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Textes & prétextes - Page 665

  • Amoureux des chats

    On peut être académicien et aimer les chats. La preuve par Frédéric Vitoux, « de l’Académie française », auteur du Dictionnaire amoureux des chats (2008). Il n’y a pas là de quoi surprendre ceux qui se récitent de temps à autre du Baudelaire : « Les amoureux fervents et les savants austères / Aiment également, dans leur mûre saison, / Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, / Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires. » (Les Chats)

     

    La collection « Dictionnaire amoureux » propose (je cite l’éditeur) « un voyage alphabétique au cours duquel chaque auteur alimente notre curiosité d’entrées parfois savantes, souvent vagabondes, historiques, personnelles et même flamboyantes. Un Dictionnaire amoureux, c’est la rencontre évidente d’un auteur avec un sujet. » Vitoux, l’auteur de Bébert, le chat de Louis-Ferdinand Céline et des Chats du Louvre, compagnon successivement de Mouchette, Fafnie, Nessie, Papageno et enfin Zelda, nous y comble d’anecdotes qui séduiront tous les amis des félins dits domestiques.

     

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    C’est à la radio, sur Musiq3, que je l’ai entendu raconter comment le secrétaire privé de Churchill, chargé de le faire descendre aux abris pendant les bombardements de Londres, « tomba sur Churchill à moitié habillé et à quatre pattes, glissant plus ou moins sa tête sous la commode » : il tentait de rassurer Nelson, son matou qui s’y réfugiait à la première alerte. Voir l’homme le plus puissant d’Angleterre « braver le ridicule » fait écrire à Vitoux : « C’est exactement cela. Il faut témoigner de beaucoup de bravoure en effet pour accepter de se ridiculiser. »

     

    Les chats remarquables occupent ici plus de place que les chats de race. L’auteur n'apprécie guère les pedigrees de luxe, à l’exception des chartreux et des siamois, à la rigueur. En vrac, citons Eponine, la chatte noire musicienne de Théophile Gautier ; Micetto, le chat gris du pape Léon XII qui restait sur ses genoux pendant ses audiences et qui fut confié après sa mort à un ambassadeur qui lui avait montré un réel intérêt, un certain François-René de Châteaubriand ; Murr, le chat d’Hoffmann ; Oscar, le petit chat tigré blanc d’un Service pour malades atteints d’Alzheimer, aux Etats-Unis, qui se blottissait près des mourants, pressentant leur fin, et les accompagnait jusqu’au bout.

     

    Vitoux, bien sûr, rend hommage aux chats anonymes, aux chats de gouttière
    rebaptisés chats européens, aux chats victimes des bûchers pour sorcellerie, aux chats gardiens de musée (la soixantaine de chats de l’Ermitage à qui la fille de Pierre le Grand, Elisabeth I, octroya un contrat de location en échange des services rendus), aux chats de Venise… Avec les chats dans la peinture (souvent dans un coin du tableau, sauf quand ils en sont le sujet, chez Steinlen en particulier, choisi pour la couverture) et dans la musique (Rossini), les chats des bandes dessinées ou du cinéma, le chat noir qui traversait sans s’arrêter la scène de la Huchette pendant les premières représentations de La Cantatrice chauve, au grand plaisir d’Ionesco, vraiment, on est en bonne compagnie.

     

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    Champions de la « convivence » - nouveau mot entré au Dictionnaire de l’Académie, à distinguer de « convivialité », nous apprend l’auteur - c’est-à-dire « l’art de vivre avec, en bonne intelligence, tolérance et respect », 47 % de chats partagent leur foyer avec des chiens, statistiques qui font mentir certains préjugés. Relevant les proverbes, locutions et superstitions – au Québec, on dit « avoir une mine de chat fâché » – Vitoux se fâche littéralement contre « pas de quoi fouetter un chat », expression « tout bonnement inadmissible » ! Un chat, c’est quelqu’un, réplique-t-il. Et même « Un chat, c’est l’étincelle du sacré à portée de main et de caresse. »

     

    On lit de belles observations sur l’animal lui-même, son allure d’abord : « Le chat progresse comme au ralenti. Un côté et puis l’autre. Avec une incroyable souplesse. Prêt à bondir. » Son mystère : « Son silence est comme la signature de son intelligence. Et son regard, le miroir de son silence. La simple suggestion qu’il comprend tout et qu’il se tait. » Et puis ses oreilles, ses moustaches, ses yeux, son sommeil… « Chaque chat est un chef-d’œuvre. » (Léonard de Vinci)

     

    Je fais mien le vœu de Frédéric Vitoux : « Pour ma part, j’aimerais reposer dans
    un cimetière que des chats auraient l’habitude de hanter. (…) De toute façon, à l’ombre d’un cyprès ou d’un saule, et sous une pierre tombale consolée par la présence de chats assoupis, le sommeil de la mort serait sûrement moins dur. »

  • Logogrammes

    "Je ne vous demande pas de savoir lire mes logogrammes... Je vous suggère de voir dans leur écriture exagérément naturelle, excessivement libre, le dessin, le dessin non naturaliste, certes, mais de toute façon matériel, de mon cri ou de mon chant ou de tous les deux ensemble ; après quoi vous pourrez lire le texte toujours écrit en clair sur le logogramme."

