Reine Elisabeth
les voix jeunes des vieux violons
enchantent le coeur
Les douze finalistes 2019 © Photo Bruno Vessiez
Finale du 20 au 25 mai 2019 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
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Reine Elisabeth
les voix jeunes des vieux violons
enchantent le coeur
Les douze finalistes 2019 © Photo Bruno Vessiez
Finale du 20 au 25 mai 2019 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
A l’angle de l’avenue Franklin Roosevelt et de l’avenue des Phalènes, cette superbe villa de style Art nouveau, attribuée à l’architecte Léon Delune, est surnommée le « Château Delune ». Bien restaurée, elle a retrouvé ses boiseries vert pâle et gris beige.
Cette maison joue un rôle majeur dans le roman de Jacqueline Harpman, Le bonheur dans le crime (1993). Vous en trouverez l’histoire et la description sur le site de l’Inventaire du patrimoine architectural. Actuellement, elle abrite une ambassade.
Une initiative originale : à l’angle de la chaussée d’Helmet et de la rue Nestor De Tière, un magasin de textiles bien connu des Schaerbeekois prête ses vitrines au Comptoir des Talents, jusqu’au 21 juin prochain. Attirée par de jolis paniers tressés et autres objets artisanaux, j’y suis entrée par curiosité, à la recherche de l’un ou l’autre cadeau qui sorte de l’ordinaire.
Une vitrine au jeu des reflets (cliquer pour mieux voir)
Ces paniers colorés viennent de Birmanie, où ils sont tressés à partir de rubans d’attache en plastique – recyclage de déchets du marché local et technique artisanale très soignée. C’est ce que m’explique Pascale Gonda, intéressée par l’entrepreneuriat social et l’économie locale. Il y a quelques mois, elle a lancé le Comptoir des Talents avec l’envie d’insuffler au quartier d’Helmet « une autre dynamique de commerce de proximité ».
Ce Comptoir propose entre autres de beaux articles de papeterie parisienne, des animaux décoratifs en laine et lin fabriqués au Portugal, des objets en bois de designers allemands… Le choix des produits s’adresse aux personnes qui « aspirent à des modes de consommation plus durables et plus responsables » et apprécient des « produits de qualité fabriqués avec soin et savoir-faire ».
Ici, exception faite des paniers birmans, on met en valeur des artisans de talent européens, une démarche complémentaire par rapport au Magasin du Monde Oxfam sur la place d’Helmet, qui défend depuis longtemps l’objectif d’« acheter équitable » (artisanat, épicerie, produits de soin, vêtements de seconde main), en partenariat avec l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Sud.
« Le Comptoir des Talents est né de ce constat : répondre au besoin de qualité et de diversité par la valorisation du savoir-faire d'artisans exemplaires venus d'horizons divers. Tous les artisans présentés au Comptoir des Talents ont été sélectionnés sur base de leur savoir-faire authentique et de leur engagement sociétal. » (Pascale Gonda)
J’ai trouvé sympathique la démarche de cette « échoppe itinérante » qui met en valeur une démarche « éco-responsable », d’où ce petit coup de pouce en guise d’encouragement au Comptoir des Talents, à Helmet du 14 mai au 21 juin 2019.
Scène intime. Une femme tire sur le lacet de son corset devant un miroir. Sur le site du musée Guggenheim de Bilbao, je lis ceci : « Manet fut l’un des artistes à aborder la mode de l’époque, mais il décrivait aussi avec audace l’espace privé. Son modèle, à moitié habillée dont on voit la peau, est une représentation qui subvertit le nu classique. »
Ce serait le portrait d’une prostituée, d’une facture beaucoup plus libre que celui de Nana, dont on le rapproche. Femme à sa toilette de Berthe Morisot pourrait y répondre : on y voit une femme devant un miroir, la main dans les cheveux – pour se coiffer ou défaire sa coiffure avant de se déshabiller ?
Femme au miroir : un beau thème pour traverser l’histoire de la peinture et de la représentation féminine, vous ne trouvez pas ?
