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  • Schmitt à Venterol

    Au sympathique Bistrot de Venterol (place du Château), l’invitation de la galerie Ombre & Lumière montrait de quoi attirer : Café III – Le Myrabelle à Amsterdam (quatre personnes attablées près d’un comptoir, une huile au couteau) et, au verso, une Nature morte aux pivoines (une toile carrée où les touches de bleu, pour l’ombre et pour souligner le petit verre aux pinceaux, capturent le regard après qu’il a glissé sur les fleurs dans leur vase).

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    Rendez-vous pour le vernissage à l'ombre du beau campanile de l'église de Venterol

    Le 7 septembre, il y avait déjà du monde à dix-huit heures au pied du très beau campanile en fer forgé pour le vernissage de Jean-Paul Schmitt : après quinze ans d’activités théâtrales, installé dans les Monts du Lyonnais, il peint depuis près de trente ans. Le Café de l’invitation est bien mis en valeur sur le mur blanc au-dessus des marches, juste en face de l’entrée.

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    © Jean-Paul Schmitt, Café III (Le Myrabelle à Amsterdam), huile sur toile, 116 x 89 cm

    Une autre scène de café où l’on retrouve un fort contraste entre lumière et ombre est accrochée dans la salle de droite, sous l’inscription « Soli Deo Gloria » calligraphiée sur la cheminée. On y voit une femme avec une fleur rouge dans ses cheveux blonds, sans doute la muse de l’artiste, qu’on a aperçue dehors en arrivant à la galerie. On la retrouvera sur d’autres toiles (Anne à la toque) et on verra d’autres belles ambiances de café plus loin, un sujet de prédilection de Jean-Paul Schmitt.

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    © Jean-Paul Schmitt, Pivoines, huile sur toile, 80 x 80 cm

    Le vase aux pivoines annonce un autre versant de sa peinture : la contemplation des choses, des jardins, des paysages. Un fin cyprès se dresse à l’avant d’un champ jaune pâle, à droite d’un chemin bordé d’arbres – contraste encore entre les aplats de couleur à droite et la partie gauche du tableau plus travaillée.

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    © Jean-Paul Schmitt, Brantes, acrylique sur toile, 46 x 55 cm

    Dans une niche, au-dessus de petits formats proposés sous marie-louise, une vue de Brantes, ce beau village de la Drôme provençale : ses façades blanchies par le soleil, ses arbres – du vert, du jaune, de l’orangé – font face au versant bleu du Ventoux. Schmitt rend bien l’impression qu’on ressent là devant la montagne dans l’ombre quand on la contemple d’une terrasse ensoleillée.

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    © Jean-Paul Schmitt, Les pots bleus de la Sablière (détail), huile sur toile, 90 x 90 cm

    A gauche de l’entrée, une salle plus grande. J’aime Les pots bleus de la Sablière, une autre toile carrée où un groupe de plantes en pots, lavandes, plantes grasses et autres, se tiennent compagnie près d’une boîte aux lettres. Et aussi la Nature morte à la boîte à sel (bleue) dont l’ombre (bleue) coule sous un vase de jonquilles. Sur le côté, une gravure très sobre – cafetière et plat de poires – repose des couleurs fortes.

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    © Jean-Paul Schmitt, Nature morte à la boîte à sel, huile sur toile, 50 x 50 cm

    La galeriste d’Ombre & Lumière a fait sortir tout le monde pour présenter Jean-Paul Schmitt et son œuvre consacrée à la « symphonie du quotidien » : conversations et bruits de café, musique, chaleur et silence des paysages, nus féminins. « Badaud éternel », Schmitt écrit aussi des textes, des poèmes. En la remerciant, le peintre rappelle que « la peinture, ça ne se parle pas ».

