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Bruxelles - Page 26

  • En balade

    printemps,2021,coquelicots,moutons de soay,parc josaphat,noms de rue,féminisme,léonie keingiaert de gheluvelt,première femme bourgmestre,belgique,schaerbeekLe beau temps de ces derniers jours incite à prolonger la balade, enfin sans veste – la belle saison a véritablement commencé (même s’il n’y en a pas de vilaines, je vous le concède). Les coquelicots n’attendaient que cela et j’ai l’impression qu’ils ont tous choisi le même jour pour sortir leurs premiers jupons, comme ceux-ci au pied d’un tilleul de l’avenue Demolder.  

     

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    Au parc Josaphat, la faune locale se porte bien : ce petit lapin semble déjà habitué aux promeneurs, il ne s’encourt pas et me laisse gentiment le temps de le photographier.

     

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    Le couple de moutons de la race Soay, nés en 2019, qui ont emménagé au parc cette année, semble très uni. En général, leur laine brune tombe naturellement au printemps – à vérifier la prochaine fois.

     

     

     

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    Enfin, bien que ce collage ne soit pas récent, j’ai remarqué sous la plaque de l’avenue Huart Hamoir une nouvelle appellation : « rue Léonie Keingiart de Gheluvelt ». Cette féministe a été la première femme bourgmestre de Belgique, en 1921.

    A peine 6 % des rues bruxelloises – seulement 4 à Schaerbeek – portent des noms de femmes, comme on peut le voir sur une carte interactive. D’où cette action féministe pour « inciter les communes à donner des noms féminins aux futures nouvelles rues » (Elisabeth Groutars, RTBF Info).

  • Jeudi en vrac

    Le beau temps – hier soir l’orage a chassé le ciel bleu – et divers rendez-vous m’ont invitée au dehors ces derniers jours. Je vous parlerai donc lundi de ma dernière lecture. En vrac pour ce jeudi, quelques nouvelles du temps comme il va. La réouverture des terrasses qui avait commencé pianissimo va désormais allegro. Les températures quasi automnales de ce mois de mai 2021 ont fait place à une chaleur quasi estivale et cela fait du bien.

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    Hier soir avant l'orage

    Samedi dernier, avant la proclamation des lauréats du concours Reine Elisabeth 2021, nous avons découvert le centième « Je Sais Pas Vous », une « Histoire de la musique écrite » rondement résumée. La semaine avait révélé six excellents pianistes et moins de bons « musiciens », comme a dit Jean-Claude Vanden Eynde qui faisait partie du jury. L’épreuve finale m’a paru beaucoup plus bizarre que les précédentes : l’absence du public dans la grande salle du Palais des Beaux-Arts et donc des applaudissements nourris qui permettent de ressentir les modulations de l’enthousiasme, les distances, la soirée raccourcie… C’était moins chaleureux, magnifique tout de même, bravo !

    De jour en jour, je me demandais pour qui voter samedi soir et la dernière prestation, celle du pianiste français Jonathan Fournel, a levé toutes les hésitations : le prix du public de Musiq3 lui a été attribué, complétant son prestigieux Premier Prix de piano annoncé vers 23 heures. Installé à Bruxelles depuis 2016, Jonathan Fournel est artiste en résidence à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, sous la direction de Louis Lortie. Le classement complet est indiqué sur le site du Concours.

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    Pour vous laisser vous aussi en tête à tête avec le printemps, maintenant que le grand nettoyage de ma terrasse est quasi terminé, voici la liste de ce qui fleurit en ce moment : ancolie, bidens, campanule, clématite, cosmos, coquelicot (une première ici, j’en ai semé l’an dernier), géranium sauvage et géranium zonal, lavande, lychnis, nepeta, œillet, osteospermum, pélargonium, ruine de Rome, trèfle rose. Les lupins suisses se portent mieux depuis que j’ai mis leur pot à l’ombre d’un arbuste et trois épis s’y dressent déjà, chouette.

  • Flem au fil du temps

    Qu’il est gai à lire, ce petit livre rouge ! Dans Je me souviens de l’imperméable rouge que je portais l’été de mes vingt ans, Lydia Flem emboîte le pas à Perec à qui elle dédie son texte en 479 fragments ; le premier lui a donné son titre. Elle se souvient « de Sami Frey en costume sur son vélo, jouant à l’Opéra-Comique, les quatre cent quatre-vingts « Je me souviens » de Georges Perec. »

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    Le titre annonce la couleur, toutes les couleurs : les verts, les bleus, les jaunes, les noirs, les rouges, les gris, et ces noms délicieux qui en disent les nuances. Mais l’imperméable de ses vingt ans n’est pas moins distributif. Le fil rouge de Lydia Flem, ce sont ces « mots merveilleux » que sa mère couturière prononçait, comme « crêpe de Chine, fil d’Ecosse, ciel de lit, ceinture coulissante, gros-grain, pattemouille ». Certains mots sont des bonbons d’enfance.

