Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Balades - Page 35

  • L'avenue Rogier

    C’est dans une des avenues les plus connues de Schaerbeek que le rendez-vous de Patris était donné le 9 juillet (Estivales 2017). Yves Jacqmin attendait les amateurs du patrimoine et des promenades guidées sur le terre-plein de la place de la Patrie. (Pour information, quasi toutes les dates affichent complet et il ne reste plus qu’à espérer des désistements pour ceux qui sont sur liste d’attente.)

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Place de la Patrie, Schaerbeek © SPRB-DMS

    Vers 1860, la commune a décidé de prolonger la rue Rogier qui reliait déjà la chaussée de Haecht au quartier Nord : l’avenue Rogier s’est ouverte en plusieurs phases, jusqu’à la place Meiser. Charles Rogier (1800-1885), homme politique plusieurs fois ministre de l’Etat belge, a de son vivant vu son nom donné à une rue puis une avenue, et aussi à la place Rogier. Enterré au cimetière de Saint-Josse ten Noode, il a sa statue place de la Liberté.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Au milieu, un entablement blanc typique de l'Art Déco en haut d'une façade, entre deux colonnes (place de la Patrie)

    La visite commence donc par le tronçon le plus récent : la place de la Patrie, prévue à l’origine pour une église finalement bâtie plus loin, est devenue un square ; en venant de la place Meiser, c’est la première étape sur le tracé de l’avenue Rogier, avant la place des Bienfaiteurs. Elle a été construite dans les années 1920, quand s’épanouissait l’Art Déco. La bourgeoisie privilégiait encore des styles plus anciens, comme en atteste une maison à proximité (ci-dessous), avec ses œils-de-bœuf sous le toit et un joli fer forgé au balcon central.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Vue partielle de l'avenue Chazal

    Nous traversons l’avenue Chazal qui monte vers la place Dailly, ce qui rappelle à notre guide l’hiver 60 qui rendait « fous » ses élèves quand la neige rendait l’ascension difficile pour le bus et occasionnait des retards. Devant une maison de Joseph Diongre, l’architecte de Flagey, qui a gardé ses sgraffites et quelques éléments art nouveau, pas ses châssis malheureusement, je me dis que cette façade comme beaucoup d’autres dans l’avenue Rogier mériterait d’être restaurée.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    A droite, maison moderniste (avenue Rogier)

    De l’autre côté de cette large avenue large plantée d’arbres, où le tram circule au milieu, nous observons une maison moderniste de l’architecte Léon Guianotte (au 280, ci-dessus) à côté d’une façade de style beaux-arts. Du côté impair, un autre témoignage du modernisme présente un parement noir et blanc en carreaux de céramique (au 299). Du côté pair, le numéro 250 présente une belle loggia en bois ; la pierre bleue du rez-de-chaussée encadre une entrée inspirée par l’art nouveau dans sa phase stylisée.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Maison de style Beaux-Arts (la plus haute), avenue Rogier

    La diversité des styles architecturaux frappe comme presque partout dans Bruxelles. Ici un pignon en briques, vaguement médiéval, là de grandes baies vitrées – les maisons de style beaux-arts, inspirées du XVIIIe français, sont très bien éclairées. Le petit bois des fenêtres, dont les moulures jouaient avec la lumière, a souvent été remplacé par du PVC inesthétique, mais il suit tout de même les lignes originales.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    271, avenue Rogier

    Plus loin, une confrontation radicale entre tradition et modernité : le mur de verre de la façade, au 271, inédit en 1968 pour une maison particulière, tranche avec les maisons voisines – les vitres ont déjà été modifiées depuis. A l’angle de la rue Victor Bourgeois, le propriétaire du 263 a réalisé en 1930 une extension moderne avec garage très différente de sa maison : châssis arrondis, crépi blanc... Aujourd’hui, les murs sont jaunes et portent depuis la fin du mois dernier une fresque sympathique signée Nean, dans le cadre du projet d’art urbain Mixity.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    urbana_project Mixity Wall #3 / Nean - Bruxelles « ville intergénérationnelle » (détails

    En descendant vers la place des Bienfaiteurs, rond-point en pente qui coupe lavenue à mi-parcours, un habitué des Estivales me fait remarquer, en me montrant la perspective, que le premier creux de l’avenue Rogier, plus bas, correspond à la vallée du Maelbeek. Puis on remonte vers la chaussée de Haecht avant de redescendre, dans la rue Rogier, vers ce qui fut la vallée de la Senne.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Vue de la place des Bienfaiteurs vers l'avenue Deschanel (en bas) puis la chaussée de Haecht (en haut)

