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gravure - Page 4

  • Arts du dessin

    verhaeren,critique d'art,exposition,musée des beaux-arts,gand,msk,peinture,sculpture,illustration,dessin,gravure,culture« On dénommait jadis « Arts mineurs » les arts du dessin et de la gravure. L’expression fait sourire aujourd’hui, et il n’est guère de critique pour oser parler encore de hiérarchie dans le domaine des manifestations plastiques de la pensée. La démocratisation de l’art, le besoin intense de vulgarisation et de propagande qui possède les artistes feraient plutôt accorder la préférence aux expressions qui se peuvent tirer à grand nombre, être distribuées à bon marché et porter la bonne parole rénovatrice et encourageante dans les écoles, dans les intérieurs modestes, dans les ateliers, dans les fermes. Le tableau, l’exemplaire unique, le chef-d’œuvre bordé d’or apparaît presque comme une anomalie. Et c’est avec raison que le Salon de la Libre Esthétique fait mêmes honneurs aux estampes, aux affiches, aux illustrations du Livre et de l’Album, qu’aux toiles peintes, jugées seules dignes, jadis, de toute considération. »

    Emile Verhaeren, Quelques dessinateurs in L’art moderne, 11/3/1894.

    Catalogue « Verhaeren verbeeld / Le regard de Verhaeren », Musée des Beaux-Arts de Gand, 2016. Exposition jusqu’au 15/1/2017.

    Odilon Redon, La Fleur du marécage, une tête humaine et triste, de la série Hommage à Goya, 1885. Lithographie, Gand, MSK.

  • Matisse et la gravure

    Un jour sans pluie, voilà qui était plus agréable pour se rendre au Cateau-Cambrésis, la ville natale de Matisse, et visiter l’exposition « Matisse et la gravure », en cours au Musée Matisse. Celui-ci date de 1952, quand l’artiste a offert quatre-vingt-deux œuvres à la ville. D’autres donations se sont succédé, notamment de la famille Matisse (la dernière en 2012). En 2002 s’ouvre le nouveau musée aménagé dans le palais Fénelon, ancienne résidence des archevêques de Cambrai construite à la fin du XVIIIe siècle et dotée d’un beau parc.

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    Vue partielle de la cour et de la façade du palais Fénelon - Musée Matisse

    Parlons d’abord de la gravure, « l’autre instrument » comme le rappelle le titre de l’exposition. On ignore souvent à quel point Matisse a pratiqué cet art dans ses différentes techniques, de 1900 jusqu’à la fin de sa vie. Il disait : « Ce qui m’intéresse le plus, ce n’est ni le paysage, ni la nature morte, c’est la figure. » La figure humaine est le sujet le plus traité dans les « quelque 829 estampes recensées dans le catalogue raisonné, augmenté des 80 livres illustrés par Matisse » (brochure).

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    Cette exposition temporaire (jusqu’au 6 mars 2016) révèle le travail de Matisse graveur et permet en même temps aux visiteurs de mieux appréhender la diversité des estampes (images imprimées sur un support à partir d’une matrice) qu’on nomme souvent « gravures » par ignorance des différentes techniques (en relief, en creux, à plat). Des panneaux didactiques permettent de les distinguer et surtout, l’exposition de 200 œuvres « comprenant pour la première fois des matrices, des pierres lithographiques ainsi que des tirages rayés ». Les instruments du graveur sont montrés, les inscriptions manuscrites explicitées. 

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    Henri Matisse dessinant sur la pierre à l’atelier Mourlot, Paris, 1947-1948
    (photo Ina Bandy
    © Fonds Ina Bandy)
    Source : http://www.christies.com/matisse/printmaker.aspx

    Une grande photo accueille le visiteur : Henri Matisse dessinant sur la pierre à l’atelier Mourlot à Paris, 1947-1948 (photo Ina Bandy). Puis quatre états successifs (état : tirage effectué à chaque changement pour mieux apprécier le résultat) de Henri Matisse gravant, qui datent de ses débuts en 1900-1903, à la pointe sèche, avec des traits entrecroisés pour les ombres. L’artiste s’est représenté « à la manière de Rembrandt dans sa célèbre estampe de 1648 » (Céline Chicha-Castex). Ici, le dessin très détaillé du visage contraste avec celui des mains laissées en clair. Le regard et les mains focalisent l’attention, puis on remarque des ébauches laissées dans le haut à gauche.

