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Sculpture - Page 27

  • Baigneuse

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    Lignes et formes en bleu : deux arcs pour encadrer, quelques horizontales entre lesquelles glissent deux poissons, deux verticales.

    Au centre, une femme assise, penchée, de profil. Toute en courbes : tête, bras, seins, torse, ventre, cuisse, mollet.


    C’est une baigneuse dans les roseaux, c’est un Matisse.

     

     

     

    Henri Matisse, Baigneuse dans les roseaux, 1952, papiers gouachés, découpés, collés et marouflés sur toile, 115 x 80 cm
    © Succession Henri Matisse / Musée Matisse, Nice.

     

     

     

     

     

  • Nice, musée Matisse

    Nice. Sur les hauteurs de Cimiez, pour se rendre au musée Matisse, on traverse un quartier de résidences et de villas belle époque, on passe devant le splendide Regina, avant de trouver, si on a de la chance, une place pour garer la voiture entre le cimetière et un jardin public en haut de la colline. On emprunte alors une allée du parc qui mène à une grande demeure du XVIIe siècle, rebaptisée Villa des Arènes 

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    Matisse a vécu plus de quarante ans à Nice, et en 1938, achète au Regina deux appartements au troisième étage. Ce « vaste lieu de vie et de travail, peuplé de vases, meubles, plantes, étoffes et tentures » sera sa dernière résidence. Il y décède en 1954. J’ignorais qu’il était enterré au cimetière de Cimiez, sinon j’y serais allée. (Sur la route de Matisse, brochure à télécharger sur le site du musée, Matisse et Nice). 

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    http://www.musees-mediterranee.org/portail/musee_fiche.php?menu=1&num_musee=112

    Le musée, qui contient la quasi-totalité de l’œuvre sculpté de Matisse a bénéficié de diverses donations, notamment d’objets lui ayant appartenu. Le site en donne un aperçu. Des peintures, et surtout des dessins, des œuvres graphiques, de beaux papiers découpés. De l’accueil, on descend dans un hall spacieux où sont présentés de grandes sculptures et les célèbres « Torses » en relief.

    Le parcours est thématique. Une des merveilles de Matisse, c’est son art de la ligne. On a réuni dans la salle suivante quelques visages de femmes : le pinceau a tracé le contour, les yeux, le nez, la bouche, et cela suffit à capter une physionomie. En regardant de plus près la « tache d’encre » qui fait l’œil ou la corolle des lèvres, on voit qu’il y a là quelque magie. 

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    Matisse, Nature morte aux livres, 1890 © Musée Matisse, Nice

    La danse (la grande toile de l’Ermitage est exposée actuellement au nouveau musée Vuitton), les corps en mouvement, inspirent Matisse tout au long de sa vie, comme on peut le voir ici. Près des études préparatoires pour la fresque du Dr Barnes – des groupes de danseurs – se trouve un bois cylindrique où Matisse avait déjà sculpté des danseuses. 

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    Matisse, Petite pianiste, 1924 © Musée Matisse, Nice

    Sa toute première peinture, dans une salle consacrée à sa première période, 1890-1897, est une Nature morte aux livres : ils sont posés en pile sur une nappe blanche qui contraste avec le fond noir de cette petite toile assez sombre. Il l’a signée d’une anagramme, « Essitam ». Ce sont les voyages qui vont lui révéler la lumière. Une Petite pianiste en robe bleue, de profil devant un papier peint rouge, datée de 1924, montre un peintre très différent, qui couvre sa toile de couleurs et de motifs. Matisse marie les imprimés et les rayures, les arabesques et les aplats colorés, comme dans l’Odalisque au coffret rouge (1926).

    Tempête à Nice (1919-20) est tout mouvement : les couleurs ici sont lavées par la pluie, mais le paysage entier – terre, mer et ciel – est pris par les bourrasques. Des hachures glissent dans le ciel gris du bleu, du rose ; les crêtes sombres des vagues conduisent l’œil aux montagnes, tout au bout, vers lesquelles convergent le parapet de la promenade, l’allée de pins parasols où s’interposent deux grands palmiers, la route où nous apercevons, en contrebas d’une balustrade à peine évoquée dans l’angle inférieur droit de la toile, une silhouette en noir sous un grand parapluie. 

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    A l’étage sont exposés de nombreux objets légués par la famille de Matisse à la ville de Nice : des vases, des pichets, quelques meubles, une très jolie coupe en bois de forme ogivale, qu’on dirait aujourd’hui très « design ». Celle-ci tient compagnie à deux grandes sérigraphies : Océanie, le ciel et Océanie, la mer – splendides. 

