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schaerbeek - Page 30

  • Pénélope

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    « Arlette Vermeiren est une Pénélope qui n’attend pas en Ithaque un retour espéré. Ces papiers, visions d’optimisme et de musicalité, nous emportent vers de nouveaux rivages, flottant dans le moindre souffle.

    Papiers de soie, papiers de soi. »

     

    Jean-Pierre Vlasselaer, septembre 2014.

     
    « Cent nœuds, sans visage », Maison des Arts, Schaerbeek.

     

     

    © Arlette Vermeiren

     

  • A la Maison des Arts

    Bien connue des curieux, souvent méconnue, un peu en retrait de la chaussée de Haecht à Schaerbeek, la Maison des Arts présente une petite exposition à découvrir jusqu’au 10 janvier : « Cent nœuds, sans visage ». Arlette Vermeiren, dont un grand voile bleu m’avait fascinée à la Villa Empain, y montre ses merveilleux tissages de petits papiers, accompagnés des sculptures et installations d’Anne Liebhaberg. 

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    Quand la porte cochère est grande ouverte, n’hésitez pas à suivre les flèches en noir et blanc sur les pavés pour vous approcher de cette belle demeure classée du dix-neuvième siècle, l’ancien Château Eenens (1826). La grande porte donne accès aux salles d’exposition : à droite de l’accueil, déjà, une claire cascade de papillotes descend joliment l’escalier.

     

    Je ne me souvenais pas de la salle à manger, vers la gauche, où toutes sortes de pains sur la table mettent un peu de vie dans cette pièce assez sombre mais remarquable, dans le style néo-Renaissance flamande : des vitraux, une imposante cheminée aux carreaux de Delft, des tapisseries aux cerisiers, arbres symboliques de la commune, des sculptures qui mériteraient d’être mieux mises en valeur. Le rez-de-chaussée de la Maison des Arts devrait bientôt bénéficier d’une grande restauration, d’après la gardienne des lieux, comme l’attestent des essais de couleurs sur les murs et les portes. 

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    Salle à manger de la Maison des Arts (Schaerbeek)

    Le premier salon est habité par les sculptures d’Anne Liebhaberg, des petites filles en bronze ou en cire : l’une se tient sur une vague, l’autre au pied d’une spirale, et si leur petite taille étonne, elles « respirent » davantage que celles rangées dans une boîte ou un tiroir. On ne sait rien de ces « créatures lilliputiennes » (Jean-Pierre Vlasselaer), mais on sent un malaise : qui leur a imposé leur place ? De quel ordre, de quelle menace sont-elles signes ?

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    © Anne Liebhaberg

    Le second salon aux murs rouges vibre gaiement : des bouquets de « Petits cœurs » au mur, des chaises « Pompadour », une colonne « Amaretti di Saronno » – les titres viennent des papiers d’emballage qu’Arlette Vermeiren noue, tord, enroule, triture, ces papiers de soie, très fins, qui entourent bonbons, agrumes, chocolats… Elle en tisse des filets comme celui qui couvre le piano noir, où elle a posé de vieux livres, sous le grand lustre en cristal. 

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    Dans le Salon rouge © Arlette Vermeiren

    Les a-t-elle empruntés dans la bibliothèque juste à côté ? Sans doute. Dès qu’on en franchit le seuil, la double installation subjugue, climax de cette exposition. Sur une longue table basse, un rouleau de papier blanc se déroule comme un tapis pour une troupe qui s’étire en direction de la fenêtre, les « 650.000… » d’Anne Liebhaberg. A l’arrière, sur les côtés, certaines figures de cire sont couchées, tombées, elles échappent au mouvement d’ensemble vers l’avant, « moins poupées que soldats » (Jean-Paul Gavard-Perret). Allusion à quelle fuite ? à quelle violence ? à quel conformisme ? Titre et œuvre énigmatiques. 

    Entre cette multitude en marche et la fenêtre, « Lodz », comme un épais rideau, filtre la lumière. Arlette Vermeiren a créé cette oeuvre pour la Triennale de Lodz en 2013. (Cette ville polonaise était le centre textile le plus important d’Europe au XIXe siècle, 420 000 de ses habitants ont été déportés vers les camps de la mort, dont 300 000 juifs, d’après Wikipedia). « Fils, fils, fils qui s’entremêlent et s’entrenouent. Fils, fils, fils, fils c’est mon histoire », écrit-elle sur son site.

