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Bruxelles - Page 87

  • Ex-libris

    Rassenfosse ex libris Pipette.jpg« Limité par l’espace, Rassenfosse l’est aussi par les moyens : en quelques traits, il doit évoquer la personnalité du dédicataire, exprimer son idéal poétique, créer un climat.

    Cette forme d’art réclame habileté, élégance et maîtrise technique du dessin et de la gravure. »

     

    Nadine de Rassenfosse & Pierre Gilissen, Rassenfosse ou l’Esthétique du Livre, Fondation Roi Baudouin, 2015.

     

    Exposition à la Bibliotheca Wittockiana
    > 31/1/2016

  • Rassenfosse à la W.

    La Bibliotheca Wittockiana, près du parc de Woluwe, attire les amoureux des beaux livres. L’exposition « Rassenfosse ou l’Esthétique du Livre », offre une excellente occasion de pousser la porte du Musée de la Reliure et des Arts du livre (l’histoire de ce musée unique en son genre est racontée sur son site). La Fondation Roi Baudouin, qui gère le Fonds Armand Rassenfosse, met ici en valeur le travail du graveur et peintre liégeois dans le domaine de l’édition (jusqu’au 31 janvier 2016, entrée libre). 

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    Les parents d’Armand Rassenfosse (1862 – 1934) tenaient une boutique d’objets d’art et espéraient que leur fils unique poursuive leur activité, mais très tôt celui-ci se passionne surtout pour le dessin et la gravure. A Liège d’abord, puis auprès de Félicien Rops qui le conseille et l’encourage. Rassenfosse se fait peu à peu connaître, en Belgique et en France : affiches publicitaires, estampes pour des revues, illustrations littéraires, ex-libris... Au XXe siècle, il se montrera en peinture aussi un chantre de la femme, son sujet de prédilection. 

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    Le coin de l’aquafortiste : Armand Rassenfosse dans son atelier en 1910, manipulant la presse sur laquelle travaillèrent également
    Adrien de Witte, François Maréchal, Auguste Donnay et James Ensor. Photographie anonyme, Liège, 1910 (coll. privée).

    Dans ce musée moderne où l’amour du beau livre se décline sous toutes les formes – aux collections permanentes s’ajoutent un atelier de reliure, une bibliothèque –, on est véritablement accueilli, cela mérite d’être souligné. Une belle photographie de Rassenfosse à la presse dans son atelier précède les premières vitrines consacrées aux illustrations de jeunesse, comme cette couverture de Rassenfosse pour Nos plages, Guide du littoral (imprimé chez Bénard, son premier employeur), des gravures pour Albert Mockel, dont il dessine l’ex-libris, entre autres.  

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    La brochure du visiteur contient les légendes de toutes les pièces exposées (en petits caractères). Pour les non-initiés, le vocabulaire est parfois mystérieux : le « chagrin » bordeaux, par exemple, est une « peau de chèvre tannée à grain assez petit » (on trouve quelques définitions affichées près de l’atelier). Quant au « frontispice » souvent mis à l’honneur, c’est l’« illustration placée au début d’un livre, généralement sur la fausse page (verso) qui fait face à la page de titre (recto) », explique le glossaire à la fin de la publication très bien illustrée de la Fondation Roi Baudouin (prix modique). 

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    Armand Rassenfosse, Lettres ornées, parues dans Le Courrier français des 12 et 26 juillet 1896, encre de Chine,
    Coll. Fonds Armand Rassenfosse, Fondation Roi Baudouin, © Studio Philippe de Formanoir

    L’exposition stimule avant tout le plaisir de l’œil à se poser sur ces images que les éditeurs d’antan commandaient aux artistes pour accompagner les textes littéraires. En comparaison, la plupart des livres que nous lisons aujourd’hui sont très standardisés. La littérature est devenue plus accessible, mais quand on a sous les yeux, ou entre les mains, un de ces beaux ouvrages anciens, il y a de quoi comprendre comment naît une passion de bibliophile. 

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    Armand Rassenfosse, Illustration pour Les yeux de Berthe in Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Paris, Les Cent Bibliophiles, 1899,
    gravure à la pointe sèche et à l’aquatinte, Coll. Fonds Armand Rassenfosse, Fondation Roi Baudouin, © Studio Philippe de Formanoir

    Comme illustrateur, Rassenfosse atteint un sommet avec la fameuse édition de 1899 des Fleurs du Mal de Baudelaire, au cœur de l’exposition. La Société des « Cent Bibliophiles » lui demande d’illustrer en couleurs chacun des textes du recueil, un travail énorme (158 poèmes, le frontispice, les titres de chapitres, plus 160 culs-de-lampe lithographiques !) On peut voir des dessins originaux de Rassenfosse sur une édition courante de Baudelaire, où il essaie des figures, et puis de très belles pages sous verre, ainsi qu’un magnifique exemplaire privé aux « contreplats ornés de deux gouaches originales de Rassenfosse, La Sagesse et La Folie ». 

