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Culture - Page 132

  • Quasi monochrome

    Edith Dekyndt expose en ce moment* à Saint-Nazaire : « Projections, installations, performances : ses pièces prennent des formes multiples. Au-delà d’une réflexion sur la représentation, elles évoquent les énergies invisibles à l’œuvre dans la composition matérielle du monde. » (Grand Café)

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    © Edith Dekyndt, The Black, The White, The Blue, 2019,
    Réfrigérateurs, bris de verre, son (deux enceintes, lecteur multimédia, table de mixage),
    Dimensions variables, Courtesy Konrad Fischer Galerie, Düsseldorf-Berlin, Allemagne

    « The Black, The White, The Blue forme un paysage quasi monochrome qui se dresse devant nous. Disposés comme des blocs modulaires, des réfrigérateurs usagés, autrefois stockés dans un entrepôt sur le port d’Hambourg, forment un territoire inaccessible.
    Au sol, un tapis de verre brisé renvoie la lumière du soleil que les larges baies vitrées de la salle laissent entrer. Diamant, mer de glace, tapis brillant ou dangereux. 

    De ce terrain impraticable pour le visiteur s’échappe le son enregistré des corps ayant grimpé, sauté sur ces blocs ainsi que le font dans le port d’Hambourg les pratiquants du Parkour, une discipline qui s’attaque à l’espace urbain et s’empare de la ville de manière illicite. De ces corps absents et invisibles ne restent que les traces de leurs impacts (bosses, tôles défoncées, trous) et le son sourd de ces moments de contacts entre le corps et la matière.

    Dressée au milieu de ce paysage, Night in the Harbour fait apparaître l’image évanescente d’une flamme bleue sur les pales d’un ventilateur. D’un grand réalisme, cette flamme est pourtant une image totalement artificielle, issue de calculs mathématiques en 3D. Comme souvent Edith Dekyndt inverse ou confronte les polarités, entre le vrai et l’illusion, le réel et l’abstraction, la rectitude des blocs et l’informe du feu, le froid et le chaud… la couleur bleue étant celle du feu dans sa plus grande intensité alors qu’elle est spontanément associée au froid. »

    Source : présentation complète et autres photos sur le site du Grand Café de Saint-Nazaire.  * Rectificatif : du 15 février au 30 août 2020.

  • Sculpture, culture

    Peintre ou sculpteur, c’était le choix proposé par mon professeur de français pour un exposé oral, dans l’école où je venais de m’inscrire pour les trois dernières années du secondaire (sans imaginer qu’un jour j’y reviendrais pour donner cours). J’avais choisi Rodin et acheté pour l’occasion Auguste Rodin, L’Art, des entretiens réunis par Paul Gsell. Un petit livre d’art bien illustré où je retrouve, au crayon, mon écriture d’adolescente. Aussi aurais-je bien aimé visiter l’exposition du musée M à Louvain (Leuven), Rodin, Meunier, Minne, trois visions du Moyen Age.

    Musée M expo.jpg
    https://www.mleuven.be/nl/rodin-meunier-minne

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    George Minne, Les trois saintes femmes au tombeau, 1896,
    plâtre, The Phoebus Collection, Anvers

    Guy Duplat en a rendu compte dans La Libre en juin dernier : « Ces trois grands sculpteurs qui réinventèrent leur art à la fin du XIXe siècle en l’extrayant des contraintes de la Renaissance et du Classicisme pour donner une nouvelle expressivité, furent tous les trois fascinés par le Moyen Âge. Ils s’en inspirèrent pour mieux exprimer les sentiments universels de la douleur et de la perte. Avec une beauté soufflante. »

    Cet article resté sur mon bureau où je mets un peu d’ordre m’a poussée à aller sur le site du M Museum, avec une bonne surprise : on peut encore faire un tour virtuel de l’exposition, de salle en salle, en cliquant sur l’encadré « Duik in de tentoonstelling » (Plongez dans l’exposition). On peut également écouter des poèmes en néerlandais associés à certaines œuvres ou les lire.

    Il y a un monde et plus d’un siècle entre Le penseur de Rodin et Ageless love de Delphine de Saxe-Cobourg. Depuis plusieurs années, cette artiste présente des déclinaisons de son « love » écrit, coloré, peint, sculpté, multiplié ; vous en verrez dans le catalogue de sa dernière exposition. Cette sculpture monumentale installée à la mi-octobre dans le parc Gerda de Saint-Nicolas (Sint-Niklaas, Flandre orientale) est sa première commande pour un espace public.

