forme au dixième étage de la Résidence Bel-Air (boulevard Lambermont) que Philippe Massart a trouvé son bonheur de photographe. Il en a fait son nid d’aigle : « Le citadin passionné par les grands horizons est un être souvent frustré… Des immeubles, des poteaux, des arbres ou des câbles, il y a toujours un obstacle qui empêche de voir le ciel grand ouvert. » Là, enfin, une vue dégagée.

    Ses photos, prises durant ces dernières années, montrent « Les quatre saisons du ciel au-dessus des toits de Schaerbeek ». Le choix d’une ligne d’horizon très basse réduit le plus souvent la ville aux silhouettes des maisons et des immeubles. Les cheminées, les tours, les clochers des églises, tout ce qui « dépasse » permet aux Bruxellois de reconnaître la direction prise par l’objectif.

    Sésame entrée.jpg.JPG

    Mais le ciel constitue le champ essentiel à contempler. Le lever et le coucher du soleil offrent les couleurs les plus somptueuses, allument les nuages, révèlent le grillage des stries laissées par les avions qui survolent Bruxelles. On y parcourt toute la gamme des couleurs chaudes, entre autres dans un magnifique ciel pommelé – presque exotique. Sur une photo de jour, un panache de fumée monte à l’assaut de l’azur. En regardant attentivement ce qui se dessine là-dessous, on distingue d’une photo à l’autre le dôme de l’Eglise Royale Sainte-Marie, la tour Reyers, le Brusilia, l’Atomium, la flèche de l’église de Laeken

    Allez-y faire un tour, l’entrée est libre, vous ne le regretterez pas. Ne manquez pas cette photographie de l’hiver 2010, avec ses jolies maisons sous la neige dans l’arrondi d’une grande avenue. Elles attirent en premier lieu le regard, mais derrière elles se profilent les gratte-ciel du quartier Nord – une image significative du passage des quartiers « à taille humaine » à la ville contemporaine, qui vise toujours plus haut, comme on vient de l’apprendre avec le feu vert accordé par la Ville de Bruxelles à la future Tour Premium le long du canal, une tour de 42 étages culminant à 140 mètres de hauteur.

     

    Sésame Mosaïque Schreyers.jpg.jpg

    D’autres photos de Philippe Massart complètent cette exposition, à la Bibliothèque Mille et une pages, place de la Reine. Internautes, vous pouvez explorer les galeries photos de Philmass, amoureux des paysages d’Irlande ou de Provence, randonneur des villes et des montagnes, ami des arbres et des nuages en Belgique ou ailleurs.
    « Il y a de ces jours où l'on ne peut que rester sans voix en admirant le ciel s'allumer et se transformer en peinture », écrit-il.

  • Peindre la forêt

    Rendez-vous amoureux, promenades, jeux, pique-niques, bien des Bruxellois peuvent les associer avec le « Jardin de Bruxelles », son poumon principal, sa cathédrale de hêtres : la forêt de Soignes. Le musée d’Ixelles propose jusqu’au 10 janvier une exposition pour les amoureux de peinture et de nature, « Les peintres de la forêt de Soignes » de 1850 à 1950. Pour fêter le centenaire de leur association, les Amis de la Forêt de Soignes (aujourd’hui en péril) proposent aussi aux Halles Saint-Géry une exposition sur ce « patrimoine unique porteur d’avenir ». Comme la forêt de Fontainebleau a inspiré les peintres de Barbizon, cette magnifique forêt a attiré les pleinairistes. Leurs paysages sont regroupés autour de quatre artères qui la traversent : l’avenue de Tervueren avec l’école artistique du même nom, la chaussée de Wavre et le pittoresque Rouge-Cloître, la chaussée de la Hulpe et Boitsfort, les chaussées de Waterloo et d’Alsemberg à Uccle et Linkebeek. 

    Affiche de l'expo.JPG


    Si Avril à Tervueren de Lucien Frank offre une lumière printanière, les toiles du dix-neuvième siècle sont généralement plus sombres, comme Les cueilleurs de baies aux étangs de Robiano à Tervueren ou les élégantes d’Emile Jacques (Repos au parc
    de Tervueren
    ). Un grand triptyque mélancolique de François Halkett, Dans la sapinière, montre deux femmes installées sur des chaises sous les arbres : l’une d’elles paraît souffrante, on lui ajuste un châle sur l’épaule.
    Plus gaie, une étonnante Fête de nuit de Degouve de Nuncques, où des lampions japonais et des guirlandes électriques se reflètent dans un étang bordé de saules pleureurs au vert phosphorescent.
     