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    Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, Paris, Les Cent Bibliophiles, 1899, illustrations d'Armand Rassenfosse.
    Exemplaire n°81/115 d'Arthur Monnereau relié par A. Cuzin en plein marocain bordeaux mosaïqué et enrichi de deux gouaches originales de Rassenfosse, La Sagesse et La Folie, intégrées dans les plats de la reliure (coll. privée) 
    (Désolée pour la piètre qualité de la photo.)

    Dans tous les livres exposés, ce sont les raffinements des dessins, des vignettes, de la mise en page qui captivent. Par exemple, cette tête de femme pour la collection « To the Happy few » (Anna de Noailles, De la rive d’Europe à la rive d’Asie ; Le dernier amour de Ronsard signé P. de Nolhac ; Au courant de la Vie, par Camille Saint-Saens). Ou la légèreté de ces figures dansantes pour La maison de la petite Livia (Pierre de Querlon). 

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    Vitrine consacrée à La maison de la petite Livia de Pierre de Querlon, Paris La connaissance, 1924.
    En feuillets sous couverture cartonnée d'éditeur. Ouvrage illustré de 15 dessins hors-texte (...)

    Cà et là, quelques huiles sur carton : L’amateur d’estampes, Les jeunes sorcières (un chat noir, une goutte de peinture en guise de boucle d’oreille), des portraits de Baudelaire, de Rops. Rassenfosse a illustré des auteurs comme Claude Farrère, son ami (différentes étapes pour illustrer Shahrâ sultane), des écrivains belges et français : Colette, Lemonnier, Eekhoud, Debussy, Barbey d’Aurevilly (Les Diaboliques)...

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    Devant une couverture réalisée par Rassenfosse pour Claudine à Paris, un portrait de Colette à l'encre de Chine (coll. privée)

    Quelques ouvrages de la bibliothèque personnelle de Rassenfosse, évidemment amateur de beaux livres, offrent à voir gravures et dédicaces. Un de mes coups de cœur, c’est la trentaine d’ex-libris exposés (il en a dessiné une centaine), dont celui-ci de Marie Rassenfosse, son épouse.  

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    Ex-libris de Marie Rassenfosse

    Le service pédagogique (dossier ici) propose un atelier aux groupes scolaires : « Qu’est-ce qu’un ex-libris ? À quoi sert-il ? (…) Viens le découvrir tout au long de cet atelier : amène ton livre préféré à la Wittockiana et apposes-y ton propre ex-libris ! » Tentant, non ? 

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    Armand Rassenfosse,  Imprimerie Bénard S. A. Liège, 1908, lithographie,
    Coll. Fonds Armand Rassenfosse, Fondation Roi Baudouin, © Ville de Liège – photo Marc Verpoorten

    Ne manquez surtout pas les affiches de Rassenfosse à l’étage : un inattendu « Salon anti-boche » (1929), des affiches publicitaires (« Huile russe », « Soleil » (bec à gaz), « Calorifère Bijou »), à côté d’affiches pour diverses expositions. La belle bibliothèque du musée est juste à côté. La Bibliotheca Wittockiana conserve des collections permanentes riches et variées : reliures anciennes et modernes, livres-objets, almanachs de Gotha, sculptures, et même des hochets. Pour info, elle participera le 22 octobre aux Nocturnes des musées bruxellois.

  • Entrée en gare

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    A la fenêtre du Studio Goffin, avenue Huart Hamoir, un wagon bleu Márklín annonce sans doute un événement très attendu : l’inauguration du musée du train – « Trainworld » – dans la gare de Schaerbeek, qu’on annonce grandiose.

     

     

     

     

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    Un Schaerbeekois célèbre, François Schuiten, le fameux auteur de Brüsel, en est le scénographe (ouverture au public le 25 septembre prochain).

  • Huart Hamoir pairs

    La promenade avenue Cambier était ma dernière participation aux Estivales 2015, mais on n’en a jamais fini avec Schaerbeek (parmi les 19 communes bruxelloises, la plus peuplée après Bruxelles-Ville) et son patrimoine remarquable. Place donc, après les numéros impairs que je vous ai présentés en juin, au côté pair de l’avenue Huart Hamoir. 