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    © Jean-Paul Schmitt, La Coise vers Vaudragon / Nénuphars et ponton / Dessert au jardin / Au bord de l'eau,
    huiles sur toiles (petits formats divers)

    Son goût des motifs de plein air apparaît aussi dans quatre petits formats assemblés : rivière teintée de rose, Nénuphars et ponton sous un ciel rouge, table dressée pour Dessert au jardin, groupe de baigneurs au bord de l’eau. L’atmosphère de l’exposition est épicurienne. La quarantaine de peintures et de dessins joliment accrochés, quelques gravures et livres permettent de faire connaissance avec ce peintre figuratif qui réussit à « amener le spectateur dans une image à lui ».

    A voir à la Galerie Ombre & Lumière, 12, rue du Goulet, à Venterol, jusqu’au 4 octobre 2019.

  • Diptyque

    « Sur le mur, à l’entrée, opposé au rocher de l’oratoire, une mosaïque de l’artiste Jean-Michel Beulin. Ce diptyque pour le mémorial des frères de Tibhirine voudrait évoquer le fait que le monde naturel et le monde surnaturel ne font qu’un, qu’il n’y a pas de dualité et que la spiritualité chrétienne dans laquelle s’inscrit, à sa manière, la vie monastique, tend vers cette compréhension vécue de la réalité. La partie gauche évoque le massif de l’Atlas algérien. Dans cet ensemble figuratif dominé par les éléments naturels (ciel, montagnes, forêts, prairie), nous pouvons distinguer et reconnaître le monastère de Tibhirine. (…)

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    Jean-Michel Beulin, Mosaïque du Mémorial de Tibhirine, Notre-Dame d'Aiguebelle (Drôme)

    La partie droite, quant à elle, veut évoquer justement ce qui ne peut être nommé, défini : la Réalité qui n’est pas réductible à l’expérience sensible. Les tons bleus, brillants, dominent, se fondent. Là, il n’y a plus de notion d’espace et de temps... Or cet élément se retrouve au centre de la partie gauche, de même que dans le personnage (évocation de l’être humain unifié en qui le monde naturel et le monde surnaturel ne font plus qu’un). C’est pourquoi dans cet ensemble de droite, nous trouvons au centre, là aussi, cette « fenêtre » qui renvoie à la partie figurative (ciel, montagnes de l’Atlas algérien). »

    Jean-Michel Beulin, mosaïste

    Description complète à lire ici : http://abbaye-aiguebelle.cef.fr/images/media/pdf/LivreMemorial.pdf

     

  • Douce Drôme

    Les prévisions météorologiques annoncent encore des températures au-dessus de vingt degrés dans le pays de Nyons. Elle me manque déjà, cette douceur de la Drôme provençale au passage de l’été à l’automne. En voici quelques moments à partager avec vous.

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    D’abord une promenade qui part de Venterol où il ne reste quasi pas de traces du tournage du film « Raoul Taburin » cet été, avec Édouard Baer et Benoît Poelvoorde, qui a laissé bien des souvenirs aux habitants. On descend entre deux murs de pierres sèches vers la Sauve, le ruisseau qu’on suit vers le bas avant de traverser la route et de remonter sur la route de Vinsobres. Près des vignes de Provensol, on monte à droite sur la crête de Serre Long, d’où on a une très belle vue sur Venterol (ci-dessus) et sur toutes les montagnes derrière, de la Lance jusqu’au Ventoux, en passant par le Corbiou.

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    La fine lumière de septembre s’accrochait aux graminées le long du sentier et aussi à ces clématites sauvages dont j’ai eu tant de plaisir à regarder les aigrettes plumeuses, tantôt blanches, tantôt roses, qui enguirlandent les murs ou les haies au bord des chemins à cette saison. Quelle surprise, à mon retour, de voir une nouvelle fleur sur la clématite de mon jardin suspendu et même un autre bouton – le soleil reviendra-t-il l’aider à s’ouvrir ?

