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paysages - Page 2

  • De la clarté

    De mon mystérieux voyage
    Je ne t’ai gardé qu’une image,
    Et qu’une chanson, les voici :
    Je ne t’apporte pas de roses,
    Car je n’ai pas touché aux choses,
    Elles aiment à vivre aussi.

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    Mais pour toi, de mes yeux ardents,
    J’ai regardé dans l’air et l’onde,
    Dans le feu clair et dans le vent,
    Dans toutes les splendeurs du monde,
    Afin d’apprendre à mieux te voir
    Dans toutes les ombres du soir.

    Le troupeau rassemblé.jpg

    Afin d’apprendre à mieux t’entendre
    J’ai mis l’oreille à tous les sons,
    Ecouté toutes les chansons,
    Tous les murmures, et la danse
    De la clarté dans le silence.

    La Drôme à Crest.jpg

    Afin d’apprendre comme on touche
    Ton sein qui frissonne ou ta bouche,
    Comme en un rêve, j’ai posé
    Sur l’eau qui brille, et la lumière,
    Ma main légère, et mon baiser.

     

    Charles Van Lerberghe (1861-1907)

    Le Ventoux au loin / Le troupeau rassemblé / La Drôme à Crest
    (septembre 2019)

  • Deux paysages

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    En haut © René Schlosser / En bas © Mireille Veauvy 

    Pourquoi gardons-nous le souvenir d’une peinture en particulier ? Est-ce le temps que nous avons passé à la regarder ? L’émotion que nous avons ressentie ?
    En zoomant sur cette photo, j’ai trouvé la signature de René Schlosser (1933-2017), dont la galerie Duvert à Crest propose plusieurs toiles.

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    © René Schlosser (détail)

    Un article du Matin (2002) m’apprend que cet artiste « rattrape des fragments de matériaux pétris de vécu utilitaire ou de caprices de la nature, pour leur redonner une autre destinée dans l’œuvre d’art. » Lui-même, dans une vidéo tournée dans son atelier de Valence, dit sa passion de travailler sur des matériaux « pauvres », « qui appartiennent à la vie courante », « usés par le temps », plutôt que sur des matériaux « beaux-arts ».

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    © Mireille Veauvy (détail)

    Dans ces deux toiles presque carrées, qui semblent inspirées de paysages asiatiques, pour la première en tout cas, on distingue en se rapprochant des pièces rapportées : à peine visibles dans celle du haut, dans une toile plus épaisse qu’une bordure souligne dans celle du bas. Il s’en dégage quelque chose de mystérieux, d’attirant, un je ne sais quoi qui retient le regard et mène au rêve.

    Rectificatif (17/4/2021) :

    Erronément, j’ai attribué ces deux œuvres à René Schlosser.
    Toutes mes excuses à Mireille Veauvy, peintre et licière, qui a créé la tapisserie entourée d’une peinture, deux techniques qu’elle rapproche. Je vous invite à découvrir son travail sur son site.

  • Drôme provençale

    En remontant d’Aix-en-Provence vers le pays de Nyons, une surprise : de la neige sur le mont Ventoux ! Vous l’apercevez au loin, derrière ce vieil arbre magnifique ? Des matins tout bleus nous attendaient en Drôme provençale, invitant à la balade. La première vers Le Poët-Sigillat, un village de plus en plus rendu à sa beauté par les amoureux des vieilles pierres (photo prise en chemin ce jour-là).

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    Sur la route du col de Peyruergue – nous avions emporté un pique-nique pour une belle promenade du haut de Montguers vers La Pigière –, une rencontre magique : des moutons que bergers et chiens guidaient vers un plateau. Formidable travail des chiens pour tenir le troupeau groupé et lui barrer la route pour le faire grimper sur le talus !

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    A Vaison-la-Romaine puis à Seguret, une autre belle journée printanière : on admire la cité ancienne, le dialogue des pierres et des feuillages, un patrimoine admirablement conservé et mis en valeur. Lilas en fleurs, glycines, valérianes, iris, gueules-de-loup, platanes remarquables… Quel bonheur de découvrir et contempler !

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    Près de Venterol, où nous cheminons entre les vignes, ceps et lavandes s’alignent en pente douce. Près de Saint-Sauveur-Gouvernet, en une semaine, nous avons vu le jaune davril monter à l’assaut d’une vallée que nous sommes heureux d’avoir retrouvée. Nous reviendrons marcher dans ces paysages de la Drôme provençale, si belle à toutes les saisons.

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    ***

    Joyeuses Pâques à toutes & à tous !

    Amicalement.

    Tania

  • Nervia / Laethem

    Au Musée d’Ixelles, une rencontre inédite confronte deux groupes de peintres belges du XXe siècle : « Nervia / Laethem-Saint-Martin, Traits d’union / Koppelteken » les présente côte à côte et valorise leurs points communs. Loin des avant-gardes, ces artistes prônaient dans l’entre-deux-guerres un retour à la figuration dans une perspective humaniste, la primauté du dessin sur la couleur, un ancrage régional. 

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    L’exposition évite le sentiment de déjà vu. Beaucoup de toiles viennent de collections privées, notamment du Fonds Léon Eeckman et le groupe Nervia, et du musée des Beaux-Arts de Gand. Léon Eeckman, courtier en assurances, les peintres Louis Buisseret et Anto Carte ont fondé Nervia en 1928 (de Nervie, entre la Sambre et lEscaut). Des artistes confirmés de Mons et de La Louvière s’y associent avec des plus jeunes. (Le principe d’exposer ici les sujets par « paires » en a écarté certains qu’on aurait aimé plus présents : Pierre Paulus et Taf Wallet, en particulier.)

