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sculpture - Page 19

  • Je plie, replie

    picasso Femme aux bras écartés.jpg« D’abord, je commence avec des feuilles de papier que je plie, replie, recoupe et replie, et une fois faites en papier, comme c’est fragile et qu’[elles] se déforment au moindre contact des autres, je les fais en tôle un peu plus solide [...]. C’est, au fond, du laboratoire, des choses de laboratoire [...]. »

    Pablo Picasso 

    Cité dans le Guide du visiteur, Picasso. Sculptures, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 2016-2017.

     

     

    Pablo Picasso, Femme aux bras écartés, 1961. Tôle découpée, pliée et grillage peints,
    183 x 177.5 x 72.5 cm Musée national Picasso-Paris © Succession Picasso – SABAM Belgium 2016
    Photo © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Mathieu Rabeau

  • Picasso sculpteur

    Le renouvellement perpétuel de Pablo Picasso impressionne : toute une vie à réinventer sa peinture. Ses sculptures, excepté les plus célèbres comme la tête de taureau née d’une selle de vélo et d’un guidon, La chèvre ou La petite fille sautant à la corde, sont moins connues. L’exposition Picasso. Sculptures qui vient de fermer ses portes au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, après les rétrospectives du Moma à New York et du musée national Picasso Paris, a permis de mesurer à quel point Picasso, sculpteur autodidacte, est un formidable explorateur.

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    Picasso, Buste de Femme. 1931. Ciment © Succession Picasso SABAM 2016
    Photo © musée Picasso-Paris, Adrien Didierjean

    Le parcours, chronologique et thématique, montre environ 80 sculptures prêtées par le Musée national Picasso de Paris dans leur contexte d’origine : des tableaux, des objets collectionnés par l’artiste (art africain, art ibérique) permettent de situer ces œuvres et de les y confronter. A l’entrée trône un grand Buste de femme au nez fort et saillant (ci-dessus), comme sur la toile de 1931 accrochée sur le côté, Le sculpteur (assis face au buste) – on en verra plus loin une des sources d’inspiration.

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    Pablo Picasso, Le Sculpteur, 1931. Huile sur contreplaqué, 128.5 x 96 cm Dation Pablo Picasso, 1979. Musée national Picasso-Paris
    © Succession Picasso – SABAM Belgium 2016 Photo © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Béatrice Hatala

    Les premières sculptures de Picasso sont plus classiques. La toute première, Femme assise (1902), est un petit sujet en terre « qui s’apparente à un santon » (Guide du visiteur). En bronze, Le fou est au départ un portrait de Max Jacob, coiffé d’un chapeau d’Arlequin, et Femme se coiffant, une figure inspirée par Fernande Olivier, sa compagne.

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    Pablo Picasso, Femme se coiffant, 1906 Bronze, fonderie C. Valsuani, 1968, 42.2 x 26 x 31.8 cm Musée national Picasso-Paris
    Don MM. Georges Pellequer et Colas, 1980 © Succession Picasso – SABAM Belgium 2016 Photo
    © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Mathieu Rabeau

    Bientôt, les bois sculptés le sollicitent, lors d’un séjour à Gósol (Pyrénées orientales) et sous l’influence de Gauguin. J’ai particulièrement aimé Buste de femme (Fernande) de 1906 (ci-dessous) : le bois, qui porte des traces de peinture rouge, présente des courbes délicates au-dessus desquelles Picasso a sculpté un visage aux traits fins et doux. On y voit l’influence de la culture catalane et du primitivisme. Sur la toile Paysage aux deux figures, accrochée à proximité, on cherche du regard les personnages, tant ils s’intègrent aux arbres stylisés.

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    Pablo Picasso, Buste de femme (Fernande), 1906 © Succession Picasso - Musée Picasso Paris

    De salle en salle, changement d’inspiration, de technique, de manière. Diverses « expérimentations cubistes » sur le vide et le plein aboutissent aux surprenants Verre d’absinthe (avec véritable cuillère en métal fondue en bronze puis peinte) et Violon : comme dans les masques africains que Picasso collectionne, la sculpture ne représente plus, elle devient « un système de signes où reliefs et creux s’inversent » !