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    Quel beau pays où marcher, se promener, se reposer. Et quel plaisir aussi de pouvoir nager dans une eau même un peu fraîche dans ce cadre enchanteur ! Ne faire qu’un avec les bleus du ciel et de l’eau, les blancs des nuages, les verts des vignes et des lavandes coupées, des oliviers, des chênes truffiers, se poser là comme une hirondelle de passage.

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    Près des poubelles d’un hameau, une petite troupe de chats sauvages survit grâce aux dépôts de leurs amis. De jeunes tigrés, tachetés, gris, et cette belle siamoise, moins farouche, qui semblait curieuse de ce que nous lui disions doucement, pour ne pas l’effrayer.

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    Un peu partout flambe là-bas l’or de ce que nous prenons pour un crocus d’automne, qui s’appelle en réalité sternbergia lutea ; ce bulbe qu’on surnomme aussi la Vendangeuse fleurit en septembre, octobre, de l’Italie à l’Iran, et ces notes jaune vif sont inattendues dans un paysage qui prend jour après jour des teintes automnales.

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    Septembre permettait encore de déjeuner en terrasse. Mention spéciale pour le Bistrot de Venterol : on y mange sur l’agréable place du Château ou à l’intérieur, dans un décor de brocante chaleureux, où jaime ces belles boîtes de thé anciennes. Et à Grignan, près du lavoir rond à colonnes, sur le Mail, pour Le Clair de la Plume où nous avons apprécié un midi la formule Bistro dans la véranda – toutes les tables du jardin étaient occupées.

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    Nous arrivions de Notre-Dame d’Aiguebelle où nous voulions voir en particulier le Mémorial de Tibhirine. L’abbaye cistercienne ne se visite pas, on peut y assister aux offices. Le site, calme et paisible, offre des endroits de contemplation et aussi des chemins de promenade balisés (brochure en vente sur place). Le Mémorial dédié aux chrétiens et aux musulmans – vous vous rappelez sans doute le film Des dieux et des hommes – comporte des photos, le rappel des faits, des textes forts comme le testament spirituel de frère Christian ou la lettre écrite à ses amis par Mohammed Bouchikhi, musulman, chauffeur et ami de Mgr Claverie.

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    Et aussi des œuvres d’art : un chemin de croix sculpté par un artiste drômois, un vitrail d’un artiste polonais, une mosaïque. Je suis restée émue devant le beau Christ de l’oratoire. « Sur le rocher au fond du mémorial, comme un rappel des montagnes de l’Atlas, le Christ Ressuscitant. Il n’est plus fragile, il est solide, de la solidité de Dieu. Il sort de la nuit (d’où la couleur sombre du bas de la statue) et entre dans la lumière. Sa résurrection engendre celle de nos frères ; il est leur solide point d’appui. » (Livre du Mémorial, à consulter en ligne.)

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    Douce Drôme au couchant – plusieurs fois, nous sommes montés sur la colline pour admirer ce paysage, ces lumières, cette paix du jour qui s’éteint et de la saison qui s’achève.

  • Dubaï

    anna puig rosado,exposition,venterol,le temple,rue du bout du monde,photographie,désorienté,pays lointains,regard,humain,culture« A Dubaï, dans le vieux quartier de Satwa, un perroquet se regarde dans une glace et n’a plus personne à qui parler.


    Il a tout vu, ce perroquet. Le petit village de pêcheurs posé sur le sable, les bédouins sur leurs chameaux errant dans le désert, les plongeurs à la recherche de perles fines. Et presque d’un seul coup, un tremblement, le pétrole, le bitume, le béton. »

     

    Nicolas Joriot, Mise à mort du perroquet

     

     

    Photo © Anna Puig Rosado (Dubaï)


     

     

     

  • Anna Puig Rosado

    Le Temple, rue du Bout du Monde : une adresse inattendue à Venterol, beau village enroulé autour de son clocher remarquable, en Drôme provençale. Juste en face de la mairie, j’ai eu l’œil attiré par l’ancien temple protestant, une construction néo-classique récemment transformée en galerie, où une bannière annonçait l’exposition d’Anna Puig Rosado, du 17 au 27 septembre : « Désorienté », une sélection de photographies prises en 2014. 

