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Belgique - Page 84

  • Dans l'atelier

    alice frey,peintre belge,peinture,ostende,ca ira,neuhuys,culture,nouvel an« Dada correspond à une des périodes les plus heureuses de ma vie, l’époque où dans l’atelier d’Alice Frey, aménagé à l’intérieur d’un hospice de vieillards, nous jouions entre nous et pour notre seul plaisir Le Serin muet de Ribemont-Dessaignes. Pour tout décor, une double échelle. Je me vois encore grimper les échelons, une cage de serin à la main et chevaucher le sommet de l’échelle en déclarant : « Je suis Gounod, compositeur de musique… » Dada nous séduisait alors par son nihilisme et son juvénilisme. La joie de faire craquer les cadres et, vraiment, j’avais l’impression de me trouver sur une échelle de valeurs entièrement nouvelles. »

    Paul Neuhuys, Mémoires à Dada (posthumes, éditées par ses deux fils Luc et Thierry en 1996), extrait trouvé sur le blog de la fondation Ça ira !

    © Alice Frey, Jeune femme et chat

  • Alice Frey

    Une photo récente d’Adrienne m’a inspiré ce billet de nouvel an, par la grâce d’une artiste belge méconnue, dont une grande toile représentant des mariés sur la plage orne la salle des mariages de l’hôtel de ville d’Ostende, la salle Alice Frey. Née à Anvers en 1895, Alice Frey est décédée à Ostende en 1981. Quel étonnement de ne la trouver sur Wikipédia qu’en anglais et en gallois !

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    © Alice Frey, Baigneuses nues près de la fontaine

    Chaque fois que je me tiens devant une toile de cette enchanteresse – que j’associe en pensée à la plus fameuse des Alice –, j’entre en poésie : légèreté des couleurs, fantaisie, rêve. Le Dictionnaire des peintres belges la présente comme une « peintre et aquarelliste traitant dans une veine naïve des figures d’enfants, des nus et des scènes fantastiques » ; c’est assez réducteur, comme souvent dans les notices.

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    © Alice Frey, La modiste

    Couturière, Alice Frey enseigne d’abord la coupe et la couture à Anvers, et y suit des cours de peinture à l’académie, avant de vivre à Bruxelles de 1931 à 1968. Puis elle s’installe à Ostende, où elle fréquente Ensor, qui l’a influencée à ses débuts, avant de se tourner vers l’avant-garde. Elle fonde d’abord le groupe Lumière, avec son mari Georges Marlier, peintre et critique d’art, un groupe qu’elle quitte pour fonder Ça ira, avec le poète Paul Neuhuys dont elle a illustré certains recueils.

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    © Alice Frey, Les sirènes

    Son style reconnaissable, postimpressionniste (huile, aquarelle, pastel, dessin), est très personnel. Ses personnages viennent du cirque, du ciel – anges et diables, oiseaux – ou de la mer, comme ces sirènes. Elle peint des promeneuses, des danseuses, des dormeuses, des rêveuses« Un monde léger, varié et féerique ».

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    © Alice Frey, Parc de Bruxelles

    Dans ma galerie virtuelle, un Pierrot enlace une dame en rouge et une dame en bleu près d’une fontaine, non loin de deux baigneuses dénudées en compagnie d’un Arlequin et d’un autre homme (illustration 1). Ailleurs on danse le french cancan. Des Tziganes se promènent dans les champs, un bébé dans les bras.

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    © Alice Frey, Jeune fille et petit chien

    Au Parc de Bruxelles, un trio de fillettes n’a d’yeux que pour un élégant promeneur avec son chien. Plutôt que de naïveté, l’art d’Alice Frey est empreint de réalisme magique. Elle peint la vie, les gens. Avec eux, souvent, des chiens et parfois, un chat.  

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    Sous le petit coeur rouge de la signature d'Alice Frey,
    bonne et heureuse année 2018,
    riche en partages et en échanges !
    Qu’elle vous soit douce.