    Au centre de cette grande place inaugurée en 1907, un « Monument aux Bienfaiteurs des Pauvres » de Godefroid Devreese est agrémenté d’une fontaine et de bassins auxquels ont collaboré Henri Jacobs et l’architecte paysagiste du parc Josaphat, Edmond Galoppin. Plus de cent ans plus tard, les arbrisseaux devenus de grands arbres dissimulent le piteux état de la fontaine – faute d’entretien, les bassins de cette place remarquable et pourtant classée ont un besoin urgent de restauration.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Monument des Bienfaiteurs (Godefroid Devreese) : « Cette allégorie de la Charité protégeant le vieillard et l’enfant
    est complétée d’une paysanne schaerbeekoise qui rassemble ses choux dans un panier.
    Le patrimoine communal possède les deux esquisses en plâtre de cette imposante fontaine. »

    Les maisons qui l’entourent datent des années 1908-1909 et présentent un mélange de styles propre à l’éclectisme bruxellois : pignons d’inspiration médiévale, courbes Art nouveau… Les bâtiments d’angle vers le bas de l’avenue (photo de la vue plus haut) sont à la fois semblables et différents, leurs coupoles d’origine – trop coûteuses à restaurer, parfois faute d’artisans qualifiés – ont été remplacées par des toitures plates.

     

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Le Bienfaiteur, place des Bienfaiteurs, 25 (angle de la rue Frans Binjé)

    Une ancienne habitante de la place nous fait remarquer qu’Alain Resnais a tourné ici une séquence de « Je t’aime, je t’aime ». Elle se souvient d’un temps où les fontaines fonctionnaient encore. Le guide nous fait remarquer un hôtel dit « de rapport » annonçant les immeubles à appartements : sa façade en briques jaunes se termine par un pignon, elle dispose de trois portes (photo ci-dessous), celle du milieu dessert le haut, les latérales les appartements de chaque côté.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Trois portes d'un immeuble ou « hôtel » de rapport de style éclectique (architecte Louis Serrure), 1912
    place des Bienfaiteurs 26-27-28

    Nous verrons encore quelques bâtiments aux alentours avant de revenir sur la place – le snack-resto Le Bienfaiteur occupe le rez-de-chaussée d’une maison d’angle surmontée d’un renard, remarquable avec ses pierres bleues et ses balustres sous les fenêtres. En face, de l’autre côté de la place, le café Le vase d’argent (disparu) était connu des amateurs de jazz. Une petite communauté ou comité de quartier des environs sappelle « les Bienfêtards » !

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    A gauche, maison en briques jaunes à arcs brisés (architecte A. Dankelman), 1909 (rue Frans Binjé)

    Quand on descend vers l’avenue Deschanel où la promenade se termine – espérons qu’elle aussi fasse un jour l’objet d’une Estivale schaerbeekoise –, on peut admirer entre autres la belle poste de l’avenue Rogier (ancien hôtel de maître) ; une maison qui porte la mention « Anno 1908 » très hétéroclite avec ses carreaux de céramique ; un magasin dont la façade déborde de fantaisie décorative.

    avenue rogier,schaerbeek,estivales,2017,architecture,urbanisme,culture,promenade guidée,patris
    Poste de l'avenue Rogier (stores rouges)

    Nous voici presque à l’avenue Deschanel, nous nous arrêtons au pont du chemin de fer pour admirer ses beaux matériaux. Quand la station-service de l’avenue a été reconstruite, tout près, on a veillé à ce qu’elle ne dépare pas trop le grand carrefour des avenues Rogier et Eisenhower (hauteur réduite, murs de briques). Ces avenues ont conservé un beau patrimoine, mais il semble fragile.

  • Soucis domestiques

    Au cours de cette balade à Renaix, j’ai aimé retrouver Les soucis domestiques de Rik Wouters au milieu d’un petit parc (place J.-B. Mouroit).

    Renaix (41).JPG

    Huiselijke Zorgen (en néerlandais), une œuvre conçue en 1913, est à la fois son dernier portrait sculpté de Nel et la représentation d’une femme au foyer qui songe à la vie quotidienne.