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    © Delphine de Saxe-Cobourg, Ageless love, 2020,
    acier corten, 4,8 x 5,6 x 1,2 m (Photo Melvin Vanderstylen)

    Elle qui aime tant les couleurs dans son travail d’artiste a choisi pour cette œuvre l’acier corten, préférant « réaliser des œuvres qui s’intègrent dans la nature, se fondent complètement dans le paysage. » Gwennaëlle Gribaumont la décrit ainsi : « Un "love" dans l’écriture fluide et ronde, presque aussi gourmande qu’un bonbon, typique de l’artiste. Un "love" dont le "L" et le "E" s’envolent, s’amusent avec la pétulance d’une gamine sautillant avec légèreté au retour de l’école. On est à mille lieues du volume anguleux et massif, tiré au cordeau, de Robert Indiana. » (La Libre Belgique, 10/11/2020)

    Autre article en attente, à propos du BAM à Mons où l’exposition de deux siècles de vie artistique est prolongée jusqu’au 6 septembre prochain : Ecole de Mons 1820-2020. « De la misère du Borinage à la douceur de Nervia » titrait Guy Duplat pour l’annoncer dans La Libre – le groupe Nervia, dont faisait partie Anto Carte (né à Mons). Avec Bruxelles, Gand et Anvers, Mons était dès le début du XIXe siècle une des rares villes belges à posséder « une académie pour former les artistes, un musée  pour acquérir les œuvres et un salon, tous les trois ans, pour les vendre » (id.)

    J’y ai repéré deux femmes artistes que je ne connaissais pas. Cécile Douard, née à Rouen, a peint surtout la misère des ouvrières dans les mines de charbon. Un article à propos du Monument Simonon (en hommage au fondateur de l’Institut pour aveugles à Ghlin)  présente cette artiste qui, à la suite d’un accident, « a perdu progressivement la vue et s’est consacrée à la cause des aveugles » (Connaître la Wallonie). J’aimerais lire ses Impressions d’une seconde vie (1927).

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    © Edith Dekyndt, Epiphanie. Développement du cube, 1989,
    Acrylique sur ardoises naturelles, 27 x 18 cm, Collection de la Province de Hainaut -
    Dépôt au BPS22, Charleroi (B), photo © Raymond Saublains

    Edith Dekyndt, « une de nos plasticiennes les plus reconnues » (Guy Duplat dans La Libre) – le MOMA possède quelques-unes de ses œuvres – montre à Mons Le développement du cube (1989, sur ardoises naturelles). Je vous proposerai un complément à son sujet demain, mais voici déjà une définition du TLFi utile pour aborder certaines œuvres qui relèvent de la culture du temps présent : « Sculpture : Œuvre d’art obtenue soit par combinaison d’éléments articulés ou mis en mouvement par des moyens électroniques, soit par assemblage de matériaux plus ou moins insolites ou interchangeables, de dimensions et de densités différentes » (Georges Thines et Agnès Lempereur, Dictionnaire des sciences humaines, 1975)

  • Champ de repos

    « Naguère les défunts étaient inhumés à l’intérieur ou autour de l’église paroissiale Saint-Vincent », rappelle un panneau dans la rue Saint-Vincent, près de la grille qui permet de jeter un coup d’œil à l’ancien cimetière d’Evere.

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    En 1880, la commune a acheté là trente-cinq ares de terrain pour le premier « champ de repos communal ». Il faut suivre le mur couvert de vigne vierge pour y entrer, à l’angle avec l’avenue Champ de Repos. Je vous ai déjà parlé des pelouses, de la végétation abondante dans ce jardin des morts entretenu avec soin, mais pas montré ces véritables couloirs de verdure.

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    Des haies bien taillées – quel travail pour les jardiniers – s’ouvrent sur des parcelles où les tombes se font face, à l’ombre des arbres. Parfois il n’y en a plus que d’un seul côté. Dans la partie du cimetière où se dressent des caveaux anciens, une couverture de lierre a enveloppé l’un d’eux ; cela m’a rappelé les tombes des frères Van Gogh à Auvers-sur-Oise, reliées par le lierre, symbole de fidélité et d’immortalité.

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    Au début du XXe siècle, certaines familles qui en avaient les moyens offraient à leurs défunts des sculptures d’anges ou de pleureuses. On découvre sur les monuments funéraires de cette époque toutes sortes de motifs, religieux ou autres, un répertoire de symboles parfois mystérieux.

