Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

massacre

  • L'escalier oublié

    la libre belgique,journal,opinion,simone falanca,l'escalier des juifs,mont des arts,bruxelles,louis titz,aquarelle,histoire,massacre,antisémitismeLe 3 février, une opinion publiée dans La Libre m’a beaucoup intéressée, à propos d’un lieu bien connu dans le centre de Bruxelles, le Mont des Arts. Simone Falanca, auteur et journaliste d’investigation italien, actuellement basé en Belgique, y parle de « L’escalier oublié du Mont des Arts, une histoire enfouie sous le béton ». Au départ, il s’agit d’une aquarelle mise en vente chez Horta le mois dernier : « Rue Ravenstein Bruxelles, vue de l’escalier des Juifs en 1906. Signée et datée: Louis Titz 1906. »

    L’histoire du Mont des Arts et de ses transformations au cours des siècles comporte donc un « escalier des Juifs » méconnu. L’auteur a mené l’enquête et raconte comment « cet escalier avait plus qu’un rôle pratique : il était l’artère d’une communauté ancrée dans la vie économique et sociale de Bruxelles. » J’ai appris ainsi un épisode peu glorieux du XIVe siècle, le massacre de Bruxelles, qui a mis fin brutalement à « la présence juive sur cette colline ». Je l’ignorais.

    Louis Titz, Rue Ravenstein Bruxelles, vue de l’escalier des Juifs, aquarelle, 1906. 

  • Ils/elles étudiaient

    Il y a trois mois, je mettais ce blog en pause, en hommage aux victimes parisiennes de deux fous vengeurs, ou plus exactement trois, je corrige (10/4). En ce début d’année 2015, les tragédies se succèdent à la une des médias : accidents, attentats, folie suicidaire… Ici et ailleurs. Lectures, expos, balades, j’aime partager avec vous mes coups de cœur et ces instants de grâce qui naissent de la découverte, de l’émerveillement – c’est mon cap. Mais laisser dans le silence les 147 tués de l’université de Garissa, au Kenya, des étudiants pour la plupart, ce jeudi 2 avril au matin – sans compter les blessés !

     

    Un commando islamiste les a pris pour cibles. En Somalie (à 98% musulmane), ces terroristes shebabs « ne se privent pas de tuer des musulmans ». Ici, ils ont pris soin de trier les étudiants, laissant la vie aux musulmans, assassinant les chrétiens : « on ne peut qu’en déduire que le but de ce « tri » est d’attiser les tensions religieuses au Kenya (chrétien à 75 %), afin de pousser tous les musulmans kenyans au jihad », écrivait Marie-France Cros dans La Libre Belgique, vendredi dernier.

     

    Un an plus tôt, des islamistes enlevaient deux cents lycéennes à Chabok, au Nigéria, chrétiennes pour la plupart, forcées à la conversion et au mariage – on ignore encore aujourd’hui leur sort véritable. Un spécialiste français s’est insurgé contre l’emballement médiatique autour de cette affaire, pour diverses raisons (à lire dans L’Express), en contraste avec l’indifférence générale des médias, quelques semaines plus tard, au massacre de trois cents villageois nigérians par Boko Haram.

     

    Ils/elles étudiaient. Ils/elles se formaient pour être un jour des hommes et des femmes instruits, actifs, critiques. Si ces attaques visaient des chrétiens, elles s’en prennent aussi volontairement à ceux, à celles qui se préparent pour un avenir meilleur. En Afrique, pouvoir étudier est un privilège, ce qu’ont peine à imaginer tant de jeunes européens habitués à l’enseignement obligatoire. Qu’un ex-enseignant radicalisé soit soupçonné d’avoir organisé le massacre à l’université laisse sans voix.

     

    La prédication du Vendredi Saint à Rome déchire le silence relatif qui enveloppe ces innocentes victimes : « Les chrétiens, a remarqué le prédicateur, ne sont certainement pas les seules victimes des violences homicides dans le monde, mais on ne peut ignorer qu’ils sont les victimes désignées et les plus fréquentes dans de nombreux pays. »

     

    Pourquoi ce billet ? Sans doute parce que l’enseignement me tient à cœur, parce que la jeunesse du monde est son espérance, parce que la violence terroriste est un défi crucial et terrifiant pour tant de peuples si peu armés pour s’en défendre. Je me suis émue de la destinée d’un jeune idéaliste pris au piège dans le Grand Nord. Pour ces lycéennes, ces étudiants devenus des cibles, sous de fallacieux prétextes religieux, ma révolte et ma tristesse sont sans nom.