    « Je préférais les textes aux textiles. » Si elle reprend au Dictionnaire de l’Académie française l’exemple d’une vie « tissue de chagrins et d’infortunes », à Proust celui d’une prairie « tissue seulement avec des pétales de poiriers en fleurs » – participe passé de l’ancien verbe tistre (tisser)– c’est qu’ils sont textiles, autant visuels que tactiles, ses souvenirs de vêtements portés ou remarqués au fil du temps, qu’il s’agisse des siens ou de ceux des autres. Derrière le texte et le tissu, un même mot latin, « textus ».

    Des personnes élégantes s’y invitent : Inès de la Fressange, Julie Andrews dans Victor Victoria, Diane Keaton avec sa garde-robe masculine dans Annie Hall, Jack Lang, et aussi ses parents, sa mère avec sa collection de chemisiers allant du blanc à l’ivoire, son père aux costumes sur mesure lui laissant choisir sa cravate, elle-même écoutant le conseil de Grisélidis Réal en 1974 : « Osez l’élégance. »

    Le plus souvent, Lydia Flem tire les fils de son passé personnel, mais comme cette Bruxelloise & Parisienne est notre contemporaine, ses souvenirs croisent parfois les nôtres. On tombe, par exemple, sur le nom d’une boutique où on est déjà allée, ou sur « une robe en lin vert pomme » achetée à Milan avec ses parents : « ras du cou, sans manches, de forme trapèze » – la description exacte de cette robe en laine vert pomme que je portais, parfois au-dessus d’un fin col roulé, du temps de mes premiers bas nylon.

    Vous aussi, peut-être, vous avez porté « Rive gauche » de YSL ou une de ces « vestes afghanes brodées en mouton retourné » des années hippies ? La mienne prenait trop de place dans la garde-robe, je l’ai donnée un jour aux Petits Riens. Et ces « longs rubans à chapeau qui flottent dans le dos nommés : « suivez-moi-jeune-homme »Vous qui brodez, cousez, taillez, vous trouverez votre bonheur dans ce livre qui égrène les mots justes, les expressions précises pour désigner les étoffes, les plis, la forme d’une manche. Pour ArtisAnne, voici le souvenir 461 : « Je me souviens que parfois coudre c’est méditer. »

    150 « Je me souviens qu’on s’habille un peu pour soi et beaucoup pour les autres. » 175 « Je me souviens qu’un vêtement lorsqu’il est choisi est une arme de séduction et de pouvoir ; imposé, il devient la marque de l’infériorité et d’une insupportable soumission. » 180 « […] A ces trois motifs de protection, de pudeur et de parure, Barthes en a ajouté un quatrième : le port du vêtement comme un acte de signification, un acte profondément social ». »

    Entre autres associations de la mémoire, voilà un tailleur gris perle et un baisemain, un chemisier rose pâle et Ménie Grégoire, Colette en spartiates tropéziennes pour prononcer son discours de réception à l’Académie royale de Belgique, une robe en tissu Liberty et la Provence. Entre autres oppositions : le chic et le neuf, le bouton français cousu en parallèle et le bouton anglais cousu en croix.

    Un « index subjectif » très détaillé (une trentaine de pages) – une coquetterie ? – permet de retrouver un sujet ou l’autre et d’observer des occurrences (et toute une page de titres de films). Enfin, la liste des livres de Lydia Flem traduits (en une vingtaine de langues), à retrouver sur son blog, montre l’énorme succès de Comment j’ai vidé la maison de mes parents et aussi des essais sur Freud et Casanova.

    En plus des tenues et des tissus, Lydia Flem se souvient bien sûr des accessoires – chaussures, turbans,  ceintures – auxquels elle attribue certaines vertus toutes personnelles : « Je me souviens que nous accordons de la magie à certains vêtements, foulards, bijoux. Avec le secret espoir que ces talismans puissent infléchir le destin. » Cela vous arrive-t-il ?

  • Je Sais Pas Vous

    je sais pas vous,patrick leterme,étienne duval,musique,capsules vidéo,dessin,césar franckDe retour bientôt pour commenter la finale du concours Reine Elisabeth de piano 2021, le musicien Patrick Leterme est l’auteur de capsules vidéos présentant les « œuvres-clés du répertoire classique » en quelques minutes, avec la complicité du dessinateur Etienne Duval.

    Ces « Je Sais Pas Vous » didactiques et pleins d’humour, ont été diffusés dans plusieurs pays. Auvio propose les 99 épisodes parus, beaucoup sont disponibles sur YouTube. Le 100e, pour finir en beauté, sera une « vaste fresque qui retrace l'ensemble de l'histoire de la musique en 12 minutes » (Patrick Leterme).

