Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

bruxelles - Page 58

  • Un air de printemps

    4 mars 2013 : cette fois, ça y est, le ciel est d’humeur printanière, d’azur parfait, et la gelée sur les toits à peine fondue, on sort les chaussures de marche pour en profiter. Je vous ai déjà parlé du parc Josaphat, le plus proche de chez moi. 

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Cette fois, balade au parc de Laeken, on peut y accéder juste en face du Château de Laeken et de ses magnifiques serres, lieu de réceptions royales et résidence privée du prince Philippe. Nos souverains Albert II et Paola habitent juste à côté, au Château du Belvédère entouré de beaux jardins. 

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Peu de promeneurs un lundi matin – une pensée pour tous ceux qui ont repris le travail après un week-end sans pluie mais encore frisquet. Un monument attire les regards en haut de l’allée, le mémorial Léopold Ier autour duquel le parc a été aménagé puis ouvert aux Bruxellois dès 1880, quelques années après sa création. La flèche néo-gothique du monument se voit de loin – de ma terrasse, le la vois qui pointe à l’horizon non loin de l’Atomium.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    La statue en pied du premier roi des Belges, sous la flèche, est entourée de neuf colonnes surmontées d’allégories correspondant aux neuf provinces du pays (en 1995, le Brabant a été scindé en deux, Brabant wallon et Brabant flamand, ce qui nous en fait dix à présent). Je ne vous le montre que de loin, vu les barrières métalliques qui l’entourent pour l’instant, protection du monument ou des passants, je ne sais – des pierres s’en sont déjà détachées.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Au nord de Bruxelles, ce parc à l’anglaise, avec ses vastes pelouses et ses arbres remarquables, est agréablement vallonné, ce qui donne de beaux points de vue, vers l’Atomium ou vers la ville.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Des clôtures en châtaignier protègent certaines zones du parc où des lapins se réfugient dans leur terrier dès qu’on approche, tandis que d’autres, immobiles au soleil, jouent les invisibles, ignorant qu’ils sont trahis par leur postérieur blanc.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Pies et corneilles se disputent un coin de feuilles mortes, des perruches vertes signalent bruyamment leur présence, vite repérées dans les ramures des arbres qui bourgeonnent. Partout des taupinières dans les pelouses du parc, c’est à cette saison que les taupes restaurent leurs galeries, après les gelées de l’hiver. Dans quelque temps, elles attireront moins l’attention que les jonquilles qui foisonnent sur certaines pentes, cela promet.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Dans le bas du parc, la jolie chapelle Sainte Anne, toute blanche, a été attribuée au culte orthodoxe russe. Une autre résidence royale, non loin de là : le château du Stuyvenberg où réside la reine Fabiola depuis la mort du roi Baudouin. Sur le chemin du retour, la vue sur le monument Léopold Ier est encore plus belle, dans son entourage de verdure.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Les lions d’Adolphe Fassin ont fière allure près des grilles du Château de Laeken. Le long de l’avenue du Parc royal, où le trafic est incessant, les clochettes des perce-neige mettent de la lumière dans le lierre couvre-sol.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Une dernière photo, avant de rentrer, pour le pittoresque Pavillon Chinois dans son beau jardin, qui cache le Musée d’art japonais situé juste derrière.

    balade,laeken,parc,bruxelles,domaine royal,nature,culture

    Autour du parc public de Laeken et du domaine royal (accessible uniquement lors de l’ouverture des serres, cette année du 19 avril au 12 mai), d’autres jardins font de Laeken une belle étape de la Promenade Verte autour de Bruxelles.

     

  • Masculin-féminin

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture

    "Sur une photo (ci-dessus) prise lors de l’inauguration de la boutique SAINT LAURENT rive gauche à Londres en 1969, Yves Saint Laurent et Betty Catroux portent tous les deux des sahariennes. Le pantalon pour Saint Laurent, le laçage du décolleté et les cuissardes pour Betty Catroux, apportent une nuance de style qui oppose les deux allures. Mais la structure de la veste qui tient lieu de mini-robe d’un côté et de tunique de l’autre est quasiment identique, ainsi que la ceinture posée bas sur les hanches. Avec ce traitement de la saharienne, Saint Laurent évoque les pôles masculin et féminin d’une même personne. 

    yves saint laurent,visionnaire,ysl,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,féminisme,égalité,culture

    La représentation des nouveaux codes des genres initiée ainsi anime de façon récurrente le grand cycle des tendances de mode dit du « masculin-féminin »."