  • Balade à Renaix

    Avant de me rendre à Renaix (Ronse en flamand), ville de Flandre Orientale (à un peu plus d’une heure de Bruxelles en voiture), j’ignorais presque tout de cette cité des Ardennes flamandes. Notamment que le Dr Ovide Decroly (1871-1932), psycho-pédagogue novateur dont se réclame encore aujourd’hui l’école Decroly à Uccle, y était né – une plaque est apposée devant sa maison natale.

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    On peut lire à Renaix des enseignes en français, des affichettes bilingues. On y entend parfois parler la langue de Molière. Renaix, proche de la Wallonie picarde, est une ville « à facilités linguistiques ». Ce régime particulier, souvent évoqué dans la périphérie bruxelloise, concerne aussi certaines communes de Flandre (avec des facilités en français) et de Wallonie (avec des facilités en néerlandais), des deux côtés de la « frontière linguistique », ainsi que la communauté germanophone.

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Un autre Renaisien, Stefaan Modest Glorieux (1802-1872), fondateur des Frères puis des Sœurs de Notre-Dame de Lourdes, a laissé son nom à un centre scolaire, à divers établissements de soins ; cet ecclésiastique a œuvré toute sa vie pour les pauvres, comme en témoigne ce monument qui le montre en compagnie d’un orphelin et d’un mendiant. 

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Flanquée d’un parc archéologique, de belles arcades végétales en charme (René Pechère) et d’un jardin de buis, l’église Saint-Hermès date des XVe et XVIe siècles, l’« une des principales curiosités de la ville » selon mon Guide touristique illustré. Sa crypte exceptionnelle (XIe et XIIIe), à la fois romane et gothique, attire de nombreux visiteurs. Trente-deux colonnes monolithiques soutiennent l’église et rythment ce magnifique espace où sont exposés des trésors archéologiques (des panneaux et un audioguide fourni à l’entrée donnent des explications).  

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Sous ces voûtes de briques, j’ai appris que saint Hermès (martyr romain d’origine grecque) était réputé guérir de la folie : les malades étaient baignés dans l’eau tirée du puits de la crypte, une grande balance permettait de peser les pèlerins et de fixer le tarif pour les soins. Ils faisaient plusieurs tours dans l’église où se trouve une étonnante statue équestre du saint, au-dessus d’un reliquaire. 

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    « Ontdek Ronse » (Découvrez Renaix) offre aux curieux de nombreuses informations intéressantes pour préparer ou prolonger la visite de la ville. Le vieux centre historique, « De Vrijheid » ou « La Liberté », était un territoire indépendant ou franchise jusqu’à la Révolution française. Cette seigneurie qui appartenait entièrement au clergé, constituait comme une ville dans la ville. Les prêtres y exerçaient leurs fonctions ecclésiastiques ainsi que des fonctions administratives et juridiques.

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Un peu plus loin, l’ancienne église St Martin désacralisée abrite « Le Passage », une galerie commerciale aménagée dans le respect de l’architecture, sous une charpente apparente.

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Sur la place du marché, le vent secouait fort les parasols au-dessus des étals et les drapeaux de l’Hôtel de ville. Un obélisque surmonté d’un aigle à deux têtes (armoiries de Ronse) surmonté d’une couronne y orne la première fontaine publique de la ville. 

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    De belles maisons bourgeoises rappellent la prospérité de Renaix et de son industrie textile, une économie basée sur la fabrication de draps. De différents styles, souvent en briques, leurs façades travaillées, leurs tourelles, leurs grands jardins de ville privés affichaient l’aisance de leurs propriétaires.

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Certaines façades paradent par rapport à leurs voisines, comme celle-ci, de style néo-Louis XVI, avec ses briques claires et ses pierres bleues très ornées, un festival d’architecture « beaux-arts » en très bel état. Le contraste est grand avec les ruelles de petites maisons ouvrières habitées par les tisserands.

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Le site de la ville invite aussi à la découverte de maisons art nouveau ou art déco, l’office du tourisme propose des brochures ad hoc. Certaines belles demeures abritent à présent des restaurants, comme la Maison D. avec ses sgraffites, une adresse que je vous recommande pour son cadre, sa cuisine et son accueil.  

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    De la Hoge Mote (Grande Motte), en travaux de restauration pour l’instant, on a une très belle vue vers le clocher de Saint-Hermès. C’est un des bâtiments anciens les mieux conservés dans le centre historique de Renaix, il abrite l’office du tourisme. Le Musée de Renaix et du folklore est situé tout près, dans l’ancienne « Maison des Espagnols », non loin du Must, musée du textile. 

