A vous de jouer,
si ça vous dit :
que voyez-vous
sur cette photo ?
Mystère !
(Mallorca, 22/5/2016)
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A vous de jouer,
si ça vous dit :
que voyez-vous
sur cette photo ?
Mystère !
(Mallorca, 22/5/2016)
Quelques jours à Majorque en mai : charmes de la campagne et travaux de printemps, l’amitié est à la fête.
Le potager réclame des mains. Les lapins grandissent, bientôt les poussins passeront leur première nuit dehors, bien protégés du soleil le jour, bien couverts la nuit.
A cette saison, les couleurs éclaboussent jardins et prairies. Les moutons préfèrent déjà l’ombre. Au bord de la route, des arbustes tendent les bras.
Ici, des capucines chevauchent des branchages. Là, un clocher fait signe. En face de l’église, la montée offre de beaux points de vue sur Puigpunyent, les vergers, les montagnes.
Un bougainvillée flambe près d’une porte. Les palmiers, majestueux, ont l’art d’ennoblir une demeure. D’en haut, le panorama sur le village au creux des montagnes est très beau.
Mallorca / Majorque au naturel : loin des plages et des lieux touristiques, du vieux Palma superbe, la campagne majorquine où il fait bon vivre cultive l’art de l’hospitalité. La nature se marie à la pierre claire. Cultures en terrasses, murs, c’est le royaume de la pierre sèche (elle donne son nom à un circuit de randonnée).
Après le chemin qui longe le torrent (à sec), ses jeux d’ombre et de lumière, revoici la luxuriance d’un jardin ami, la terrasse à l’ombre de la vigne vierge. Les nèfles sont juste à point pour la maraude.
Quelques jours à Majorque en mai : à peine rentrée, je me demande déjà quand j’y retournerai. Heureusement, chaque semaine, des « Espaces, instants » nous y ramènent – merci, Colo.
En avril, les mimosas ne sont plus en fleurs, mais Bormes les Mimosas offre toujours dans ses jardins et parterres de quoi charmer, étonner, intriguer (si vous connaissez les noms des plantes, instruisez-moi, merci).
Pour la première fois, en regagnant le parking à l’entrée du village, nous avons vu sur le côté de la chapelle Saint François de Paule le monument funéraire du peintre, sculpteur et céramiste Jean-Charles Cazin, et admiré les beaux bronzes signés par son épouse, également peintre et sculptrice, Marie Cazin.
Ciel bien dégagé pour ce deuxième dimanche de mars : après une nuit de gel, une légère brume matinale, le thermomètre remonte lentement. Si nous allions au Rouge-Cloître cet après-midi ?
En passant devant la maison du meunier, une pensée pour le peintre Bastien qui y a habité. Pas étonnant que cet endroit ait inspiré des artistes, le cadre est pittoresque à souhait, en toute saison.
Beaucoup de promeneurs le long des étangs, dans les allées. Les bancs face au soleil remportent leur succès habituel et quelques pêcheurs ont même jeté leurs lignes dans les eaux tranquilles.
Plus loin, un chemin s’écarte vers la droite et nous rejoignons un groupe d’observateurs immobiles qui gardent le silence : des photographes et des curieux se sont arrêtés pour regarder le manège des écureuils, des mésanges, des sitelles…
Il y a là quelques troncs couchés, un fouillis de branchages, et puis, sur les poteaux en bois de la clôture au bord du chemin, des graines pour attirer la faune locale. Difficile de saisir l’instant dans ce ballet improvisé quand on ne dispose pas d’un de ces magnifiques appareils munis de téléobjectifs !
Mais la plus belle surprise du jour nous attend plus loin : au bord d’un sentier moins passant, tout près de l’eau, un cygne s’affaire sur son nid en construction. Installé en plein milieu, il allonge le cou pour disposer les rameaux autour de lui, fait une pause pour juger du résultat, recommence, sans trop s’inquiéter du voisinage humain.
Nous le laissons derrière nous avec regret – tant de blancheur, tant de grâce. Un peu plus loin, un panneau « zone de protection » rappelle de ne pas s’écarter du chemin et de tenir son chien en laisse, c’est bien le moins. Quelle confiance chez ce cygne envers les flâneurs du dimanche !
Emue par ce spectacle, à présent je trouve à tout une grâce particulière, comme à cette frêle ramure au-dessus de l’eau aussi délicate qu’une dentelle.
« Nous ne pouvons toucher de la main la plus haute feuille des grands arbres, cette faveur est réservée aux choses les plus pures du monde : la pluie, la neige, le vent. Mais l’étang me permettait de les atteindre à la nage, de prendre en main l’eau vert-feuille, de la rejeter, d’éparpiller alors les images jumelles, de les maîtriser, de les franchir, puis, quittant l’étang, de les voir rapidement se reconstituer. »
Marie Gevers, Vie et mort d’un étang