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    Picasso, Violon, 1915. Fer-blanc découpé, plié, peint et fil de fer © Succession Picasso, SABAM 2016;
    Photo © musée Picasso de Paris, Béatrice Hatala

    La salle d’angle offre un bel espace au monument à Apollinaire. La Société des Amis du poète voulait lui rendre hommage par un monument sur sa tombe, mais aucun des projets de Picasso ne sera retenu : ni les Métamorphoses, ni la grande sculpture en fer soudé montrée ici avec deux maquettes, « nées d’une série d’études graphiques de points reliés par des lignes ». Plus tard, Picasso offrira à sa veuve une tête de Dora Maar, installée à Saint-Germain-des-Prés sur un socle en pierre portant la mention « A Guillaume Apollinaire ».

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    Pablo Picasso, 
    Figures (Projets pour un monument à Guillaume Apollinaire), 1928 © Succession Picasso - Musée Picasso Paris

    Voici une sculpture étonnante, « La femme au jardin », autre proposition pour Apollinaire, un assemblage de tôles peintes en blanc. Picasso a appris à souder avec Julio González, peintre et sculpteur catalan qu’il avait fréquenté à Barcelone. Quelle fantaisie dans cette figure dressée sur une base triangulaire, cheveux au vent ! La soudure permet à l’artiste d’intégrer à ses sculptures des objets du quotidien, comme les deux passoires dans Tête de femme.

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    Pablo Picasso, La Femme au jardin, 1929, fer soudé et peint,  206 x 117 x 85 cm
    Musée national Picasso-Paris, dation Pablo Picasso, MP267 © Succession Picasso

    Dans la salle consacrée aux « baigneuses », une animatrice guidait une bande d’enfants qui ne se sont pas fait prier quand elle les a invités à se coucher dans la même position qu’un Nu couché aux couleurs lumineuses, accroché près des sculptures. A l’autre extrémité de cette pièce, un masque Nimba superbe près d’un buste de femme : le voilà, ce nez saillant, proéminent, dont Picasso s’est inspiré tant de fois !

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    Masque d’épaule Nimba, XIXe siècle, bois dur et fer, Musée  national Picasso-Paris

    Baigneuse allongée, Femme au feuillage, Tête de taureau, Femme à la pomme… Chaque sculpture de Picasso montre une autre approche, des profils très différents, des éléments inattendus. Côté à côte, deux versions de Crâne de chèvre, bouteille et bougie : une peinture où les couleurs réussissent à harmoniser la composition, et la sculpture correspondante, plus âpre. En vitrine, une extraordinaire Tête d’Oba originaire du Bénin, en bronze (ci-dessous). Sous le large collier montant qui enserre le bas du visage, de petits animaux, de petites mains – on aimerait comprendre le sens de chaque élément dans cette œuvre composite et anonyme.

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    Tête d'Oba en bronze, Ancien Royaume du Bénin, s.d.,
    collection du Musée national Picasso-Paris        

    L’homme au mouton, sculpté pendant la guerre, a parfois été rapproché du Bon Pasteur, mais Picasso a écarté cette interprétation : « j’ai exprimé simplement un sentiment humain, un sentiment qui existe aujourd’hui comme il a toujours existé. » Cette sculpture est visible à Vallauris, face au musée de la céramique. Picasso s’y installe en 1946 et y réalise de nombreux assemblages, comme La Grue (qui intègre pelle, fourchette et robinet de gaz !), tout en s’initiant à la céramique. 

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    Pablo Picasso, La grue, Vallauris, 1951-1953, Musée national Picasso-Paris © Succession Picasso

    Toutes sortes de pièces illustrent son activité avec l’atelier Madoura et Jules Agard, maître-tourneur. Celui-ci « donne vie aux formes en volume d’après les dessins et les indications de l’artiste », Picasso peint l’argile une fois sèche, sur tous les supports : briques, tomettes, fragments… Des visages de femmes y prennent un relief inattendu, mystérieux. J’ai aimé aussi deux belles petites sculptures en terre blanche, Faune et Musicien assis (décor aux engobes).