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Dans un tout autre genre, j’ai apprécié la fresque murale de la bibliothèque, un clin d’œil aux félinophiles. Chaque année, la ville permet au lauréat du festival « Picturale » de décorer un mur ; en 2007, c’est l’illustratrice Kristien Aertssen qui a dessiné ce grand chat des champs. Bref, il y a beaucoup de choses à voir à Renaix, pour qui aime musarder.  

    renaix,ronse,flandre,facilités,église saint hermès,crypte,balade,culture

    Au cours de cette première balade, j’ai remarqué de nombreuses statues publiques, notamment des personnages du folklore local, De belleman (le sonneur) dû au sculpteur local Stefaan Ponette (également l’auteur d’un étonnant Saint Pierre à l’entrée de Saint-Hermès) et le petit Buunie (soit Buuntjies Neutjies, vendeur de pois et de noisettes) dont je caresserai la tête la prochaine fois, puisque j’ai lu que cela porte bonheur !

  • Aux étangs d'Ixelles

    La visite guidée d’« Ixelles, berceau de l’Art nouveau et de l’Art Déco », un parcours organisé par la commune autour des étangs d’Ixelles, le dernier jour de mai, a vite affiché complet : trop tard pour s’inscrire à celle de 16h30, va pour 18h30. Cécile Dubois, qui connaît bien son sujet, nous a emmenés à la découverte d’un des plus beaux quartiers de Bruxelles.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture

    Il a été aménagé à la fin du XIXe siècle, quand le Maelbeek, ruisseau qui prend sa source à l’abbaye de la Cambre et se jette dans la Senne à Schaerbeek, a lui aussi été comblé. Il ne reste que quelques-uns de ses étangs d’origine, dont ceux d’Ixelles. Rendez-vous était donné avenue du général de Gaulle pour découvrir comment l’Art nouveau, avec ses formes organiques, puis l’Art Déco, plus stylisé, ont inspiré les architectes au début du XXe siècle. De 677 habitants en 1818, Ixelles passe à cinquante mille en 1900, de quoi donner du travail à beaucoup de monde.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Avenue Général de Gaulle, 38 et 39 (photo 2010) © SPRB-DMS (1904, Ernest Blerot) / Ixelles

    Aux numéros 38 et 39 de l’avenue subsistent deux maisons conçues par Ernest Blerot. De la deuxième génération Art nouveau, il cherchait à démocratiser ce style, alors que la première, au service de la bourgeoisie industrielle et socialiste, souvent des libres penseurs, voulait avant tout se démarquer. Blerot a rendu l’Art nouveau plus populaire, intégrant des notes anciennes comme le pignon néo-gothique du 38, et aussi quelque chose de très neuf à l’époque : des garages. Il pressent le succès de l’automobile, pas l’évolution de son gabarit – dans un de ces garages, on a installé une salle de bain pour une chambre d’hôte.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Détail du 39

    Soubassement en pierre bleue, contrastes de tons sur la façade se voient voler la vedette par des fers forgés remarquables, aux motifs de clématite utilisés aussi en mosaïque à l’intérieur (à retrouver dans le catalogue de Flora’s Feast). Cette liane fleurie ornait à l’origine quatre maisons mitoyennes. Deux ont été démolies pour faire place à La Cascade, immeuble moderniste dû à René Ajoux que certains surnomment « la salle de bain d’Ixelles » à cause de ses carreaux de façade d’inspiration hygiéniste.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    La Cascade (1939, René Ajoux) / Ixelles

    Nous nous tournons vers les étangs où on a rénové la rocaille et son petit temple inachevé, contraste de couleur, de forme, du lisse opposé au rugueux. Puis nous faisons quelques pas vers la place Flagey (un bassin d’orage y a été aménagé pour pallier les inondations de caves et du parking souterrain), pour admirer son fameux « paquebot » où se sont déroulées les sélections et les demi-finales du Concours Reine Elisabeth de violoncelle 2017 (la finale, à Bozar).

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Vue sur le Flagey (ancien INR, 1930, J. Diongre) / Ixelles

    Construit en 1930 pour l’Institut National de Radiodiffusion, emblématique avec sa tourelle d’angle, le Flagey est moderniste à l’extérieur – fenêtres en bandeau et horizontales de briques jaunes (comme à la Villa Cavrois de Mallet-Stevens) – et Art Déco à l’intérieur. Ce chef-d’œuvre dû à Joseph Diongre a été sauvé de la démolition et restauré grâce à un partenariat entre le public et le privé.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Résidence du Lac (1957, J. Cuisinier, détail) / Ixelles

    Non loin d’un immeuble d’angle brun qui mêle également ces deux styles (Saintenoy fils, 1938), au square de Biarritz, un immeuble en retrait, la Résidence du Lac (1957) présente une courbe concave comme le Brusilia à Schaerbeek, il est du même architecte, Jacques Cuisinier.  