    Halkett François, Dans la sapinière.JPG

     

    Contraste de lumière – cette belle lumière de la forêt de Soignes attirait Rodin pendant son séjour en Belgique – mais aussi de matière picturale entre La mare aux grenouilles d’un Delvaux encore réaliste et Au jardin de Jan Brusselmans qui fragmente la touche. Bastien, « le peintre du Rouge-Cloître » (un ancien prieuré à l’orée de la forêt de Soignes devenu centre d’art), y a peint sa maison sous la pluie ;
    sa matière rend bien l’atmosphère des lieux, comme dans La bergerie de Troisfontaines où les nuages se parent de couleurs orangées. Chaque peintre a son regard. Oleffe donne plus d’importance aux personnages qu’au décor (En août). Degreef, lui, s’immerge complètement dans le Sous-bois de Blankedelle ou peint une Paysagiste à son chevalet. Léon Houyoux peint à la manière impressionniste (La Woluwe à Val-Duchesse). Paul-Jean Martel, découvert ici, choisit des tons si clairs qu’il faut deviner les formes, par exemple, dans sa Terrasse au Rouge-Cloître.
     

    Degreef, La paysagiste.JPG

     

    Toutes les saisons attirent les peintres. Pour son Braconnier, Isidore Verheyden rend des tons d’automne, sous un ciel cuivré en écho aux feuilles mortes qui jonchent le sous-bois. Anne-Pierre de Kat, dans Le ravin, le tableau le plus rythmé de cette exposition, que j'ai eu plaisir à détailler, représente des patineurs sur un étang gelé, on y aperçoit aussi des cavaliers. Une petite toile de Vogels montre le peintre Pantazis peignant dans la neige, sa silhouette noire tranchant sur le blanc. Du côté de La Hulpe vivait un couple d’artistes réputés, Rodolphe et Juliette Wytsman. De celle-ci, j’ai aimé un paysage printanier tout en fleurs jaunes et ombres bleues (Verger à Linkebeek). Médard Verburgh rend à l’été tout son éclat dans Les toits rouges à Boitsfort, réjouissants, mais il ne peut cependant rivaliser avec Rik Wouters, le fauve brabançon, et sa grande Fenêtre ouverte sur Boitsfort. 

    VOGELS Guillaume, Pantazis peignant dans la neige, c. 1881.JPG

     

    Dernière salle, consacrée à Uccle et Linkebeek, avec une lumineuse Grande ferme rose d’Adrien-Jean Le Mayeur, près de laquelle on a accroché un Intérieur de Louis Thévenet. De jolies vues de Linkebeek sont signées Roidot ou Charles Dehoy Le Langeveld de Jos Albert, en comparaison, est presque abstrait, fermement structuré par un tronc d’arbre à l’avant-plan. La plupart de ces noms parlent aux amateurs de peinture belge et aux habitués des salles de ventes bruxelloises, les œuvres présentées ici viennent de musées mais aussi de collections particulières.

    Degouve de Nuncques, Etang de Boitsfort.JPG

     

    Samedi matin, il n’y avait pas encore grand-monde à cette exposition qui n'ouvre ses portes qu'à onze heures trente, c’était très agréable pour y déambuler à l’aise. J’y ai flâné trop longtemps pour pouvoir regarder attentivement l’exposition principale du musée d’Ixelles en ce moment : les photos de la collection du diamantaire et bijoutier anversois Sylvio Perlstein sous le titre « La photographie n’est pas l’art », plus de deux cents tirages de 1920 à nos jours. C’est Man Ray qui affirmait cela avec humour. Il est présent avec bien d’autres noms célèbres dans ce parcours à travers l’histoire de la photographie au vingtième siècle.

      

    Mais j’avais encore l’odeur des feuilles et de l’humus dans les narines, l’œil imprégné des feuillages et des écorces, des eaux dormantes sous la lune (Abatucci) ou des lumières d’un soir bleuté de Degouve de Nuncques, magique.

     

     
  • Dans les Adirondacks

    La région des Adirondacks, ses lacs, son parc naturel, voilà le cadre de La Réserve, un roman de Russell Banks (2007). J’ai découvert cet écrivain américain avec l’inoubliable American Darling, dont l’héroïne, Hannah, quitte cette même région à cinquante-neuf ans, vers 1970, pour se rendre au Liberia, où elle est prise dans le tourbillon de l’histoire africaine et dans les tremblements de ses abîmes personnels, un récit passionnant et bouleversant. 

