« Le soir, quand Jon reprit le chemin de son atelier, fatigué après sa longue journée, il pensa à nouveau au temps et à l’éternité, comme l’avait fait son souverain quelques heures plus tôt. Bien sûr que la vie avait une valeur, se disait-il. Evidemment, l’humanité progressait avec le temps. Il en avait fait l’expérience dans sa profession. Il y avait toujours des évolutions.
Et alors qu’il marchait vers chez lui, rempli de ces pensées sur les souvenirs et le progrès, il prit conscience d’une chose à laquelle il n’avait jamais réfléchi. Chaque pas qu’il franchissait devenait aussitôt la proie du temps. Les autres passants le virent s’arrêter subitement sur le trottoir et rester immobile un moment avant de faire résolument un autre pas en avant. Puis il en fit encore un autre, s’arrêta une nouvelle fois, extrêmement pensif, et se remit en route comme si de rien n’était. Il avait alors compris que chaque pas qu’il faisait vers son domicile et vers sa boutique le ramenait un peu plus vers le passé. »
Arnaldur Indridason, Le roi et l’horloger
Commentaires
Merci pour cette citation qui me conforte dans l'idée de le lire je l'ai noté bien entendu d'autant plus que j'aime beaucoup cet auteur et que ce roman est différent de ce qu'il écrit habituellement. Il faut que je le trouve en médiathèque...
Bonne lecture, Manou.