Manet, Devant la glace, 1876
(Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)
A Aix-en-Provence, l’Hôtel de Caumont présente une belle exposition : « Chefs-d’œuvre du Guggenheim. De Manet à Picasso, la collection Thannhauser ». Dès l’ouverture de sa Moderne Galerie à Munich en 1909, Heinrich Thannhauser a pris l’option de « l’audace artistique » en montrant « de nouveaux talents et des artistes expérimentaux » (les citations sont extraites du catalogue). Son fils Justin, son successeur, a fait une donation importante de 75 tableaux de sa collection au musée Guggenheim en 1963, après avoir perdu ses deux fils puis sa femme. Ainsi, selon lui, « l’œuvre de [sa] vie trouvait enfin son sens. »
Seurat, Paysanne assise dans l’herbe, 1883 (Solomon R. Guggenheim museum, New York)
Dès l’entrée de l’exposition, j’ai été touchée par les trois toiles lumineuses et paisibles de Seurat : Paysanne assise dans l’herbe, Paysannes au travail, Paysan à la houe. Encore sous influence impressionniste en 1882-1883, il peint déjà par petites touches de couleurs complémentaires (vert, bleu, jaune). Leur atmosphère contraste avec un portrait de Cézanne, Homme aux bras croisés, mis à l’honneur dans sa ville.
Cézanne, Bibémus, vers 1894-1895 (Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)
Les peintures suivantes, de Manet et de Renoir, sont antérieures ; de grands peintres se côtoient ici avec bonheur. Des paysages de Cézanne retrouvent leur région natale, comme Bibémus, affiche de l’exposition, accompagnés de natures mortes aux fruits et objets mis en valeur sur une nappe blanche. Celles-ci font l’objet d’une intéressante analyse dans le catalogue, « Le pouvoir d’étonner » par Sasha Kalter-Wasserman.
Va, Gogh, Montagnes à Saint-Rémy, 1889 (Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)
Van Gogh est bien représenté avec trois toiles : Le Viaduc (Asnières, 1887), Paysage enneigé (Arles, 1888) et surtout Montagnes à Saint-Rémy (1889). Sur trois ans, quelle évolution ! Après avoir quitté Paris pour Arles en février 1888, ses couleurs changent, sa palette devient « nettement plus colorée », comme il l’écrit à son frère Théo. L’année suivante, à la suite de plusieurs crises, Vincent trouve refuge à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence et y peint des paysages tourbillonnants. Il faut s’attarder devant ces montagnes mouvementées, ces arbres et cette maison à leur pied, ces fleurs au bord du chemin – comment ne pas s’émouvoir ? Un beau Gauguin est accroché non loin, Haere Mai.
De nombreuses photographies en noir et blanc sont présentées tout au long du parcours, on y voit les membres de la famille Thannhauser et des documents, des vues d’expositions où figuraient les artistes exposés. Certaines photos en grand format donnent l’impression de côtoyer les visiteurs d’alors, la scénographie est soignée. On en trouve plus encore dans le catalogue, pour un tiers consacré à l’histoire du galeriste et de la collection. Dans une vitrine, près de trois petites danseuses de Degas en bronze, j’ai aimé cette petite sculpture de Maillol, Femme au crabe.
Maillol, La Femme au crabe, vers 1902-1905 (Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)
Un portrait de Mistinguett par Picabia, des Picasso du début –Justin K. Thannhauser a été en relation étroite avec l’artiste espagnol, dont trente œuvres ont été léguées au Guggenheim – font la transition vers la seconde partie de l’exposition à l’étage supérieur. Coup de cœur pour La montagne bleue de Kandinsky, un festival de couleurs dans ce paysage et les tenues des cavaliers ! L’énorme Vache jaune de Franz Marc explose aussi de vitalité, en contraste avec une belle toile de Robert Delaunay, La Ville, aux petites touches rouges, bleues, turquoises, entre les gris et les beiges de ce beau paysage urbain.
Kandinsky, La montagne bleue (détail), 1908-1909 (Solomon R. Guggenheim museum, New York)
Sans pouvoir ni vouloir tout énumérer, je vous signale les très amusants Joueurs de football d’Henri Rousseau qui lancent un ballon ovale, des joueurs de rugby en fait. Place au cubisme ensuite, avec de beaux Juan Gris comme Les Cerises. De Braque, je ne connaissais pas ce goût des couleurs chaudes révélé dans Théière sur fond jaune, une peinture plus tardive.
Picasso, Femme aux cheveux jaunes, 1931(Solomon R. Guggenheim museum, New York, Thannhauser Collection)
Le parcours se termine avec une belle série de Picasso, notamment une toile malicieuse offerte à Justin et à sa femme pour leur mariage, Le Homard et le Chat. Femme aux cheveux jaunes est un merveilleux portrait de Marie-Thérèse, d’une grande douceur. Cette cinquantaine de Chefs-d’œuvre du Guggenheim ont quitté pour la première fois le musée Guggenheim de New-York. Après Bilbao et avant Milan, ils sont exposés à Aix-en-Provence jusqu’au 29 septembre.