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    Henri Matisse, Henri Matisse gravant, 1900-1903
    Pointe sèche 14.8 x 19.8 cm sur vélin 25 x 33 cm
    Planche 52 D : quatrième état Collection privée © Succession H. Matisse, 2015 Photo : Archives Henri Matisse

    D’une salle à l’autre, on découvre les techniques utilisées par Matisse pour dessiner : une tête sous une capeline, une odalisque et une joueuse de luth, des postures et des visages de femmes le plus souvent, parfois un paysage ou une nature morte. Devant les visages de ses modèles, ce qui frappe, c’est la manière dont Matisse rend une physionomie avec une extrême sobriété : « il ne s’agit plus de portrait à proprement dit, mais de l’expression d’une harmonie sensible inspirée par le modèle » (brochure).

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    Henri Matisse, Loulou, figure de dos, 1914-1915
    Eau-forte 17.9 x 12.8 cm sur chine appliqué; support: vélin 38 x 27.8 cm Planche 42, État Collection privée © Succession H. Matisse, 2015 Photo: Archives Henri Matisse

    Plus rarement, le rapport s’inverse entre le noir et le blanc, j’aime beaucoup ces lignes blanches sur un fond noir qui leur donne force et présence, comme pour l’œuvre de l’affiche, Nu dans les ondes, ou pour une autre linogravure de la même année 1938, Primavera. Matisse avait raison de l’affirmer : « le noir est une couleur ».

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    Henri Matisse, Primavera, 1938
    Linogravure 22.8 x 16.9 cm sur vélin Daragnès 52 x 33 cm
    Planche 240, Éd. 8/25 Collection privée © Succession . Matisse, 2015 Photo : Archives Henri Matisse

    Pour lui, il s’agissait « d’apprendre et de réapprendre une écriture qui est celle des lignes ». Ses estampes présentent une grande variété dans l’épaisseur du trait, qui diffère selon le type de gravure. L’exposition des matrices à proximité permet de mieux se rendre compte, pour qui n’est pas initié, de la manière dont l’artiste travaille ; pour les connaisseurs, c’est aussi l’occasion d’examiner son « matériel » d’origine, y compris des matrices rayées (l’artiste arrête ainsi le tirage et y note parfois quelques indications pour mémoire).

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    Vue de l'exposition "Matisse et la gravure",
    musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis, Photo département du Nord

    Après la découverte de ces estampes généralement en noir et blanc (on montre aussi des essais de couleurs pour La Danse de la Fondation Barnes), et une pause déjeuner agréable au Cateau Cambrésis, nous sommes retournés au Palais Fénelon pour ses collections permanentes, au rendez-vous de Matisse d’abord, puis d’Auguste Herbin, dans la nouvelle aile, et de la collection Tériade pour terminer. 

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    Henri Matisse,
    Bord de canal à Bohain, 1903
    Huile sur toile Collection particulière Dépôt au musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis
    © Succession H. Matisse

    Dans le message envoyé par Matisse à sa ville natale en 1952, repris intégralement au début du parcours, il dit ceci à propos de la chapelle de Vence (dont on verra la maquette et des vêtements liturgiques) : « C’est dans la création de la chapelle de Vence que je me suis enfin éveillé à moi-même et j’ai compris que tout le labeur acharné de ma vie était pour la grande famille humaine, à laquelle devait être révélé un peu de la fraîche beauté du monde par mon intermédiaire. »

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    Matisse, Grand nu assis, Nice, 1922-1929 / Fenêtre à Tahiti II, Nice, 1936
    Dons de l'artiste en 1952 Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis

    J’ai revu avec plaisir les Matisse du Cateau-Cambrésis, les premières peintures, les sculptures, les œuvres de la plénitude comme Fenêtre à Tahiti II, quand il est déjà installé à Nice, le magnifique Intérieur aux barres de soleil, des papiers collés, un riche cabinet d’œuvres graphiques. Vous en trouverez un aperçu, période par période, sur le site du musée.

