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histoire - Page 5

  • L'île de la peste

    Le dernier roman d’Orhan Pamuk, Les nuits de la peste (Veba Geceleri, 2021, traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes, 2022) nous emmène sur l’île méditerranéenne de Mingher, non loin de Rhodes. Une carte permet d’en situer les localités et aussi les quartiers d’Arkaz, à la pointe sud de l’île.

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    L’introduction de Mîna Mingherli annonce « un roman historique et une histoire en forme de roman ». Des recherches historiques sur l’épidémie de peste de 1901 et surtout l’étude des lettres écrites à sa sœur par la princesse sultane Pakizê, fille du sultan ottoman Mourad V (remplacé puis emprisonné par son frère Abdülhamid II) ont inspiré Les nuits de la peste« L’art du roman repose sur le talent de raconter notre histoire comme si elle avait été vécue par d’autres, et l’histoire des autres comme si nous l’avions vécue », précise-t-elle.

    Le soir du 22 avril 1901, un vapeur « non programmé » arrive à Arkaz : l’Aziziye, battant pavillon ottoman, parti d’Istanbul pour la Chine, avec à son bord une délégation de dix-sept personnes en mission pour le sultan. Parmi elles, sa nièce Pakizê et le Dr Nuri, un médecin sanitaire de trente-huit ans, qu’elle vient d’épouser – un couple heureux. L’inspecteur général, chimiste et pharmacien, Bonkowski Pacha, soixante ans, a embarqué à Smyrne, où l’épidémie de peste a été endiguée en six semaines. Il est chargé de contrôler la bonne application de la quarantaine sur l’île de Mingher.

    On y compte déjà quinze morts dans les quartiers musulmans, moins respectueux des mesures que les quartiers grecs. « Accepter ces règles, c’est accepter de s’occidentaliser, et plus on va vers l’Orient, plus la chose se complique », confie l’inspecteur au médecin, qu’il appelle « mon pacha », un titre auquel le Dr Nuri n’est pas encore habitué.

    De leurs cabines, les passagers admirent la Montagne Blanche, « surgissant tel un fantôme au milieu des ténèbres qui assiégeaient dans son dos la Forteresse d’Arkaz. » Au large du port sans débarcadère ni quai « dignes de ce nom », ils admirent ce paysage « énigmatique » au clair de lune, puis aperçoivent les chaloupes envoyées par le gouverneur de Mingher.

    Celui-ci nie la présence de la peste sur l’île et ne veut pas informer la population comme le souhaitent les médecins sanitaires. Le gouverneur Sami Pacha place  ceux-ci « sous protection » pour surveiller leurs agissements. L’assassinat de Bonkowski Pacha qui a réussi à échapper à la surveillance va entraîner un nouvel ordre de mission pour le Dr Nuri, appelé à le remplacer. Ils débarquent, accompagnés du major Kâmil, un « fils d’Arkaz », chargé de la sécurité de la princesse.

    A l’évolution de la situation, catastrophique du fait du déni et des atermoiements, s’ajoutent l’enquête sur le crime commis et beaucoup d’autres ingrédients, médicaux, politiques, sociaux, religieux, historiques, en plus de la découverte d’une île chérie par ses habitants. Grâce à la confiance sans faille entre Pakizê et son mari, elle qui ne peut sortir de leur demeure, pas plus que du palais où elle vivait à Istanbul, se tient au courant des événements et en rend compte dans ses lettres à sa sœur, qui deviendront de précieuses archives. Elle avait promis de lui écrire « tout ce qu’elle verrait, entendrait et ressentirait durant son voyage ».

    L’auteur mêle à l’action principale – l’épidémie, décrite avec beaucoup de réalisme dans tous ses aspects (maladie, quarantaine, rumeurs, conseils sanitaires, hôpitaux débordés, croyances, inhumations…) et avec toutes les difficultés (notamment pour que responsables et médecins s’accordent) – plusieurs relations amoureuses, des rivalités politiques et des abus de pouvoir, la censure, des règlements de comptes et même une révolution nationaliste.

    Le roman d’Orhan Pamuk comporte de belles descriptions des paysages et de la nature sur l’île aux roses (l’eau de rose est une spécialité de Mingher). Les librairies y proposent des ouvrages en grec, en turc et en français, la langue minghérienne n’étant connue que des natifs de l’île. « Des années plus tard », le dernier chapitre des Nuits de la peste, résume la suite, une fois l’épidémie vaincue : le voyage en Chine, la destinée de Pakizê et de sa famille, le sort de l’île jusqu’à nos jours.

