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Exposition - Page 29

  • Texture

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    « Il faut que les objets soient rendus avec leur texture propre. Il faut encore et surtout qu’ils soient enveloppés de lumière, comme ils le sont dans la nature. Voilà le progrès à faire. »

    Alfred Sisley à Adolphe Tavernier, 24 janvier 1892

    Catalogue Sisley l’impressionniste, Hôtel de Caumont Centre d’art, Aix-en-Provence, 2017.

     

    Sisley, Printemps aux environs de Paris : pommiers en fleurs, 1879,
    Musée Marmottan Monet, Paris (détail)

  • Sisley à Aix

    L’exposition Sisley l’impressionniste est un excellent prétexte (s’il en faut) pour se rendre à Aix-en-Provence. C’est la première fois que je découvrais rassemblées d’aussi nombreuses toiles de cet artiste moins connu que Monet, resté fidèle toute sa vie à la peinture en plein air – un peintre de paysages et « un impressionniste très personnel », comme l’écrit MaryAnne Stevens, commissaire de l’exposition.

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    Alfred Sisley (1839-1899), né à Paris de parents anglais, a peint Paris et ses environs, la forêt de Fontainebleau, puis Argenteuil, Bougival, les endroits près desquels il demeurait. Le parcours chronologique, repris dans le catalogue, le suit de lieu en lieu, en France et en Angleterre, depuis ses années de formation jusqu’aux années de maturité à Moret-sur-Loing où il est décédé.

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    Alfred Sisley, Vue de Montmartre depuis la Cité des Fleurs aux Batignolles, 1869, musée de Grenoble

    Dès cette Vue de Montmartre depuis la Cité des Fleurs aux Batignolles, on le voit animer ses paysages de quelques silhouettes, mais donner plus d’importance au ciel, aux nuages, à l’atmosphère. Ses petits personnages se déplacent, travaillent, se promènent souvent sans lever les yeux vers le ciel ; certains s’arrêtent en regardant vers le peintre à son chevalet. Lui veut montrer ce qu’il capte dans la lumière du jour, tout ce qui englobe les humains. « Je commence toujours une toile par le ciel » écrit-il à Alfred Tavernier en 1892.

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    Alfred Sisley, L'Inondation à Port-Marly, 1872, National Gallery of Art, Washington

    Chaque saison offre des lumières intéressantes à peindre. Vincent Noce a écrit Monet, l’eau et la lumière ; ce titre conviendrait également à son ami Sisley, qui a tant de fois peint la Seine, les bords de Seine. A Port-Marly, il peint L’Inondation, spectaculaire, une de ses œuvres les plus fameuses.

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    Alfred Sisley, Bougival, 1876, Cincinnatti Art Museum

    L’été éclate dans Bougival où il pose toute la gamme des bleus dans le ciel, dans l’eau, dans l’ombre du chemin. Vers les nuages monte en diagonale la fumée grise d’un bateau et ce mouvement introduit ainsi dans cette scène la vie, le naturel. Sisley aime rendre les effets lumineux de la neige qui modifie notre perception des lieux, même familiers. L’exposition en offre de nombreuses illustrations, de Route de Louveciennes – effet de neige à L’Abreuvoir de Marly-le-Roy.

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    Alfred Sisley, Route de Louveciennes : effet de neige, 1874, Museum Barberini, Postdam

    Des arbres feuillus ou dégarnis, des allées d’arbres le long d’une route, sur une rive, assurent l’équilibre de la composition, avec leurs reflets ou leurs ombres. Quelle grâce et quelle lumière sur ces pommiers en fleurs ! J’ai particulièrement aimé une toile intitulée Les Petits Prés au printemps, By, où le personnage en bleu et blanc à l’avant-plan reprend sur la terre les couleurs de l’eau et du ciel (ci-dessous). Le jaune de son chapeau s’harmonise aux premières touches printanières sur les arbres. Tout se répond.

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    Alfred Sisley, Les Petits Prés au printemps, By, vers 1880-1881, Tate, Londres

    Je n’ai rien dit de l’automne ? Sisley n’a pas manqué d’explorer cette saison des couleurs chaudes dont j’ai pu admirer les débuts sur les arbres et les vignes dans le pays de Nyons, avant de retrouver chez moi le ginkgo biloba dans son habit d’or pâle que je voudrais tant voir résister quelques jours de plus à la pluie et au vent.

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    Alfred Sisley, Sous le pont de Hampton Court, 1874, Winterthur, Kunstmuseum.