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    Auguste Herbin, Rue de Bastia, 1907
    Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis

    En revanche, j’ai vu pour la première fois la donation Herbin dans la nouvelle aile (on peut consulter l’intégralité de la collection Herbin en ligne). Devenu un maître de l’art abstrait, Auguste Herbin (1882-1960) a d’abord peint des œuvres figuratives dans des couleurs plutôt fauves (Rue de Bastia). Ensuite il décline les formes géométriques et son alphabet des couleurs pures aussi bien sur toile que sur des objets. Son vitrail « Joie » est un chef-d’œuvre.

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    Auguste Herbin, Joie, 2002 Vitrail  Deuxième état
    Réalisation Atelier Luc-Benoît Brouard  Musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis
    Photo Association des amis du musée Matisse

    Coup de cœur, enfin, pour la collection Tériade. Alice Tériade, la femme du grand éditeur d’art, a offert au musée Matisse « vingt-sept livres de peintres conçus et illustrés par quatorze artistes de l’art moderne », et aussi des œuvres offertes à Tériade par ses amis, des peintures et des sculptures comme Grande Femme III de Giacometti installée dans la cour du musée.

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    Pierre Reverdy / Pablo Picasso, Le chant des morts, Tériade, 1948
    Collection Tériade, Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis

    Quelle fête ! Portrait de Tériade par Giacometti, illustrations de Rouault pour Divertissement sur le thème du cirque (premier livre d’art édité par Tériade en 1943), céramiques de Miró, toiles de Léger, lithographies originales de Chagall pour Daphnis et Chloé, de Juan Gris – superbe série « Au soleil du plafond » – et aussi d’André Beaudin que je ne connaissais pas.

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    Juan Gris, Le Livre (Pierre Reverdy / Juan Gris, Au soleil du plafond, Tériade, 1955)
    (Photo de biais pour limiter les reflets, cliquer ci-dessus pour la série.)
    Collection Tériade, Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis

    Tériade et son épouse aimaient recevoir leurs amis à la villa Natacha de Saint-Jean-Cap-Ferrat. La salle à manger minuscule du Midi a été reconstruite dans le musée. Matisse y a posé un vitrail et dessiné un platane sur deux murs d’angle en face, Giacometti a conçu le lustre et la vaisselle, Laurens une sculpture ; les meubles en osier venaient d’une brocante. Quel raffinement dans cette petite pièce !

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    « La salle à manger » de la Villa Natacha reconstruite à l’identique
    carreaux de la céramique Le Platane et vitrail Les Poissons chinois de Matisse,
    lustre et coupes de Giacometti, plâtre de la Sirène ailée de Laurens
    .

    Mais revenons dans le Nord ou plutôt, car il est temps de conclure, allez-y si vous le pouvez : le musée Matisse du Cateau-Cambrésis, un beau musée à taille humaine, vaut le voyage, qu’on se le dise.

    ***

    Post-scriptum (16/2/2016)

    Pour information, le musée Matisse s’est associé avec Covoiture Art, « site de covoiturage qui met en relation des covoitureurs en fonction de leurs affinités culturelles » : http://www.covoiture-art.com/

     

  • Ex-libris

    Rassenfosse ex libris Pipette.jpg« Limité par l’espace, Rassenfosse l’est aussi par les moyens : en quelques traits, il doit évoquer la personnalité du dédicataire, exprimer son idéal poétique, créer un climat.