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    Pablo Picasso, Petit cheval, tôle, Musée national Picasso-Paris © Succession Picasso

    « Dessiner aux ciseaux », la dernière section, présente des sculptures en tôle pliée et peinte, « synthèse entre dessin, peinture et sculpture ». Craquant, ce petit cheval sur roulettes, non ? Tout au long de sa vie, Picasso aborde la sculpture en chercheur et ce qui m’a frappée aussi, ce sont ses collaborations avec d’autres artistes qui l’ont aidé, grâce à leur savoir-faire, à passer du projet à la réalisation. « Il est bien ce bricoleur de génie, ce géant de l’art, qui a tout réinventé dans la sculpture du XXe siècle, utilisant tous les matériaux et rebuts, toutes les techniques. Et cela en s’amusant comme un enfant. » (Guy Duplat)

  • Profil d'homme

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    Chez Alexis Bordes (Paris), un bronze m’a fort intriguée : Profil d’homme vêtu d’une armure à l’antique, attribuée à César Cerebelli. Les attributs sur son armure (coquille et dragons sur le casque, serpent sur l’épaule, petite tête ailée sur la poitrine) rappellent le symbolisme, l’œuvre daterait de 1895.

    A la Brafa, chacun peut poser des questions et certains exposants ne se font pas prier pour donner des explications. Ici, j’ai reçu une notice détaillée et illustrée sur ce magnifique Profil et les recherches à son sujet : il pourrait s’agir de Persée ou d’Alexandre le Grand.

    « La mythologie avec ses héros et demi-dieux comme Persée et l’histoire antique où se mêlent réalité et légendes constituent, pour les artistes symbolistes, une source inépuisable et particulièrement riche de sens et d’interprétations. » (notice)

  • A la Brafa 2017

    Les lumières de la Brafa 2017 se sont éteintes dimanche, pourquoi ne pas en rallumer quelques-unes, pour le plaisir des yeux ? Je vous avais parlé l’an dernier de ce rendez-vous annuel des amateurs d’art et d’antiquités à Bruxelles, où il y a tant de choses à admirer (peintures, sculptures, meubles, céramiques, verreries, bijoux, etc.), trop pour une seule visite. (Vous pouvez vous en faire une idée à travers la vidéo de deux minutes sur le site de la Brafa, qui a adopté cette année un nouveau nom de domaine, « .art »)

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    Julio Le Parc, Sphère (210 cm de diamètre), Brafa, Bruxelles, 2017

    L’artiste invité, Julio Le Parc, né en 1928 en Argentine, y a installé quatre œuvres monumentales dont deux magnifiques sphères éclairées, une bleue, une rouge, qui attiraient tous les regards. Les antiquaires et les galeristes (132 exposants, 22 pays) rivalisaient dans la présentation de leurs stands : certains ressemblent de plus en plus à des salons où tout est de qualité, décor et objets, du sol au plafond.

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    Coin du stand de la galerie Mathivet

    L’antiquité et les arts premiers, de plus en plus présents, s’illustrent ici avec des œuvres parfois dignes de figurer dans un musée. Je m’émerveille souvent du soin qui les a entourées pendant des siècles et des siècles pour qu’elles arrivent dans un si bel état jusqu’à notre époque, comme cette Tête de déesse grecque au doux visage ou ce Masque de copte d’origine chypriote (Phoenix Ancient Art, New York).

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    Tête de déesse, Phoenix Ancient Art

    D’un stand à l’autre, d’un côté d’une allée à l’autre, on fait souvent le grand écart. Ici, une sculpture contemporaine en bois d’érable de Keping Wang (artiste chinois né en 1949), Jeune fille, présentée par une galerie londonienne (Aktis). Là Bruegel, Rubens, Niki de Saint-Phalle, Geluck et son chat, Cobra… Tous cohabitent à la Brafa, où l’on déambule dans l’histoire de l’art et à travers le monde, au bonheur de l’éclectisme.