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    Matisse, Torse debout, 1909  © Musée Matisse, Nice

    La prédilection de l’artiste pour l’infinie variété des visages s’illustre à nouveau dans une série d’eaux-fortes intitulées tantôt « Chinoise », tantôt « Martiniquaise ». Puis c’est le thème du nu qui se décline, en gravures et en sculptures. Un petit Torse debout (1909) n’a ni tête ni bras, mais dans ce torse et ces jambes, il y a le mouvement, la vie.

    En 2012, une donation a permis au musée de s’enrichir d’éléments découpés non utilisés par Matisse, restés dans son atelier. Un meuble original à charnières permet de les regarder, chaque élément sous verre dans un cadre, regroupés par couleur, un alphabet de peintre.

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    http://www.ceastudyabroadblog.com/?p=8399

    Dans la nouvelle aile, jusqu’au 17 mai, l’exposition « Henri Matisse : Regards sur la collection, une palette d’objets » présente des œuvres, des variantes autour d’un motif : par exemple, une nature morte, un bouquet près d’une petite tasse fleurie, celle en vitrine juste à côté. Matisse passe du format horizontal au vertical, puis essaye plusieurs compositions où la petite tasse change un peu de forme à chaque fois. Aux murs, des photos en noir et blanc des objets de Matisse dans sa villa Le Rêve à Vence, prises par Hélène Adant.  

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    La Piscine - Collection Musée Matisse, Nice - Don de Claude et Barbara Duthuit, 2011.
    http://www.nice-premium.com/cultures-spectacles,1/arts,39/la-piscine-un-chef-d-oeuvre-de-matisse-a-la-ville-de-nice,7185.html

    Un étonnant fauteuil vénitien et son guéridon assorti sont installés plus bas, dans le grand patio où une large baie vitrée éclaire un festival de couleurs et de formes : Fleurs et fruits, une de ses dernières œuvres (1952-1953), très grand format, près de neuf mètres de long, en gouaches découpées. 

    Avant la sortie, une autre donation récente met une très belle touche finale à la visite : La Piscine. Sur un bandeau blanc, des silhouettes de nageuses, des formes stylisées, composent la fresque bleue dessinée par Matisse pour la piscine du Regina tout proche. Une création par laquelle il voulait produire de la « fraîcheur mentale » qui agirait comme un « calmant cérébral ». 

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    C’est sur cette impression lumineuse que j’ai quitté le musée Matisse et retrouvé le bleu du ciel au-dessus de Cimiez. J’espérais trouver davantage de peintures dans ce musée niçois, mais j’y ai appris à mieux connaître l’univers de l’artiste. A dix-sept ans, en découvrant ses toiles au musée de l’Orangerie, j’étais très déconcertée par sa manière de peindre. Ici, à Nice, je me suis souvenue d’un échange avec ma titulaire de rhéto, qui m’avait dit alors : « Vous verrez, Matisse, c’est très beau. »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Pénélope

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    « Arlette Vermeiren est une Pénélope qui n’attend pas en Ithaque un retour espéré. Ces papiers, visions d’optimisme et de musicalité, nous emportent vers de nouveaux rivages, flottant dans le moindre souffle.

    Papiers de soie, papiers de soi. »

     

    Jean-Pierre Vlasselaer, septembre 2014.

     
    « Cent nœuds, sans visage », Maison des Arts, Schaerbeek.

     

     

    © Arlette Vermeiren

     

  • A la Maison des Arts

    Bien connue des curieux, souvent méconnue, un peu en retrait de la chaussée de Haecht à Schaerbeek, la Maison des Arts présente une petite exposition à découvrir jusqu’au 10 janvier : « Cent nœuds, sans visage ». Arlette Vermeiren, dont un grand voile bleu m’avait fascinée à la Villa Empain, y montre ses merveilleux tissages de petits papiers, accompagnés des sculptures et installations d’Anne Liebhaberg. 

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    Quand la porte cochère est grande ouverte, n’hésitez pas à suivre les flèches en noir et blanc sur les pavés pour vous approcher de cette belle demeure classée du dix-neuvième siècle, l’ancien Château Eenens (1826). La grande porte donne accès aux salles d’exposition : à droite de l’accueil, déjà, une claire cascade de papillotes descend joliment l’escalier.