    Ecrite avant l’épidémie de Covid-19, cette œuvre littéraire phénoménale et palpitante mêle fiction et histoire plus qu’on ne l’imagine, je ne vous en dis pas plus. « Cette fresque somptueuse signée du Prix Nobel 2006, qui évoque le basculement d’un monde, aux résonances très contemporaines, a le mérite d’exister quand l’agonie du monde ottoman, magnifique sujet s’il en est, est si peu traitée dans la littérature turque. » (Marc Semo, Le Monde des Livres)

  • Un toast

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    « Nous avons unifié l’Etat de telle manière que toute partie qui se sépare de l’entité socialiste, non seulement inflige des dommages à celle-ci mais ne peut exister seule, livrée à elle-même sans tomber un jour ou l’autre sous le joug étranger. Celui qui tente de détruire cette unité de l’Etat socialiste est un ennemi, celui qui s’efforce d’en séparer une partie ou une nationalité est un ennemi juré de l’Etat et du peuple de l’URSS. Et cet ennemi, fût-il un ancien bolchevik, nous l’éliminerons ainsi que ses parents et sa famille. Celui qui, par ses actions ou en pensée, oui, même en pensée, agit contre l’unité de l’Etat socialiste sera impitoyablement éliminé. A la destruction de tous les ennemis, jusqu’au dernier, à la destruction des ennemis et de leur parenté ! »

    Toast de Staline le 7 novembre 1937, pour le vingtième anniversaire de la révolution d’Octobre, lors du repas chez Vorochilov.

    Cité par Eugen Ruge dans Le Metropol.

  • Le Metropol, 1936-37

    « Ceci est l’histoire que tu n’as pas racontée. Que tu as emportée dans ta tombe. Que tu croyais à jamais enfouie. Que tu as toute ta vie cherché à faire oublier, à écarter de ta mémoire. Et tu y as presque réussi.
    Pendant longtemps je ne savais même pas que tu avais vécu en Russie. J’étais étonné de t’entendre parler russe avec mon autre grand-mère russe. […]
    Tu étais ma
    grand-mère mexicaine. Dans ton jardin d’hiver, une fontaine bruissait doucement entre les plantes tropicales. »

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    C’est à Charlotte que s’adresse le narrateur d’Eugen Ruge dans le prologue du Metropol, un des personnages de Quand la lumière décline (qui raconte comment elle est revenue du Mexique avec Wilhem, son compagnon après son divorce, pour vivre en Allemagne de l’Est à partir des années cinquante). L’intrigue du Metropol (traduit de l’allemand par Jacqueline Chambon) est antérieure : c’est le roman des années passées en Union soviétique par cette communiste allemande après la prise de pouvoir des nazis.

    Des notes d’archives datées de 1936 et 1937 balisent le récit, des copies obtenues aux Archives d’Etat russes pour l’histoire sociopolitique à Moscou : le dossier de Charlotte (246 pages). La première archive, signée Hilde Tal, datée d’août 1936, mentionne des conversations surprises en 1933 : les camarades Jean et Lotte Germain « ont fréquenté le bandit trotskiste EMEL ». Le roman fait vivre de l’intérieur l’époque des grandes purges staliniennes.

    Charlotte part en vacances sur la mer Noire (de Batoumi à Yalta) avec Wilhem dont le nom de code est alors Jean Germaine – elle lui dit Wilhem comme avant. « C’est difficile d’appeler Jean Germaine un ouvrier métallurgiste qui a l’accent de l’Anhalt. » En ouvrant sur le bateau le journal de l’Internationale communiste en allemand, elle découvre dans un article sur le procès contre Zinoviev (collaborateur de Lenine) le nom de « M. Lurie ». Ils ont connu ce Lurie sous le nom d’Emel en Allemagne, Charlotte admirait cet homme cultivé et insolent dont Wilhem voulait rester « à l’écart ».

    Dès lors, inquiète, Charlotte « joue à être en vacances ». Elle écoute la jeune Jilly Greenwood qui les accompagne lui confier les assiduités dérangeantes de Melnikov, le nouveau chef de l’OMS, le service de renseignements de l’Internationale communiste pour lequel ils travaillent. Avec Wilhem, ils corrigent d’emblée « Nous sommes amis avec un ennemi du peuple » en « Nous connaissons un ennemi du peuple », c’est ce qu’ils diront comme si de rien n’était à Jilly, question de ne rien cacher.

    C’est toute la tension du roman : dès que quelqu’un est cité ou licencié, soupçonné d’intelligence avec l’ennemi ou arrêté, ceux qui l’ont fréquenté se sentent sur la sellette et se demandent comment se comporter. Les « ennemis » se multiplient. Le président du collège militaire de la Cour suprême d’URSS, Vassili Vassilievitch Ulrich, logé dans une suite au Metropol, est débordé : de plus en plus d’accusés comparaissent le même jour ; la parole est accaparée par le procureur qui a l’entière confiance de Staline. Lurie, comme les autres, répond oui à toutes les questions de l’accusation.