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    © Keping Wang, Jeune fille, Galerie Aktis

    J’ai découvert à la Stern Pissarro Gallery (Londres) que de nombreux descendants de Camille Pissarro ont peint eux aussi. De belles œuvres impressionnistes figurent dans le catalogue de cette galerie (en ligne). Chez Bailly (Genève), j’ai contemplé un beau petit Nicolas de Staël, Les Martigues, et une délicieuse Fillette avec sa poupée de Foujita.

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    © Nicolas de Staël, Les Martigues, 1954, huile sur toile, galerie Bailly, Genève

    A la Galerie Oscar de Vos (Laethem-Saint-Martin), on est sûr de retrouver des artistes qui y ont vécu ou travaillé au début du XXe siècle dans la région de Gand. Le portrait de Jeune fille, Celina appuyée sur le dossier d’une chaise dans un jardin, signé Emile Claus, est un bel exemple du luminisme, variante belge de l’impressionnisme. Un Delvaux exceptionnel, Jardins d’Alexandrie, était au premier plan à la galerie Harold ’t Kint Fine Arts (président de la Brafa), et aussi Nel sur son sofa de Rik Wouters.

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    Emile Claus, Jeune fille / Celina, 1903, galerie Oscar de Vos

    Certaines présentations sont remarquables : une fontaine abondamment fleurie entre deux angelots ; des masques de Calder sur fond noir (l’artiste est présent à plusieurs endroits avec des gouaches aux couleurs vives).

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    © Alexander Calder, Masque de lune, Masque bleu avec nez orange, Masque rouge souriant, métal peint, 1949, Opera Gallery

    A la galerie Sismann, au fond d’une alcôve, une Vierge pleurante en pierre calcaire (Bourgogne, XVe siècle), figure d’un « groupe de Mise au tombeau » aux lignes pures et douces, très belle ; ailleurs, je me suis arrêtée devant un Christ en bois polychrome encore plus ancien (fin du XIVe) d’origine toscane.

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    Vierge pleurante, pierre calcaire, Bourgogne, 2e moitié du XVe siècle, Galerie Sismann

    Pour qui aime la peinture, il y en a pour tous les goûts à la Brafa, des anciens aux modernes et de plus en plus de contemporains, des Belges et des étrangers. De grandes signatures comme Alechinsky, Soulages, Chagall, Ensor, Rik Wouters… Un exposant marseillais (Galerie Alexis Pentcheff) présentait un bel ensemble d’Henri Lebasque, des toiles d’atmosphère méditerranéenne : Deux jeunes filles au jardin, Nono au chapeau cloche… Lebasque est mort au Cannet, où il fréquentait Bonnard.

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    Henri Lebasque (1865-1937), Deux jeunes filles au jardin, Galerie Alexis Pentcheff

    Moins connus, certains artistes sont évoqués par une œuvre pleine de charme, comme ce Portrait de fillette de Léon Herbo (Ary Jan). Au stand de la galerie Boon (Knokke), un ensemble d’aquarelles signées Robaudi pour illustrer Les Parisiennes, un recueil de sonnets (le poème correspondant repris au dos du cadre), était assez tentant.

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    Léon Herbo, Portrait de fillette, Galerie Berko

    Chez Berko, j’ai admiré La Bourse de Bruxelles après la pluie, une toile d’Adolf Leonhard Muller-Cassel. Et Rêveuse de Fernand Toussaint, un peintre belge apprécié de la bourgeoisie qui a peint tant de jolies femmes : celle-ci porte une veste bleue sur sa jupe déployée, elle regarde sur le côté ; j’aime le jeu des couleurs sur cette toile, les nuances du fond.