    Florence Müller, commissaire de l’exposition Yves Saint Laurent Visionnaire  

    yves saint laurent,visionnaire,ysl,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,féminisme,égalité,culture

    *****

    P.S. Les associations féministes belges sont inquiètes pour l’avenir de la politique d’égalité des femmes et des hommes en Belgique. Voici une lettre ouverte à lire sur le site d’Amazone - vous avez la possibilité de la signer : 2013, année requiem pour la politique de l’Égalité des Femmes et des Hommes ? 

  • L'élégance YSL

    « La mode n’est pas un art, même si elle a besoin d’un artiste pour exister. » (Pierre Bergé) Yves Saint Laurent Visionnaire, l’exposition qui vient de s’ouvrir à l’Espace culturel ING,  place Royale à Bruxelles, avec l’appui de la Fondation Pierre Bergé YSL, donne l’occasion de rencontrer cet artiste. 1962-2002, 40 années de création illustrées par une centaine d’ensembles, vestes, robes, manteaux, et par des croquis, des affiches, des vidéos, des accessoires, qui reconstituent le parcours d’Yves Saint Laurent. 

    yves saint laurent,visionnaire,ysl,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
    Affiche officielle de l'exposition

    La voix du grand couturier accueille le visiteur avec des mannequins portant des tenues des années 60-70, dont quelques ensembles pantalon : il aimait que les femmes portent le pantalon non de manière revendicatrice mais pour s’y exprimer à leur façon, « en phase avec la vie, le mouvement et la place nouvelle occupée par les femmes dans la société ». Une vitrine intitulée « La valise d’un voyage en Saint Laurent » montre cette façon neuve de s’habiller et de voyager, une même veste pouvant se porter sur une jupe ou sur un pantalon, dans un style « midi-minuit », grâce à une garde-robe « modulaire ». L’invention des « basiques » ? 

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
    Croquis pour la collection Automne Hiver 1976 © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent

    « Dessiner l’époque » présente 81 collections, deux grandes feuilles de croquis, année par année. Sur douze colonnes,  douze silhouettes au crayon (« Tailleurs », « Ensembles A-M », « Soir-Long », « Sport »…), accompagnées chacune d’un bout de tissu épinglé, et parfois d’une broderie ou d’une passementerie. Des silhouettes en mouvement, déhanchées. On peut ainsi suivre l’évolution des formes, des couleurs sur quarante ans, comparer les longueurs, les carrures, les lignes.

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
    Mariée YSL de 1965 en tricot de laine

    La ligne, c’est le mot qui correspond le mieux à ce créateur inspiré par l’art, accueilli dès 1983 au Metropolitan de New York pour une première exposition personnelle. Sa mariée en laine de 1965, Babouchka, ressemble à une matriochka, les pays lointains le fascinent : la Chine, la Russie, l’Inde – col mandarin pour un « Manteau du soir » de 1962 en brocart vert à galons de fils dorés. Le visiteur reçoit un descriptif des « œuvres », où ceux qui comme moi ne disposent que d’un vocabulaire de base pour désigner les étoffes pourront dénicher des appellations aussi poétiques que « cannetille » ou « gazar » – quel plaisir ce sera de dénicher ce qu’elles désignent. 

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
    Isabelle Adjani dans Subway © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent

    Des affiches et des vidéos rappellent quelques films célèbres pour lesquels YSL a travaillé : La panthère rose (Claudia Cardinale et Capucine), Stavisky (Annie Duperey)... Des couvertures de magazine, la présentation du parfum « Opium », différents documents d’époque accompagnent des pièces magnifiques exposées en vitrine, comme l’ensemble noir « post-punk » porté par Isabelle Adjani dans Subway (corsage de velours noir et tulle, jupe gitane gris acier, 1984) ou un manteau ciré noir « brodé de motifs d’arabesques en sequins dorés »,  bordé de vison noir. 

