A la bibliothèque, j’ai emprunté un album de peinture portant le nom de Audrey Pulvar sur la couverture et ce titre ambitieux, La Femme, qu’elle dédie ainsi : « A ma fille, à ma mère, à mes sœurs, à nous autres », avant de citer Baudelaire et Marylin Monroe en épigraphe.
De quoi s’agit-il ? Un avant-propos sur les Guerrilla Girls annonce une approche rebelle : ces artistes et activistes américaines « militent pour la reconnaissance de l’apport des femmes à l’art en général, pictural et plastique en particulier. »
Oeuvres des Guerrilla Girls exposées au Museum of Modern Art (MoMA), 2010, Wikimédia Commons
Pourquoi l’histoire de l’art leur accorde-t-elle si peu de place, et même notre époque ? Qu’il semble interminable, « ce combat pour un – utopique ? – demain plus serein, égalitaire, respectueux de chaque entité, plus instruit de l’universalité des prérogatives de chaque être humain sur lui-même. »
Frédéric Bazille, Portraits de famille, 1867 (détail)
Abondamment illustré, souvent en pleine page, l’album montre la façon dont les artistes, hommes et femmes, ont regardé, dessiné, peint ou sculpté « la femme ». Audrey Pulvar commente ces représentations qui témoignent de la place et du rôle des femmes dans la société et dans l’art, jusqu’à nos jours. Elle interprète les œuvres d’un point de vue féministe.
L’art reflète une époque : la journaliste observe comment la peinture, conservatrice voire machiste, utilise la femme comme « matière organique », puis évolue vers plus de réalisme, ce qui fait souvent scandale, et enfin se fait plus respectueuse des femmes telles qu’elles sont, de leurs corps réels et non plus sublimés ou fantasmatiques.
Souvent, quand un essai sur l’art éveille ma curiosité sur une œuvre qu’il ne montre pas, je cherche à la visualiser. Ici, les nombreuses illustrations relèguent au second plan le texte qui interroge leur signification, bien qu’il propose de nombreux rapprochements et des citations intéressantes.
« Un corps, des hommes », « Un corps, des peurs », « Un corps, une matière », « Un corps, une mère, une femme », « Un corps, l’autre » : sous cette structure assez lâche, Audrey Pulvar, en cherchant à aborder son sujet sous tous les angles, a peut-être desservi son objectif. Les œuvres de femmes artistes restent minoritaires dans ce beau livre, agréable à feuilleter.
Commentaires
Un projet ambitieux que celui de remettre les femmes à leur vraie place. Peu à peu, grâce au travail des unes et des autres, on y arrivera.
Un livre à saluer dans cette voie donc!
(Contente de te savoir de retour, j'espère que tes balades furent aussi belles que les nôtres)
donc elle pèche elle-même ;-)
sans doute parce qu'elle poursuit un double but, la femme peinte et la femme peintre...
Je ne savais pas qu'Audrey Pulvar avait fait ce genre d'ouvrage. Un peu léger semble-t'il. Bon retour Tania, j'espère que tes vacances se sont bien passées.
Dommage qu'il ne soit pas mieux réussi car le point de vue est intéressant. Il faut dire qu'il y a certainement moins de femmes peintres que de d'hommes !
@ Colo : Oui, toutes les initiatives en ce sens sont les bienvenues. Bonne soirée, Colo. (Nous avons fait de belles balades et découvertes dans la Drôme provençale, j'en ferai sans doute un billet ou deux - plus tard.)
@ Adrienne : Tu as raison - et Claudialucia aussi.
@ Aifelle : L'album m'a tiré l'œil sur une table de la bibliothèque et je l'ai trouvé intéressant, quoique de manière inégale selon les chapitres.
Le dépaysement, le plein air dès que le beau temps est revenu après deux, trois jours de fraîcheur, la bonne compagnie, voilà qui a fait du bien - merci Aifelle.
@ Claudialucia : Ta remarque est pertinente, en tout cas pour le passé. Bien des noms féminins de l'histoire de l'art sont malheureusement restés dans l'ombre, mais aujourd'hui, le nombre de femmes peintres ou sculptrices ne cesse d'augmenter.