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    Adolf Leonhard Muller-Cassel (1864-1943), La Bourse de Bruxelles après la pluie, Galerie Berko

    Chez Yann Ferrandin (Paris), les arts premiers sont à l’honneur et en vedette, une belle harpe congolaise ancienne avec une tête sculptée. Tout est raffiné sur ce stand : la présentation, les arrangements floraux, les éclairages (et les photos du catalogue sur papier glacé), tout concourt à mettre les objets en valeur. Mes photos ne sont pas à la hauteur, malheureusement.

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    Rembrandt Bugatti, Deux petits léopards l'un derrière l'autre, vers 1912-1913, Galerie de la Béraudière

    Plusieurs exposants montrent des sculptures animalières, un genre qui a la cote et qui me séduit toujours, comme ces deux petits léopards l’un derrière l’autre (Rembrandt Bugatti, à la galerie de la Béraudière), une Chèvre et son petit (Albéric Collin), un canard d’un sculpteur que j’avais appris à connaître ici l’an dernier, Jonathan Knight. Ou encore ces oiseaux, libellules, papillons, salamandres juchés sur des branchages, une paire de candélabres en bronze argenté d’une créatrice belge, Paula Swinnen (Bruxelles, 1964). Elle semble s’inspirer ici du mobilier de Diego Giacometti, en plus baroque.

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    ©
    Paula Swinnen, Paire de candélabres, galerie Philippe Heim

    Le stand de la Fondation Roi Baudouin était spectaculaire. Celle-ci, en plus de son rôle social et philanthropique, s’occupe aussi du patrimoine culturel belge, par le biais de dons, legs, dations… et a mis quelques oeuvres en valeur entre ombre et lumière : un autoportrait de Jordaens et une œuvre de jeunesse de Van Dijck, notamment, divers objets d’art présentés dans des sphères métalliques (qui les cachaient un peu), comme une Fontaine de table Imari (émail et argent) ou des vases Keramis de Catteau. Plus loin, une « exceptionnelle statuette Art nouveau », des toiles de Maurice Wijckaert, entre autres.

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    Voilà quelques échos très subjectifs de cette édition 2017 « éclectique et conviviale » (Connaissance des arts), où chaque visiteur a ses coups de cœur évidemment, en fonction de ce qui l’intéresse ou l’attire, ou ses déceptions, « le goût d’aujourd’hui comprenant de moins en moins bien celui du passé », écrit Tancrède Hertzog qui a assisté au vernissage). On se promène dans les allées de Tour & Taxis sur un tapis spécialement réalisé par une étudiante en design textile de La Cambre, gagnante du concours. Avant de sortir, certains se prenaient en photo devant le mur d’orchidées à l’accueil, une tapisserie de fleurs naturelles.

  • Beaux-Arts de Gand

    Le musée des Beaux-Arts (MSK) de Gand résume bien sur son site l’esprit de ses collections permanentes : « un aperçu de l’art, du Moyen-Âge jusqu’à la première moitié du 20e siècle. » On y voit bien sûr des peintres des Pays-Bas méridionaux, mais aussi la sculpture et la peinture européenne – principalement française. L’art de la fin du XIXe siècle y est particulièrement bien représenté, et celui du début du XXe. L’art d’après 1950 se trouve au S.M.A.K. (Stedelijk Museum voor Actuele Kunst, Musée municipal d’art actuel), juste en face.

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    "L'Adoration de l'Agneau mystique", chef-d'oeuvre de la peinture primitive flamande, lors de sa présentation
    après sa restauration le 12 octobre 2016 à la cathédrale Saint Bavon à Gand / AFP (source)

    Après avoir visité l’exposition sur Verhaeren, nous avons traversé le hall d’entrée et jeté un coup d’œil à l’atelier de restauration de L’agneau mystique des frères Van Eyck, dont certains panneaux latéraux ont déjà retrouvé leur éclat d’origine. Commencée en octobre 2012, cette restauration du chef-d’œuvre de la cathédrale Saint-Bavon se déroule sous les yeux des visiteurs, derrière une vitrine. Puis nous avons continué vers les salles des XIXe et XXe.

