Après des jours gris, après la pluie encore et encore, un jour de lumière éblouissante : allons-nous promener à la campagne. Dans ce coin du Brabant flamand, les fossés gorgés d’eau jouent aux métamorphoses, les prairies inondées offrent un miroir aux nuages. Du ciel sur la terre.
Les verticales et les horizontales parfois se dédoublent, soulignent ici une clôture, là un chemin, une allée d’arbres du « plat pays qui est le mien ». On voudrait être peintre pour capturer ces lignes, on camperait son chevalet au bord de la route pour rendre grâce à la beauté d’un tel jour.
Les arbres aussi sont à la fête. Peupliers blancs, saules, habitués des terres humides. En février, ils bourgeonnent à peine mais déjà leur ramure s’élance, on perçoit comme un frémissement qui adoucit leur ramure, annonce le fin brouillard printanier de la feuillaison.
A notre approche, un couple de canards enchantés des nouveaux territoires gagnés par l’eau cherche un refuge. Il y a tout ce qu’il faut à la lisière des prés, herbes sèches, haies naturelles des arbustes aux branches verdies qui s’ouvrent en éventail, promesses d’ombre.
Majesté végétale, cet arbre-ci embrasse tout, le ciel et le paysage. Sur son canal éphémère, regardez comme il se déploie, traversé par la lumière, comme il offre de l’air à ses branches et ses branches aux oiseaux, comme il invite au regard ! Nous le saluons.
Au canal de Louvain, la perspective est plus classique. On pense à certaines rangées d’arbres sous le pinceau d’Emile Claus, au Canal en Flandre de Théo Van Rysselberghe (mais ici, le temps n’est pas triste). Miroir friselé auquel une bande de mouettes, prises au jeu des reflets, apposent leurs paraphes blancs. Sur la berge, les oies fouillent du bec la terre spongieuse.
Une péniche a passé l’écluse, elle vient troubler la scène : les oiseaux s’envolent, s’écartent, les remous dispersent le paysage inversé. Tout reprendra bientôt sa place, les arbres reviendront se mirer dans l’eau tranquille. Illusion de l’immobilité : les nuages se sont éloignés, d’autres se rapprochent, la lumière change imperceptiblement.
On pense à Marie Gevers et à son étang. Au retour, le long des fossés qui débordent, c’est à qui l’emportera sur l’autre. Le bleu des mares ou celui du ciel ? L’arbre qui s’élance ou son reflet qui se noie ? La terre fait aujourd’hui* le plein de lumière.
Commentaires
On est silencieux de beauté, … la gorge en émoi, … les yeux avides et la tête dans les étoiles en se délectant de ces photos et de ce texte sublimant cette douce et paisible plaine chantée et peintes par nos frères, poètes et peintres flamands … Merci Tania de m’avoir donné ces quelques moments de bonheur … Cela nous change du réalisme des billets précédents ...
Toute la beauté, si joliment reflétée, de mijn vlakke land van Vlaanderen.
Et un souvenir; sur ce même canal une après-midi épique en canoé, parmi les canards, avec mes deux jeunes enfants. Rires et trempés!
Merci!
La terre gorgée d'eau c'est pareil chez moi et il y a des paysages qui ressemblent fortement à tes photos. Les reflets, les silhouettes dénudées des arbres, tout contribue à la poésie et à l'évocation de toiles. L'ensemble dégage un calme bienfaisant.
"On voudrait être peintre" alors, vas y, jette toi à l'eau et tente de transcrire sur ta page blanche toute cette émotion que tu écris si bien en quelques lignes. Tu choisiras tes couleurs comme tu choisis tes mots, tu feras vibrer le bleu, le vert et le blanc comme tu fais chanter tes phrases. Et lorsque tu auras terminé, tu seras la première surprise du résultat que j'espère, tu me montreras. J'ai pris plaisir à le lire.
c'est vraiment le plat pays qui n'est pas le mien ;-)
tes photos sont superbes et ton texte aussi!
Un beau texte, de belles photos, un billet très agréable! Il est pittoresque le plat pays qu'est le tien! Maintenant quand tu cites les peintres j'ai des souvenirs du musée fin du siècle qui me viennent ne mémoire. C'est très agréable! Mais je n'ai jamais lu Marie Gevers.
@ Doulidelle : Heureuse de partager ces beaux moments avec toi.
@ Colo : Beaux et joyeux souvenirs !
@ Aifelle : J'imagine que tu te promènes aussi avec ton appareil photo.
@ Chinou : Ma boîte de couleurs ne contient que des mots, merci Chinou.
@ Adrienne : C'était un jour faste, il suffisait d'appuyer en automatique.
@ Claudialucia : Je vois que j'ai oublié de mettre des liens pour ces peintres, je vais les ajouter. Merci et bonne journée, Claudialucia. (Un extrait de Marie Gevers après-demain.)
elles font un bien fou ces photos, le calme et la douceur de la campagne
Si tu le ressens aussi, tant mieux, Dominique.
Magnifiques photos ! J'aime beaucoup ces reflets !
le texte autant que les photos sont des instants de poésie qui font oublier ces jours gris et pluvieux :)
@ Maggie : Merci, Maggie.
@ Niki : Le brouillard de ce matin avait un certain charme aussi, et la lumière est revenue cet après-midi.
Jolies photos, et belles référence à l'auteur Marie Gevers et au peintre Théo Van Rysselberghe. Bon dimanche Tania.
Superbe billet en images et mots qui accompagnent cette lumineuse promenade !!
@ Un petit Belge : Merci de les apprécier, bonne semaine à toi.
@ Fifi : La lumière était trop belle pour manquer ça, merci.
Que de beauté dans cette promenade! Les reflets nous enchantent.C'est une manière poétique et positive de voir le trop-plein d'eau comme partout ici dans la nature.
Merveilleuse promenade mise en mots et en images, Tania.
Merci de venir accompagner cette promenade, une très belle journée.