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture

    Yves Saint Laurent aime particulièrement le noir, « traduction parfaite de la pureté du trait de crayon transposé dans le tracé de la silhouette » (catalogue), mais sa collection « Mondrian » en 1965 et sa découverte du Maroc l’année suivante vont enrichir sa palette et révéler un coloriste qui ose marier le rouge et le rose, accorder le rose et l’orange, opposer les couleurs. 

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
     http://www.lesoir.be/175013/article/styles/air-du-temps/2013-01-30/yves-saint-laurent-sous-toutes-coutures

    C’est sous ce thème de « L’éclatement des couleurs » qu’apparaissent dans la plus grande salle, disposés sur des gradins, des mannequins habillés par YSL, « fantômes d’esthétique » : le clou de l’exposition. Comment décrire la beauté, la coupe, la sobriété, le fini, le tombé impeccable ? La perfection voulue par un créateur bien de son temps : quand il ouvre en 1966 Saint Laurent rive gauche, première boutique de prêt-à-porter du nom d'un couturier, il révolutionne le monde de la mode. 

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
    Cartes LOVE de YSL “YSL I Love You!” (3BM 7/5/2012)

    A côté de ces pièces de collection prêtées par la Fondation, vous découvrirez sur un immense cœur noir (le signe porte-bonheur d’YSL), 240 bijoux, scintillement garanti, et à proximité, les affiches des cartes postales « LOVE » que le grand couturier composait chaque année à la gouache pour présenter ses vœux (on peut en acheter des reproductions, je ne m’en suis pas privée.) Là aussi, créativité toujours renouvelée : cœur, serpent, oiseau, fleurs, paysage, nœuds, mosaïque, étoiles…

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
    Coeur fétiche d'YSL, Paris 1990 © Christine Spengler photographe

    Une salle est consacrée aux robes « Mondrian » et à d’autres inspirées par la peinture – aucune couture apparente, c’est magique. Etonnante aussi, la maison de couture de papier des années 50 : adolescent, Yves Saint Laurent se fabriquait des poupées à partir de mannequins découpés dans les magazines de sa mère, et leur confectionnait des vêtements de papier (avec des rabats pour les faire tenir). Il leur donnait un nom (Vera, Bettina, Florence…) et décrivait déjà leurs atours de manière professionnelle. 

    yves saint laurent visionnaire,exposition,bruxelles,mode,création,haute couture,prêt-à-porter,culture
    http://www.fondationtanagra.com/fr/article/hommage-a-monsieur-yves-saint-laurent 

    « Une vocation est un miracle qu’il faut faire avec soi-même », disait Louis Jouvet. Yves Saint Laurent a fait ce miracle. Visionnaire, il a bouleversé les codes du masculin-féminin, associé les contraires, caché et dévoilé, rendu la mode au présent, libéré les couleurs. Vous avez jusqu’au 5 mai 2013 pour aller le saluer.

  • Arrière-pensée

    L’exposition d’une collection privée belge au musée d’Ixelles ne se visite pas sans arrière-pensée : Bruxelles a perdu son Musée d’art moderne, fermé depuis février 2011. De nouveaux espaces avaient été aménagés pour les collections du XXe siècle des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique autour du grand puits de lumière de Roger Bastin en 1984. Pour moi, ce fut un pas décisif qui m’a ouvert les yeux sur l’art moderne. 

    musée d'art moderne,mrbab,collections,xxe siècle,belgique,bruxelles,culture
    http://museesansmusee.wordpress.com/musee-sans-musee/

    Des travaux en cours dans ce bâtiment devrait émerger en mai prochain un Musée « Fin de siècle », dans l’esprit du Musée Magritte (ouvert à côté en juin 2009). La fin du XIXe siècle et son foisonnement artistique constituent une période richement représentée dans les collections des MRBAB. On se souvient de la belle exposition « Paris-Bruxelles / Bruxelles-Paris » en 1997 au Grand Palais à Paris puis au Musée des Beaux-Arts de Gand, qui avait montré les enjeux passionnants de cette époque de l’art. 

