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éclectisme

  • Jour d'imposte

    Jour. Ouverture aménagée dans une construction pour laisser passer le jour.

    Imposte. Pièce de menuiserie, comportant ou non une partie vitrée, placée dans la partie supérieure d'une baie de porte ou de fenêtre au-dessus des battants.

    Petit-bois, petit-fer. Petit élément en bois ou en fer subdivisant le vitrage d’un châssis.

    Quartier HH (36).JPG

    Le glossaire de l’architecture est fort utile à consulter pour mieux lire les notices de l’Inventaire du patrimoine architectural en région de Bruxelles-Capitale (il suffit d’y cliquer sur les liens pour accéder aux définitions). Celui-ci met des mots sur ce que je regarde chaque fois que je sors du supermarché près de chez moi :

    « Jour d’imposte de la porte à vitrail figurant des fleurs. »

    « Jour d’imposte de la porte à petits-bois et vitrail figurant un papillon. »

  • Le quartier Hamoir

    Le rendez-vous était donné devant Train World, à la gare de Schaerbeek – comment ? vous n’avez pas encore visité ce nouveau musée extraordinaire ? –, pour une promenade guidée dans le quartier Huart Hamoir (à nouveau organisée le 24 juillet). Nous étions donc en bas de cette belle avenue arborée dont je vous ai déjà présenté les côtés pair et impair – j’aime m’y promener. On l’appelle aussi le quartier Monplaisir, du nom du grand domaine antérieur au tracé actuel : la place devant la gare a été aménagée là où se trouvait jadis un étang.

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    La première petite station « Helmet » date de 1864, trente ans après les débuts des chemins de fer belges. La première gare érigée (bâtiment de gauche) marquait l’aboutissement du tracé royal ; avant de dire rue et place Princesse Elisabeth, on les appelait rue Royale Sainte-Marie et place Nationale. La deuxième gare (bâtiment de droite), plus grande pour s’adapter à l’afflux des voyageurs, a été construite 26 ans plus tard dans le même style néo-Renaissance en briques rouges et pierre de Gobertange ; on y voit l’influence de l’art nouveau, notamment dans le spectaculaire arc en plein cintre métallique au-dessus des portes.

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    A gauche de la gare, quand on est en face, un groupe de maisons anciennes montre des architectures intéressantes ; la plus basse, à l’angle de l’avenue Monplaisir, est antérieure à la transformation du quartier de 1907 à 1910. La guide de PatriS nous a invités à nous retourner pour observer l’actuel immeuble Zola, anciennement Grand Hôtel Moderne (1922) dû à Joseph Diongre, de style Art déco, avec un remarquable encorbellement et un toit-terrasse. Dans les années quarante, on l’a divisé en appartements.

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    A droite de la gare, la grande halle construite pour accueillir Train World réussit malgré sa taille à rester discrète, sans nuire à la cohérence architecturale de la place. Un bâtiment fonctionnel des années 30, qui sert encore de laboratoire aux chemins de fer, le sépare de la gare. Au numéro 9 de la place, l’ancien Hôtel des Voyageurs, de style éclectique, porte au-dessus de la lucarne centrale un dôme qui a perdu son lanternon et, plus bas, l’année de sa construction : 1914. A l’origine, il était doté d’une galerie au rez-de-chaussée.

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    Nous avons fait un saut jusqu’au formidable Train Hostel, bâtiment Art déco qu’un passionné a magnifiquement aménagé pour accueillir les visiteurs de Train World ou de Bruxelles : on ne peut pas le rater, avec son wagon sur le toit qui abrite une suite. Il a fallu planter des pieux sur vingt mètres de profondeur pour supporter son poids ! Toute la décoration évoque le monde des trains, comme nous avons pu le voir dans la cour intérieure où le joli chat du lieu nous a accueillis et dans la « cuisine partagée » ouverte à tous, exemplaire de l’esprit du Train Hostel aux tarifs accessibles et où les gens, jeunes ou vieux, osent se parler, partager un repas.

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    Le bourgmestre Achille Huart Hamoir s’est battu pour obtenir cette avenue large de 60 mètres (120 m là où elle s’élargit en ellipse), créée en 1908, d’où l’on avait une vue plongeante sur le domaine de Laeken. Les maisons et immeubles qui la bordent révèlent trois phases : l’éclectisme avant 1914, l’Art déco et le style Beaux-Arts dans l’entre-deux-guerres, quelques touches de modernisme ensuite (Sasasa en est un bel exemple).