    Dotremont

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    « Vois ce que t’écris »

     

     

  • Cobra libre

    L’aventure Cobra (1948-1951) fait l’objet, pour ses soixante ans, d’une belle exposition aux Musées Royaux des Beaux-Arts, visible jusqu’au 15 février 2009.
    Il y avait du monde, dimanche dernier, pour s’amuser aux facéties, aux couleurs et aux jeux de mots des artistes de COpenhague, BRuxelles et Amsterdam qui décidèrent, en novembre 1948, de libérer l’art des « ismes » en tous genres, dont le parisianisme. Il fallait « échapper au règne de la raison » (Asger Jorn, Discours aux pingouins, 1947), refuser de s’embrigader « dans une unité théorique artificielle » (La cause est entendue, 1948). Le serpent acronyme, leur emblème, était du côté de l’instinct contre l’idée.

    « L’esthétique est un tic de la civilisation.
    Qui nie le bonheur sur terre nie l’art.
    Pas de bon tableau sans un gros plaisir.
    En art pas de politesse – l’art c’est du désir brut. »
    (Cobra n° 4, 1949)

    Alfelt Else Paysage de Montagne Islande 1948.jpg

    Photos et revues des surréalistes révolutionnaires hollandais, belges et danois rappellent le contexte d’après-guerre. On voit d’emblée que les artistes du groupe Cobra ont beaucoup écrit. Dotremont surtout, aux innombrables trouvailles : « Et je ne vais dans les musées que pour enlever les muselières. » La revue Cobra connaîtra dix numéros – le premier publié à Copenhague, le dernier à Liège – sans compter Le petit Cobra où se côtoient joyeusement textes et dessins.

    Dans le groupe danois, à côté d’Asger Jorn, le fondateur, j’ai découvert Else Alfelt à travers deux oeuvres vibrantes peintes en 1948 : Rêve d’été (Norvège), une aquarelle diaprée, et ce Paysage de montagne (Islande), de puissantes arêtes obliques à l’assaut du ciel. Carl-Henning Pedersen, son époux, est représenté par de grandes toiles où les jaunes et les bleus dominent, même dans Personnage souriant et bateau rouge (1950).

    « Nous sommes peintres et le matérialisme est d’abord, pour nous, sensation du monde et sensation de la couleur. » (Cobra, n° 2, 1949) La vivacité des tons dans Petits masques de la désobéissance, une toile de Constant (Hollande) se retrouve aussi dans Rouge imaginaire de Anders Osterlin (Suède), faux collage de figures humaines et animales. Des oiseaux, des mains à quatre doigts, des soleils, chez Constant, ce sont des jeux de grands enfants, pleins de fraîcheur. D’Alechinsky, ne ratez pas les neuf eaux-fortes sur le thème des métiers : le coiffeur, le pêcheur et les autres y sont drôlement campés. Le pompier, par exemple. Une hache et un tuyau en spirale pour la tête, une échelle, des extincteurs - et hop !

    Cobra, ce sont aussi des sculpteurs. Sonja Ferlov-Mancoba, danoise, avec des bronzes : une bête étrange à trois pattes ; une tête penchée, La petite douce. De son compatriote Henry Heerup, plusieurs sculptures en pierre, dont un charmant Eskimo, posées sur un parterre de charbon. Du belge Reinhoud, décédé l’an dernier, un tonitruant coq en cuivre. Des ardoises gravées de Raoul Ubac. Les photographies en noir et blanc de Serge Vandercam reposent un peu les yeux, dont un très bel Hommage à Giacometti, où des tiges de métal se dressent dans le sable.

    Cet univers plein de fantaisie détonne sans doute moins aujourd’hui que dans les années ’50. Il y souffle un vent de liberté créatrice très réjouissant. On n’a pas cité tous les artistes, les Karel Appel, Corneille, Van Lint, Hugo Claus, et compagnie. Connus, peu connus, ils sont tous à la fête, au Palais des Beaux-Arts aussi, dans une exposition parallèle, Estampes et imprimés, bientôt clôturée (jusqu’au 4 janvier). L’expo Cobra des MRBA se termine sur des œuvres mixtes : Reinhoud & Alechinsky, Claus & Vandercam, un grand paravent d’Alechinsky, Abrupte fable, avec un poème de Dotremont. Celui-ci s’y montre partout – textes, peintures, calligraphies – fidèle à sa conviction : « La vraie poésie est celle où l’écriture a son mot à dire. »

    Chère lectrice, Cher lecteur, que l'année 2009 vous soit douce et légère !

