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Filles du Dr March

Si vous avez lu jadis Les quatre filles du Dr March (1868-1869) ou vu l’une de ses nombreuses adaptations cinématographiques, vous vous laisserez peut-être tenter comme moi par le dernier film de Greta Gerwig (Little women, 2019). La romancière américaine Louisa May Alcott (1832-1888), abolitionniste, écrivaine engagée, infirmière durant la guerre, s’est inspirée de sa propre vie dans ce roman.

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Saoirse Ronan, l’interprète de Jo March (en vedette sur l’affiche ci-dessus), le personnage dans lequel Louisa May Alcott a mis beaucoup d’elle-même, est vraiment magnifique dans le rôle ; plusieurs prix l’ont récompensée cette année. Jo est une jeune femme indépendante, décidée à contribuer aux frais de la maison grâce à ses écrits – le film commence quand elle se rend dans les bureaux d’un journal pour y vendre une nouvelle –, méfiante par rapport au mariage tant elle tient à sa liberté.

Le film alterne entre cette période de sa vie où elle commence à vivre de manière autonome et les souvenirs de la maison familiale, sept ans plus tôt. Les quatre filles du Dr March y étaient souvent seules. Leur mère, très soucieuse de la situation des familles pauvres, était souvent occupée ailleurs. Leur père, le pasteur March, le plus souvent absent, s’était engagé dans l’armée nordiste. (Niki s’est attardée sur ce personnage dans un billet sur March de Geraldine Brooks.) Hubert Heyrendt signale dans La Libre que le « docteur » du titre français était « une pure invention de l’éditeur français pour masquer le fait que leur père était en fait pasteur ».

L’entente entre elles protège Meg, Jo, Beth et Amy – la plus jeune, jalouse des talents de Jo –, du sentiment d’abandon : elles aiment s’amuser ensemble au grenier, préparer un spectacle d’après une pièce écrite par Jo pour Noël ou s’adonner à leurs passions. Jo écrit, Beth joue du piano, Amy dessine et peint (inspirée par May, la sœur artiste de la romancière), tandis que l’aînée, Meg (Emma Watson), la plus jolie, se montre aussi la plus coquette.

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L'affiche en V. O.

A l’adolescence, les filles March ont pour voisin un veuf esseulé dans sa magnifique maison, préoccupé par son fils Laurence, dit Laurie (Timothée Chalamet se montre ici plus fade que dans Un jour de pluie à New York de Woody Allen ; dans un petit rôle secondaire, Louis Garrel m’a paru plus convaincant.) Très indocile avec son précepteur et très intéressé par les années et venues des sœurs March, Laurie se lie d’amitié avec Jo qui l’introduit dans leur cercle, malgré les protestations des autres qui préféreraient rester entre filles. Quant au veuf, il reprendra des couleurs en écoutant Beth jouer du piano dans son salon de musique.

Nous sommes au XIXe siècle, en pleine guerre de Sécession. Le manque de moyens pèse sur cette famille quasi ruinée par la générosité du Dr March. Tante March, sa riche sœur, ne cesse de rappeler que seul un mariage avisé – c’est-à-dire avec un homme fortuné – peut leur procurer une meilleure situation sociale. Meryl Streep est parfaite dans le rôle de la tante, dragon mais bienveillante, et décidée à les aider à décrocher le bon parti. Laura Dern campe avec sensibilité la mère des filles March, une femme courageuse et attentive à leur épanouissement.

Le film n’est pas pour autant passéiste. On s’attache à ces adolescentes qui admirent le dévouement de leur mère et l’aident comme elles peuvent. On prend plaisir à observer leur complicité, à voir évoluer leur conscience d’elle-même, leur approche de la société. Elles font face à des difficultés très concrètes : aller au bal sans robe de soirée, partager un petit déjeuner, ne pas être continuellement accompagnée par les plus jeunes quand on sort, réagir sincèrement quand on reçoit une déclaration d’amour…

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L'affiche québécoise

Les filles du Dr March est un film chaleureux, sympathique, agréable à suivre (beaux décors et costumes, facture classique). L’apprentissage de la vie, les joies et les peines, l’amitié et l’amour, la famille, les bals, le désir de s’émanciper… Le charme désuet d’une époque révolue se combine à des thèmes qui restent d’actualité, mutatis mutandis. Il me semble que les valeurs illustrées à travers cette histoire ont dû influencer par mal d’entre nous qui avons lu Alcott dans notre jeunesse et y avons trouvé un modèle de jeune femme à la fois volontaire et sensible, décidée à se réaliser pleinement – une dimension féministe avant l’heure accentuée par la réalisatrice.