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    Cette poignée de mains illustre l’alliance conjugale (une manchette de femme, une autre d’homme), mais pas seulement. « L'alliance est le terme utilisé par les marbriers pour désigner deux mains entrecroisées dont la supérieure est généralement celle d'une femme à l'annulaire présentant une alliance. Ce bijou est un cercle parfait – forme sans début ni fin – qui symbolise la permanence du couple malgré la mort. Les mains unies deviennent "la griffe", une manière particulière de se serrer la main qui permet aux compagnons du Tour de France ou aux francs-maçons de se reconnaître. »

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    Que d’amour exprimé dans cette jolie plaquette sculptée au message plein de tendresse : « à mon cher fiancé de sa Poussi ». J’admire les lignes art nouveau de cette jeune fille agenouillée dans son voile qu’elle retient de la main pour déposer des roses, les palmes au-dessus du souvenir – « La palme peut être présente sur la sépulture des jeunes qui, comme nombre de martyrs, sont décédés en pleine force de l’âge. »

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    Sous un autre profil de femme, sur un tombeau des années vingt, un seul mot : « Silence ». Sur certaines pierres tombales, un livre. S’il n’est pas accompagné d’un encrier et d’une plume, ce qui est réservé aux écrivains, il s’agit le plus souvent d’une référence à la Bible, fréquente chez les protestants et pour les prêtres catholiques aussi.

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    "A notre bien-aimé mari et père" (en néerlandais)

    Un monument spectaculaire de style art déco me touche particulièrement (mon père était pilote) : le soleil, les nuages, une aile d’avion qui se détache avant qu’il ne s’écrase, le casque en cuir et les lunettes anciennes sur le front de l’aviateur. Sous le nom du défunt, on indique qu’il est tombé « en service commandé » en 1934. Le panneau communal rappelle la proximité d’un aérodrome désaffecté après la deuxième guerre mondiale (à l’emplacement des bâtiments de l’OTAN), qui explique la présence ici de plusieurs tombes de pilotes.

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    L’ancien cimetière d’Evere fait découvrir tout un monde de signes dont le sens peut nous échapper. Au XXIe siècle, ils ne sont pas tous aussi lisibles que les têtes de Christ aux épines et les croix chrétiennes. Si la symbolique funéraire vous intéresse, elle est bien résumée sur ce site français où j’ai copié quelques explications. Comme les ornements architecturaux que j’aime observer sur les façades d’antan, les ornements des tombes choisis par les proches des défunts pour leur rendre hommage offrent encore leur message à tous les passants.

  • Pacte

    atwood,les testaments,roman,littérature anglaise,canada,suite de la servante écarlate,contre-utopie,société,culture« Ce matin, je me suis levée une heure plus tôt afin de me ménager quelques moments avec toi, mon lecteur, avant le petit déjeuner. Tu es devenu une sorte d’obsession – mon seul confident, mon seul ami, – car à qui puis-je dire la vérité sinon à toi ? A qui d’autre accorder ma confiance ?
    Ce n’est pas non plus que je puisse te faire confiance. A la fin, qui d’autre que toi sera le plus susceptible de me trahir, de m’abandonner dans un coin bourré de toiles d’araignées ou sous un lit, pendant que tu iras te goberger à des pique-niques, danser – oui, on recommencera à danser, c’est difficile de supprimer ça à tout jamais – ou profiter d’un rendez-vous avec un corps chaud, autrement plus attirant que le tas de papier fatigué que je serai devenue ? Mais je te pardonne d’avance. Moi aussi, j’ai été comme toi autrefois : mortellement accro à la vie.
    Cela dit, pourquoi est-ce que je prends ton existence pour acquise ? Peut-être ne te matérialiseras-tu jamais ? Tu n’es qu’un souhait, une possibilité, un fantôme. Oserai-je dire un espoir ? J’ai sûrement droit à l’espoir. La cloche n’a pas encore sonné les minuits de ma vie, le Diable n’est pas encore venu collecter le prix de notre pacte.
    Car il y a eu pacte. Bien entendu. Même si ce n’est pas avec le Diable que je l’ai conclu, mais avec le Commandant Judd. »

    Margaret Atwood, Les Testaments

    Tante Lydia (Ann Dowd) dans l'adaptation télévisée
    de La Servante écarlate/The Handmaid's'Tale par Bruce Miller

  • De Gilead à Galaad

    Aurais-je lu Les Testaments jusqu’au bout si je n’avais pas admiré comment Margaret Atwood, dans La Servante écarlate, campe un monde où, sous le prétexte de faire régner l’ordre et la sécurité « sous son Œil » – l’œil de Dieu, en réalité celui des hommes de pouvoir – les femmes sont enfermées dans des rôles aliénants ? Trente-deux ans après ce terrible conte devenu série télévisée à succès, la romancière canadienne lui a donné une suite, Les Testaments (traduit de l’anglais (Canada) par une autre traductrice, Michèle Albaret-Maatsch, qui a modifié quelques termes par rapport au premier récit).

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    La troisième épigraphe est tirée d’une saga dans le genre « fantasy » : « La liberté est une lourde charge, un immense et étrange fardeau à assumer pour l’esprit… Ce n’est pas un cadeau que l’on reçoit mais un choix, et le choix est parfois difficile. » (Ursula K. Le Guin, Les tombeaux d’Atuan) Les trois testaments donnés à lire ici sont « Le testament olographe d’Ardua Hall » et la « Transcription des déclarations » de deux témoins, 369A et 369B, en alternance. 

