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2016 - Page 5

  • La plus belle avenue

    Souvent fréquentée aujourd’hui pour ses restaurants, l’avenue Louis Bertrand à Schaerbeek a été conçue, lors de l’urbanisation au début du XXe siècle, comme une avenue de prestige pour mener de la chaussée de Haecht au parc Josaphat. Dans le cadre des Estivales, Anne-Cécile Maréchal nous a raconté et montré « la plus belle avenue de Schaerbeek » – vous pouvez encore vous inscrire auprès de PatriS pour cette visite, prévue une seconde fois le 28 août à 17 heures (il convient de signaler son absence en cas d’empêchement, au profit des personnes inscrites sur les listes d’attente !)

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    Vue de l'avenue Louis Bertrand depuis la chaussée de Haecht © MRBC-DMS 

    Rendez-vous était donné devant l’église Saint-Servais, en haut de l’avenue Louis Bertrand. Quasi chacune de ses maisons figure à l’Inventaire du patrimoine architectural, beaucoup d’entre elles ont été primées : les architectes ont rivalisé de créativité pour séduire la bourgeoisie élégante qui déambulait sur cette avenue-promenade dotée d’un terre-plein central, comme l’avenue Louise ou l’avenue de Tervueren. A mi-hauteur de sa courbe en éventail, là où se dresse à présent le « vase Bacchanale », se trouvait l’ancienne église : difficile d’imaginer là des fermes, des champs, des maisons villageoises, des ânes… Mais nous le verrons mieux plus loin.  

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    Vase "Bacchanale", don de Raoul Warocqué

    La guide sort de son sac de grandes photos anciennes, où l’on voit des promeneuses en robes longues sous leurs ombrelles au début du siècle dernier (saviez-vous que ce n’est qu’en 1936, vu le trafic automobile, que sera décrétée l’obligation de marcher sur les trottoirs ?) Sur un tableau illustrant l’essor démographique dans la commune, elle nous montre la formidable expansion de Schaerbeek : des 1800 habitants du village en 1830 (indépendance de la Belgique), on passe à 50.000 en 1890, à 100.000 en 1914 (plus de 130.000 un siècle plus tard).

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    Avenue Louis Bertrand, 1-3 (étages)

    Avant de descendre l’avenue, exercice de comparaison entre les deux maisons quasi jumelles qui « ouvrent » l’avenue Louis Bertrand, de style éclectique « d’inspiration Renaissance ». Celle de droite abrite un commerce au rez-de-chaussée. La façade de celle de gauche, occupée par un notaire, a été récemment nettoyée, ce qui met en valeur ses statues et ses balcons plus travaillés. Pourtant ces fausses jumelles ont été proposées au concours de 1907 par le même architecte, Oscar Lauwers : en plus de la date affichée dans la pierre, « anno 1909 », un « L » sur un édicule renvoie, supposons-nous, soit à la société d’assurances Labor, inscrite sur la façade, soit au nom de l’architecte. (Tous les détails ici.)

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    Avenue Louis Bertrand, 2 © MRBC-DMS

    La commune avait posé ses exigences au départ – au moins six mètres de largeur, des matériaux de qualité – et encouragé les architectes en organisant des concours de façades (le registre en est conservé à la Maison des Arts, avec de précieuses photographies des maisons primées). Bien que l’avenue Louis Bertrand garde très belle allure, les décors de façade ont néanmoins subi les outrages du temps ; beaucoup de sgraffites ont disparu, par exemple. Si l’avenue porte le nom du fondateur du Parti ouvrier belge, il n’y a pas habité (il avait sa maison dans le quartier des Fleurs). Maisons et immeubles de rapport ont été construits ici pour une clientèle aisée.

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    Avenue Louis Bertrand, 15 (photo 2012) © MRBC-DMS 

    Du côté impair, nous nous arrêtons devant le numéro 15 : cet immeuble à très large façade claire en pierre d’Euville, très chic dans sa simplicité, primé en 1907-1908, a été transformé en appartements en 1937. Il se développe en « L » à l’arrière (annexes, ateliers) et possède encore son ascenseur d’origine. L’intérieur est très soigné : plafonds cloisonnés, cheminées anciennes – un film y a été tourné l’an dernier.