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    En s’arrêtant devant l’une ou l’autre de ces belles façades, la guide attire notre attention sur le caractère faussement résidentiel du quartier : à l’arrière se cachaient des entrepôts, des manifactures – biscuiterie, atelier de couture, chemiserie… – qui procuraient du revenu aux propriétaires des parcelles. Si vous cliquez sur les liens vers l’Inventaire du patrimoine architectural, vous trouverez une notice détaillée ainsi que des photos, voire des vues anciennes. 

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    Les avenues qui aboutissent sur l’avenue Huart Hamoir (à droite en montant) contiennent aussi des merveilles architecturales. Avenue Giraud, nous observons les styles variés de l’architecte Joseph Diongre (celui de la belle maison Art nouveau rue Laude) pour répondre aux souhaits de ses clients, les jolis motifs végétaux au-dessus des portes, les ferronneries. Au 93 se trouvait l’atelier que Diongre a construit pour Privat-Livemont. Quelques maisons sont à vendre (sans garage), dont un ancien atelier d’artiste de 1911 au numéro 32.

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    L’architecte schaerbeekois François Hemelsoet a construit de nombreuses maisons dans le quartier Hamoir : dans l’avenue Verhaeren, nous admirons les numéros 39, 37, 35 (ci-dessus). Avenue Sleeckx, le 31 vient d’être superbement restauré, y compris les sgraffites de Paul Cauchie. C’était la maison personnelle de l’architecte Florent Rasquin. Du 38 au 44, encore de splendides façades Art nouveau signées Hemelsoet. Au 76, deux beaux profils féminins de Privat-Livemont, une restauration récente.

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    La montée, avec des allers et retours avenue Huart Hamoir, s’est terminée au square Riga où les vieux arbres sont si beaux. La guide nous y a montré quelques maisons remarquables comme la Villa Regina ou, de l’autre côté, celle du numéro 12, devant laquelle je m’arrête souvent pour l’admirer : sa façade polychrome est soulignée de sgraffites à feuilles de marronnier et profils féminins, jusque sous le porche.

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    Les participants non schaerbeekois se sont étonnés de la richesse patrimoniale du quartier : chacune des avenues citées mériterait, à mon avis, une visite exhaustive, comme celle de l’avenue Demolder que j’avais suivie l’an dernier, en particulier l’avenue Sleeckx si riche en sgraffites – peut-être lors d’une future édition des Estivales ?

  • Deux choses

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    Deux choses à ajouter en ce qui concerne l’avenue Demolder.

     

    Elle porte le nom d’un écrivain et avocat belge, Eugène Demolder (1862-1919) qui a épousé la fille du peintre Félicien Rops – vous vous souvenez peut-être du portrait de Claire Demolder par Van Rysselberghe.

     

    L’été, les roses trémières montent à l’assaut des arbres de l’avenue et elles sont particulièrement belles cette année, atteignant même leur feuillage.

  • L'avenue Demolder

    Dimanche 19 juillet, 17 h. Pour découvrir l’avenue Eugène Demolder, rendez-vous était donné à la « Cage aux ours », surnom de la place Verboeckhoven dû à la ressemblance, à sa création, d’une rocaille dans la fosse du chemin de fer qui passe en dessous avec la fosse aux ours de Berne (place aujourd’hui défigurée par une passerelle blanche controversée).  

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    Photo © Sylvie Wilhelm / http://fr.sylvie-wilhelm.com/

    C’est une autre histoire qui nous éloignerait de cette « Estivale » à la découverte de façades admirables dans une avenue prestigieuse, véritable « festival d’ornements » selon la formule d’Anne-Cécile Maréchal, notre guide PatriS. Construite à partir de 1908, cette avenue bourgeoise a été conçue dans le cadre du prolongement de l’axe royal (rue Royale, rue Royale Sainte-Marie, Hôtel communal) vers la gare de Schaerbeek (place princesse Elisabeth).

     

    Parmi les huit artères qui aboutissent à la Cage aux Ours, la plupart portent les traces d’un passé industriel. Celle-ci, beaucoup plus large, dotée de jardinets de rue et de grilles qui concourent à son élégance, a vu beaucoup d’architectes et d’entrepreneurs s’y établir : ils affichaient ainsi leur « carte de visite » et se trouvaient sur place pour diriger les travaux dans le quartier. 

