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Société - Page 92

  • Avion et pollution

    Pourquoi tant d’efforts contre l’utilisation de la voiture en ville et si peu pour contrer la pollution de l’air par les avions ? Le trafic aérien au-dessus de Bruxelles a fait les gros titres de la presse belge avant les dernières élections. On a davantage commenté le tracé des nouvelles routes aériennes et le problème des nuisances sonores que l’impact du trafic aérien toujours croissant sur la santé. 

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    Source : IBGE

    Bruxelles Environnement fournit chaque jour un indice de qualité de l’airmais je n’ai trouvé sur son site aucune analyse de la pollution causée par les avions. Sujet tabou ? Une campagne du réseau action climat France – « l’avion, c’est du vol ! » – fournit des éléments d’appréciation sur « le moyen de transport le plus polluant » et fait des propositions. Vous préférez une vidéo ? Autant savoir.

  • Vol à l'irlandaise

    A première vue, l’arrivée à l’aéroport national de Bruxelles d’une compagnie aérienne « à bas coût » qui offre un vol direct vers Palma de Majorque semblait une bonne affaire. Bien sûr, la presse évoque régulièrement les problèmes de concurrence déloyale entre compagnies, entre aéroports, et les plaintes du personnel de cette compagnie irlandaise sur la manière dont il est traité. Mais qui d’entre nous n’a pas entendu l’un ou l’autre se féliciter d’être allé ici ou là pour pas cher ?  

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    Nous avions donc réservé des places pour Majorque et, par prudence, payé entre autres suppléments l’assurance voyage et annulation proposée conjointement aux billets. Deux jours avant le départ, malheureusement, je tombe sérieusement malade. Adieu île, amie, vacances de printemps… Pour envoyer illico un certificat médical à la compagnie, ce sont de premières recherches laborieuses pour trouver une adresse, un numéro de téléphone : nettement plus compliqué que d’acheter un billet.

    Nous finissons par trouver un numéro de téléphone (surfacturé, avec attente) où un employé nous donne l’adresse postale de la compagnie à Dublin, seule manière de communiquer possible – pour le client. La compagnie, de son côté, se réserve le droit de répondre par courriel, à bon compte, et en anglais. Elle réclame un nouveau certificat médical détaillé. Après l’avoir reçu, le prétend illisible. Nous envoyons la transcription, toujours par la poste. Fin de non-recevoir : la compagnie compatit, mais ne peut rien et nous renvoie à l’assurance. Pourquoi ne pas nous y avoir renvoyés tout de suite ? Stratégie ? Guerre d’usure ? Les semaines passent.

    A la première adresse électronique de l’assureur renseignée, on nous répond en anglais que l’assurance est reprise par un autre groupe, qui nous recontactera. Puis plus rien. Je m’informe du côté de la protection des consommateurs. Test-Achats, courtoisement, m’écrit ne pas pouvoir prendre le dossier en charge vu que le siège social de la compagnie se situe hors de Belgique, mais me renseigne l’adresse du Centre européen des consommateurs pour la gestion des litiges transfrontaliers.

    L’assureur finit tout de même par nous recontacter par courriel, cette fois en français, et joint une série de formulaires à remplir, dont un questionnaire médical détaillé à faire compléter par le médecin. Les frais de consultation sont à charge du client comme le prévoient les conditions générales. Il nous est enfin possible de répondre par courriel nous aussi.

    Une fois tout cela transmis, il manque une dernière pièce au dossier : une attestation de « no show » prouvant qu’on n’a pas pris l’avion. Aux numéros de téléphone et à l’adresse électronique censés nous la procurer, aucune réponse. L’assureur, recontacté, suggère de se rendre au comptoir de la compagnie à l’aéroport pour l’obtenir ! Mais il communique aussi un autre numéro de téléphone en Grande-Bretagne (à contacter en anglais) où, heureusement, notre demande est suivie d’un envoi rapide, le jour même, de l’attestation.