    Je Sais Pas Vous : Franck, Sonate pour violon et piano  (26.04.21 - 2 min 37 sec)

    sur Auvio : https://www.rtbf.be/auvio/detail_je-sais-pas-vous?id=2761986

    sur RTS :  https://www.rts.ch/play/tv/je-sais-pas-vous/video/franck---sonate-pour-violon-et-piano?urn=urn:rts:video:11831367

  • Piano 2021, les six

    On connaît depuis samedi soir les noms des six finalistes du Concours Reine Elisabeth de piano 2021, une édition extraordinaire à plus d’un titre : reporté d’un an pour cause de pandémie, le concours se déroule dans les lieux habituels (Flagey puis Bozar) en présence du jury, dont les membres (masqués) se sont installés à bonne distance les uns des autres dans les fauteuils du public par ailleurs vides, et applaudissent seuls les jeunes pianistes et l’orchestre. Certains candidats ont été honorés par la présence de la reine Mathilde, qui a repris le flambeau du Concours après la Reine Fabiola.

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    Source : Concours Reine Elisabeth

    Heureusement, toutes les épreuves sont diffusées entièrement en direct sur internet, à la radio ou à la télévision. La semaine dernière, j’ai suivi pour la première fois la demi-finale dans son intégralité, sur Canvas (16h) et sur La Trois (20h). 58 candidats s’étaient présentés (au lieu des 74 sélectionnés en mai 2020), 49 hommes et 9 femmes. 12 d’entre eux ont été retenus en demi-finale (au lieu de 24 habituellement) dont une seule femme, Su Yeon Kim, une Coréenne déjà en demi-finale dans l’édition précédente, en 2016. Hélas, à nouveau, elle ne passe pas en finale. Mais elle vient de gagner, depuis Bruxelles, le premier prix du Concours Musical International de Montréal, qui se déroulait cette année en virtuel !

    Pierre Solot, qui commentait la demi-finale pour la RTBF, avait été particulièrement élogieux pour cette candidate. Lui qui, en mars dernier, avait raconté un rêve à la radio – « aller au concert » – s’est montré  bienveillant pour chacun des demi-finalistes, insistant surtout sur leurs qualités. Le jeune Chinois Xiaolu Zang n’a pas été retenu non plus. Il m’avait touchée par son jeu « doux mais lumineux » (La Libre) dans le concerto de Mozart n° 23 en la majeur, et son récital avait été jugé « époustouflant » par Martine Dumont-Mergeay.

    Frank Braley dirigeait l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie (ORCW) lors de ces demi-finales, trente ans après son premier prix et le prix du public au Concours Reine Elisabeth de piano 1991 (l’année de naissance de certains candidats actuels). Entre-temps, il a déjà fait partie du jury. Son lien avec le Concours est donc très particulier. Chaque demi-finaliste commençait par interpréter un concerto de Mozart (au choix parmi cinq propositions) avec l’ORCW, avant de se retrouver seul en scène pour jouer son récital, y compris un imposé inédit, la seule partition qu’ils ont déposée sur le piano.

    Ils seront donc six en finale (au lieu de 12 d’ordinaire), six pianistes qui vont rivaliser non pour le titre de « lauréat »  d’ores et déjà acquis, mais pour le classement et les prix attribués aux six meilleurs du Concours. Les six finalistes sont Vitaly Starikov (Russie), Tomoki Sakata (Japon), Keigo Mukawa (Japon), Sergei Redkin (Russie), Dmitry Sin (Russie) et Jonathan Fournel (France), tous nés entre 1991 et 1995. Chacun va séjourner une semaine à la Chapelle musicale Reine Elisabeth pour préparer la dernière épreuve, y entrant jour après jour dans l’ordre de leur passage sur scène à partir du 24 mai.

    Comme je l’avais déjà écrit ici, quel niveau chez ces jeunes musiciens ! Loin d’être des « bêtes de concours », on ressent en les écoutant, en regardant leurs doigts sur le clavier, leur visage, grâce aux gros plans de la caméra peu discrète, à quel point la musique est leur passion, leur vie – leur « jardin féerique » pour reprendre les mots de l’imposé qu’ils vont devoir jouer en finale, une œuvre inédite, « D’un jardin féerique » de Bruno Mantovani.

    Pour ce magnifique bain musical encore plus précieux en cette période, si la musique est pour vous essentielle, rendez-vous donc du 24 au 29 mai prochains au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar) via internet, via la radio ou la télévision, pour écouter chaque soir un des six finalistes interpréter en plus de l’imposé un concerto au choix, avec le Belgian National Orchestra dirigé par Hugh Wolff. Toutes les prestations du concours sont proposées sur le site même du Concours ou sur Auvio. Dommage que nos applaudissements ne puissent leur arriver en direct, ces jeunes musiciens les méritent.