     

    Pour le premier groupe de Laethem-Saint-Martin, il s’agit également d’une « colonie d’artistes » plutôt que d’une école. Installés vers 1900 dans un village (Sint-Martens-Latem) non loin de Gand, sur une courbe de la Lys, des artistes désireux de vivre à la campagne et d’y mener une vie simple auprès des paysans cherchent un art où se rejoignent contemplation et réalisme, empreint de religiosité. 

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    Anto Carte, Les deux aveugles, 1924, Musée des Beaux-Arts de Liège.

    « Spiritualité » montre d’abord un magnifique ensemble d’Anto Carte, sans conteste la personnalité dominante du groupe Nervia : ses villageois réunis pour le lavement des pieds (Jeudi Saint), son Fossoyeur près d’un Christ en croix, ses Pèlerins d’Emmaüs rayonnent de présence. Le rapprochement entre son Retour et Le Fils prodigue (bronze) de George Minne met en valeur le mouvement des corps et des cœurs, inscrit dans le paysage ou sculpté dans l’émotion. 

    Ce sont aussi des scènes paisibles comme le Paysage d’été d’Anto Carte où un mouton semble vouloir entrer dans le jeu d’une mère au fichu blanc avec son gamin dans un jardin en fleurs, entre deux maisons aux murs roses, et La cour de Saint-Agnès de Gustave Van de Woestyne (un des prêts du musée Van Buuren), une toile très claire et très cadrée aussi. 

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    Anto Carte, Maternité, 1929, gouache sur papier, collection privée

    Le thème de la « Maternité » revient souvent chez Anto Carte : une mère avec un enfant dans les bras est assise sur un muret du jardin, sa robe sombre dessine ses courbes. Dans l’arrière-plan lumineux, on découvre dans un second temps un jardinier qui les contemple, la tête et les mains appuyées sur le haut de sa bêche (on retrouve la mère et l’enfant près de deux pigeons dans des couleurs très douces sur la gouache ci-dessus). Plus loin, une mère habillée d’orange, l’enfant de blanc, un panier de fruits (détail de la toile choisie pour l’affiche) – derrière la maison passe un cavalier sur un cheval de trait, curieusement monté en amazone.

     

    J’aimerais mettre un nom sur le très beau bleu-vert-clair, ni tout à fait turquoise ni vraiment opalin, qui apparaît sur de nombreuses œuvres d’Anto Carte, et qui colore aussi bien un tronc d’arbre qu’un mur, un vêtement, et toujours lumineux. On le retrouve atténué à l’arrière-plan de Tête d’homme à l’écharpe rouge, qu’il signe dans la couleur de l’écharpe et dédie à « Maria » pour son anniversaire, en 1941. Sur l’estrade au fond de la salle, une grande toile de deux mètres sur trois, fascinante : Le pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer (collection privée).

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    Valérius de Saedeleer, Fin d’une journée sombre à Laethem-Saint-Martin, 1907, Musée des Beaux-Arts de Gand

    « Quiétude » (des toiles plutôt intimes, des portraits d’enfants, de femmes), « Paysage », « Les grands modèles » (Bruegel), « Divergences », ce sont les autres sections de cette exposition : des regroupements thématiques et associations qui ne s’imposent pas toujours. Mais cette réserve ne doit pas faire de l’ombre à la grande qualité de la plupart des œuvres sélectionnées, au rez-de-chaussée comme à l’étage.  

    Finesse des arbres en hiver d’un Valérius de Saedeleer, frimousses de Rodolphe Strebelle (Portrait des enfants Y. Peters), visages tout en regards, intérieurs paisibles de Louis Buisseret sous l’influence du Quattrocento, terribles piétas de Servaes et de Carte, l’exposition fait la part belle à l’humain – de l’enfance à la vieillesse – et à la nature, brabançonne (Frans Depooter) ou flamande (belle aquarelle de Jacob Smits intitulée Symbole de la Campine).  

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    Louis Buisseret, Dans l’atelier du peintre,1928, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles

    Le thème du peintre revient plusieurs fois, entre autres chez Louis Buisseret et Gustave Van de Woestyne (dans Hospitalité pour les étrangers, 1920, celui-ci s’est représenté invitant un vagabond à entrer chez lui). Le passeur d’eau (ou L’homme au roseau) d’Anto Carte, d’après le poème de Verhaeren, a servi aux affiches du groupe Nervia. 

    « L’œuvre d’art n’existe que par sa seule puissance d’évocation et d’exaltation. Elle n’atteint son but qu’en procurant à qui l’écoute ou la contemple, une joie de nature particulière » disait Louis Buisseret. Conception d’autrefois, peut-être, qui fait encore notre bonheur aujourd’hui. Jusqu’au 17 janvier 2016.

  • Energie vitale

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    "Hodogaya sur le Tōkaidō"

    « La silhouette du Fuji, visible par temps clair de la capitale, qu’elle s’impose comme vue à travers un télescope, ou au contraire s’éloigne sur le fil d’un horizon singulièrement rehaussé, qu’elle soit au centre de visions quasi minérales, ou s’efface au profit de scènes de genre poétiques, organise ainsi un espace nouveau, lui insufflant une énergie vitale sans précédent. »

    Hélène Bayou in Hokusai, « l’affolé de son art », catalogue de la RMN, Musée Guimet, Paris, 2008.