  • Cottages d'artistes

    Esther Freud, née en 1963, est la fille du peintre Lucian Freud, l’arrière-petite-fille de Sigmund Freud. La romancière anglaise s’est inspirée d’archives familiales pour écrire La maison mer (The Sea House, 2003), une double histoire dont les cottages de Steerborough, dans le Suffolk, sont plus que le décor. Une histoire d’artistes.

     

    En 1953, le peintre Max Meyer se rend sur la Côte à la demande de Gertrude Jilks, une psychanalyste pour enfants, l’amie de sa sœur Kaethe. Max est sourd depuis l’âge de treize ans. Gertrude remplit une promesse faite à son amie récemment disparue en demandant à Max de venir peindre sa maison, Marsh End, pour l’occuper. Cinquante ans plus tard, Lily Brannan s’installe à son tour à Steerborough. Etudiante en architecture, elle veut découvrir de près ce village où a vécu l’architecte Klaus Lehmann. Pour son travail de fin d’études, elle lit les lettres qu’Elsa Lehmann, son épouse, a conservées, une correspondance de vingt ans que lui a confiée un parent. Nick, son fiancé, resté à Londres, ne comprend pas son refus d’un téléphone portable. La cabine téléphonique locale fonctionne mal. Dès le premier jour, Lily se promène pour prendre ses repères : « La mer roulait ses vagues, juste derrière la ligne d’horizon, elle semblait appeler Lily de son grondement magnétique. » 

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    Cette double histoire, celle de Max, celle de Lily, appelle la lumière et les couleurs. « Le paysage dans son ensemble était déjà une aquarelle qui n’avait nul besoin de ses coups de pinceau » se dit Max au début. Le soleil « donnait à l’herbe un vert surnaturel, aux flaques un bleu alpestre, et rappelait à Max les ciels de la peinture religieuse italienne qu’il avait étudiés, les chérubins potelés, les doigts de la lumière divine. » Lui aussi relit des lettres d’autrefois, celles de son maître en peinture, Cuthbert Henry. Le père de Max avait rétribué celui-ci pour conseiller son fils dont on lui envoyait les dessins, et puis ces échanges s’étaient mués en une véritable amitié. « Un peu sourd ? Qui vous dit que vous avez besoin de vos oreilles pour peindre ? » lui avait-il écrit un jour. Et une autre fois, « « Et si vous attendez de savoir dessiner à la perfection, alors vous pouvez aussi bien attendre jusqu’à l’heure de votre mort. »

     

    Quand Gertrude invite les Lehmann, Klaus et sa femme, pour qu’il fasse leur connaissance, Max est ébloui par la beauté d’Elsa. A sa grande surprise, celle-ci se souvient de lui, du temps des vacances d’été à Hiddensee. Enfant, elle avait observé le beau couple qu’il formait avec une jeune fille en robe verte – « C’était ma première rencontre avec l’amour », dit-elle. Max se met à peindre, une maison après l’autre, sur un rouleau de papier d’apprêt trouvé chez Gertrude. Par tous les temps, on le voit sur son tabouret, croquant les architectures, les détails, les gens aussi. « Une large frise composée de verts, de briques et de fenêtres, d’oiseaux, de chats, de ciel. » On découvre par petites touches le passé de Max, son départ d’Allemagne, l’histoire de sa famille. La rencontre avec les Lehmann – l’architecte juif allemand a fui les nazis lui aussi -  fait affluer les souvenirs. Elsa, un jour, l’emmène dans la maison mer, une cabane blanche sur pilotis, où l’amour et le drame se donneront rendez-vous.

     

    Lily, un demi-siècle après, tombe littéralement sous le charme de l’endroit et de ses habitants. Sa voisine Ethel prend chaque jour un bain de mer à quatre-vingts ans passés. A côté, Grae, qu’elle entend se disputer avec sa femme, a deux fillettes, Em et Arrie, qui suivent Lily partout ou bien l’emmènent sur des chemins inattendus. Lily voudrait partager son enthousiasme avec Nick, mais il y a toujours quelque chose d’urgent qui le retient à Londres. Et les mots d’amour qu’il ne lui a jamais dits lui manquent terriblement, si loin de ceux qu’écrivait Klaus à Elsa.

    La maison mer d’Esther Freud parle des choses de la vie, au dehors comme au dedans. Les rapports entre les êtres, la création, la vie au village, la nature et les demeures des hommes, leurs élans et leurs hésitations… Un roman palpitant.