Little women de Greta Gerwig est un film sans temps morts, même s’il dure deux heures et quart ; la musique parfois trop enjouée et envahissante, les changements d’époque (avec les mêmes actrices) nuisent un peu à la profondeur des sentiments. Je termine avec cette remarque de Marcos Uzal dans Libération : « Une phrase de la romancière sert d’exergue au film : « J’ai eu beaucoup de problèmes, alors j’écris des histoires gaies. »»

Commentaires

  • je l'ai lu, petite fille, dans une version 'bibliothèque verte', il me semble qu'il faudrait lire l'original, pour se faire véritablement une idée ;-)
    merci tania!

  • C'est ce que je compte faire un de ces jours aussi.

  • un film qui me fait envie même si j'ai déjà vu les deux précédentes adaptations je me réjouis à l'avance

  • Je te souhaite déjà un bon moment de cinéma.

  • tu confirmes les critiques positives à l'égard du film, mais je me tâte vraiment - je ne supporte pas l'acteur timothé chalamet que je trouve aussi expressif qu'une meule de foin - de plus j'ai déjà vu 4 versions (3 ciné, 1 télé) aussi j'ai peur de m'ennuyer, même si je sais que la démarche de greta gerwig a été d'aborder l'histoire d"'un angle différent - je verrai (c'est le cas de le dire :D )

  • et en principe dans le livre, c'est le grand-père lawrence qui est leur voisin et qui est chargé de l'éducation de son neveu - il devient d'ailleurs un personnage bien sympathique malgré sa réputation de vieux bougon (merci aussi pour m'avoir citée)

  • Comme répondu à Adrienne, il faudrait que je relise le roman pour mieux juger de l'adaptation. Quant à l'acteur qui joue Laurie, il m'a déçue ici - un joli minois mais une interprétation peu crédible, une allure assez nigaude ; le reste de la distribution est très bien.

  • Bonjour Tania, un film qui se laisse voir avec un plaisir certain. Et les actrices sont très bien. Bonne fin d'après-midi.

  • Nous sommes d'accord, Dasola, à bientôt.

  • Bonsoir Tania, voici le lien sur mon billet sur les filles du Dr March. Oui, j'en ai en effet parler http://dasola.canalblog.com/archives/2020/01/26/37963261.html Bonne soirée.

  • Merci pour le lien vers ton billet. Nous sommes d'accord : un bon divertissement et Saoirse Ronan, "une actrice à suivre".

  • Je n'ai pas lu le roman, j'ai seulement vu les deux adaptations cinéma précédente (dont ma préférée avec Katherine Hepburn). Je n'ai pas pu voir cette version plus récente, j'attendrai le passage télé. Par contre, j'aimerais surtout lire le roman pour avoir la version de base.

  • J'ai aussi l'intention de le lire, je ne sais plus si je l'ai lu en version intégrale ou pas.

  • J'avais lu et relu de nombreuses fois le livre enfant et le film ne le dénature pas,...au contraire. Ce fut un grand plaisir par contre je suis incapable de dire si c'est un bon film (je le pense) car j'étais tellement plongée pendant la projection dans le livre de mon enfance, tellement collée à l’histoire de cette sympathique famille.
    Belle journée Tania et bises.

  • Le film rend les codes de l'époque mais peut parler encore aux filles d'aujourd'hui, certainement. Un bon film, sans être un chef-d'oeuvre (ils sont rares),

  • Est-ce à dire que quand on écrit des histoires tristes, on a été heureux ? ;-)

  • La question reste ouverte :-). Mais c'est d'un bel optimisme, ce choix de la gaieté, tout de même, non ?

  • J'ai lu le livre étant jeune, c'était il y a bien longtemps. Je me souviens avoir rêvé sur cette bande de sœurs habitée d'une joyeuse énergie. Je regarderai avec plaisir ce film, les images sont certainement très belles. Doux week end Tania, à bientôt. brigitte

  • Comme la plupart d'entre nous... J'ai préféré ne pas mettre la bande annonce, qui en dit trop à l'avance.
    Bon week-end, pluie et vent ici, j'espère que vous êtes au soleil.

  • la grande erreur a toujours été de la part des éditeurs qui ont toujours publié le roman dans la rubrique jeunesse - or, cela n'a jamais été la démarche de louisa may alcott, et je pense que c'est cela la démarche de la nouvelle version -
    ceci dit je ne pense pas arriver à surmonter ce que je ressens de négatif pour deux des acteurs du film, je vais encore devoir y réfléchir

  • C'est pourquoi j'ai envie de relire ce roman en version intégrale. (L'acteur qui joue Laurie est très présent dans le film, forcément.) Bon dimanche, Niki.

  • J'ai raté la dernière version filmique. Dès que j'ai l'occasion, je compte bien le regarder.

  • J'espère que ce film te plaira, Maggie.

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