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    Photo © Sylvie Wilhelm

    Le parcours commence devant la « résidence Demolder », un immeuble signé J. Teughels, dont l’entrée donne sur la place. Un de ses occupants nous présente une copie des plans de façade pour M. Colignon, notaire. L’étude et la salle d’attente occupaient le rez-de-chaussée, les clercs travaillaient au-dessus, puis c’était l’appartement personnel du notaire. Les trois étages supérieurs étaient donnés en location, surmontés de chambres de bonne spacieuses. 

     

    Nous apprenons que l’ascenseur est d’époque, en acajou, avec des vitres biseautées. Les appartements – quelque 170 mètres carrés – ont des parquets de chêne garnis de frises (essences tropicales) et des cheminées de différents marbres. La sculpture d’angle est de Pierre de Soete, également médaillier. Enfin, les caves sont étonnantes, prévues pour conserver trois à quatre mille bouteilles ! 

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    Photo © Sylvie Wilhelm

    Les numéros 11 à 17, côté impair, sont du même architecte, G. Leemans, et pourtant les maisons, de plus en plus hautes, sont très différentes. L’éclectisme est à la fête dans cette avenue : art nouveau, art déco, beaux-arts s’y mélangent, entre autres. La signature de l’architecte au bas d’une façade signifie aussi qu’il est fier du résultat.

     

    Au n° 13, un grand sgraffite orné a disparu, comme au n° 11 ou au n° 14 – la guide nous montre le dessin initial des façades, ce qui permet de juger des modifications apportées en un siècle (on peut consulter l’Album de la Maison Moderne à la Maison des Arts de Schaerbeek.) Mais un sgraffite à petites fleurs blanches typiques de Privat-Livemont est encore visible au-dessus et en dessous du bow-window. Graphiste et décorateur, celui-ci enseignait à l’Ecole industrielle de la Ruche, toute proche. Les entrepreneurs avaient ici les « bonnes personnes » sous la main. Un temps oublié, l’art du sgraffite, heureusement, est aujourd’hui retrouvé.  

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    Au 17, la ferronnerie de la porte monumentale est sans doute l’œuvre du fondeur pour lequel la maison a été construite. Le plan intérieur montre la disposition typique de l’époque : loggia vers la rue, puis salon et fumoir ; à l’arrière, salle à manger et véranda. En face, plusieurs maisons de François Hemelsoet : au 24, une ferronnerie art nouveau spectaculaire a été refaite à l’identique, de même que les pilastres du balconnet qui la supporte. Au 26, les portes ont été changées pour aménager un garage, la loggia à vitraux a disparu.

     

    Du côté impair, la guide attire notre attention sur la « maison aux iris », sur d’autres récemment restaurées, sur un joli porche dont les marches dissimulent l’entrée des domestiques. Deux maisons de J. Teughels encore (ci-dessous) datent des années vingt : leurs lignes sont simplifiées, le décor stylisé, tout en gardant beaucoup d’élégance. Les quatre colonnes en granit rouge de la seconde font grand effet en contraste avec la pierre blanche de façade. 

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    Maisons J. Teughels  / Photo © Sylvie Wilhelm

    Henri Jacobs a aussi œuvré ici, notamment pour une demeure construite en deux temps, ce qu’il a subtilement masqué à l’aide d’une frise et d’autres détails qui achèvent d’imbriquer les deux parties successives. Son style s’y révèle : soubassement en pierre bleue, jeu des briques en façade, éléments art nouveau, pierre travaillée et enfin les grilles pour unifier (ci-dessous). Leur motif se prolonge devant la maison voisine, ce qui améliore encore l’impression d’ensemble.

     

    1909 a été une année faste pour Jacobs : il a gagné quatre des prix décernés par la commune de Schaerbeek. Sa maison personnelle est sur l’avenue Foch, mais il a dessiné aussi la « maison Fontaine » au 46, où nous retrouvons les pâquerettes de Privat-Livemont autour d’un visage de femme. En haut de la maison qui lui fait face, de beaux sgraffites restaurés illustrent les quatre saisons – et les quatre âges de la femme, suggère une participante. 