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    Comme la promenade du jour est une « visite en famille », Anne-Cécile Maréchal s’adresse aux enfants pour leur proposer de lire une année, de repérer un détail, etc. La façade néo-gothique du 19, « carte de visite » d’un ornemaniste, Charles Temperman, se prête particulièrement au jeu : il l’a dotée de nombreuses sculptures. Combien de visages sur cette façade ? Où voit-on un chat ? un écureuil ? Quel motif entoure l’année 1908 ? (Ce sont les fameuses cerises de la Cité des Anes, des griottes servant à préparer la Kriek.) A quoi sert ceci près de la porte ? (Un décrottoir.)

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    Nous passons devant le Musée schaerbeekois de la bière pour nous arrêter devant les superbes grilles installées au 37 dans l’alignement : la maison en retrait est l’ancienne cure de Saint-Servais. A travers les grilles, nous apercevons aussi l’arrière de l’Ecole n° 1 où nous irons plus tard. La guide nous invite à nous rapprocher sur le terre-plein central du fameux vase en bronze sculpté par Godefroid Devreese, à l’emplacement du chœur de l’ancienne église. Ses scènes de « Bacchanale » changent radicalement de registre ! Devreese, qui avait son atelier rue des Ailes, a sculpté une variante de ce vase dans le marbre ; celui-ci se trouve au musée de Mariemont (notice).

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    Parmi les architectes de l’avenue Louis Bertrand, des noms familiers aux participants des Estivales comme celui de François Hemelsoet, mais un autre grand nom de l’Art Nouveau a œuvré ici : Gustave Strauven, qui a travaillé avec Victor Horta. Une exposition lui sera consacrée en septembre aux Halles Saint-Géry. En pleine restauration sous les échafaudages, sa superbe façade du 43 illustre tous les archétypes de l’Art Nouveau. Au croisement de la rue Josaphat, deux restaurants occupent le rez-de-chaussée de deux autres bâtiments de Strauven, le 63-65 avec sa fameuse marquise en fer forgé, le 53-61 avec ses céramiques remarquables.

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    Si vous passez par là, il faut absolument vous en approcher : au-dessus de la signature spectaculaire de Strauven, deux panneaux de céramique peinte superposés, signés « WEZEL / 16. RUE KESSELS », représentent le vieux Schaerbeek. Sur celui du dessus, une tête d’âne entourée de cerises ; sur celui du bas, une vue de l’ancienne église entourée de maisons villageoises – ce qui se trouvait ici même avant l’urbanisation au début du XXe siècle. 

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    Nous pénétrons dans l’avenue Josaphat pour admirer deux autres splendeurs Art Nouveau : le Gymnase de l’Ecole n° 1 – la commune voulait « élever par la beauté » et aussi valoriser l’hygiène, l’éducation physique. C’est l’œuvre d’Henri Jacobs, comme la façade de l’école un peu plus loin, qui a conservé des sgraffites de Privat-Livemont. Quel contraste avec l’architecture contemporaine de la Maison des Femmes de Schaerbeek, au 253 ! 

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    La verrière du Gymnase de l'Ecole n° 1, rue Josaphat

    Anne-Cécile Maréchal nous a montré bien des merveilles lors de cette promenade, des grandes et des petites choses, et l’a terminée par une présentation du Brusilia, à la place de l’ancien Palais des Sports, puis du mât de Lalaing dont elle nous a raconté toute l’histoire, jusqu’à sa récente restauration complète. J’ai particulièrement apprécié sa façon joyeuse de communiquer et son attention à l’égard de tous les membres du groupe, adultes et enfants, invités à participer à la découverte

  • Jour d'imposte

    Jour. Ouverture aménagée dans une construction pour laisser passer le jour.

    Imposte. Pièce de menuiserie, comportant ou non une partie vitrée, placée dans la partie supérieure d'une baie de porte ou de fenêtre au-dessus des battants.

    Petit-bois, petit-fer. Petit élément en bois ou en fer subdivisant le vitrage d’un châssis.