    Cette forme d’art réclame habileté, élégance et maîtrise technique du dessin et de la gravure. »

     

    Nadine de Rassenfosse & Pierre Gilissen, Rassenfosse ou l’Esthétique du Livre, Fondation Roi Baudouin, 2015.

     

    Exposition à la Bibliotheca Wittockiana
    > 31/1/2016

  • Rassenfosse à la W.

    La Bibliotheca Wittockiana, près du parc de Woluwe, attire les amoureux des beaux livres. L’exposition « Rassenfosse ou l’Esthétique du Livre », offre une excellente occasion de pousser la porte du Musée de la Reliure et des Arts du livre (l’histoire de ce musée unique en son genre est racontée sur son site). La Fondation Roi Baudouin, qui gère le Fonds Armand Rassenfosse, met ici en valeur le travail du graveur et peintre liégeois dans le domaine de l’édition (jusqu’au 31 janvier 2016, entrée libre). 

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    Les parents d’Armand Rassenfosse (1862 – 1934) tenaient une boutique d’objets d’art et espéraient que leur fils unique poursuive leur activité, mais très tôt celui-ci se passionne surtout pour le dessin et la gravure. A Liège d’abord, puis auprès de Félicien Rops qui le conseille et l’encourage. Rassenfosse se fait peu à peu connaître, en Belgique et en France : affiches publicitaires, estampes pour des revues, illustrations littéraires, ex-libris... Au XXe siècle, il se montrera en peinture aussi un chantre de la femme, son sujet de prédilection. 

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    Le coin de l’aquafortiste : Armand Rassenfosse dans son atelier en 1910, manipulant la presse sur laquelle travaillèrent également
    Adrien de Witte, François Maréchal, Auguste Donnay et James Ensor. Photographie anonyme, Liège, 1910 (coll. privée).

    Dans ce musée moderne où l’amour du beau livre se décline sous toutes les formes – aux collections permanentes s’ajoutent un atelier de reliure, une bibliothèque –, on est véritablement accueilli, cela mérite d’être souligné. Une belle photographie de Rassenfosse à la presse dans son atelier précède les premières vitrines consacrées aux illustrations de jeunesse, comme cette couverture de Rassenfosse pour Nos plages, Guide du littoral (imprimé chez Bénard, son premier employeur), des gravures pour Albert Mockel, dont il dessine l’ex-libris, entre autres.  

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    La brochure du visiteur contient les légendes de toutes les pièces exposées (en petits caractères). Pour les non-initiés, le vocabulaire est parfois mystérieux : le « chagrin » bordeaux, par exemple, est une « peau de chèvre tannée à grain assez petit » (on trouve quelques définitions affichées près de l’atelier). Quant au « frontispice » souvent mis à l’honneur, c’est l’« illustration placée au début d’un livre, généralement sur la fausse page (verso) qui fait face à la page de titre (recto) », explique le glossaire à la fin de la publication très bien illustrée de la Fondation Roi Baudouin (prix modique). 

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    Armand Rassenfosse, Lettres ornées, parues dans Le Courrier français des 12 et 26 juillet 1896, encre de Chine,
    Coll. Fonds Armand Rassenfosse, Fondation Roi Baudouin, © Studio Philippe de Formanoir

    L’exposition stimule avant tout le plaisir de l’œil à se poser sur ces images que les éditeurs d’antan commandaient aux artistes pour accompagner les textes littéraires. En comparaison, la plupart des livres que nous lisons aujourd’hui sont très standardisés. La littérature est devenue plus accessible, mais quand on a sous les yeux, ou entre les mains, un de ces beaux ouvrages anciens, il y a de quoi comprendre comment naît une passion de bibliophile. 