    Chacun des testaments est rédigé à la première personne, le premier par Tante Lydia, une des fondatrices d’Ardua Hall, une ancienne bibliothèque où seules vivent les « Tantes », des femmes qui ont renoncé à la maternité et à toute vie familiale pour se donner entièrement à l’organisation de la vie des femmes à Galaad. Elles seules ont accès à l’écriture et aux livres. Puissante et crainte, tante Lydia a sa photo partout dans les écoles de filles et on lui a élevé une statue plus grande que nature. 

    369A, Agnès Jemima, a grandi à Galaad et revêt les tenues imposées aux filles, toujours en jupe longue pour se protéger des « pulsions des hommes ». A l’école, Tante Vidala leur assure qu’elles auront de bons maris choisis par leurs parents qui occupent une position en vue dans la société, à la différence des enfants de familles « Econos ». Tabitha, la mère d’Agnès, lui a raconté un conte sur sa naissance et joue avec elle : sa maison de poupée est un mini-Galaad dont elle apprend ainsi l’organisation et les fonctions des unes et des autres. Mais quand  elle a huit ou neuf ans, sa mère meurt, son père se remarie, sa vie change.

    Tante Lydia, le croque-mitaine, la femme forte de Galaad, cache parfaitement son jeu. Si en public elle fait réciter des prières comme « Bénis Bébé Nicole que sa traîtresse de mère, la Servante, a enlevée et que des impies cachent maintenant quelque part au Canada », dans le plus grand secret de la salle des Archives, elle rédige un manuscrit qu’elle cache dans un ouvrage censuré dont elle a découpé l’intérieur. Avant la création de Galaad, elle travaillait comme juge aux affaires familiales, elle voudrait à présent donner une justification à sa vie.

    Au Canada, 369B, Daisy, la fille de Neil et Mélanie, fête ses seize ans. Ses parents tiennent une boutique de vêtements usagés, où on croise des sans-abri, parfois leur amie Ada, au look de motarde, et même des Perles, ces femmes aux colliers de perles sur robe argent, des missionnaires qui distribuent des brochures en faveur de Galaad. Une demande d’extradition a été introduite pour Bébé Nicole, enlevée à ses parents, mais celle-ci a disparu. Malgré que ses parents le lui aient interdit, Daisy participe à une manifestation contre Galaad qui tourne à l’émeute. Ada arrive à l’en extirper pour la ramener chez ses parents inquiets de l’avoir vue à la télévision. Quand ceux-ci mourront dans un attentat, leur prétendue fille va découvrir sa véritable identité.

    Dans la version télévisée de La servante écarlate, June, devenue « Defred » – la fameuse Servante si bien interprétée par Elisabeth Moss – a réussi à sauver sa fille Nicole et l’a laissée au Canada pour rentrer à Galaad à la recherche de sa première fille. Dans le roman, la fin reste indéterminée et c’est June qui raconte son histoire tout du long. Dans Les Testaments, on change de « je » d’une séquence à l’autre, un peu à la manière de ces feuilletons où on passe sans cesse d’un groupe de personnages à l’autre et c’est lassant.

    A travers les écrits de Tante Lydia, on découvre comment la république de Galaad s’est organisée et comment le pouvoir s’y exerce – elle-même est passée par toutes les épreuves physiques et mentales de la conversion forcée. Derrière le régime de terreur imposé aux habitants règne une corruption monstrueuse. Confidente et partenaire politique du Commandant Judd, dont les épouses successives ont tendance à mourir prématurément, Lydia est très bien placée pour être informée de tout ce qui se passe et elle a de quoi nourrir son rapport accablant sur Galaad.

    J’ai lu Les Testaments jusqu’au bout, mais ce fut une lecture poussive. Trop fragmenté, trop peu « écrit », le récit ressemble plus à un scénario pour une suite télévisée qu’à un roman d’envergure. Margaret Atwood dit l’avoir écrit en réponse aux lecteurs qui ne cessaient de l’interroger sur ce qui se passait après la fin de La Servante écarlate. Elle précise que « La série télévisée a respecté l’un des axiomes du livre : tout événement qui y survient doit impérativement avoir eu un précédent dans l’histoire des hommes. » Les deux romans se terminent d’ailleurs par des « notes historiques » relatives aux « études galaadiennes », datées de 2195 et 2197. La servante écarlate est une contre-utopie à placer près de 1984 et du Meilleur des Mondes. Les Testaments, à mon avis, n’y ajoutent pas grand-chose. A vous de voir.