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    Les hibiscus en fleurs arborent de jolis tons au square Riga, où je prends le trottoir de droite pour descendre vers la place Princesse Elisabeth. Certaines maisons portent une signature, comme dans l’avenue Demolder, et j’ai remarqué pour la première fois au 142 le nom d’Henry van de Velde « bouwmeester » (architecte) au bas d’une élégante façade en briques blanches rehaussées de pierre bleue. 

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    Un peu plus loin, jour de chance, les grilles de la haute école flamande installée dans une ancienne manufacture de lingerie sont grandes ouvertes. J’en profite pour regarder les bâtiments de plus près, au bout de la longue fresque qui orne le bas du mur mitoyen (Gal et Nora Theys). Ici aussi fleurissent des hibiscus, devant la façade principale où les briques jouent et avec la couleur (rouge et blanc) et avec la profondeur (en relief ou en creux). La conciergerie, sur le côté, ne manque pas de charme. 

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    Aux 130-132, la pierre bleue en contraste avec des briques crème ou ivoire souligne les portes et les fenêtres, les droites et les courbes. On la retrouve dans les façades suivantes nettement plus fonctionnelles, sans cette recherche ornementale qui offre aux passants curieux tant de détails à observer, à apprécier. Place aux lignes simples, aux constructions moins coûteuses. 

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    Autour de l’ovale du parc Hamoir, quelques maisons s’inspirent du style « paquebot »  (formes courbes, horizontales, hublots); parfois leur façade ou le rez-de-chaussée seul se couvre de tout petits carreaux de céramique. La plus belle à mes yeux, c’est l’école d’arts Sasasa dont l’entrée se situe rue Maeterlinck (Uyttenhove, 1937). La silhouette longiligne d’un ginkgo déjà aux couleurs d’automne se découpe sur la pierre de France de ses façades. Aux deux niveaux les baies vitrées épousent l’arrondi, repris par la pergola sur la toiture terrasse. 

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    Plus bas, une maison « pittoresque » à faux colombages attend qu’on reprenne soin d'elle, négligé plutôt rare dans l’avenue Huart Hamoir. Je n’ai pas regardé le nombre de sonnettes – beaucoup de belles maisons schaerbeekoises sont aujourd’hui divisées en appartements, et si les frais de rénovation sont partagés dans le cas d’une copropriété, il faut encore que les copropriétaires se mettent d’accord et en aient les moyens. 

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    Plus bas, des maisons plus modestes n’ont pas grand-chose à montrer de leur architecture, mais on y pense aux passants tout de même : collection d’orchidées sur l’appui de fenêtre, store blanc opaque aux motifs cachemire, végétation grimpante et jardinières… Derrière les vitres d’un rez-de-chaussée, une ribambelle de chats prennent le soleil sous des affichettes (cours de danse, chat trouvé). 

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    Un bel immeuble de style « beaux-arts » (J. Vandeneng, 1922) fait la transition vers le dernier segment de l’avenue Huart Hamoir avant la place, flanqué d’une maison de rapport où la pierre bleue est reine et le décor raffiné : l’Inventaire du patrimoine architectural précise qu’elle comporte des « bureaux, écuries et remise en intérieur d’îlot » – voilà qui explique les nombreuses plaques de sociétés sur la grille en fer forgé du garage. Parmi les autres maisons admirées en bas de l’avenue, une dernière photo pour l’originalité : des galets pour opacifier une belle fenêtre, il fallait y penser.  

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    Tandis que je remonte vers le square Riga, je pense déjà à compléter ce double aperçu. En effet, l’avenue Huart Hamoir commence plus haut, à la chaussée d’Helmet. Quand les travaux aux abords de l’église de la Sainte Famille seront terminés, avec de nouveaux trottoirs et de jeunes arbres pour remplacer ceux qu’on y a abattus, j’y retournerai prendre des photos – là aussi, il y a de belles choses à vous montrer.

  • Art déco

    Avenue Cambier (49).JPGMerci encore au propriétaire de cette belle maison art déco, qui nous a invités à y entrer. Il l’a rénovée avec un grand respect de son caractère, la façade rendue à sa beauté d’origine en préservant les châssis. Des grilles doivent encore être remises en place. Les moulures ont été conservées à l’intérieur, les cheminées en marbre aussi, avec l’un ou l’autre aménagement. Certains parquets ont dû être remplacés.

    Avenue Cambier (52).JPGLa modernisation de la façade arrière a permis une meilleure isolation de la maison, aussi par la toiture qui s’ouvre à présent sur une terrasse spacieuse en intérieur d’îlot. Du côté de l’avenue Cambier, les fenêtres ornées de vitraux donnent sur le parc Josaphat – jolie vue !