     

    D’un côté du rose, du clair, du nacré, de l’autre du bleu, du sombre, ponctué de lumineuses touches blanches. Dialogue entre le jour et la nuit ? L’artiste a l’art d’assembler les tons en camaïeu. Tout autour de la pièce, des livres sur les rayonnages en bois peint que l’éclairage laisse dans la pénombre pour laisser la lumière intense des spots animer le face à face étonnant de la double installation. 

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    Détails de la double installation dans la bibliothèque © Anne Liebhaberg / Arlette Vermeiren

    « De l’a-pesanteur à la pesanteur, les deux côtés du chemin… » : la formule est tirée du petit catalogue qui oppose l’univers « aérien » d’Arlette Vermeiren à celui « plus terrien » d’Anne Liebhaberg. Ce contraste est fécond. Le statisme des petites sculptures anonymes, répétitives, engluées, figées à jamais, impressionne encore davantage d’être confronté à la légèreté des papillotes, papillons poétiques qui s’animent au moindre souffle.

  • Le fer et le vert

    Pour compléter le billet précédent sur les grilles de jardinets, cette photo : un arrêt du tram 7 sur le boulevard Lambermont. Ici les garde-corps assurent la sécurité des passants et des voyageurs. Le gazon entre les voies de tram assure une certaine continuité végétale en ville, un choix à la fois environnemental et esthétique. Le fer et le vert sont de bon voisinage, non ?

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  • Grilles de jardins

    Elles m’enchantent, ces grilles de jardins, de jardinets plus précisément, côté rue, entre espace privé et espace public, qui ornent certaines avenues de Schaerbeek. Ces grilles séparent mais laissent voir des plantations, un décor, une entrée, pour le plaisir des passants. J’aimerais en apprendre davantage sur leur origine : à quand remonte cette mode du fer forgé ? était-ce une obligation urbanistique ? La description des demeures reprises à l’Inventaire du Patrimoine architectural les mentionne toujours.  

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    Schaerbeek n’est pas Neuilly-sur-Seine, mais c’est là que j’ai trouvé (en ligne) des infos sur cette « richesse patrimoniale à préserver », héritage de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. On y décrit les composants des clôtures : barreaux, volutes, fers de lance… « Les ferronneries témoignent d’un savoir-faire. Connues par leur solidité et leur durabilité, elles présentent la richesse des époques. Leur sauvegarde est indispensable puisqu’elles s’inscrivent dans le patrimoine architectural. Les clôtures en fer forgé traditionnelles offrent un panorama esthétique, avec de grandes opportunités de décoration (motifs, armoiries, volutes, rosaces...). Associées à du végétal, elles créent une parfaite harmonie. »  

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    Pourquoi du noir, le plus souvent ? « Les clôtures peintes d’une couleur foncée s’intègrent parfaitement dans l’environnement paysager, s’harmonisant avec les végétaux et les façades. Elles ont même tendance à s’effacer si les couleurs choisies varient entre le noir et le vert foncé. » A claire-voie, les grilles permettent au regard de circuler du trottoir vers le jardinet, la façade, et pour les habitants du rez-de-chaussée, de suivre les allées et venues.  

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    Les grilles ouvrent l’espace à l’échange, contrairement aux clôtures occultantes souvent inesthétiques derrière lesquelles quelques-uns de nos contemporains se mettent à l’abri (une tendance observée sur les balcons aussi). Le règlement d’urbanisme à Schaerbeek interdit certains matériaux pour les clôtures côté rue, notamment le plastique, mais semble avoir du mal à le faire respecter (antennes et paraboles ne devraient pas non plus être visibles depuis l’espace public).  

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    J’ai pris quelques photos dans les environs pour illustrer la variété des styles de ces ferronneries. La protection du petit patrimoine me tient à cœur, vous le savez, et je me réjouis de voir ces grilles entretenues – certaines souffrent de ce qu’on appelle « l’abandon des communs » – indifférence ou négligence. Aussi la commune encourage l’aménagement ou l’entretien de « vrais jardinets de façade » par loctroi dune « prime verte ».  

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    C’est toujours pour moi une heureuse surprise, au hasard d’une promenade, de découvrir des motifs originaux ou bien des grilles remises en état après un chantier de rénovation – mieux encore, d’en voir de nouvelles agrémenter un trottoir. Si la continuité avec le patrimoine voisin est le plus souvent de mise, cela n’empêche que s’affiche, dans le langage des grilles, un certain goût pour le classicisme ou pour la fantaisie.

  • Toponymie

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    Dans la rue des Mimosas, une petite maison illustre joliment la toponymie du quartier des fleurs, choisie pour rappeler le passé campagnard de Schaerbeek.  

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    Le motif floral repris dans les grilles, la porte, les vitraux, lui donne bien du charme. 

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