    Tania

  • Lumières d'octobre

    Après une belle journée de Toussaint ensoleillée, novembre a repeint le ciel de gris, la pluie et le vent déshabillent les arbres, l’un après l’autre. Envolé, ce rouge qui enflammait tout un voisinage de jardins. L’heure d’hiver, qui ramène chaque jour plus tôt le crépuscule, me rend déjà nostalgique des lumières d’octobre.

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    Ces lumières d’une marche Adeps dans le Brabant wallon, qui longeait par endroits de superbes demeures près des bois. Des ânes habitués à plus de tranquillité se montraient curieux de cet afflux de passants du dimanche.

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    Autres vedettes de la saison, les vignes vierges perpétuaient le festival d’automne. N’importe quelle façade ainsi couverte prend un air de fête ; c’est une récompense pour ceux qui les ont plantées, les taillent, l’entretiennent, pour leur plaisir et pour le nôtre.

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    « L’automne est le printemps de l’hiver », aurait dit Toulouse-Lautrec. Quelle variété de verts dans les bois, il est vrai, du plus clair au plus sombre ! Et ces jaunes, plus subtils qu’au printemps, toujours solaires.

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    Lumière des crinières blanches autour des ballots de paille. Echange de regards et de non-dits : on ne peut que saluer, homme ou bête, celui qui vous examine en silence, aussi attentivement.

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    Aux fenêtres d’une maison rose et bleue, aux lumineuses lignes blanches, les jardinières restent généreuses – une main verte y veille, qu’on remercie.

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    Il y a des tapis que la nature compose toute seule, quand une parure de feuilles recouvre élégamment de simples gravillons. Beauté éphémère sous nos pas, souvent ignorée, qui s’offre à ceux qui la regardent, exclusivement.

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    A Schaerbeek, autour du square Riga (que je vous ai déjà montré au printemps, avec ses cerisiers en fleurs), beaucoup s’inquiètent. Les affichettes se sont multipliées aux fenêtres des riverains ces dernières semaines. Le projet d’extension du métro bruxellois y prévoit une station et la première enquête publique vient d’être clôturée le 30 octobre.

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    On imaginait une implantation discrète de cette station de métro, respectueuse de ce bel endroit pour lequel la commune a introduit une demande de classement : le square Riga ouvre la perspective de l’avenue Huart Hamoir vers la gare de Schaerbeek, un ensemble très harmonieux.

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    Le projet prévoit d’abattre tous les arbres du square et d’en diminuer les espaces verts qui font le bonheur de tous les habitants du quartier, d’où cette vague d’opposition citoyenne. Il faut qu’elle soit entendue. A chaque fois que je passe désormais près de ces arbres magnifiques – beaucoup figurent à l’Inventaire du Patrimoine naturel, – je les regarde avec une amicale inquiétude : puissent-ils encore longtemps se dresser à la rencontre des belles lumières, à toutes les saisons.

  • Instinct

    Baronian Boulevard_Léopold_II.jpg« Ah ! mon instinct.

    Qu’est-ce qu’il était nase, mon instinct ! Est-ce qu’il avait jamais vu venir quoi que ce soit ?

    J’ai soudain compris que j’étais déjà arrivé au boulevard Léopold II et que je me dirigeais vers le parking souterrain du ministère de la Culture. Une carte magnétique spéciale me permettait d’y entrer à tout moment et d’aller me garer à un emplacement qui m’était réservé depuis belle lurette et que signalait un écriteau sur lequel était marqué le numéro d’immatriculation de ma voiture. Mais j’ai eu beau introduire et réintroduire ma carte magnétique dans le poteau d’accès au parking, la porte ne s’est pas ouverte.

    En pestant, j’ai fait marche arrière et je me suis mis à sillonner les rues environnantes. Un long quart d’heure s’est écoulé avant que je ne réussisse à me garer. Je ne savais pas trop où j’étais. En tout cas, un quartier assez populaire où je ne me souvenais pas d’avoir mis les pieds auparavant. »

    Jean-Baptiste Baronian, Le mauvais rôle

    Photo : Boulevard Léopold II en direction de la basilique de Koekelberg (Wikimédia Commons)