    S’il admire et fait admirer la nature, le peintre s’est souvent attaché à montrer les maisons, les rues, les ponts, les constructions des hommes qui structurent l’espace où ils vivent et où notre regard s’appuie : aqueduc de Marly, pont de Hampton Court, lavoir, églises… Bref, l’exposition montre à la fois la constance de l’artiste dans sa recherche de rendre avec justesse son impression visuelle et la variété des points de vue dans l’approche de son sujet.

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    Alfred Sisley, Le pont de Moret, 1888, Minneapolis Institute of Art

    Le catalogue, pas encore lu, généreux en illustrations pleine page, fournit certainement des clés pour mieux comprendre la peinture d’Alfred Sisley. Mais je voulais simplement partager avec vous cette beauté (l’art et la beauté sont à la une de Beaux Arts Magazine ce mois-ci) et ces quelques photos prises à l’exposition, visible jusqu’au 15 octobre à l’Hôtel de Caumont.

  • Houle

    Livre pauvre (66).JPGLivre pauvre (67).JPGGouffres ténèbres

    volcans falaises

    lacs archipels

    deltas méandres

     

     

    Michel Butor, Alain Suby,
    Houle d’un atlas

     

    Les très riches heures du livre pauvre, Bibliotheca Wittockiana
    > 10.09.2017

    (mise à jour 4/9/2017)

  • Des livres pauvres

    Connaissez-vous « les livres pauvres » ? La Bibliotheca Wittockiana expose jusqu’au 10 septembre « Les très riches heures du livre pauvre », une partie de la collection de Daniel Leuwers, critique et poète français. Celui-ci la présente dans une vidéo tournée au Prieuré Saint-Cosme de Ronsard où est conservée la collection complète. Ami de René Char, qui avait réalisé des « manuscrits enluminés » avec les plus grands peintres de son temps, Leuwers a été séduit par cette formule de livres sans éditeur et non commercialisés, à la différence des livres d’artistes.

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    © Michel Butor – André Villers, Affections

    Il s’agit donc de livres « égotistes ». Daniel Leuwers propose à des poètes de réaliser avec des peintres qu’ils aiment de petits livres en duo, sans investissement. Il leur faut du papier correct, non luxueux, à plier de manière à obtenir quatre pages (couverture, texte et peinture, quatrième) ou bien en accordéon. Le poète écrit son texte, le peintre pose ses traits et couleurs : voilà un livre pauvre.

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    © Corinne Hoëx - Roger Dewint, Le grisbi

    En quelques exemplaires seulement (en principe, deux pour l’écrivain, deux pour le peintre, un pour le collectionneur, un pour la demeure de Ronsard). Le livre pauvre s’enrichit d’être hors commerce, sans marchandage, son existence relève du partage et du don. Imaginant d’abord se limiter à une centaine de livres, Daniel Leuwers a passé le cap des 1000 et même des 2000. Arrêter sa collection serait prendre le risque, dit-il, de la « muséification » des livres pauvres, aussi ne lui impose-t-il aucune limite, même si son avenir est incertain.

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    © André Velter - Alexandre Galperine, Un pas

    La Bibliotheca Wittockiana en montre une sélection, de vitrine en vitrine : on peut tourner autour pour en apprécier le recto et le verso. Poèmes courts ou longs, encres ou couleurs, chacun de ces livres pauvres est original dans tous les sens du terme. Les formats varient. Des noms sont plus connus que d’autres : Michel Butor, illustré ici notamment par Geneviève Besse, Annie Ernaux, Michel Tournier, François Cheng, Guy Goffette, Pierre Alechinsky, Hassan Massoudy, …

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    © Michel Butor - Geneviève Besse, Le sapin ardent

    Ici le regard est attiré par une écriture, une mise en page, un dessin, une harmonie, pour le plaisir des yeux et de l’esprit. On est dans l’art sur mesure, le fait main. Ces livres pauvres respirent une liberté totale. Leur fraîcheur est surprenante, on a envie de les toucher, de les tenir en main.

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    © Henri Meschonnic - Hamid Tibouchi, Mes mots comme

    Mme Wittock, qui m’a entendue demander au bibliothécaire, à l’étage, qui a sculpté le magnifique « Livre noir » accroché en bas entre deux fenêtres, a eu la gentillesse de me renseigner. Comme le gigantesque livre en pierre posé devant le musée des Arts du Livre et de la Reliure, cette œuvre superbe est du couple Kubach-Wilmsen. La ligne oblique qui suggère le signet en tissu des beaux livres est une veine naturelle de la pierre sculptée et polie.