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    La maison construite "en deux temps" de Henri Jacobs

    C’est à Joseph Diongre, connu pour son œuvre art déco (paquebot Flagey, maison communale de Woluwe-St-Lambert) qu’on doit deux maisons pittoresques dans un style plutôt « balnéaire », aux 51 et 53. De fausses jumelles, très bien préservées, l’une plus étroite que l’autre – on peut s’amuser au jeu des différences.

     

    En arrivant au boulevard Lambermont, nous remarquons des châssis en aluminium qui ne seraient plus autorisés aujourd’hui. C’est la commune qui a créé le boulevard, en échange l’Etat a offert les deux ponts monumentaux et leurs escaliers en pierre bleue, chaussée de Haecht et chaussée d’Helmet. L’âne rouge, dans le second tronçon de l’avenue vers le square Riga, attire le regard vers deux jolies maisons aux façades renflées, décorées l’une de pommes, l’autre de raisins. Un peu plus loin, Thomas Owen a vécu au n° 74.  

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    La maison "Chu-Chin-Chow"

    A côté d’un bel immeuble à appartements, une maison néo-Renaissance est ornée de chauves-souris, anges, raisins, tête de bouc en macaron, une ambiance de bacchanale. A nouveau les signatures de Teughels, Lauwers, Diongre au bas de belles façades où règne un éclectisme « de bon goût ». Pour finir, l’étonnante maison « Chu-Chin-Chow » au n° 99 : conçue en hommage à une comédie musicale à succès adaptée au cinéma, elle date de 1934. Rénovée avec respect, elle a gardé le dessin particulier du bois qui garnit ses fenêtres et sa corniche, ainsi que le joint creux en façade. L’entrée est très originale.

     

    Si vous voulez découvrir vous-même l’avenue Eugène Demolder, sachez qu’une autre promenade guidée est prévue le dimanche 30 août, même heure, même endroit (Mise à jour 24/7/2015 : le groupe est complet.)* Un grand merci à Sylvie Wilhelm, photographe, rencontrée lors de ce parcours, pour le partage de ses photos (1 à 5).

     

    ***

     

    * Pour information, il ne reste que trois dates ouvertes pour les Estivales 2015 :

    30/7 12h30 Eglise Saint-Servais

    06/8 12h30 Eglise Saints-Jean-et-Nicolas

    06/9 17h A vélo - Schaerbeek se la joue "cottage".

  • Maison de caractère

    « Nous cherchions une maison qui ait du caractère » , a raconté la propriétaire d’une belle demeure schaerbeekoise, à l’angle de la chaussée de Haecht et de la rue de l’Est, qui a accueilli avec amabilité le petit groupe inscrit à la première des « Estivales 2015 » – huitième édition des promenades guidées gratuites proposées tout l’été par l’asbl PatriS, avec le soutien de la commune. 

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    Si souvent, en passant sur la chaussée, j’ai admiré la loggia d’angle et les belles façades de cette maison néo-Renaissance flamande. Aussi je me suis inscrite tout de suite à l’annonce de cette visite guidée organisée jeudi dernier. (Une seconde visite de cette maison est prévue le 3 septembre prochain.)

     

    Emmanuelle Dubuisson, notre guide, rappelle que la rue de l’Est (nom lié à la proximité de l’ancien Observatoire) a été percée à la demande de propriétaires privés, en 1881.  A cette époque, la commune attire les bourgeois et les artistes. Ce sont les héritiers Verboeckhoven (Eugène Verboeckhoven, peintre animalier et sculpteur, est mort à Schaerbeek en 1881) qui possèdent le terrain où cette maison va être bâtie et les suivantes, où seront aménagés plusieurs ateliers d’artistes. 

     

    Cette grande maison d’angle construite en 1890 pour un avocat (Maître Campioni-Balasse) disposait à l’origine d’un grand jardin, mais durant la première guerre, des voisins s’en sont approprié des parcelles. Juste en face, une maison du même style, avec tourelle d’angle, a été démolie dans les années soixante pour faire place à un immeuble de bureaux. Ici, heureusement, les propriétaires successifs ont résisté aux sirènes du progrès, qui suggéraient même de la remplacer par une station-service ! 