    Quartier HH (36).JPG

    Le glossaire de l’architecture est fort utile à consulter pour mieux lire les notices de l’Inventaire du patrimoine architectural en région de Bruxelles-Capitale (il suffit d’y cliquer sur les liens pour accéder aux définitions). Celui-ci met des mots sur ce que je regarde chaque fois que je sors du supermarché près de chez moi :

    « Jour d’imposte de la porte à vitrail figurant des fleurs. »

    « Jour d’imposte de la porte à petits-bois et vitrail figurant un papillon. »

  • Le quartier Hamoir

    Le rendez-vous était donné devant Train World, à la gare de Schaerbeek – comment ? vous n’avez pas encore visité ce nouveau musée extraordinaire ? –, pour une promenade guidée dans le quartier Huart Hamoir (à nouveau organisée le 24 juillet). Nous étions donc en bas de cette belle avenue arborée dont je vous ai déjà présenté les côtés pair et impair – j’aime m’y promener. On l’appelle aussi le quartier Monplaisir, du nom du grand domaine antérieur au tracé actuel : la place devant la gare a été aménagée là où se trouvait jadis un étang.

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    La première petite station « Helmet » date de 1864, trente ans après les débuts des chemins de fer belges. La première gare érigée (bâtiment de gauche) marquait l’aboutissement du tracé royal ; avant de dire rue et place Princesse Elisabeth, on les appelait rue Royale Sainte-Marie et place Nationale. La deuxième gare (bâtiment de droite), plus grande pour s’adapter à l’afflux des voyageurs, a été construite 26 ans plus tard dans le même style néo-Renaissance en briques rouges et pierre de Gobertange ; on y voit l’influence de l’art nouveau, notamment dans le spectaculaire arc en plein cintre métallique au-dessus des portes.

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    A gauche de la gare, quand on est en face, un groupe de maisons anciennes montre des architectures intéressantes ; la plus basse, à l’angle de l’avenue Monplaisir, est antérieure à la transformation du quartier de 1907 à 1910. La guide de PatriS nous a invités à nous retourner pour observer l’actuel immeuble Zola, anciennement Grand Hôtel Moderne (1922) dû à Joseph Diongre, de style Art déco, avec un remarquable encorbellement et un toit-terrasse. Dans les années quarante, on l’a divisé en appartements.

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    A droite de la gare, la grande halle construite pour accueillir Train World réussit malgré sa taille à rester discrète, sans nuire à la cohérence architecturale de la place. Un bâtiment fonctionnel des années 30, qui sert encore de laboratoire aux chemins de fer, le sépare de la gare. Au numéro 9 de la place, l’ancien Hôtel des Voyageurs, de style éclectique, porte au-dessus de la lucarne centrale un dôme qui a perdu son lanternon et, plus bas, l’année de sa construction : 1914. A l’origine, il était doté d’une galerie au rez-de-chaussée.

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    Nous avons fait un saut jusqu’au formidable Train Hostel, bâtiment Art déco qu’un passionné a magnifiquement aménagé pour accueillir les visiteurs de Train World ou de Bruxelles : on ne peut pas le rater, avec son wagon sur le toit qui abrite une suite. Il a fallu planter des pieux sur vingt mètres de profondeur pour supporter son poids ! Toute la décoration évoque le monde des trains, comme nous avons pu le voir dans la cour intérieure où le joli chat du lieu nous a accueillis et dans la « cuisine partagée » ouverte à tous, exemplaire de l’esprit du Train Hostel aux tarifs accessibles et où les gens, jeunes ou vieux, osent se parler, partager un repas.

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    Le bourgmestre Achille Huart Hamoir s’est battu pour obtenir cette avenue large de 60 mètres (120 m là où elle s’élargit en ellipse), créée en 1908, d’où l’on avait une vue plongeante sur le domaine de Laeken. Les maisons et immeubles qui la bordent révèlent trois phases : l’éclectisme avant 1914, l’Art déco et le style Beaux-Arts dans l’entre-deux-guerres, quelques touches de modernisme ensuite (Sasasa en est un bel exemple).