    Hilde Tal, qui travaille au quartier général de l’OMS, vit avec Julius dans les appartements collectifs de l’hôtel Lux, réservés aux membres du Komintern. Quand ils ont besoin de se parler franchement, ils sortent se promener. Ils sont écœurés par les procès successifs. Hilde se demande si elle devrait écrire une note sur les Germain qui fréquentaient Emel, surtout Charlotte.

    Au retour de vacances, Wilhem est hospitalisé pour une dysenterie grave et Charlotte réfléchit au conseil de « l’homme de sa vie », entré par idéal au parti communiste : suivre la voie hiérarchique pour déclarer qu’elle a connu Emel. Elle finira par être interrogée et par devoir faire elle aussi « une déclaration complète et véridique qui comprendra une autocritique ».

    Le couple est envoyé sans explication à l’hôtel Metropol, un palace moscovite, en attendant d’être informé sur son sort. Les jours passant, ils s’adaptent à leur nouvelle vie, observent ce qui se passe autour d’eux. Charlotte fait la queue pour s’approvisionner, Wilhem va lire le journal à la bibliothèque Lenine. Ce sera plus facile quand ils recevront des coupons-repas pour le déjeuner de deuxième classe au restaurant.

    En 1937, un nouveau procès commence contre le Centre trotskiste des ennemis de l’Union soviétique. Peu à peu, la moitié de leur équipe à l’OMS arrive au Metropol. Tous gardent leurs distances. Charlotte est excédée, même le chef du NKVD devient un « ennemi du peuple » ! Wilhem reste persuadé du bien-fondé de la politique du Parti. C’est la routine d’un temps de terreur que raconte le roman : défiance, langue de bois, survie, intrigues. Quel sera leur sort ?

    L’écrivain allemand a pu, grâce au succès de son roman précédent, prendre une chambre au Metropol, le grand hôtel de luxe où le Parti installait les étrangers pour les éblouir et ses cadres suspects pour une durée indéterminée. Dans l’épilogue, Eugen Ruge explique comment des souvenirs de famille lui ont donné envie d’écrire cette fiction, appuyée sur une documentation authentique : Le Metropol, « une histoire sur ce que les hommes sont prêts à croire. » 

  • "Mon pays"

    Before time began (55).jpgDe loin, j’imaginais une tête d’ours en regardant Ngayuku ngura (Mon pays) de Barbara Moore (°1964). Où avais-je donc la tête ? On y retrouve les cercles concentriques et les lignes courbes de l’art aborigène, mais l’absence de pointillés, le geste calligraphique, les couleurs distinguent cette œuvre de la peinture aborigène traditionnelle.
    De la communauté Amata où elle a déménagé quand elle s’est mariée (territoires APY, Australie du Sud), Barbara Moore peint ici 
    le pays de son père dans le Territoire du Nord, près de Ti Tree. Elle reste ainsi connectée à son pays natal, même si elle vit loin.

    Barbara Moore, Ngayuku ngura (Mon pays), 2018,
    Acrylique sur lin, 197 x 198 cm

    Before Time Began, Musée Art & Histoire, Bruxelles > 29.05.2022

  • Art aborigène

    « Before Time Began », une belle exposition sur l’art aborigène d’Australie, continue au musée Art & Histoire jusqu’au 29 mai. « Vivez le temps du rêve », dit le prospectus – expression sans rapport avec notre conception occidentale du temps ou du rêve : « Dreaming », concept intraduisible, renvoie à la création du monde, sous différents noms selon les régions désertiques d’Australie. L’an dernier, aux Musées royaux des Beaux-Arts, « Aboriginalités » en présentait une approche passionnante, à partir d’une autre collection.

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    Georges Petitjean, conservateur de la collection Bérengère Primat (fondation Opale en Suisse), écrit dans le catalogue : « C’est un temps qui n’a pas de temps ». Le titre de cette exposition-ci renvoie surtout aux débuts de l’art aborigène contemporain. Le Serpent Arc-en-ciel est l’un des êtres ancestraux les plus importants du Temps du Rêve, lié à l’eau et à la fertilité.

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    Propulseur, objet emblématique de l'Australie

    Le début du parcours donne des repères historiques : l’art aborigène est né il y a 65 000 ans ! Des propulseurs destinés au lancement des sagaies illustrent une culture aborigène soucieuse de l’environnement. Cet outil remplissait d’autres fonctions, par exemple pour l’entretien du sol, pour une gestion du feu qui permet d’éviter les incendies, malgré les sécheresses.