  • Un été new-yorkais

    Quand Sotheby’s se voit confier la vente aux enchères d’un lot de documents ayant appartenu à Truman Capote (1924-1984), l’écrivain américain est mort depuis vingt ans. Des manuscrits, lettres et photos avaient été abandonnés dans un appartement de Brooklyn Heights vers 1950, mais le concierge ne s’était pas résolu à les jeter comme l’en avait prié l’auteur. Dans ce trésor littéraire préservé, un roman inédit : La traversée de l’été. Commencé à l’âge de dix-neuf ans, abandonné, repris lors d’un séjour en Italie six ans plus tard, ce récit ne lui avait jamais semblé assez bon pour être publié.

     

    L’histoire est simple. Grady, une jeune fille de dix-sept ans, refuse d’accompagner ses parents en croisière. « Je n’ai jamais passé un été ici » répond-elle à sa sœur qui ne la comprend pas, lors d’un déjeuner familial au Plaza. Mrs. McNeil craint de laisser la plus jeune de ses filles tout à fait seule à New York, mais son mari est plus compréhensif. « Grady sentit un rire irrépressible monter en elle, une joyeuse agitation qui semblait envahir la blancheur du ciel d’été étendu devant elle comme une toile vierge sur laquelle elle pouvait dessiner les premiers élans imparables de la liberté. »

     

    Mondrian, Broadway Boogie Woogie, 1942-1943 (d’après le catalogue du MOMA, NY).jpg

     

    Peut-être l’arrivée de Peter Bell, « luxueusement vêtu mais avec une extravagance qui relevait du défi », rassure-t-elle les siens. Avec Grady, il accompagne les McNeil dans leur suite sur le Queen Mary avant leur départ. Lui aussi s’étonne que son amie refuse ce voyage en Europe. Il est amoureux d’elle, sans le lui dire, et ignore ce qu’elle lui cache.

     

    Dès que possible, Grady se rend à Broadway, où elle a laissé sa voiture sur un parking. « Il y a une sorte de magie à observer l’être aimé sans qu’il en ait conscience, comme si sans le toucher on lui prenait la main et que l’on lise dans son cœur. » Grady est amoureuse de Clyde Manzer, le gardien du parking, vingt ans, le teint hâlé, « vif et rustique ». Après l’atmosphère fitzgeraldienne du premier chapitre  – richesse, luxe et vie mondaine –, la conversation de Clyde détonne. Tantôt « poulette », tantôt « fillette », Grady passe après ses « potes ». La jeune fille n’en a cure et l’emmène déjeuner près du zoo à Central Park, presque en face de l’appartement des McNeil sur la Cinquième avenue.

     

    Le rendez-vous est écourté, Clyde devant assister à la bar-mitsva de son frère. Grady ignorait que Clyde était juif, mais ça lui est égal. Un ballon blanc en forme de chat aux yeux et aux moustaches grenat suffit à la rasséréner. Bientôt elle fait monter Clyde
    chez elle, dans la chambre avec balcon dont les portes-fenêtres s’ouvrent sur le parc.

     

    Peter Bell retrouve Grady lors d’une soirée. Un photographe demande à immortaliser leur couple. La fille McNeil appartient à une famille en vue ; quant à Peter, il prétend s’appeler Walt Whitman, « petit-fils du grand disparu ». « Ils dansèrent jusqu’à ce que soudain la musique expire et les étoiles s’éteignent. » Quand il découvre la photo dans la presse, Clyde, jaloux, demande à Grady si c’est son fiancé. Elle nie, explique que Peter et elle ont grandi ensemble, mais Clyde, à sa grande surprise, lui révèle que lui-même est fiancé pour de bon, avec une certaine Rebecca.

     

    De jour en jour, la canicule s’installe. « Grady qui n’avait jamais passé un été à New York ignorait qu’il existât des nuits pareilles. La chaleur ouvre le crâne de la ville, exposant au jour une cervelle blanche et des nœuds de nerfs vibrant comme les fils des ampoules électriques. » Les jeunes gens ne peuvent se passer l’un de l’autre. Bien des jours se succèdent avant que la question « Mais qu’ai-je fait ? » ne se fraie un chemin dans les pensées de Grady. « Tu es un mystère, ma chérie » lui avait dit sa mère avant de partir.

     

    Un chien qui louche, un poudrier dans une boîte à gants, un tatouage… Comédie dramatique, La traversée de l'été de Truman Capote évoque avec sensibilité les rêves adolescents, les tâtonnements sentimentaux, la soif d’absolu, tout en décrivant avec réalisme les différences sociales à New York au milieu du vingtième siècle. Le temps d’une saison, et parfois, la vie est passée.