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    Albert Bartsoen (1866-1922), Nuages sur la mer, Gand, MSK. 

    Quelques arrêts sur image, cela vous tente ? Commençons par un Gantois, Albert Bartsoen, et ses Nuages sur la mer. Il a vécu toute sa vie dans sa maison natale où il avait son atelier, près de la Lys qu’il a souvent peinte. La Lys et sa région inspiraient aussi Emile Claus, déjà présenté ici, et dont j’ai revu avec plaisir Journée ensoleillée et surtout Les Patineurs, sublime tableau d’hiver.

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    Vue d'ensemble : Emile Claus (Les patineurs), Constantin Meunier (Le faucheur), Anna Boch (Falaise à Sanary), Gand, MSK.

    Je ne me souvenais pas de Torajiro Kojima, un peintre japonais qui s’est inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Gand en 1909. Influencé par Claus, avant de retourner au Japon en 1912, il peint cette Femme lisant en jouant des couleurs complémentaires et des ombres colorées. Un Autoportrait illustre bien son évolution de l’impressionnisme vers le fauvisme. Falaise à Sanary, une toile signée Anna Boch, m’a donné fort envie de retourner dans cette région du Midi qui m’est chère.

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    Torajiro Kojima (1881-1929), Femme lisant, 1921, Gand, MSK.

    Un portrait de Victoria Dubourg, son épouse, par Fantin-Latour, celui de sa fille par Xavier Mellery, illustrent l’art d’éclairer un visage, la douceur de la peau, de rendre l’expression malgré les yeux baissés. Ceux de la nymphe qui cueille des fleurs le sont aussi sur la grande toile décorative, Le Printemps de René Menard, qui donne des couleurs à la belle salle hémisphérique où sont exposées principalement des sculptures : au mur, un grand relief en plâtre, une étude pour les Passions humaines de Jef Lambeaux ; sur leur socle, des marbres, des bronzes, notamment d’Egide Rombaux (Les filles de Satan).

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    Au fond : Haut-relief de Jef Lambeaux, Les Passions humaines (étude, 1897)

    Tout près, dans l’allée vitrée en arc de cercle, un de mes endroits préférés dans ce musée, des chefs-d’œuvre : Le fils prodigue et Ecce homo de Constantin Meunier, la fameuse Fontaine des agenouillés de George Minne. Une monumentale Tête de Pierre Wissant d’Auguste Rodin (un des Bourgeois de Calais), autour de laquelle il faut absolument tourner pour mesurer à quel point son modelage est expressif en tous points, créant la vie.

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    Auguste Rodin, Tête de Pierre Wissant, 1909, Gand, MSK.

    Passons au XXe siècle avec la Femme assise à une table de jardin d’un peintre méconnu, Bernard Boutet de Monvel. Une jolie vue du Port d’Ostende a été peinte par Constant Permeke juste avant la Grande Guerre, encore sous l’influence des luministes. Le Diabolo d’Henri Lebasque montre une fillette à son jeu dans un jardin ou un parc, tandis qu’à l’arrière-plan, une femme tricote sur un banc. Dans la même veine paisible, une Idylle printanière d’Edward Atkinson-Hornel.

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     Edward Atkinson-Hornel, Idylle printanière, 1906, Gand, MSK. 

    J’ai choisi des oeuvres paisibles, les peintures du moins. Après 1914-1918, tout va changer, place à l’expressionnisme, l’abstraction, le surréalisme. Mais j’arrête là l’énumération, sans autre but que de vous inciter à découvrir ou redécouvrir un jour ce musée à l’atmosphère intimiste où chacun peut trouver de quoi se réjouir les yeux.

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    © Gustave Van de Woestyne, Fermière, Gand, MSK.

    Le MSK possède plusieurs belles œuvres de Gustave Van de Woestyne : je vous en parlerai une autre fois, après avoir lu le catalogue de la rétrospective qui lui a été consacrée ici en 2010. Ce peintre est vraiment à part, et son œuvre, parfois jugée inégale, comporte des toiles magnifiques, vous verrez.