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    Poteaux funéraires

    D’autres objets traditionnels sont exposés : boucliers, boomerangs, écorces peintes, instruments de musique. Des poteaux funéraires ornés des motifs du clan recueillaient les restes des défunts. Ceux présentés ici, œuvres d’artistes contemporains, n’en contiennent plus, mais sont des mémoriaux à forte valeur culturelle.

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    Lofty Bardayal Nadjamerrek (v.1926-2009), Kangourou / Varan / Echidné, 1972,
    Ocres naturelles sur écorce

    Des ocres naturelles sont utilisées pour peindre sur des écorces les animaux d’Australie : petites tortues, kangourous, varans, échidnés, émeus se nourrissant, poissons... Les tons de terre des pièces les plus anciennes font place, à partir des années 1970, avec le développement d’un art davantage tourné vers l’extérieur, à des couleurs plus vives, comme celles de ce magnifique Début de la vie.

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    Paddy Fordham Wainburranga (1941-2006), Le Début de la vie, 1998,
    acrylique sur toile de coton, 175 x 130 cm

    Rêve de l’Eau à Kalipinypa* de Long Jack Phillipus Tjakamarra « montre l’iconographie classique du désert pour les Rêves de l’Eau et de la Pluie, les deux cercles reliés par une série de lignes (courbes) représentant la pluie ou l’eau courante adjacente à une série de  doubles barres qui représentent les nuages » (catalogue). Juste à côté, une toile presque de même taille contraste par ses larges bandes plus rectilignes, noires et blanches sur fond rouge, et des cadres rectangulaires.

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    Long Jack Phillipus Tjakamarra (v.1938-1992), Rêve de l’Eau à Kalipinypa, 1974,
    acrylique sur toile de coton, 196 x 171 x 2,2  cm

    Certaines œuvres des années 1990 combinent des motifs aborigènes traditionnels avec un langage pictural plus moderne, comme Clifford Possum Tjapaltjarri, dans Les Deux Frères Tjangala à Warlugulong : on y reconnaît des lances et des propulseurs, des courbes fluides sur fond clair autour des squelettes des deux frères, le tout unifié par un grand ovale couleur corail.

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    Clifford Possum Tjapaltjarri, Les Deux Frères Tjangala à Warlugulong, 1997,
    acrylique sur toile de lin, 200 x 272 cm, Collection Arnaud Serval

    Kutala Tjuta est l’installation la plus étonnante de Before Time began, au centre de la plus grande salle : littéralement « beaucoup de lances » (environ mille cinq cents). Monumentale, elle évoque un tourbillon, tornade de poussière dans le désert, appelé « kupi kupi ». Depuis 2010, le projet Kutala Tjuta relie des artistes âgés de la culture anangu précoloniale « et les nouvelles générations qui ont subi l’influence occidentale », dans le but de montrer leurs œuvres dans un contexte contemporain.

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    Installation APY Lands Kulata Tjuta - Kupi Kupi, 2019, 1500 wooden spears, © kmkg-mrah

    D’autres œuvres réalisées au XXIe siècle – peintures et installations – sont présentées dans la dernière partie du parcours. Coups de cœur pour Ngankari ngura / Guérir le pays de Betty Muffler, une peinture de trois mètres de long montrant l’eau traversant le paysage ; un Sans titre de Kunmanara (Willy) Martin évoquant le Rêve du Serpent d’eau, de même taille quasiment ; Ngura / Pays d’Alec Baker et Peter Mungkuri avec deux grands motifs arborescents.

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    Betty Muffler, Ngankari ngura / Guérir le pays, 2018,
    acrylique sur lin, 122 x 305 cm

    Parmi les visiteurs, des enfants étaient visiblement attirés par Histoire des sept sœurs (de Kaylene Whiskey), une œuvre en huit tableaux de couleurs vives, pleine de fantaisie, comme une bande dessinée du monde contemporain, avec des messages en anglais dans les bulles. Et aussi par Tigerland, une grande installation comportant des sculptures mobiles (de Tiger Yaltangki, illustrée sur le site du musée).

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    Tiger Yaltangki, Tigerland (détail),  2018,
    peinture polymère sur toile de lin et personnages en contreplaqué de bois.
    Installation de 7 anneaux et 17 sculptures mobiles, 200 x 1200 x 240 cm

    L’exposition propose aussi deux vidéos que je n’ai pas vues et, dans la dernière salle, de grandes photographies de Michael Cook, à la fois esthétisantes et provocatrices. Civilised dénonce la colonisation et, comme l’écrit Guy Duplat dans La Libre, « interroge l’identité réelle et fantasmée de l’aborigène en le photographiant habillé comme le colonisateur de jadis venu d’Europe, ce dernier devenant le colonisé. Troublant. »