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    En s’arrêtant devant l’une ou l’autre de ces belles façades, la guide attire notre attention sur le caractère faussement résidentiel du quartier : à l’arrière se cachaient des entrepôts, des manifactures – biscuiterie, atelier de couture, chemiserie… – qui procuraient du revenu aux propriétaires des parcelles. Si vous cliquez sur les liens vers l’Inventaire du patrimoine architectural, vous trouverez une notice détaillée ainsi que des photos, voire des vues anciennes. 

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    Les avenues qui aboutissent sur l’avenue Huart Hamoir (à droite en montant) contiennent aussi des merveilles architecturales. Avenue Giraud, nous observons les styles variés de l’architecte Joseph Diongre (celui de la belle maison Art nouveau rue Laude) pour répondre aux souhaits de ses clients, les jolis motifs végétaux au-dessus des portes, les ferronneries. Au 93 se trouvait l’atelier que Diongre a construit pour Privat-Livemont. Quelques maisons sont à vendre (sans garage), dont un ancien atelier d’artiste de 1911 au numéro 32.

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    L’architecte schaerbeekois François Hemelsoet a construit de nombreuses maisons dans le quartier Hamoir : dans l’avenue Verhaeren, nous admirons les numéros 39, 37, 35 (ci-dessus). Avenue Sleeckx, le 31 vient d’être superbement restauré, y compris les sgraffites de Paul Cauchie. C’était la maison personnelle de l’architecte Florent Rasquin. Du 38 au 44, encore de splendides façades Art nouveau signées Hemelsoet. Au 76, deux beaux profils féminins de Privat-Livemont, une restauration récente.

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    La montée, avec des allers et retours avenue Huart Hamoir, s’est terminée au square Riga où les vieux arbres sont si beaux. La guide nous y a montré quelques maisons remarquables comme la Villa Regina ou, de l’autre côté, celle du numéro 12, devant laquelle je m’arrête souvent pour l’admirer : sa façade polychrome est soulignée de sgraffites à feuilles de marronnier et profils féminins, jusque sous le porche.

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    Les participants non schaerbeekois se sont étonnés de la richesse patrimoniale du quartier : chacune des avenues citées mériterait, à mon avis, une visite exhaustive, comme celle de l’avenue Demolder que j’avais suivie l’an dernier, en particulier l’avenue Sleeckx si riche en sgraffites – peut-être lors d’une future édition des Estivales ?

  • Privat Livemont

    Henri Privat Livemont (1861-1936), parfois appelé « le Mucha belge » en raison de ses belles affiches Art nouveau, a souvent été sollicité par les architectes pour agrémenter des façades de sgraffites. Certains décors ont disparu, faute d’entretien ; d’autres subsistent, parfois mal en point mais récupérables, et aujourd’hui on maîtrise à nouveau la technique du sgraffite, ce qui permet de meilleures restaurations.

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    On peut encore admirer de nombreux sgraffites de Privat Livemont à Schaerbeek, comme ce beau profil féminin dans un médaillon au-dessus de l’entrée du numéro 20, rue Laude, et ces guirlandes de marguerites et têtes de béliers sous la corniche.

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    Détail © MRBC-DMS 

    Peintre-décorateur, peintre de chevalet, affichiste, dessinateur et illustrateur, Privat Livemont a enseigné pendant plus de quarante ans la composition décorative et la peinture de fleurs à l’école industrielle de Schaerbeek. Femmes-fleurs aux chevelures bouclées, volutes végétales, arabesques, tous ces motifs Art nouveau inspirés par la nature font le bonheur de qui se promène en rue le nez en l’air.

  • Le quartier Pogge

    Qu’y avait-il à voir dans ce coin de Schaerbeek où je n’ai jamais remarqué grand-chose en passant ? Dans le cadre des Estivales 2016, Yves Jacqmin nous a beaucoup appris lors de la promenade guidée du 26 juin dernier dans le quartier Pogge, pour une bonne part sous les parapluies. Le rendez-vous était donné place Pogge, où l’aubette du tram nous a abrités un moment – à l’arrêt Pogge, du nom d’un personnage de l’histoire locale.