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    Sculpture ©
    Kubach-Wilmsen

    Comme à chaque fois, j’aimerais connaître les noms des créateurs de chacune des œuvres qui jalonnent les espaces de la Bibliotheca Wittockiana. Seuls les petits livres-objets en vitrine sont attribués. A l’entrée de la salle d’exposition, les deux grandes pierres levées sont de Pierre Culot. Une liste de légendes serait bienvenue pour ces œuvres du Fonds Michel Wittock.

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    Vue partielle de l'exposition, avec la lectrice en fil de fer de Brigitte Schuermans sous le Livre noir (11/9/2017)

    J’apprends aussi que la sculpture d’une lectrice, particulièrement bien placée près de la fenêtre pour cette exposition, est faite à partir d’un seul fil de fer : se démarquant des nombreuses représentations de lectrices qui regardent ailleurs ou rêvent un livre à la main, celle-ci baisse les yeux vers son livre – elle lit vraiment, à la lumière du jour.

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    © Yasuhiro Yotsumoto
    et Kaori Miyayama, Music score

    Exposée malgré qu’il n’ait pas joué le jeu du livre pauvre, une réponse de Christian Bobin à Daniel Leuwers (adressée au « Cher monsieur du livre pauvre ») explique les raisons pour lesquelles il n’y participe pas – dommage. Yasuhiro Yotsumoto et Kaori Miyayama offrent avec Music score un étonnant livret traversé d’ondes, une interprétation très originale du concept.

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    © Michel-Ange Seretti - Anne Walker, s.t.

    Il vous reste deux semaines pour visiter l’exposition « Les très riches heures du livre pauvre » à la Bibliotheca Wittockiana, un titre inspiré des « Très Riches Heures du duc de Berry ». Elle sera suivie dès le 16 septembre par « Histoires de femmes », une exposition internationale de reliure contemporaine organisée par Ara Belgica. Une autre occasion de visiter ce musée dédié au beau livre et à la reliure, qui cultive l’art de sortir des sentiers battus.

  • La papesse du design

    Qui était donc cette dame omniprésente sur les photos exposées à « Panorama », au Musée ADAM ? Dans son article « Au musée ADAM, le design belge revisité » (La Libre Belgique, 26/6/2017), Alain Lorfèvre présente Josine des Cressonnières.

     

    adam,musée,design,exposition,panorama,belgique,plasticarium,atomium,bruxelles,culture,josine des cressonnières« Si elle ne fut pas la mère du design belge, cette ancienne styliste pour le grand magasin A l’Innovation en fut la « papesse », selon les termes du commissaire d’exposition Thierry Belenger. Née en 1925, d’abord secrétaire du « Signe d’or », label de qualité décerné à partir de 1957 aux créations belges à potentiel international, elle devient secrétaire générale du Conseil international des Sociétés de Design International en 1961 puis directrice du Design Centre à sa création en 1962. A ce double titre, elle va étendre son réseau de contacts – déjà important – et devenir l’ambassadrice du design belge. »

     

    adam,musée,design,exposition,panorama,belgique,plasticarium,atomium,bruxelles,culture,josine des cressonnièresJe n’ai pas trouvé beaucoup de traces de Josine des Cressonnières sur internet. Mes recherches m’ont fait découvrir un blog tenu par des Bruxellois néerlandophones : Brusselblogt.be – « de Brusselse stadblog » (le blog de la ville de Bruxelles). Dans un billet consacré à l’exposition, Thomas y appelle cette styliste « notre Coco Chanel », c’est dire son importance.

     

    Conclusion d’Alain Lorfèvre : « Sa disparition en 1985 marque la fin d’une époque. Le Design Centre ferme moins d’un an après. Seule sa personnalité maintenait l’existence d’une telle instance dans un pays taraudé par ses courants régionalistes. Alors que depuis, les pays scandinaves, l’Italie ou l’Allemagne ont fait du design une image de marque, la Belgique a perdu l’héritage de cette grande dame. »

    Josine des Cressionnières à gauche du prince Albert (roi des Belges de 1993 à 2013)
    à l'inauguration du Design Centre, 1962 (Photo Pol Provost, source ADAM, Bruxelles)

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    adam,musée,design,exposition,panorama,belgique,plasticarium,atomium,bruxelles,culture,josine des cressonnièresAux vacanciers du mois d'août, je rappelle l'exposition
    « ORDRE ET CHAOS, exposition de design

    autour de l’œuvre gravé de Nathalie van de Walle »

    au Château de Ste Colombe en Auxois.
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    (Photos in situ Nathalie van de Walle)