     

    Je ne me souvenais pas de la salle à manger, vers la gauche, où toutes sortes de pains sur la table mettent un peu de vie dans cette pièce assez sombre mais remarquable, dans le style néo-Renaissance flamande : des vitraux, une imposante cheminée aux carreaux de Delft, des tapisseries aux cerisiers, arbres symboliques de la commune, des sculptures qui mériteraient d’être mieux mises en valeur. Le rez-de-chaussée de la Maison des Arts devrait bientôt bénéficier d’une grande restauration, d’après la gardienne des lieux, comme l’attestent des essais de couleurs sur les murs et les portes. 

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    Salle à manger de la Maison des Arts (Schaerbeek)

    Le premier salon est habité par les sculptures d’Anne Liebhaberg, des petites filles en bronze ou en cire : l’une se tient sur une vague, l’autre au pied d’une spirale, et si leur petite taille étonne, elles « respirent » davantage que celles rangées dans une boîte ou un tiroir. On ne sait rien de ces « créatures lilliputiennes » (Jean-Pierre Vlasselaer), mais on sent un malaise : qui leur a imposé leur place ? De quel ordre, de quelle menace sont-elles signes ?

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    © Anne Liebhaberg

    Le second salon aux murs rouges vibre gaiement : des bouquets de « Petits cœurs » au mur, des chaises « Pompadour », une colonne « Amaretti di Saronno » – les titres viennent des papiers d’emballage qu’Arlette Vermeiren noue, tord, enroule, triture, ces papiers de soie, très fins, qui entourent bonbons, agrumes, chocolats… Elle en tisse des filets comme celui qui couvre le piano noir, où elle a posé de vieux livres, sous le grand lustre en cristal. 

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    Dans le Salon rouge © Arlette Vermeiren

    Les a-t-elle empruntés dans la bibliothèque juste à côté ? Sans doute. Dès qu’on en franchit le seuil, la double installation subjugue, climax de cette exposition. Sur une longue table basse, un rouleau de papier blanc se déroule comme un tapis pour une troupe qui s’étire en direction de la fenêtre, les « 650.000… » d’Anne Liebhaberg. A l’arrière, sur les côtés, certaines figures de cire sont couchées, tombées, elles échappent au mouvement d’ensemble vers l’avant, « moins poupées que soldats » (Jean-Paul Gavard-Perret). Allusion à quelle fuite ? à quelle violence ? à quel conformisme ? Titre et œuvre énigmatiques. 

    Entre cette multitude en marche et la fenêtre, « Lodz », comme un épais rideau, filtre la lumière. Arlette Vermeiren a créé cette oeuvre pour la Triennale de Lodz en 2013. (Cette ville polonaise était le centre textile le plus important d’Europe au XIXe siècle, 420 000 de ses habitants ont été déportés vers les camps de la mort, dont 300 000 juifs, d’après Wikipedia). « Fils, fils, fils qui s’entremêlent et s’entrenouent. Fils, fils, fils, fils c’est mon histoire », écrit-elle sur son site.

     

    D’un côté du rose, du clair, du nacré, de l’autre du bleu, du sombre, ponctué de lumineuses touches blanches. Dialogue entre le jour et la nuit ? L’artiste a l’art d’assembler les tons en camaïeu. Tout autour de la pièce, des livres sur les rayonnages en bois peint que l’éclairage laisse dans la pénombre pour laisser la lumière intense des spots animer le face à face étonnant de la double installation. 

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    Détails de la double installation dans la bibliothèque © Anne Liebhaberg / Arlette Vermeiren

    « De l’a-pesanteur à la pesanteur, les deux côtés du chemin… » : la formule est tirée du petit catalogue qui oppose l’univers « aérien » d’Arlette Vermeiren à celui « plus terrien » d’Anne Liebhaberg. Ce contraste est fécond. Le statisme des petites sculptures anonymes, répétitives, engluées, figées à jamais, impressionne encore davantage d’être confronté à la légèreté des papillotes, papillons poétiques qui s’animent au moindre souffle.

  • Bon ouvrier

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    « Je ne veux retenir et revendiquer au déclin de ma vie qu’une carrière bien remplie de bon ouvrier et de probité artistique, - en y mettant aussi beaucoup de mon cœur. »

    Constantin Meunier, 12 janvier 1904

     

     

    Catalogue Constantin Meunier, sous la direction de Francisca Vandepitte, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique / Lannoo, Bruxelles, 2014.

     

     

    Constantin Meunier, Hiercheuse à la lampe, vers 1886 © MRBAB, Bruxelles..