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    Bien que nous y soyons sur la chaussée de Haecht, un amoureux du patrimoine y a fait apposer une plaque « place Pogge » sans valeur administrative pour rappeler le toponyme ancien de ce quartier de commerçants et d’artisans. Issu du brabançon dialectal (le nom se prononce « ge » et non « gue », sans doute dérivé de « Pouchelle » ou « Poesjenel »), Pogge est le surnom de Pierre De Cruyer (1821-1890), le petit « Tijl Uylenspiegel schaerbeekois » grand amateur de gueuze et de faro. Yves Jacqmin complètera cette visite-ci centrée sur l’architecture (aussi le 31/7) par une promenade contée axée sur les gens, le folklore et l’histoire locale (20/7 et 4/8).

    « Les amis de Pogge », dès 1875, organisaient une kermesse en son honneur et promenaient sa statuette en cortège lors de la kermesse, une manière de faire la nique aux paroissiens de Saint-Servais, une des nombreuses histoires de la rivalité entre catholiques et laïques à Bruxelles. Ouvrier schaerbeekois, Pogge avait sa maison (et un âne) sur la petite place triangulaire, juste en face de l’athénée royal Alfred Verwée.

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    Le guide a attiré notre attention sur la toiture courbe à l’angle supérieur de la place, où une parcelle étroite (1m80 au sol) est occupée par des commerces – les anciens se souviennent de la dame corpulente quasi bloquée derrière le comptoir de son Bollewinkel (magasin de bonbons). La devanture est d’Henri Jacobs ; nous verrons de nombreuses traces Art nouveau dans les environs, parfois discrètes comme ce sgraffite protégé par une vitre au-dessus de la porte du n° 384 (maison à rez-de-chaussée commercial conçue en 1908 par l’architecte Gustave Strauven), parfois spectaculaires.

    Derrière le platane remarquable de la place Pogge, un ensemble de maisons de style éclectique mériteraient un ravalement de façade. Sous l’arbre, on a élevé un monument à Emmanuel Hiel, un militant flamand libéral qui a été conseiller communal à Schaerbeek et a laissé une œuvre poétique et polémique (sculpture d’Emile Namur).

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    Vers le bas, une façade recouverte de briques jaunes en 1940 arbore encore en grand le nom de la bière Forst et de la brasserie Wielemans, à l’angle de la chaussée de Haecht et de la rue Goossens. Plus loin dans cette rue, nous nous arrêtons devant le Snack Pacha pour observer la façade d’une maison de commerce due à l’architecte Victor Boelens : ses occupants n’ont pas ménagé cette construction en beaux matériaux (châssis et porte actuels non conformes), Y. Jacqmin nous fait remarquer son rez-de-chaussée en pierre bleue, la brique de parement blanche d’origine belge (on ne la fabrique plus) et les frises en briques et pierre bleues, la lucarne centrale avec sa toiture, les consoles très découpées d’inspiration Art nouveau. La clientèle conservatrice de l’époque aimait mêler à la tradition un peu de modernisme.

    Je vous laisse la surprise pour la suite du parcours – attention, ne tardez pas à vous inscrire auprès de PatriS, 14 promenades sur 26 affichent déjà complet. Vous y verrez d’autres façades intéressantes, vous apprendrez ce qui se cache parfois derrière un bâtiment récent ou en intérieur d’îlot. Vous suivrez l’ancien cours du Maelbeek et découvrirez du patrimoine industriel qui témoigne de la mixité de la ville au XIXe siècle, quand les fabriques et les logements se côtoyaient. Vous passerez devant une chapelle évangélique de 1900.

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    Si Yves Jacqmin nous a parlé du Bruxelles disparu, il nous a montré plusieurs endroits où apparaît encore le vieux Schaerbeek, de basses fermettes villageoises (rue de Jérusalem) qui figurent sur des peintures anciennes et dont l’avenir est problématique – le patrimoine sans grande valeur architecturale est menacé par la volonté communale de construire de nouveaux logements pour répondre à l’essor démographique. On ne trouve pas toujours des nouveaux propriétaires amoureux de la belle ouvrage comme ces Allemands qui ont rénové le numéro 20 de la rue Ernest Laude, une splendide façade Art nouveau due à Joseph Diongre, un architecte qui a su évoluer après la grande guerre et concevra de belles réalisations art déco dans d’autres communes.