    Ampersand_Adirondacks_NJ_USA, photo de Jarek Tuszynski (Wikimedia commons).jpg
     

     

    Eté 1936. La rencontre entre le peintre Jordan Groves, qui se déplace le plus volontiers en hydravion, et la sulfureuse Vanessa Cole, fille adoptive des riches propriétaires d’une « campagne » au bord d’un lac de la Tamarack Wilderness Reserve (seize mille hectares dont l’accès est réservé à une élite et aux employés), semble plus convenue au premier abord. Le Dr Cole a invité le peintre à donner son avis sur quelques paysages de Heldon, le peintre le plus renommé de la région après lui. Grâce à sa femme, Alicia, qui lui a montré des photos de l’ex-comtesse Von Heidenstamm dans des magazines de luxe, Jordan, la quarantaine, reconnaît Vanessa – « Quel bel animal, se dit-il. Mais une femme à regarder, c’est tout. Pas à toucher. Tout au plus à peindre, peut-être. En tout cas une femme dont il faut se méfier. »

     

    Ces « ploutocrates » ne sont pas du tout son genre, des « républicains de la « classe de loisir ». Des héritiers sans réelle culture et, à part le médecin, sans compétences utiles. » De son côté, après avoir observé la manière silencieuse avec laquelle le peintre regarde les tableaux de son père, Vanessa Cole n’hésite pas à lui chuchoter au passage : « Je ne serai pas contente tant que vous ne m’aurez pas emmenée faire un tour dans votre avion. » Et lorsqu’il prend congé, en effet,  la belle aux longs cheveux roux l’attend sur la plage, en jupe blanche et veste de lin. En vol, il lui explique les règles de base du pilotage, lui laisse un instant les commandes, puis pose son appareil près du rivage d’un étang. Au grand dépit de sa passagère, il la laisse là, seule, au clair de lune, furieuse qu’il ne la suive pas.

     

    Le lendemain, dans sa maison non loin de la rivière Tamarack, qu’il a fait construire sur ses propres plans et en mettant la main à la pâte, le peintre songe dans son atelier
    à la soirée de la veille, à son travail, à sa famille, Alicia et les garçons. Il leur a donné des noms d’animaux qu’il admire, Bear et Wolf. Alicia, de dix ans plus jeune que lui – elle a été son élève au cours de gravure – s’est habituée à ses longs voyages solitaires en Alaska, au Groenland, à Cuba ou ailleurs, mais non aux flirts épisodiques de son mari. Lui ne voit pas en quoi il serait coupable, n’étant jamais tombé amoureux d’une autre femme. Quand il l’interroge sur ses projets pour la journée et qu’elle répond avoir envie de marcher, de travailler au jardin, et de réfléchir parce qu’elle a « besoin de pensées nouvelles », Jordan pressent que quelque chose va leur tomber dessus, qui se rapproche, en silence.

     

    C’est pourtant ce que le peintre appelle « une parfaite journée des Adirondacks, parlant ainsi non pas de température ou de saison, mais bien de lumière éclatante ». Au village où il se rend avec ses fils et ses chiens pour prendre livraison de fournitures, Jordan apprend la mort du Dr Cole, victime d’une crise cardiaque pendant la nuit. En passant devant l’entrée du club Tamarack, il aperçoit Vanessa et
    sa mère non loin du directeur sur la véranda du club-house et pour la première fois, range sa voiture dans l’allée de ce club dont il n’a jamais souhaité faire partie. Vanessa répond sèchement à ses condoléances – elle a déjà scandalisé tout le monde en racontant comment il l’a abandonnée dans l’obscurité la veille au soir – puis, à l’écart, le provoque : « Vous vouliez faire l’amour avec moi. Mais vous n’avez pas pu. »

    Vanessa joue dans ce roman le rôle de la femme fatale. Malgré eux, Jordan et Alicia vont être attirés dans un piège où il n’est pas question que de sexe ou d’amour. La séductrice mène aussi un jeu étrange et dangereux à Rangeview, la maison de campagne, dans une tragédie familiale où elle implique Hubert St. Germain, le précieux et dévoué guide de la Réserve qui s’est toujours occupé de leur propriété. L’intrigue rocambolesque m’a pourtant moins intéressée que la belle description de cette région sauvage des Adirondacks à travers le savoir du guide et le regard du peintre.

    L’univers de Jordan Groves, ses liens avec d’autres artistes, son engagement social – le récit est entrecoupé de brèves incursions dans la guerre civile espagnole à laquelle il prendra part en 1937 – son amour de la terre, ses problèmes de conscience, tout cela m’a paru plus authentique que les aléas de l’histoire. Celle-ci, pleine de rebondissements parfois peu vraisemblables, tient en haleine jusqu’au bout des quelque quatre cents pages de La Réserve, une œuvre en deçà, à mon avis, d’American Darling.