« J’arpente plus volontiers les pages des livres et des manuscrits que l’asphalte des villes. La littérature m’abrite, m’exalte et m’apaise. A défaut de traverser l’espace avec aisance, la liberté m’est donnée de conduire une recherche sur l’aura des lieux. Si les murs parlent à voix feutrée, loin du brouhaha du monde , une oreille butineuse pourrait en capter quelques murmures, se laisser séduire par ses petites musiques.
Presque à mon insu, cette ruelle parisienne est devenue l’espace de déambulations fictionnelles, de recherches dans les archives, bibliothèques réelles ou virtuelles. La tentation est grande de se perdre dans les pièges de l’érudition encyclopédique, le furieux désir de tout savoir, d’atteindre à une forme de totalité. Puis l’incomplétude reprend le dessus, le chantier demeure ouvert, inachevé.
Entre vies romantiques et vies romancées, entre Histoire et intimité, la rue Férou invite à découvrir l’expérience des autres à partir de sa propre sensibilité, puis à se laisser modeler, tracasser, bousculer par leurs existences. »
Lydia Flem, Paris Fantasme
Commentaires
Hier, je voulais noter, je ne l'ai pas fait. Merci pour le rappel, l'extrait et la photo. Bon week-end pluvieux!
Avec plaisir, Anne.
Ces recherches doivent être vraiment passionnantes pour qui aime ça, s'y réfugie en quelque sorte, comme elle dit, et préfère les histoires écrites des gens aux gens eux-mêmes. Ce qui, il est vrai, comporte bien moins de risques personnels même si elle se laisse "bousculer".
Mais je parle dans l'abstrait, en lisant seuls cet extrait après ton billet.
Bon week-end Tania, après la pluie le soleil ce matin.
Ce passage de la 4e de couverture pour te répondre :
"Comme une psychanalyste prête à tout entendre, à tout écouter, sans choisir ni trier, j'ai ouvert ma porte aux voix du passé." (L. F.)
Ciel gris et vent ici, bon week-end, Colo.
Je pense que c'est facile sans doute de se laisser happer par ses recherches au point d'oublier un peu le reste, mais ce n'est pas une personnalité à l'oublier bien longtemps, ses livres en témoignent.
En écrivant ce livre, Lydia Flem s'est intéressée à tous ceux qui ont vécu dans cette rue, célèbres ou non. J'ai aimé sa manière de relier leur histoire et celle des siens, leurs habitations et les lieux de sa propre vie.
Je retiens ce mot d'incomplétude que je ressens fortement : comme s'il était urgent de ne pas tout savoir, de ne pas tout connaître, de ne pas tout comprendre, de ne pas tout trouver de ce qu'on cherche...
Tes "pistes pour le mois d'octobre" que je viens de lire vont dans le même sens, Marie. Accepter l'imperfection, oui.
Ce passage donne encore pus envie de lire le livre !
Ah, tant mieux !