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Rechercher : Le monde des hommes

  • Vitalité

    Gerwig danse.jpg« Ne faisant pas un film à thèse, Greta Gerwig ne s’appesantit pas sur le malheur de ses héroïnes, préférant retenir leur intelligence et leur compréhension aiguë de la société dans laquelle elles vivent plutôt que d’en faire des victimes. Les hommes qui les entourent ne sont pas des adversaires, ils n’en ont ni la force ni l’envie. Tous un peu las du rôle social qu’ils sont censés tenir, ils sont plutôt des complices se maintenant en retrait d’une énergie qui les dépasse. Et cette vitalité féminine illuminant un monde guindé est d’abord affaire d’enthousiasme et d’allégresse, élans superbement portés par les actrices et que la cinéaste impulse dans une mise en scène aussi véloce qu’élégante. »

    Marcos Uzal, « Les filles du Docteur March », Le rêve est hardi, Libération, 30/12/2019.

    Photo Allociné

  • Lignée

    Alexis L'eau-forte.jpg« Bien, bien… répondit Maleval en pointant sur ceux qui les observaient un regard plein de fierté. C’est lui qui avait mené au café le dernier des Roccanges, une race singulière, faite d’hommes silencieux vivant à la limite du monde civilisé, une lignée de rebouteurs et de faiseurs de plantes guérisseuses, des gens simples et désintéressés, mais des gens différents des autres par l’eau calme de leurs yeux, leurs mains dont les travaux n’avaient pas gâté une délicatesse presque féminine, et une intelligence, ou plutôt un instinct, qui faisait d’eux des êtres à part, plus proches des bêtes que des humains, les bêtes vives des fourrés, agrippées aux parois des collines ou allant leur course agile et sûre dans l’odeur des saisons. »

    Robert Alexis, L’Eau-forte

  • A sa place

    Meurisse la légèreté 22.jpg« Depuis, cette disciple de Reiser et de Bretécher a ajouté deux ouvrages remarqués (Les Grands Espaces, 2018, et Delacroix, 2019, Dargaud) – à sa bibliographie, riche de titres plus anciens ayant en commun de jeter des passerelles entre les arts (Mes hommes de lettres, Sarbacane, 2008 ; Le Pont des arts, Sarbacane, 2012 ; Moderne Olympia, Futuropolis, 2014).

    « Je ne suis plus dessinatrice de presse et je n’ai pas fait que La Légèreté, livre qui a fait parler de lui pour des raisons dramatiques, explique-t-elle. Je me sens à ma place dans la bande dessinée, plus que lorsque je dessinais pour Charlie Hebdo, où j’ai pourtant tellement aimé travailler. »

    « Catherine Meurisse, auteure et illustratrice à la croisée des arts »
    par Frédéric Potet, Le Monde, 31/1/2020.

    Planche tirée de l’album La Légèreté (Dargaud, 2016) © Catherine Meurisse.

  • Tant d'écrivains

    « Vous voyez, me dit-il en arpentant la pièce, il y a aujourd’hui tant d’écrivains. Tout le monde veut être écrivain. Regardez le courrier de ce matin, par exemple. Trois ou quatre lettres d’auteurs en herbe. Ils veulent tous être publiés. Mais, en littérature comme dans la vie, il faut observer une certaine chasteté. Un écrivain devrait s’attaquer uniquement à ce qui n’a pas été fait avant lui. N’importe qui ou presque peut écrire « Le soleil brillait, l’herbe étincelait de lumière », etc.

    Sa voix s’estompa.

    - Quand j’écrivais Enfance, j’étais convaincu que personne avant moi n’avait décrit la poésie de l’enfance de cette façon particulière. Mais je vais le redire : en littérature comme dans la vie, on ne doit pas être prodigue de ses dons. Vous ne croyez pas ?

    Je fis signe que oui. Que pouvais-je dire ?

    - En quoi peut-il profiter à un homme de gagner le monde entier et de perdre son âme ? demanda Léon Nikolaïevitch. »

     

    Jay Parini, Une année dans la vie de Tolstoï (16. Boulgakov)

     

    Bouleaux à Iasnaïa Poliana.JPG

     

     

  • Quoi dire ?

    fred vargas,l'homme aux cercles bleus,l'homme à l'envers,littérature française,roman policier,adamsberg,enquête,culture« Elle aurait dû écrire sur tout ça. Ce serait plus marrant que d’écrire sur les pectorales des poissons. - Oui, mais quoi ? dit-elle tout haut en se levant d’un bloc. Ecrire quoi ? Pour quoi faire, écrire ? Pour raconter de la vie, se répondit-elle. Foutaises ! Au moins, sur les pectorales, on a quelque chose à raconter que personne ne sait. Mais le reste ? Pour quoi faire, écrire ? Pour séduire ? C’est ça ? Pour séduire les inconnus, comme si les connus ne te suffisaient pas ? Pour t’imaginer rassembler la quintessence du monde en quelques pages ? Quelle quintessence à la fin ? Quelle émotion du monde ? Quoi dire ? Même l’histoire de la vieille musaraigne n’est pas intéressante à dire. Ecrire, c’est rater. »

    Fred Vargas, L’homme aux cercles bleus

    Fred Vargas reçoit le prix Princesse des Asturies 2018