Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeux olympiques

  • La perche

    « En bout de piste, la perche nonchalamment posée sur l’épaule, ils ne semblent pas voir défiler à rebours le temps qui leur est imparti, sur l’écran de contrôle. Un soulagement nous saisit quand ils empoignent la gaule à deux mains. Alors le dilettante surdoué se mue en chevalier, puis en acrobate, puis en funambule.

    jo Duplantis 6m25.jpg
    Armand Duplantis a franchi 6,25 m en finale des JO. Icon Sport/Sam Barnes (Source : Le Parisien.fr)

    Fregolis du geste parfait, ils foncent, attaquent, esquivent. Comment peut-on être à la fois si puissant et si mince, si audacieux et si technique ? Sur le tapis de réception, ils manifestent enfin leur dépit ou leur joie, se tournent vers le public, saluent. Nous existons pour eux. Et cela nous rassure. »

    Philippe Delerm, Les flambeurs funambules in La tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives

  • JO 2024, mes triades

    Cérémonie d’ouverture

    le nuage bleu blanc rouge sur toute la longueur du pont d’Austerlitz

    le galop du cheval articulé sur la Seine avec le drapeau olympique

    Céline Dion chantant l’Hymne à l’amour du haut de la tour Eiffel

    jeux olympiques,paris 2024,sport,athlétisme,coups de coeur
    Source : La Libre.be
    À 29 ans, Nafi est "la première femme à remporter trois médailles d’or consécutives en heptathlon" (RTBF).
    "
    l’athlète la plus titrée de l’histoire des épreuves combinées" (Le Monde)

    Athlétisme

    Nafissatou Thiam et Noor Vidts, l’or et le bronze à l’heptathlon !

    Le vol de Duplantis à la perche, la barre à 6 m 25, record olympique

    Les bonds de joie de Winfred Yavi remportant le 3000 m steeple, à 24 ans 

     

    Versailles

    Le parcours d’obstacles dans les bois (cross-country)

    Le grand canal traversé par les cavaliers 

    Le souffle retenu, le temps suspendu à chaque saut

    jeux olympiques,paris 2024,sport,athlétisme,coups de coeur
    Source : Le Parisien.fr

    Le bonheur olympique

    Remco Evenepoel posant son vélo juste derrière la ligne d’arrivée – double médaille d’or

    Les larmes de Djokovitch à Roland-Garros

    La qualification du coureur John Heymans, 26 ans, pour la finale du 5000 m (arrivé 11e)

     

    Et aussi

    Les lignes design de la tenue olympique belge

    Les décors des obstacles équestres à Versailles

    Les médaillés d’or sonnant la cloche de Paris 2024, qui sera installée à Notre-Dame

     

    Et vous, quel grand ou beau moment de ces Jeux retiendrez-vous ?

  • Normale

    Lafon La petite communiste Actes sud.jpg« STRASBOURG. Ils disent : elle n’est plus l’écolière qu’on notait d’un 10 sur son cahier de gym et qui jouait à la poupée devant la planète entière. Ils notent : elle a coupé ses couettes et rangé ses rubans, ses formes gonflent son maillot. Ils font preuve d’indulgence : la croissance est un « moment de relâche très compréhensible », elle a « attrapé » seize ans, après tout. Ils comptent : une médaille d’or à la poutre, une chute aux barres, moins de rapidité au saut même si elle a perdu cinq kilos cet été avant de venir. Ils s’émerveillent : avez-vous vu cette Portugaise qui ne pèse que vingt-neuf kilos !
    La jeune femme sera convoquée devant eux tous rassemblés dans la salle de presse, sévères. Ils attendront des larmes et des excuses, elle sourira pour les amadouer : « Heureusement que j’ai changé, à Montréal, j’avais quatorze ans. Je suis tout à fait… normale pour mon âge. »

    Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais

  • La petite gymnaste

    Il y a presque un demi-siècle, aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976, une petite gymnaste roumaine éblouissait le monde entier. La petite communiste qui ne souriait jamais (2014) de Lola Lafon est un roman, pas une « reconstitution historique de la vie de Nadia Comaneci », précise-t-elle dans l’avant-propos. Elle a respecté les dates, lieux et événements et « pour le reste […] choisi de remplir les silences de l’histoire et ceux de l’héroïne ».

    Lafon La petite communiste Babel.jpg

    Le roman suit le parcours de Nadia C. de 1969 à 1990. L’échange (en italiques) entre la narratrice et  la gymnaste reste « une fiction rêvée » où l’autrice a intégré quelques passages de son autobiographie (Letters to a Young Gymnast, 2011). C’était exceptionnel : à quatorze ans, la petite Roumaine, « sa queue de cheval de travers », découvrait au tableau d’affichage « ce terrible 1 sur 10 » en chiffres lumineux – un virgule zéro zéro qui signifiait un dix ! – une note inédite en gymnastique aux JO, non prévue dans le système.

    On lui ajoute trois contrôles antidopage supplémentaires. C’est un « séisme géopolitique » pour les Soviétiques qui craignent l’humiliation. « La grâce, la précision, l’amplitude des gestes, le risque et la puissance sans qu’on n’en voie rien ! » Elle est « la petite fée communiste qui ne souriait jamais », une « Lolita olympique » qui fait vieillir d’un coup ses concurrentes et récolte les médailles d’or.

    Des vidéos en ligne permettent de revoir ces incroyables performances. Lola Lafon n’avait alors que deux ans, je me suis demandé pourquoi elle avait décidé d’écrire sur ce sujet. La Roumanie des Ceausescu, elle l’a connue, elle a grandi sous le régime communiste. Comme Nadia C. qui va fuir son pays en 1989, elle se montre critique aussi envers les pays occidentaux : « La liberté des pays capitalistes, je me suis assez vite rendu compte que c’était bidon, il y avait le pouvoir du porte-monnaie, c’est tout. » (Libération, 2003)

    Je lis les récits de Lola Lafon à rebours de la chronologie. Elle a passé une  nuit au musée Anne Frank (Quand tu écouteras cette chanson), celle-ci a commencé à écrire son journal à l’âge de treize ans. Cléo est encore plus jeune quand elle entre à l’école de danse (Chavirer). Patricia Hearst a dix-neuf ans quand on l’a enlevée (Mercy, Mary, Patty). Les thématiques sont voisines, bien que les sujets soient différents : des héroïnes jeunes, le passage délicat de l’adolescence. 

    En racontant les entraînements, les régimes, la discipline imposés à Nadia C. et aux autres gymnastes entraînées par Béla et sa femme Marta à « l’école expérimentale [d’Onesti] qui formera l’élite des gymnastes socialistes », Lola Lafon décrit l’engagement physique et en même temps la volonté formidable de la petite : « Parfois, Béla craint qu’elle ne soit malade, cette pâleur silencieuse, ce regard fixe que contredit l’acharnement de ce corps minuscule à sans cesse décortiquer la difficulté de l’exercice jusqu’à sa digestion totale. Anaconda d’un risque dont on ne la nourrit jamais assez. »

    La petite communiste qui ne souriait jamais, « récit de haute voltige » (La presse), décrit dans tous ses aspects la vie d’une sportive de haut niveau, les hauts et les bas, les rivalités, le rôle des médias, les revers de la célébrité. Lola Lafon s’est appuyée sur une vaste documentation pour retracer une partie de la vie de Nadia Comaneci, au-delà même de sa retraite sportive en 1981. Ce roman montre les coulisses de ses incroyables performances et tente aussi de saisir sa personnalité, volontaire et secrète.