    musée d'art moderne,mrbab,collections,xxe siècle,belgique,bruxelles,culture
    ©  Marie-Françoise Plissart pour MuséesansMusée

    Mais où verrons-nous, quand reverrons-nous les arts plastiques de 1914 à 2012 ? Combien de temps tout un siècle de création va-t-il demeurer dans l’ombre ? Aucun lieu n’a même encore été fixé. Le blog bilingue « Musée sans Musée / Museum zonder museum » suit l’actualité de ce scandale avec vigilance et inquiétude. Les Amis des Musées, les visiteurs bruxellois, belges et étrangers ne cessent de le réclamer : nous voulons revoir les collections publiques du XXe siècle, nous voulons un musée d’art moderne à Bruxelles.

     

  • Art belge, XXe

    « Il faut être absolument moderne. » La phrase de Rimbaud m’a trotté en tête pendant que je visitais au musée d’Ixelles l’exposition « Art belge. Un siècle moderne ». Près de deux cents peintures, sculptures et gravures d’une collection privée, celle de Caroline & Maurice Verbaet. Celui-ci l’a commencée en 1970, d’abord à Anvers  en salle des ventes ; l’art belge était alors moins cher et moins bien connu qu’aujourd’hui, c’était à sa portée et à la mesure de son « argent de poche ». Des achats instinctifs, pour le plaisir, par passion. 

    art belge,un siècle moderne,exposition,collection,verbaet,musée d'ixelles,bruxelles,peinture,sculpture,artistes belges,xxe siècle,art,culture

    Parcours atypique, indique le prospectus. En effet, l’accrochage ne suit pas la chronologie, les œuvres d’un même artiste sont rarement regroupées, « l’exposition privilégie des confrontations visuelles et des rapprochements plastiques inattendus. » Par exemple, un Paysage avec écriteau de Spilliaert (1904) voisine avec un grand Paysage nocturne de Jan Vanriet (2010) de même tonalité. On a rapproché Fabre d’Ensor, Dotremont de Michaux, Le Dirigeable de Spilliart (gouache) du Raven de Panamarenko, La notte de Serge Vandercam (bleus sombres) et un Soir à la mer de Permeke (bruns sombres)… Bref, la couleur, le thème, la manière ou la technique instaure une proximité. Au visiteur de chercher les rapports qui s’établissent.

    « Un siècle moderne » ? Le XXe siècle décline ici les différentes voies du modernisme. La sélection présente 79 artistes figuratifs ou abstraits – une grande huile de Luc Peire (Aleksandre, 1981) aux lignes verticales sur un bleu vibrant –, et se passe de fil conducteur. Un peu déroutée au départ, je me suis laissé guider par ma propre sensibilité, ce qui s’accorde avec la subjectivité inhérente à ce genre de collection. 

    art belge,un siècle moderne,exposition,collection,verbaet,musée d'ixelles,bruxelles,peinture,sculpture,artistes belges,xxe siècle,art,culture
    Marc Mendelson, Limites de la nuit, 1952 © SABAM, Belgium 2012 

    Les sculptures ont particulièrement retenu mon attention : pas les Plans mobiles de Pol Bury, malheureusement sous verre donc immobiles, mais de délicieuses figures d’Oscar Jespers (1887-1970) : au rez-de-chaussée, un Petit cavalier en céramique (dans un cadre en bois art déco) et un bronze noir intitulé Frieda. A l’étage, non loin d’une Tête de femme en pierre, ne manquez pas, si vous y allez, la bien nommée Perle fine : sculptée dans le marbre blanc, un visage aux traits délicats, un chignon très allongé vers l’arrière – elle aurait mérité d’être mieux placée, pour qu’on puisse en faire le tour. Cela rappelle un peu l’art d’un Brancusi, impossible de ne pas y penser devant une tête d’enfant, couchée, un petit plâtre présenté plus loin.