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    L’affiche reprend un superbe grand format qui accroche l’œil dès l’entrée : sur un rivage d’Iran, une pierre dressée entre deux bois obliques plantés dans le sable ; au loin, à l’horizon, un cargo noir. (La photographie flotte au milieu de l’espace, accrochée à une coursive qui a été installée à hauteur de la tribune existante, sous une ancienne inscription religieuse.)

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    © 2015 Anna Puig Rosado (Iran)

    Cette « grande voyageuse de lieux atypiques » (comme indiqué sur son site) vit à La Roche Saint Secret, non loin de Venterol, quand elle revient de pays lointains : Tunisie, Yemen, Soudan, Iran, Pakistan, Syrie, Inde, Turquie... Son texte de présentation commence ainsi : « J’aime quand le voyage rude m’éloigne de ces paysages idéaux faits de sable et de cocotiers assassins. » 

    La figure humaine est souvent discrète : une silhouette vue de dos, deux femmes en tchador près de la mer, ou, image troublante, un homme en équilibre sur une barrière, se retenant d’une main à un piquet – la photo est traversée par la lumière d’une fenêtre, la transparence donne à cette silhouette une allure encore plus précaire (ci-dessous). 

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    © 2015 Anna Puig Rosado (Azerbaïdjan)

    Dans ces vues apparemment banales du quotidien, où le flou s’invite parfois, loin du cadrage léché, de la netteté à tout prix ou de l’effet spectaculaire, on sent un regard qui s’échappe vers la mer, le ciel, qui s’arrête au jeu des couleurs, à un graffiti sur un mur, en quête de paix, d’espace, de silence. On dirait des instants pour reprendre son souffle.

     

    Les photographies sont exposées sans légende ; on peut les lire sur une bannière près de l’entrée. Chaque photographie y est reprise, mais seulement par un détail, invitation à mieux regarder, à ne pas passer trop vite là-devant, à s’attarder. Par exemple, sur cette vue d’Istanbul – « Où finit la ville ? » – que le flou d’une cloison sépare en deux, comme les pages d’un livre ouvert. Ou sur ce vol d’oiseaux dans l’azur au-dessus d’un enchevêtrement de ferrailles. 

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    © 2015 Anna Puig Rosado (Istanbul)

    A l’étage, de petits formats voisinent avec des formats moyens. Un portrait encadré de Bachar El Assad est le seul objet laissé sur une étagère dans une maison en ruine. Des bords de mer, des murs. En pleine « crise des migrants », ces images issues de pays en souffrance prennent encore plus de force. « Anna Puig Rosado est certes une photographe reporter qui depuis 20 ans sillonne le monde, du Yémen à la Sibérie orientale ; mais c’est avant tout un regard qui se pose tendrement sur les choses observées et dont elle sait extraire l’humain. » (Alexandre Abellan)

     

    Si vous voulez, vous pouvez découvrir le travail d’Anna Puig Rosado sur son site : « Désorienté » fait partie de ses séries personnelles, qu’elle distingue des commandes. Elle participera en novembre prochain à Montélimar au « Festival Présence(s) Photographie Édition 2015 #2 » organisé par une association de photographes « néo-humanistes », qui promeut « une photographie au cœur de laquelle l’homme est replacé, avec poésie et humour, sans passéisme, ni nostalgie, une photographie réaliste de l’homme dans son environnement quotidien, une photographie consciente du monde et des injustices, des combats pour la liberté, de la force de l’amour et des solidarités… »

     

    Si vous passez non loin de Venterol, je vous recommande la visite de ce village perché dans le pays de Nyons. Le Temple, rue du Bout du monde, se veut « un espace culturel ouvert aux différentes formes d’expression artistiques et patrimoniales et un lieu d’échange et de rencontre ». D’autres expositions sont prévues en cet automne 2015.