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Rue du Lac, 6 à Ixelles (1902, E. Delune), photo Wikimédia Commons 2006 / actuellement en travaux / Ixelles

    Rue du Lac, une façade originale due à Ernest Delune est en pleine restauration, elle était très dégradée. Commandée par un entrepreneur pour l’arrière d’une maison éclectique située au 5, rue de la Vallée (1893), à l’emplacement d’une petite cour triangulaire, elle utilise l’arc outrepassé (arc en plein cintre qui se poursuit au-delà du demi-cercle) pour la verrière (derrière laquelle une cage d'escalier donne accès à un atelier d’artiste) et pour l’entrée avec sa fenêtre placée de manière originale dans le même arc que la porte. Les vitraux aux pensées (voir Flora’s Feast) sont en verre américain chenillé, qui fait bel effet aussi bien dehors que dedans.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Immeuble à appartements au carrefour formé par la rue de la Vallée et la rue Vilain XIIII / Ixelles

    Il serait fastidieux de vous raconter toute la promenade, qui a duré plus de deux heures : maisons, immeubles, époques, le quartier présente une diversité de styles très intéressante, comme souvent à Bruxelles, qui cultive l’éclectisme. Ici, on remarque comment on a transformé un hôtel particulier en immeuble de rapport (la guide nous montre des photos anciennes, des plans), là on admire deux maisons (fausses jumelles) de Blerot où des sgraffites remplacent les impostes (rue Vilain XIIII).

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Rue Vilain XIIII, 9 et 11, deux maisons de Blerot (1902)

    Près d’un monument, Cécile Dubois présente la résidence Belle Vue aux grands appartements bourgeois et celle du Tonneau (bien nommée), deux réalisations de l’architecte et self-made-man Collin bien connu des Bruxellois à cause de l’affaire Etrimo, une faillite qui ne doit pas faire oublier son objectif : permettre à chaque Belge de devenir propriétaire.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Le Tonneau, 1938-40 (Stanislas Jasinski et Jean-Florian Collin)

    Avenue Emile Duray, après une maison de Blomme aux jolis motifs de briques, nous arrivons au square du Val de la Cambre, un ensemble qu’il a dessiné pour la société Cogeni dans un style tourné vers le passé, inspiré par larchitecture médiévale et baroque (Stanislas-André Steeman y a habité dans la deuxième cour, au-delà du porche à clocheton, au 21).

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Square du Val de la Cambre (1928-1932, A. Blomme) / Ixelles

    Tant de belles constructions méritent de s’y attarder, des immeubles d’un tel luxe pour l’époque qu’on les appelle « Palais », comme le Palais de la Cambre qui devait border tout un îlot (avenue Emile Duray), finalement limité à cinq immeubles avec des connexions en sous-sol.

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Palais de la Cambre (détail), 1925 à 1930 (Camille Damman) / Ixelles

    Le rond-point de l’Etoile a disparu au boulevard général Jacques, devenu carrefour sur une quasi autoroute urbaine. Les immeubles construits avant la guerre se tournent vers le rond-point, après la guerre on les oriente différemment pour détourner les terrasses du trafic. Le plus prestigieux est le Palais de la Folle chanson (nommé d’après une statue de Jef Lambeaux) dû à Antoine Courtens, une copropriété qui se voulait bien située à proximité du Bois de la Cambre.  

    visite guidée,ixelles,patrimoine,architecture,art nouveau,art déco,cécile dubois,balade,bruxelles,culture
    Palais de la folle chanson et son hall d'entrée (1928, Antoine Courtens), / Ixelles

    Après avoir levé les yeux vers le campanile étoilé de sa spectaculaire rotonde d’angle, un espace de réception, c’est sur le marbre devant sa belle entrée ronde (comme l’entrée Ravenstein du Palais des Beaux-Arts de Horta) que s’est achevé ce parcours passionnant qui donne envie de se promener plus souvent aux alentours des étangs d’Ixelles... et de rouvrir les deux beaux livres de Cécile Dubois sur Bruxelles.