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boitsfort

  • Cerveaux

    « Dans une autre série, des cerveaux – qui ont peut-être un jour habité ces crânes – sont dépeints de manière clinique, à mi-chemin entre l’organique et le végétal. Certains voient leur présence rehaussée par un texte calligraphié sur un fond bleu : le cerveau humain et « l’intelligence » des insectes… La morphologie de l’organe, sa rigoureuse symétrie dissimulant une asymétrie des sens (hémisphère gauche contre hémisphère droit), prolonge le principe de dualité cher à l’artiste. » 

    « Le droit à l’image » par P-Y Desaive, octobre 2009      
    A propos des peintures de MH Vander Eecken / expo en cours       

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    MH Vander Eecken, Chapeau ! (détail)
    2009
    Acrylique sur toile 
    40 x 30cm


  • Les regards de MH

    JEA l’avait annoncé : MH expose, du 10 au 17 mars. Vous avez une semaine pour pousser la porte des Ecuries de la Maison Haute à Boitsfort (place Gilson, 3). Samedi, au vernissage, j’ai découvert en vrai les images d’une poseuse d’énigmes : MH Vander Eecken peint sans complaisance, ses images nous posent des questions et s’attaquent avec un humour féroce aux évidences.

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    Dès l’escalier qui mène à la salle d’exposition sous le toit, de drôles de bêtes : Le chien linguistiqueun piercing à la langue, a vraiment du chien. Les animaux cohabitent avec les humains dans cette exposition, mais ne vous attendez pas à de la peinture animalière. Un poulet porte une feuille de vigne, le canard de Marche blanche se remonte avec une clé ! Autruche, coq ou cheval, ce sont avant tout des têtes et surtout un œil : MH peint le regard et on ne peut s’empêcher de frissonner un peu. Qui regarde, qui est regardé ?

    « C’est le regardeur qui fait le tableau », une petite toile le dit textuellement, c’est une des clés (voir The Best Is Yet To Come) proposées par l’artiste. Les mots ont une place dans son univers et les formules de MH font mouche. Mais avant de nous confronter aux insectes, regardons ce bel ensemble de quatre toiles : Apparition unique d'un lointain, si proche soit-il (2012). Troncs et branches dénudés étirent leurs lignes graphiques, cela m’a fait penser aux arbres de Spilliaert dans ses dernières années. Ici, leur noirceur d’encre de Chine conduit l’œil plus loin, jusqu’à la douceur de bandes nuageuses où bleus, gris et roses sont d’une délicatesse rare à l’acrylique.

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    Sur le portail de MH Vander Eecken, une femme en robe rouge (Hurlevent) serre les poings et sa bouche crie dans un sourire, voilà qui donne le ton. Rouges aussi, le Bouton de rose et sa larme de sang. La douleur s’invite au cœur du monde. Cette toile est accrochée près de La forme, où un cœur (lorgane) pousse en pot. Rouge : un voile enveloppe complètement une tête, partie d’un ensemble avec entre autres Langue, où le bas du visage se dévoile, un papillon posé sur la langue. 

    Les papillons ! Il y en a beaucoup dans l’univers de cette peintre, en série ou en solo. Papillons gris, papillons de nuit, papillons morts aux ailes plus ou moins déchirées, aux antennes mutilées. Ils sont les rois d’une entomologiste qui fait à ses visiteurs une proposition honnête, à côté d’une trentaine d’insectes en gros plan sur fond gris bleu : « Pour cinquante euros, payez-vous un petit cafard et gagnez un bout de survie. »

    Mais le papillon qui m’a le plus subjuguée, au bout d’un mur où cette belle toile respire à laise, c’est celui de I like Butterflies and Butterflies Like Me : sur un fond très pâle, deux personnages en gris sombre – un combat ? A l’avant, un papillon sest posé sur le sol, frémissant, dans une lumière si forte que son ombre (pas d’ombre sur les autres toiles exposées, il me semble) s’étire jusquau bord de la toile. Face à lui, quelqu’un s’est enveloppé de tissu, de la tête aux pieds, et de cette forme accompagnée elle aussi de de son ombre, dont on ne sait si elle exprime la peur ou la menace, émerge une canne brandie contre l’insecte : pour s’en défendre ? pour l’écraser ? Mystère. Impression puissante.

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    Photos prises au vernissage, par courtoisie de MH.

    A vous de découvrir cette exposition pleine de surprises, loin du convenu et du mièvre. MH y joue avec les mots – « Nos rêves les plus flous » – et lécriture, parfois. La fusée de Tintin se pose sur une toile où se répète à l’infini la phrase : « But The Struggle Is Not Yet Over ».

    Parmi les éléments d’un imaginaire où l’étrange s’invite dans ce qu’il y a de plus quotidien, MH Vander Eecken accorde une grande place à la figure humaine. Inspirée par la Dame de Brassempouy, elle en a multiplié le visage – pour elle, plutôt le visage d’un guerrier sous sa coiffe que d’une femme (cf. commentaires) – sur une grande toile très forte, dans le fond de la salle, intitulée Expériences. Ses représentations de femmes ou de fillettes sont souvent empreintes de violence. La palette des diverses émotions humaines se livre dans Je tu il (ci-dessus) : neuf visages d’hommes, ouverts, fermés, du sourire aux larmes, regards échangés ou masqués. Les regards sont le « terrain d’exploration » de MH. Allez-y voir.