« Je choisis une librairie, attiré par l’exposition des poèmes de Hofmannsthal. L’échoppe, très étroite, forçait les chalands à se serrer auprès des longues tables. Un charmant désordre mêlait toutes sortes d’éditions anciennes et modernes : romans, cartes postales, livres de photographies, compulsés librement par les curieux, formaient des piles instables. L’air sentait l’encre d’imprimerie et le bois ciré. D’autres essences, ajoutées aux fumées d’un poêle à charbon, se dispersaient en courants rapides : le parfum d’une lectrice, l’odeur d’un
manteau encore empreint de la fraîcheur des rues. »
Robert Alexis, La véranda
Commentaires
de vraies librairies offrent comme des oasis dans les déserts surpeuplés des villes...
Voilà un extrait lui-même plein de charme, comme la librairie. Un lieu que l'on aimerait connaître.
Que d'odeurs en plus!
Je dirais qu'il y a même un parfum de châtaignes grillées.
Souvenir de mes 20 ans … quand je « trifouillais » les vieux bouquins dans des caisses sous les étals, que seuls mes tout petits moyens me permettaient … ces trésors, (pour moi), je les ai toujours, 60 ans après, prêts à restituer ces émotions inouïes de la découverte d’un monde « interlope » de la culture … Ils sont sales, jaunes et mal découpés (à l’époque, les livres étaient reliés en folios pliés qu’il fallait « libérer » avec un coupe-papier …)
@ doulidelle
avec le coupe-papier (j'en offre encore régulièrement, notamment, pub gratuite, ceux des musées de France), avec ce coupe-papier, nous étions comme des explorateurs-lecteurs, les premiers à séparer des pages refermées jusque-là sur leurs mystères
Je crais qu'elles ne disparaissent peu à peu, les librairies, avec la disparition programmé des livres en papier. Pas demain, mais certainement après-demain. Et comme une madeleine dans le congélateur, leurs odeurs vont se désagréger. C'est pourtant adorable une librairie. Mais bon, la littérature survivra.
Je crois que je ne suis vraiment heureuse que dans une librairie ou à la Médiathèque, je peux y passer deux à trois heures sans ennui et le "charmant désordre" du titre les rend encore plus sympathiques. Votre billet chère Tania invite à libérer les souvenirs de ces lieux magiques. Merci
Amitiés de Limoges
Comme bruxellois j 'adore flâner chez Tropismes une très belle librairie où l 'on peut à l'aise découvrir des trésors de bouquins dans une ambiance feutrée et conviviale dans un " décor" magnifique.
@ JEA : belle image, on s'y abreuve, en effet. Jamais vu de coupe-papier de la RMN, il faudra que je cherche.
@ Aifelle : j'ai cherché une belle photo de librairie ancienne, et puis j'ai préféré laisser parler les mots.
@ Colo : magie des sens - et de l'imagination !
@ Doulidelle : ah oui, ces pages à ouvrir d'abord, un rite que j'ai connu aussi, quand donc cela a-t-il pris fin?
@ Damien : il restera toujours des îles de livres, plus rares sans doute, plus précieuses encore.
@ Racine : oui, ces heures-là sont très particulières, hors du temps même.
@ Vayhair : une excellente librairie bruxelloise que je fréquente avec plaisir, dans les magnifiques galeries royales Saint-Hubert.
La critique invitait déjà à la lecture.
L'extrait nous précipite vers elle. Surtout quand on a été libraire un quart de siècle!
Amitiés de Montréal