    Cette salle du musée d’Ixelles met particulièrement en valeur les œuvres disposées sur l’estrade du fond. Au pied de celle-ci, à gauche, voisinage incongru entre le Buste d’un débardeur signé Constantin Meunier et une sorte de robe du soir couverte des coléoptères fétiches de Jan Fabre, « Terre de la montée des anges (Mieux vaut un poisson sur la rive que dix en l’air) » – il y aurait une histoire de l’art à écrire d’après les titres, les « Sans titre » et « Composition » d’une part, de l’autre les énoncés déclaratifs, parfois prétentieux, parfois percutants comme « Si la vie était plus logique, elle serait encore moins vivable » (Dotremont). 

    art belge,un siècle moderne,exposition,collection,verbaet,musée d'ixelles,bruxelles,peinture,sculpture,artistes belges,xxe siècle,art,culture
    Fernand Khnopff, Portrait de Simone Héger (Source : Cultured)

    Sur l’estrade trône Passerelle I d’Alechinsky, ses cases en rouge sur fond écru entourées d’une bordure à l’encre noire inspirée des plaques d’égout dont les motifs l’ont inspiré tout un temps. Pour la regarder de près, montez les marches à droite près des deux superbes bronzes de Minne et arrêtez-vous en face de Dimanche des tourterelles, une grande toile de Marc Mendelson dont la matière blanc beige, presque un bas-relief de nacre, esquisse avec douceur un paysage.

    Le collectionneur Maurice Verbaet aime les arbres, ce qui lui a sans doute fait acquérir certaines toiles présentées ici, comme un beau fusain de Lismonde ou L’Arbre de Serge Vandercam, une photographie en noir et blanc qui pourrait passer de loin pour une gravure, gros plan sur un tronc aux branches dénudées. (Deux autres photos de lui à l’étage, La Remise et L’Escalier, aux beaux jeux de lumière.) 

    art belge,un siècle moderne,exposition,collection,verbaet,musée d'ixelles,bruxelles,peinture,sculpture,artistes belges,xxe siècle,art,culture
    Léon Spilliaert, La Rapace, 1902 © SABAM Belgium 2012
    Firmin Baes, La petite fille au chou, s.d. © SABAM Belgium 2012
    (Source :  
    http://www.agendamagazine.be)

    Les galeries du premier étage proposent des regroupements plus lisibles : des compositions géométriques, dont celle de Guy Vandenbranden reprise sur l’affiche, aux couleurs primaires, puis des natures mortes, des personnages. De  Jane Graverol, surréaliste belge, une nature morte avec canard empaillé, plante fleurie et globe terrestre, des livres sur une table ronde, juste à côté d’une autre table ronde, celle du petit déjeuner de Van de Woestijne avec le moulin à café et les pistolets du dimanche. 

    Vous serez peut-être ravi comme moi de rencontrer là une fillette en robe bleu ciel nouée sur les épaules, le Portrait de Simone Héger signé Khnopff ; une étonnante Fillette au chou de Firmin Baes, assise sur une chaise, un énorme chou vert sur les genoux ; Trois sœurs, de Léon Frédéric, en robes rouges, épluchant des pommes de terre ; un Jeune garçon de Louis Buisseret, vêtu de clair, délicat, posé sur un canapé. Cet ensemble figuratif va du réalisme social de Laermans (Les derniers croyants) au symbolisme de Montald ou Delville, Spilliaert surtout, très bien représenté avec des encres fantastiques. 

    art belge,un siècle moderne,exposition,collection,verbaet,musée d'ixelles,bruxelles,peinture,sculpture,artistes belges,xxe siècle,art,culture
    Jules Schmalzigaug, Volume + Lumière, 1914 © SABAM, Belgium 2012

    Beaucoup d’œuvres de Schmalzigaug, de René Guiette (un étonnant Saint-Tropez), d’Antoine Mortier. Plus que de Magritte ou Delvaux (à qui est consacrée une petite exposition que je n'ai pas vue dans une autre salle), mais vous l’avez compris, cette exposition ne résume pas l’art belge au XXe siècle, même si «  pratiquement toutes les « cases » des mouvements artistiques du XXe siècle belge sont remplies » (Estelle Spoto).  Elle emprunte des sentiers divers, confronte des créateurs de premier et de second plan, au plaisir de collectionner.