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    Armand Rassenfosse, Illustration pour Les yeux de Berthe in Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Paris, Les Cent Bibliophiles, 1899,
    gravure à la pointe sèche et à l’aquatinte, Coll. Fonds Armand Rassenfosse, Fondation Roi Baudouin, © Studio Philippe de Formanoir

    Comme illustrateur, Rassenfosse atteint un sommet avec la fameuse édition de 1899 des Fleurs du Mal de Baudelaire, au cœur de l’exposition. La Société des « Cent Bibliophiles » lui demande d’illustrer en couleurs chacun des textes du recueil, un travail énorme (158 poèmes, le frontispice, les titres de chapitres, plus 160 culs-de-lampe lithographiques !) On peut voir des dessins originaux de Rassenfosse sur une édition courante de Baudelaire, où il essaie des figures, et puis de très belles pages sous verre, ainsi qu’un magnifique exemplaire privé aux « contreplats ornés de deux gouaches originales de Rassenfosse, La Sagesse et La Folie ». 

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    Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, Paris, Les Cent Bibliophiles, 1899, illustrations d'Armand Rassenfosse.
    Exemplaire n°81/115 d'Arthur Monnereau relié par A. Cuzin en plein marocain bordeaux mosaïqué et enrichi de deux gouaches originales de Rassenfosse, La Sagesse et La Folie, intégrées dans les plats de la reliure (coll. privée) 
    (Désolée pour la piètre qualité de la photo.)

    Dans tous les livres exposés, ce sont les raffinements des dessins, des vignettes, de la mise en page qui captivent. Par exemple, cette tête de femme pour la collection « To the Happy few » (Anna de Noailles, De la rive d’Europe à la rive d’Asie ; Le dernier amour de Ronsard signé P. de Nolhac ; Au courant de la Vie, par Camille Saint-Saens). Ou la légèreté de ces figures dansantes pour La maison de la petite Livia (Pierre de Querlon). 

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    Vitrine consacrée à La maison de la petite Livia de Pierre de Querlon, Paris La connaissance, 1924.
    En feuillets sous couverture cartonnée d'éditeur. Ouvrage illustré de 15 dessins hors-texte (...)

    Cà et là, quelques huiles sur carton : L’amateur d’estampes, Les jeunes sorcières (un chat noir, une goutte de peinture en guise de boucle d’oreille), des portraits de Baudelaire, de Rops. Rassenfosse a illustré des auteurs comme Claude Farrère, son ami (différentes étapes pour illustrer Shahrâ sultane), des écrivains belges et français : Colette, Lemonnier, Eekhoud, Debussy, Barbey d’Aurevilly (Les Diaboliques)...

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    Devant une couverture réalisée par Rassenfosse pour Claudine à Paris, un portrait de Colette à l'encre de Chine (coll. privée)

    Quelques ouvrages de la bibliothèque personnelle de Rassenfosse, évidemment amateur de beaux livres, offrent à voir gravures et dédicaces. Un de mes coups de cœur, c’est la trentaine d’ex-libris exposés (il en a dessiné une centaine), dont celui-ci de Marie Rassenfosse, son épouse.  

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    Ex-libris de Marie Rassenfosse

    Le service pédagogique (dossier ici) propose un atelier aux groupes scolaires : « Qu’est-ce qu’un ex-libris ? À quoi sert-il ? (…) Viens le découvrir tout au long de cet atelier : amène ton livre préféré à la Wittockiana et apposes-y ton propre ex-libris ! » Tentant, non ? 

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    Armand Rassenfosse,  Imprimerie Bénard S. A. Liège, 1908, lithographie,
    Coll. Fonds Armand Rassenfosse, Fondation Roi Baudouin, © Ville de Liège – photo Marc Verpoorten

    Ne manquez surtout pas les affiches de Rassenfosse à l’étage : un inattendu « Salon anti-boche » (1929), des affiches publicitaires (« Huile russe », « Soleil » (bec à gaz), « Calorifère Bijou »), à côté d’affiches pour diverses expositions. La belle bibliothèque du musée est juste à côté. La Bibliotheca Wittockiana conserve des collections permanentes riches et variées : reliures anciennes et modernes, livres-objets, almanachs de Gotha, sculptures, et même des hochets. Pour info, elle participera le 22 octobre aux Nocturnes des musées bruxellois.