    Tous ces détails ennuyeux et ce billet pour vous mettre en garde : l’achat de l’assurance annulation proposée sur le site de la compagnie irlandaise ne nous a valu, deux mois et demi plus tard, après toutes ces tracasseries et une fois retranchées les franchises et autres taxes diverses invérifiables, qu’un remboursement d’à peine 60 % de la somme payée (assurances déduites), dont il faut encore retrancher les frais de téléphone et de poste (dont un recommandé). A vous de voir si cela vaut la peine de prendre ce genre d’assurance dans ce genre de société qui ne se gêne pas pour « énerver ses clients » (Le Figaro). Pour notre part, plus question de vol à l’irlandaise : nous avons choisi une autre compagnie aérienne pour nous rendre à Majorque.   

  • Une cartooniste

    Chaque jour, à la dernière page de La Libre Belgique, Cécile Bertrand signe de percutantes illustrations de l’actualité. Son nouveau site exploré récemment ma donné envie de vous présenter la cartooniste et son chat, qui joue de temps à autre le porte-parole de cette « dessinatrice éditoriale ». 

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    Etudes de peinture, illustrations pour enfants, je vous renvoie à sa biographie pour les détails de son parcours. Cécile Bertrand commence à dessiner pour la presse en 1990, d’abord dans Le Vif/L’Express, puis dans d’autres publications. L’album Les poux, en 2007, rassemble ses cartoons dans La Libre. Cette année-là, son chemin de croix pour illustrer la mort de Pinochet – « Pinochet conduit vers sa dernière demeure » – lui vaut le Grand Prix du Press Cartoon.

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    © Cécile Bertrand (La Libre Belgique/Cartoonbase)

    A l’approche des élections fédérales, régionales et européennes du 25 mai prochain, comment ne pas songer aux interminables tractations qui ont suivi celles de 2010 ? Je me souviens du dessin plein d’humour et de pertinence où elle montrait le roi songeur, à la recherche d’une solution : « Médiatrice ? Informatrice ? Formatrice ? Pacificatrice ? Créatrice ? Conciliatrice ? Exploratrice ? » (en écho aux innombrables « démineurs » qui se sont succédé avant la formation du gouvernement actuel). Son timbre 2011 évoquait aussi cette période de haut stress politique belge.  

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    Les dessins de presse de Cécile Bertrand sont souvent des diptyques, côté image et côté langage : « La Grèce / La grève » oppose aux caryatides classiques d’autres caryatides les bras croisés). « Ils mangent des produits éthiques – Ils mangent ? », un dialogue entre deux Africains pour illustrer la Journée mondiale du commerce équitable. 

    Cécile Bertrand aime juxtaposer, confronter – « J’aime souvent faire des parallèles : chez eux, chez nous, ou bien hier et aujourd’hui, c’est un peu mon truc de cartooniste. » (Arte). Par exemple, « Le temps se couvre pour la jeune génération ». Une mère en foulard interpelle sa fille devant la porte ouverte, prête à sortir. 1990 : « Tu ne vas pas sortir comme ça ? » (la fille est court vêtue, les cheveux longs). Même question en 2011 (la fille est entièrement dissimulée sous un tchador noir). Voyez plutôt. 

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    © Cécile Bertrand (La Libre Belgique/Cartoonbase)

    C’est parfois glaçant. Sous quatre croix, les prénoms de Julie, Mélissa, Ann et Eefje ; à côté une femme en prière en face d’un crucifix, Michèle Martin (« Dans un couvent ? ») Les scandales de pédophilie, les silences de l’Eglise, la mauvaise foi inspirent à la dessinatrice de presse, esprit très libre, des images si irrévérencieuses qu’elles sont parfois écartées : quelques-uns de ces « poux refusés » sont visibles sur son site. 

    « L’actualité vue par mon chat »  revient de temps en temps : qu’il dorme tranquillement en rond ou qu’il s’étire de tout son long, ce qu’il fait volontiers, ce chat philosophe, un vrai pacha, rappelle que la vie est aussi faite pour en jouir, tout simplement, ou pour se réjouir de ce qui va bien, « carpe diem ».  