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    « Schaerbeek - Rue de l'Est n°2 - 002 » par Lumixbx (Wikimedia Commons)

    Pourquoi ce style Néo-Renaissance flamande, avec le mélange des briques rouges et de la pierre bleue, des vitraux et des croisées en pierre ? La visite s’intitule « Plongée dans l’éclectisme » : en façade on voit aussi des éléments néo-gothiques, un pignon en escalier sur le toit, des lucarnes dans le goût pittoresque, ainsi que des épis de faîtage. Au bout des nombreuses travées – la maison est large mais peu profonde – une frise lombarde achève le décor. 

    Les archives de Schaerbeek ayant brûlé avec l’Hôtel communal en 1911, on attribue cette maison à un architecte formé à Saint-Luc, qui a conçu d’autres belles demeures dans le quartier des squares et travaillé pour de nombreux couvents et églises. Après 1870, les libéraux de la « nouvelle Belgique » appréciaient ce style néo-Renaissance flamande par opposition au style néo-classique français.

     

    Il est temps d’entrer, après avoir appris que le bossage des pierres au bas des murs convient au caractère rustique de l’endroit à la fin du XIXe siècle, c’était encore campagnard. La porte est magnifiquement décorée et garnie de ferronneries d’époque. On monte cinq marches pour accéder au premier niveau d’où on peut admirer les vitraux art nouveau qui encadrent l’entrée, dans des tons orangés, puis les vitraux plus pâles autour de la seconde porte.  

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    Le vestibule a été transformé (confort, chauffage,…) et dans toute la maison, dont l’intérieur aussi est classé aux Monuments & Sites depuis 2004, des éléments qui ne sont pas d’origine ont été intégrés harmonieusement au fil du temps – parfois récupérés dans les chantiers de démolition des belles maisons de maître en pleine période de « bruxellisation ».

     

    Dans le salon de réception qui a conservé son mobilier d’origine, les médaillons des vitraux sont inspirés de tableaux anciens. Les vitraux intérieurs portent aussi des devises, une date : 1831, des motifs illustrant les quatre saisons. Sous le plafond à caissons (dont la peinture s’écaille en attendant un budget de restauration), des poutres se terminent par les têtes sculptées des archiducs Albert et Isabelle.

     

    Toutes les pièces visitées portent des lambris d’origine. De l’autre côté de l’entrée, après un charmant petit bureau, un grand salon de musique, pièce d’angle très lumineuse a des vitraux refaits dans les années 60, portant le blason azur et or de la famille Scribe (deux plumes croisées, quatre escargots), et sur une fenêtre rue de l’Est, un blason de réemploi non identifié qui m’a intriguée, montrant sous une couronne, un oiseau noir avec un anneau d’or dans son bec, juché sur un fer à cheval. Comme les murs peints de ramages et de couronnes de ce salon, ceux de la belle cage d’escalier, éclairée par une verrière à décor floral, ont conservé leur peinture d’origine, de très beaux tons rouge cuivre.  

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    On découvre à l’étage les pièces d’habitation familiale, le salon à l’angle avec ses vitraux refaits sur le modèle d’origine, sa loggia, et une belle cheminée en bois récupérée dans un château – le bois est présent partout dans la maison : les lambris, les parquets dont les motifs varient de pièce en pièce.

     

    Des murs clairs mènent à une jolie cuisine toute en longueur, équipée à la manière actuelle en face des vitraux, avec un coin à manger – tout ce qu’il faut pour une famille ; elle a été conçue en harmonie avec le lieu, la cheminée ancienne. Les cuisines d’origine, comme autrefois à Bruxelles, se trouvaient en cave, reliées au rez-de-chaussée par un monte-plats.

     

    Ensuite on accède à une chambre qu’habite également un chat roux, endormi en rond sur le couvre-lit blanc. Placide, il ne semble pas vite dérangé, accepte même quelques caresses. La cheminée – chaque pièce a la sienne – est imposante, une grande tapisserie d’époque agrémente le décor.

     

    Cette maison qui donne l’impression de voyager dans des temps anciens est contemporaine de la maison Autrique, construite en 1892 par Horta à deux pas d’ici. Un choix architectural et esthétique très différent. Débordant du temps prévu pour la visite, la propriétaire a bien voulu confier les avantages et inconvénients d’habiter une maison classée. Le plus inattendu, ce sont les coups de sonnette d’inconnus qui se croient à la maison communale !