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    © Cécile Bertrand (La Libre Belgique/Cartoonbase)

    Cécile Bertrand est également plasticienne, elle travaille « sur la trace que l’être humain laisse derrière lui ». Son autre site décrit une série photographique intitulée « Le fil bleu de ma vie ». En attendant l’occasion de découvrir cela de plus près, je serai à son prochain rendez-vous dans La Libre – ce matin, j’espère, inquiète de ce que je viens de lire sur le blog de Bado

    ***

    P.-S. Malheureusement, la mauvaise nouvelle est confirmée : Cécile Bertrand a été "virée" ! Nous ne trouverons plus ses dessins dans La Libre Belgique  un esprit trop libre ?

  • Des religions

    Depuis sa publication, j’ai lu de temps à autre un chapitre de la nouvelle Encyclopédie des religions, « augmentée et mise à jour » en 2000 sous la direction de Frédéric Lenoir et Ysé Tardan-Masquelier, et me voilà au bout de son second tome, thématique, après le premier consacré à l’histoire. Une lecture au long cours. 

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    Même si la pratique religieuse décline en Occident, les religions font partie de notre histoire et de l’histoire de l’art – que d’objets vus au Louvre Lens y sont liés, sans parler des croyances étrusques. Le fait religieux s’exprime sous tant de formes dans le monde que ces 2500 pages constituent un formidable ouvrage de référence pour s’y retrouver. Cette « édition poche » sous coffret comporte plusieurs index (noms, noms de lieux, grands textes, mythes) en plus d’un index thématique.

    Vous en trouverez la table des matières sur le site Persee (notice 106.40, suivie d’un compte rendu critique). Pour ma part, j’y ai relevé, à côté de sujets attendus comme le mariage, la prière, l’œcuménisme, les prêtres-ouvriers, les soufis, la loi du karma, etc., des textes intéressants sur la résistance au nazisme, l’Europe des six, les chamans, le statut de la femme en Tunisie ou le scandale du mariage d’Indira Gandhi, pour n’en citer que quelques exemples.

    Des dessins de Catherine Cisinski aèrent un peu cet ouvrage très dense, et aussi des encadrés (plus de deux cents) qui proposent des « zooms » sur certains personnages clefs ou des extraits de textes essentiels, comme « Le secret de la sagesse » de Lao-tzeu, à propos du taoïsme  :

    « Plie-toi en deux, tu resteras entier
    Incurve-toi tu seras redressé
    Sois vide afin d’être rempli
    Usé tu seras rajeuni
    Possède peu, ce peu fructifiera
    Beaucoup, ce beaucoup se perdra
    Le Sage embrasse l’Un, à toute créature
    Devenant un modèle
    Il ne s’exhibe point et du coup resplendit
    Ne se justifie point, ce qui fait qu’on l’exalte
    Ne se glorifie point, pour son plus grand crédit
    Tait ses succès et par là même se maintient
    Ne rivalisant point il n’a pas de rival
    Le dicton ancien : Plie, tu resteras entier
    N’est pas un mot en l’air
    Reste entier, tout viendra à toi. » (Dao-dë-jing, 22)

    Le second tome aborde des questions passionnantes. Ce sont surtout les différentes manières de raconter l’origine de l’humanité, de décrire les rapports entre homme et femme, et l’être humain lui-même, qui m’ont intéressée. On y trouve matière à réflexion sur des questions actuelles comme l’éthique, la mort et l’au-delà, ou sur le nouveau statut du religieux par rapport à l’athéisme.

    L’aspiration à l’ordre et à la beauté, la transmission des traditions et l’interprétation, la liberté de croire, la tolérance et l’ère du relatif, le désenchantement lié à la « post-modernité », tout cela trouve place dans cette Encyclopédie destinée à un large public. Vu la diversité des auteurs (leur liste couvre quatre pages), le ton change d’une approche à l’autre, et on finit même par deviner l’une ou l’autre signature particulièrement éclairante.

    Cette Encyclopédie des religions s’avère une ressource indispensable pour l’enseignement, cela va de soi, mais il me semble que beaucoup de lecteurs, croyants ou non, peuvent s’y nourrir des pensées, des récits ou des pratiques de cultures lointaines. Vous pourrez par exemple y découvrir le rôle des couleurs dans les rites funéraires chinois, y lire un conte zaïrois, fumer la pipe des Sioux ou écouter le mythe de Nunkui (Jivaros) : « Il y a longtemps, il y a bien longtemps, les gens n’avaient pas de jardins… »